Manchester City, club acheteur mais …formateur !
Souvent décrié pour ses emplettes abusives sur le marché des transferts, Manchester City sait pourtant aussi créer de la valeur. Depuis 2021, le club anglais a empoché plus de 263 millions d’euros sur des joueurs formés ou post-formés au club.
À l’imitation du PSG, club état géré par le Qatar, Manchester City n’échappe pas aux critiques récurrentes et médisantes depuis son rachat par les Émirats arabes unis en 2008. Ces dernières saisons, le club anglais a ainsi dû composer avec plusieurs vents contraires, souvent causés par ses mercatos dispendieux qui ne passaient pas auprès des autres clubs de Premier League. En février notamment, le club mancunien avait été renvoyé devant une commission indépendante chargée de trancher au sujet de multiples infractions financières supposées entre 2009 et 2018. Le club géré par l’ADUG (Abu Dhabi United Group) n’est pas le plus parcimonieux lorsque sonne l’ouverture du marché des transferts, c’est de notoriété publique. Toutefois, il serait malhonnête de réduire ce géant à un simple acheteur compulsif, incapable de se reposer sur sa formation. Car en réalité, Manchester City possède un réel savoir-faire en matière de détection de talents, les chiffres le prouvent. Depuis 2021, le club anglais a récupéré plus de 263 millions d’euros sur des éléments formés au club, ou post-formés. En Premier League 2, l’équivalent de la PL mais chez les U23, City a également triomphé lors des trois dernières saisons : un record.
We're #PL2 Division 1 champions for the third successive season - the first side ever to achieve this feat!! 🏆💙
🌹 0-3 ⚫️ #ManCity
La dernière vente en date : celle de Cole Palmer. Pur produit issu du cru, l’international espoir anglais a connu l’ascenseur social au club, jusqu’à s’installer régulièrement dans le groupe de Pep Guardiola. Après une présaison emballante où il se sera montré déterminant dans le sacre de City face à Séville en SuperCoupe d’Europe (1-1, 5-4 t.a.b), le joueur de 21 ans a été vendu à Chelsea pour 47 M€. Une somme excessive – compte tenu des maigres références du joueur au plus haut niveau – mais qui témoigne de la véritable confiance des Blues pour le talent de City. Si Phil Foden, porte-étendard de la formation cityzen, ou Rico Lewis, déjà considéré par Guardiola comme «l’un des meilleurs joueurs» qu’il a dirigés, venaient à s’envoler vers d’autres cieux, nul doute que ce prix serait revu à la hausse. Les fantômes de Jadon Sancho, l’un des plus grands talents de l’académie, parti pour 20 millions d’euros à Dortmund en 2017, ou encore de Jeremie Frimpong, vendu au Celtic Glasgow pour moins de 400 000€, et qui s’est imposé comme l’un des latéraux droits les plus courtisés d’Europe à Leverkusen, ont laissé des stigmates au club, qui veut désormais protéger ses talents et en tirer le maximum.
Manchester City sait exposer ses joueurs
Pas officiellement formé à Manchester City – il compte deux saisons au club avant l’âge de 21 ans au lieu de trois – mais post-formé, Oleksandr Zinchenko, arrivé en 2016 à Manchester City en provenance du club russe d’UFA, confirme par ailleurs le nez creux des Cityzens pour recruter. Au terme d’un prêt au PSV, l’Ukrainien est revenu chez les Skyblues où il s’est installé dans la rotation de Guardiola pendant quatre saisons, avant de filer à Arsenal pour 35 M€ en 2022. «Tout le monde est amoureux de lui ici, ça été une figure importante de notre club. Il était très bon, n’a jamais affiché un mauvais visage, il a toujours été exemplaire et a travaillé pour avoir plus de temps de jeu. Son prêt lui avait fait du bien», confiait l’entraîneur catalan à son sujet en février. Si les prêts ne sont pas gages de réussite malgré un talent parfois indéniable, ils font office de véritable vitrine. C’est ensuite au joueur de se montrer, comme a su le faire par exemple Pedro Porro. Cédé dans un premier temps au Sporting, puis vendu pour 9 M€ en 2022, l’Espagnol, qui a uniquement évolué en U19 à City, est aujourd’hui un titulaire inamovible du Tottenham de Postecoglou.
À un autre degré, les compétitions internationales peuvent également faire office de catapulte. Et James Trafford ne dira probablement pas le contraire. Prêté lors des deux dernières saisons à Bolton (Championship), le portier de 20 ans s’est imposé comme l’un des tous meilleurs du championnat. Mais c’est bien son Euro avec les U19 anglais l’été dernier qui l’a propulsé dans une autre dimension. Infranchissable, Trafford s’est illustré en gardant sa cage inviolée tout au long du tournoi. En finale, il a également tiré son épingle du jeu en réalisant un double-arrêt sur penalty devenu viral. Dans la foulée du tournoi, Burnley, promu en Premier League, n’a pas hésité à débourser 17 M€ pour s’attacher ses services. Une situation qui pourrait d’ailleurs se reproduire avec Yann Couto. Prêté à Gérone cette saison, le latéral droit brésilien est pro-actif dans le début de saison étourdissant des Blanquivermells. Il s’est d’ailleurs vu être récompensé par une convocation avec la Seleção après le forfait de Renan Lodi en octobre. Angeliño, vendu à Leipzig pour 18 M€, ou encore Felix Nmecha, à Wolfsburg pour 8, font également partie de la longue liste de réussites de City en matière de formation.
Des ventes colossales sur des espoirs totalisant 0 minute en professionnel
Une autre tendance a également fait surface ces dernières saisons dans les bureaux de Manchester City : la vente de talents avant même leurs débuts en professionnel. Dans ce cas de figure, les clubs acheteurs adoptent alors un modus operandi plus incertain : miser sur un potentiel, plutôt que sur une base. Ainsi, Manchester City est parvenu à vendre Romeo Lavia, l’un des plus grands talents de l’académie, à Southampton en 2022 pour 22 millions d’euros. Un investissement qui n’a pas été regretté du côté des Saints. Malgré une saison pénible marquée par une relégation en Championship, le jeune Belge a su se distinguer et convaincre Chelsea de le recruter pour 62 millions d’euros un an plus tard. En avril, Guardiola avait d’ailleurs loué les qualités du nouveau Diable Rouge : «Je suis impressionné par ce que fait Romeo Lavia à Southampton. Nous avons une excellente image de lui. Nous pensions le garder, mais nous ne pouvions pas lui accorder suffisamment de minutes comme il en a à Southampton», avait-il confié.
Bis repetita avec Carlos Borges ? Considéré comme l’un des plus grands espoirs de sa génération et élu meilleur joueur de Premier League 2 la saison passée, le Portugais s’est engagé avec l’Ajax Amsterdam en août, club réputé pour être un laboratoire à talents. 0 minute en professionnel, jamais appelé par Guardiola, mais un package estimé à 19 M€. Renan Lodi et les Marseillais ont d’ailleurs eu la chance d’assister à son show en VIP lors de la rencontre de Ligue Europa (3-3), où il avait en plus marqué. D’ailleurs, Southampton a bien compris que les talents pleuvaient à Manchester. Outre Romeo Lavia, les Saints ont déboursé plus de 40 millions d’euros sur le gardien Gavin Bazunu (14 M€), Shea Charles (12,2), Samuel Edozie (8) et Juan Larios (7) depuis 15 mois. Temps de jeu cumulé en professionnel à Manchester City : 93 minutes, c’est-à-dire l’équivalent d’une prolongation et des arrêts de jeux à rallonge que l’on a décidé d’imposer aux joueurs et aux joueuses en 2023. C’est caricatural, mais l’idée est là.
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