Bundesliga

Leverkusen : décès de sa mère, alcool, dépression… La terrible histoire de la sensation Victor Boniface

Avant de connaître la grande aventure avec Leverkusen cette saison, Victor Boniface a connu le grand vide. Tombé en dépression après une grosse blessure et le décès de sa mère en 2019, le Nigérian aurait pu faire une croix sur le football.

Par Jordan Pardon
4 min.
Victor Boniface avec Leverkusen @Maxppp

Contrairement à certaines success stories, personne ne pourra s’attribuer le mentorat de la réussite de Victor Boniface. Car avant de connaître la grande aventure dans le Leverkusen de Xabi Alonso cette saison, le Nigérian a connu le grand vide et les vents contraires scandinaves. Recruté en 2019 par le club norvégien de Bodo/Glimt, son passeport d’entrée pour l’Europe, Boniface aurait bien pu voir sa carrière s’y arrêter brutalement sous l’effet conjugué d’une grosse blessure au genou, l’éloignant des terrains pendant 178 jours, et du décès de sa maman, qui aura sonné comme le coup de Trafalgar chez lui.

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«Effectivement, cette période liée à cette blessure (une rupture des ligaments croisés) a été très difficile à vivre. Car j’avais beaucoup d’opportunités à ce moment-là. Je devais aller à la Coupe du monde avec la sélection nigériane des U20 et signer pour un club belge (ndlr : le Club Bruges). Cette période coïncidait également avec le décès de ma maman. Elle a succombé des suites d’une maladie. Je me souviens qu’on m’avait appelé pour m’annoncer la nouvelle alors que j’étais en Norvège. C’est tellement dur de perdre sa maman à cet âge-là (il avait 20 ans)…», confiait à SudInfo le natif d’Akure, capitale de l’état d’Ondo au sud-ouest du Nigéria.

L’alcool comme exutoire, la dépression comme conséquence

Habité par le vague à l’âme, celui qui dit avoir appris à jouer au football avec l’armée nigériane où officiait son grand-père, a rapidement pris un mauvais virage. Isolé dans les latitudes du Nord de l’Europe, à presque 10 000 km de son cocon d’Akure, Boniface a sombré dans l’alcool. «J’étais en dépression. J’ai oublié le foot. J’ai commencé à vivre ma vie comme n’importe quelle autre personne le ferait, et également à boire.», confiera-t-il plusieurs mois plus tard.

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Une histoire norvégienne qui aura démarré à reculons, pour finir à grande vitesse. En 2020, après plus de 6 mois d’absence, il revient et se fait adopter par les supporters du club. Il sera encore coupé dans son élan quelques mois plus tard après une nouvelle rupture des ligaments croisés, qui l’éloignera cette fois presque un an. Mais résilient dans l’âme et désormais affranchi de sa dépendance pour l’alcool, Boniface prend le taureau par les cornes et s’impose comme une évidence aux yeux de son coach. 6 buts en 15 matches de championnat mais surtout des qualités qui brulent la rétine. Sa puissance, sa vitesse et son sens du but convainquent alors l’USG de le recruter.

La Belgique comme rampe de lancement

Si son chapitre belge aurait pu s’écrire trois ans plus tôt à Bruges, c’est bien dans la capitale Bruxelles, avec l’Union Saint-Gilloise, autre propriété de l’actionnaire majoritaire de Brighton Tony Bloom, que Boniface a posé ses valises. Recruté pour 2 M€ à l’été 2022, le longiligne attaquant nigérian - qui culmine à 1m89 pour 85 kg - expédie les performances de son prédécesseur Denis Undav au rayon des archives. Accessoirement auteur de 9 buts en championnat, c’est surtout par ses prestations sur la scène continentale qu’il s’illustre. Avec 6 buts en Ligue Europa, Boniface achève sa campagne européenne en tant que co-meilleur buteur de la compétition (6 buts comme Marcus Rashford).

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Et même si son club est éliminé par Leverkusen en 1/4 de finale (5-2 score cumulé avec un but de Boniface), ses prestations n’échappent pas au club allemand, qui décide de miser 20 millions d’euros sur lui trois mois plus tard. Une franche réussite pour le moment. 7 buts, 5 passes décisives, une relation naissante avec Florian Wirtz et un trophée de joueur du mois d’août en Bundesliga qui viennent matérialiser un début de saison placé sous le signe de la réussite. Au grand bonheur de son entraîneur Xabi Alonso : «Je savais déjà que Victor (Boniface) était un joueur de haut niveau lorsque l’on a affronté l’USG en Ligue Europa la saison dernière. On le suivait déjà. Il s’est très bien adapté au système de l’équipe et au rythme de la Bundesliga.» À une époque où le marché des numéros 9 de classe mondiale fait grise mine, c’est probablement son club qui va maintenant devoir s’adapter au rythme des convoitises.

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