Ligue 1

OM : ce que pensent les joueurs de Roberto De Zerbi

Nouvel entraîneur de l’OM, Roberto De Zerbi a marqué tous les clubs qu’il a dirigés. Mais au-delà de l’aspect tactique, ses anciens joueurs n’ont jamais cessé de parler en bien du tacticien italien. Entre révolution tactique et gestion admirable, il sait se faire regretter.

Par Valentin Feuillette
10 min.
De Zerbi à Sassuolo @Maxppp

Après une saison très particulière de l’Olympique de Marseille qui a connu un total de quatre entraîneurs (Marcelino, Jacques Abardonado, Gennaro Gattuso et Jean-Louis Gasset), la direction marseillaise portée par Pablo Longoria et Medhi Benatia a dû se remettre à la recherche d’un nouveau chef d’orchestre, alors que les tacticiens s’enchaînent sur la Canebière sans jamais avoir le temps d’y installer leur projet sportif et leur philosophie tactique. Depuis l’arrivée du président espagnol en juillet 2020, huit entraîneurs se sont succédés sur le banc des Phocéens en restant très souvent moins d’un an. Mais l’été 2024 pourrait mettre fin à cette malédiction. En effet, alors que tout portait à croire que Sérgio Conceição, en partance du FC Porto, allait être nommé à la tête de l’OM, c’est finalement l’entraîneur italien, Roberto De Zerbi, qui a été choisi contre toute attente. Une arrivée tonitruante et inespérée pour un club qui, malgré une riche histoire et une réputation dorée au-delà des frontières françaises, ne parvient plus à exister sur la scène européenne depuis plusieurs saisons. Et l’absence de coupe d’Europe la saison prochaine n’a pas freiné De Zerbi qui vient poser ses valises en Bouches-du-Rhône, alors même qu’il se trouvait sur les tablettes de l’AC Milan, de Manchester United, de Liverpool, du FC Barcelone, de Chelsea ou encore du Bayern Munich.

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Si son CV tactique n’est plus à prouver, Roberto De Zerbi ne cesse de s’attirer des éloges de ses confères, surtout depuis son passage en Premier League à Brighton. Lors d’une confrontation face à Manchester City, Pep Guardiola n’avait clairement pas mâché ses mots pour celui qui est largement considéré comme son élève : «Quand il est arrivé, j’avais le sentiment que l’impact qu’il aurait en Premier League serait grand. Je ne m’attendais pas à ce qu’il le fasse en si peu de temps. Aucune équipe ne joue comme elle le fait, c’est unique. Il se crée 20 ou 25 occasions par match, ce qui est de loin mieux que la plupart de ses adversaires. Il monopolise le ballon comme il ne l’avait pas fait depuis longtemps. Ils méritent pleinement les compliments et le succès qu’ils ont. C’est une des équipes dont j’essaie d’apprendre beaucoup, c’est unique. Il est l’un des managers les plus influents des 20 dernières années», avait déclaré l’entraîneur espagnol. Même son de cloche pour Jürgen Klopp qui avait été interrogé sur la rumeur liant l’Italien de 45 ans à sa possible succession à Anfield : «J’ai dit à De Zerbi de continuer à bouleverser le monde du football. Je vais le regarder de loin. Je respecte tellement ce qu’il fait. C’est une manière vraiment différente de jouer. C’est très exigeant pour les joueurs, c’est un positionnement clair, tenir sa position, garder son positionnement, passer au bon endroit, passer au bon moment. C’est un entraîneur de haut niveau, il se débrouille très bien. C’est super intéressant à voir. J’aime les regarder pour être honnête. Cela rend les choses délicates. C’est basé sur la possession mais encore plus structuré du point de vue de la position de chaque joueur».

L’unanimité en Italie

Arrivé dans un Sassuolo en quête de croissance quatre ans après une montée historique en Serie A, Roberto De Zerbi en a vu des joueurs passer sous le maillot des Neroverdi. De jeunes potentiels en devenir comme des vétérans expérimentés en dernière danse. Ancien joueur de la Juventus, l’AC Milan, la Fiorentina ou encore la Lazio, Alessandro Matri avait tout simplement été choqué par la gestion et le management de ce jeune tacticien italien : «Il m’a fait sentir à tout moment comme un joueur important, nous avons beaucoup parlé et il a toujours utilisé les mots et les concepts corrects. Mais en tant qu’entraîneur, certaines choses étaient déjà évidentes à l’époque car il apportait quelque chose de nouveau, d’innovant. Il porte toujours ses idées et il fait tout pour les transmettre et il réussit. En cela, il est le numéro un : en tant que pur professeur de football, il est formidable. On travaille assez dur, être sur le terrain avec Roberto est stimulant et amusant. Je me souviens qu’il y a eu aussi quelques affrontements, évidemment constructifs. Travailler avec Roberto a été une formidable éducation. Je n’avais jamais rencontré un coach de ce type : il m’a ouvert l’esprit». Véritable légende du club, Domenico Berardi avait souligné l’impact sans précédent de De Zerbi sur l’évolution de Sassuolo, qui scrutait alors les places européennes dans l’élite italienne quelques mois avant le départ du tacticien italien : «J’ai beaucoup grandi, à la fois mentalement et au niveau de la performance et je suis content comme ça. De Zerbi nous a tant donné, nous travaillons ensemble depuis 3 ans. Il est une grande personne, il va nous manquer beaucoup».

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Mais avant de quiter l’Emilie-Romagne, Roberto De Zerbi avait aussi joué un rôle prépondérant dans le développement de jeunes joueurs italiens, futurs internationaux de la Nazionale, notamment Giacomo Raspadori, pur produit du centre de formation des Neroverdi : «J’ai eu la chance de travailler avec des entraîneurs de haut niveau, mais si je dois en nommer un, je dois mentionner De Zerbi. Il m’a offert mes débuts en Serie A et m’a toujours fait preuve d’une confiance inconditionnelle. J’aurais pu partir en prêt en Serie B à un moment donné, mais il a dit non. Il m’a toujours voulu au cœur de son projet. Avec De Zerbi, j’ai pris conscience de mes qualités, si je n’avais pas eu un entraîneur comme lui, mon sort aurait pu être différent». Prêté par l’AC Milan à Sassuolo, Manuel Locatelli, en peine de réussite, a totalement explosé dans l’entrejeu de Sassuolo et c’est grâce à la méthode de De Zerbi : «Je me sens proche de De Zerbi car il a changé ma vie. J’étais un enfant qui avait besoin de ce genre d’expérience à Sassuolo. Obtenez quelques gifles pour ensuite rejoindre à nouveau une équipe de haut niveau. Nous parlons souvent, mais je veux rester ici longtemps et Roberto le sait. Nous nous reverrons dans le futur. Nous l’espérons tous les deux». Mais ces commentaires dithyrambiques ne s’arrêtent pas seulement à son pays natal.

La courte mais marquante expérience ukrainienne

Après avoir laissé une bonne situation en Emilie-Romagne, Roberto De Zerbi a exporté son génie tactique en Ukraine sur le banc du. S’il n’est pas resté longtemps, en grande partie à cause de la guerre et l’invasion russe, il a tout de même réussi à laisser une trace indélébile dans les esprits de certains, notamment des joueurs qu’il a dirigé. Bien avant d’arriver à Chelsea au prix d’or, Mykhailo Mudryk avait commencé à briller sous la direction de De Zerbi et le jeune natif de Krasnohrad était même devenu le projet phare de l’entraîneur italien dès le premier jour : «C’est très gentil qu’il ait décidé de m’appeler dès son premier jour en Ukraine. Je me souviens encore de la façon dont je l’ai écouté et j’ai approfondi ce qu’il disait comme jamais auparavant, et c’est ce que je continue de faire. Je suis heureux que nous parlions et qu’il m’écoute. Il m’a tout de suite dit qu’il était conscient de ma façon de jouer et qu’il ferait tout pour libérer mon potentiel.. Il a également dit qu’il me faisait entièrement confiance. Ses paroles comptent beaucoup pour moi car c’est presque la principale chose que je voulais entendre». Encore présent à Donetsk, l’autre pépite ukrainienne, Georgiy Sudakov, a lui aussi eu beaucoup de mots positifs à ce sujet.

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«Je pense que l’équipe a beaucoup progressé en termes de caractère et d’ambiance intérieure. Ainsi que dans chaque composante du jeu, je suppose. Quant à moi, ils me donnaient plus de temps sur le terrain et je sentais aussi que je m’améliorais mes performances à bien des égards. Tout cela est grâce à lui. Je suis sûr que Roberto De Zerbi dirigera l’un des géants du football à l’avenir. C’est un entraîneur très solide, je me souviens de lui comme d’une personne très impulsive. Je pense que De Zerbi peut entraîner n’importe quelle équipe dans le monde, peu importe que ce soit Manchester City ou le Barça», a précisé Sudakov. Le défenseur brésilien Dodô, qui a depuis été recruté par la Fiorentina, a directement eu un mot en hommage à son ancien entraîneur lors de sa signature en Toscane : «L’une des premières choses que j’ai faites lorsque la Fiorentina m’a proposé un accord a été d’appeler Roberto De Zerbi. Il a dit que cela me rendrait heureux parce que mon football s’améliorerait…». En plus de métamorphoser ses jeunes pépites, le tacticien italien sait marquer les esprits des joueurs qui croisent son chemin.

La révolution tactique en Angleterre

En arrivant en Premier League, Roberto De Zerbi a posé ses valises dans un championnat relevé et composé de nombreux grands tacticiens à cette époque (Tuchel, Guardiola, Arteta, Klopp, Emery…). L’ancien latéral français Bacary Sagna, qui a été dirigé par De Zerbi à Benenvento au début de la carrière d’entraîneur de l’Italien de 45 ans, osait une comparaison : «Les séances d’entraînement de Pep et De Zerbi ne sont pas si différentes : ils demandent le même genre de choses. Je suis sûr que De Zerbi rejoindra très bientôt un club de haut niveau». A Brighton, le désormais nouveau coach de l’OM y est déjà regretté. Le capitaine Lewis Dunk avait fait une déclaration à son entraîneur : «Depuis l’arrivée de De Zerbi, je vois le football d’une manière totalement différente. Je pensais qu’avant tout avait un sens, mais quand j’apprends quelque chose maintenant, je me disais mais pourquoi ne le savais-je pas déjà ?. À l’entraînement, nous étudions tous les scénarios. Si le pressing vient d’un côté, nous savons comment nous comporter. Si cela vient de l’autre côté, nous savons comment y remédier.  Nous savons exactement où le ballon doit aller en toutes circonstances. Il y a une méthode derrière cette folie», affirmait-il. Mais au-delà de la patte tactique, Roberto De Zerbi a un fort pouvoir d’attractivité.

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Pour preuve, Ansu Fati, en difficulté avec le FC Barcelone, n’a pas hésité à sauter le pas et a signé chez les Seagulls en grande partie grâce à la présence de Roberto De Zerbi : «En ce qui me concerne, il a été déterminant dans mon arrivée, c’est lui qui m’a convaincu due venir pour la majorité». En fin de carrière après de longues saisons à Liverpool, James Milner avait aussi longuement hésité sur l’identité de son futur club après les Reds. Convaincu par son ami et ancien coéquipier Adam Lallana, il avait fini par s’engager à Brighton et avait pris une claque positive par De Zerbi : «C’est évidemment un top manager, la façon dont il fait son travail, le niveau de détail, la personnalité dont il fait preuve, la faim, le désir, à quel point il s’intéresse aux joueurs est formidable à voir. C’est déjà un top manager, et il ne fera que s’améliorer. Je veux continuer à apprendre, devenir un meilleur joueur et élargir mes connaissances et mon expérience autant que possible. Le fait que je puisse venir ici et travailler sous la direction d’un manager comme celui-là a été un gros attrait et quelque chose que j’apprécie vraiment». Si l’arrivée de Roberto De Zerbi avait déjà tout d’une bonne nouvelle, les déclarations de ses anciens joueurs ont de quoi faire saliver les supporters marseillais…

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