Il ne faut pas toujours passer par la voie la plus empruntée pour s'imposer, le parcours de Moussa Sao (25 ans) le prouve. Après une étape à Châtillon où il évolue en U18, Moussa Sao s'engage à Meudon (PH). Il rencontre alors le spectre qui hante chaque footballeur et se blesse gravement à la cheville. Éloigné des terrains, il est contacté par Cannes Bocca Futsal, le doyen des clubs de futsal français, qui se propose de le relancer : « Ils m'avaient dit, si tu nous rejoins, on t'aide à traiter cette blessure.» Il semblerait que la promesse ait été tenue. Après une bonne saison, les portes de l’Équipe de France de futsal s'ouvrent à Moussa (10 sélections, 14 buts, ndlr). Il n'en fallait pas tant pour faire retentir les sirènes des clubs professionnels, qui commençaient à se pencher sur le profil de l'attaquant gaucher.

Moussa Sao est alors invité à participer à plusieurs essais, dans plusieurs clubs de Ligue 2. D'abord à Arles-Avignon, puis à Dijon, avant d'atterrir au Havre pour dix jours. Le joueur fait ses preuves sur le terrain et paraphe un contrat de deux saisons, avec le plus vieux club français de football, sur herbe cette fois. «Au départ, c'était un peu compliqué d'arriver au Havre, je n'avais pas beaucoup de repères par rapport à ce que j'ai connu au futsal. La première année au HAC, je la vois comme une sorte de remise à niveau. Il m'a fallu du temps et Erick Mombaerts (le désormais ex-entraîneur du HAC, ndlr) m'a beaucoup aidé, il m'a vraiment montré une vraie philosophie de jeu. Ce n'était pas facile puisque le futsal ça se passe vraiment dans l'intensité et dans la tactique. À onze, il faut aussi une discipline tactique, c'est sûr, mais aussi un engagement physique important, dans les duels par exemple. »

Libre dans six mois, déjà courtisé

L'année qui suit, Moussa la décrit comme une « prise de maturité ». Avec 5 buts et 2 passes décisives en 15 rencontres de Ligue 2, l'attaquant français s'affirme à présent sur herbe : « Cette année, c'est l'épanouissement, j'ai eu la confiance du coach, les performances sont venues d'elles-mêmes grâce au travail. J'avais vraiment de bons liens avec Erick Mombaerts, c'est lui qui m'a lancé, son départ m'a fait beaucoup de mal, je lui dois beaucoup.» Car c'est bien sous l'impulsion de l'ancien coach des Espoirs (2008-2012) et du HAC (2012-2014), guidé par l'œil de Christophe Revault qui avait observé le joueur au préalable, que tout a commencé pour Moussa Sao. Le profil de l'attaquant correspond à celui d'un joueur qui aime éliminer son adversaire direct. Doté d'une technique de balle domptée lors de ses expériences sur les parquets français, il sait aussi se montrer tranchant face à la cage. Au Havre depuis juillet 2013, l'avant-centre ne devrait plus faire de vieux os dans la ville portuaire normande. Dans six mois, il sera libre de s'engager où bon lui semble.

Et les clubs intéressés ne manquent pas, plusieurs formations de l'élite hexagonale se sont déjà manifestées pour s'attacher les services de Moussa Sao. Aussi, plusieurs écuries européennes sont venues aux renseignements. Mais, en attendant de découvrir sa nouvelle destination, l'ancien joueur prometteur de futsal reconverti footballeur à onze semble plus que jamais décidé à améliorer la situation sportive de son club actuel, Le Havre : «Je suis au cœur de la situation donc je peux dire que nous ne sommes pas à notre place au classement, nous manquons quelque peu de réussite, nous devrions être bien au-dessus.» Pour le moment, les Havrais sont onzièmes du classement de Ligue 2, très loin des objectifs implicitement annoncés en début de saison...