Entretien avec… Ludovic Butelle : «Je peux aussi bien évoluer à Marseille ou à Bordeaux»

S'il est une équipe plus que surprenante en Ligue 1 ces dernières années, c'est bien le LOSC. Anciennement dirigés par Claude Puel et aujourd'hui par Rudy Garcia, les Dogues continuent leur petit bonhomme de chemin au sein de l'élite hexagonale. Une élite à laquelle aimerait cette année participer le deuxième gardien lillois, Ludovic Butelle, prêté par le FC Valence dans le Nord. Malheureusement pour lui, la situation qu'il vit à ce jour est loin de correspondre à ses attentes, lui qui est arrivé plein d'ambitions en août dernier et qui se voit contraindre de patiemment attendre son heure. Parti tenter l'aventure dans le club ché en 2004 après deux exercices plutôt réussis avec le FC Metz, Ludovic Butelle a quelque peu perdu du crédit en Espagne, s'annonçant pourtant comme l'un des futurs espoirs au poste de gardien. Ce dernier tend enfin à retrouver un minimum de temps de jeu et prouver ainsi qu'il n'a rien perdu de son talent.

FootMercato : Après des débuts prometteurs à Metz, vous tentez le pari à l'étranger sous les couleurs du FC Valence. Avec le recul, ne pensiez-vous pas que vous étiez un peu trop jeune à l'époque (21 ans) ?

Ludovic Butelle : Non, je ne le crois pas. Il y a eu une belle opportunité d'aller là-bas et j'ai sauté sur l'occasion. On m'a fait comprendre que Canizares ne serait pas éternel et que j'aurais rapidement ma chance. Valence cherchait un gardien prometteur et plein d'avenir et ils m'ont contacté. Le seul regret que je peux avoir, c'est cette blessure que j'ai eue face à Parme et qui m'a contraint à repartir de zéro, car elle m'a fait beaucoup de mal, tant au plan physique qu'au niveau mental.

FM : Avez-vous pu considérer le fait que de partir dans un club étranger vous permettrait de vous imposer comme l'un des tauliers français au poste de gardien ?

L.B. : Le projet était simple, à savoir m'adapter la première année et comprendre comment fonctionnait un grand club. Apprendre aux côtés de joueurs internationaux et sans cesse progresser, c'était avant tout le but, mais après je pense que cela s'est mal goupillé, car Canizares faisait ses matchs et l'année suivante il y a eu de nombreux problèmes internes entre dirigeants et malheureusement, moi, je me suis retrouvé au milieu de tout ça. J'ai été l'un des seuls à prendre, mais le projet était intéressant pour moi puisque j'ai eu l'occasion de participer à de grandes rencontres et l'air de rien, j'ai grandi et j'ai progressé.

Revenir pour mieux rebondir

FM :À 25 ans, vous décidez de revenir en France. Considérez-vous que cela constitue un retour en arrière dans votre progression ?

L.B. : Non, je ne pense pas que venir à Lille ce soit un retour en arrière puisque le club a de grandes ambitions et continue de grandir chaque année. L'équipe donne beaucoup sa chance aux jeunes et grâce à cela, ces derniers peuvent montrer toutes leurs qualités. C'était mon idée de revenir en France et Le Losc s'est proposé et on a fait tout ce qu'il fallait pour que je signe. Désormais c'est à moi de travailler même si j'attends mon heure pour prouver que j'ai toujours le niveau.

FM : Quel genre de discours a pu vous motiver pour atterrir au Losc ?

L.B. : Avec mes agents et ma famille, on voulait rentrer en France, parce que le fonctionnement de l'Espagne ne me convenait pas. Revenir en France et tout reconstruire était mon but et je voulais repartir sur de bonnes bases. Je cherchais un club ambitieux et le discours des dirigeants lillois nous a convaincus, moi et mon entourage. Et je pense que Lille est un bon tremplin pour envisager un meilleur sort à l'avenir.

FM : Pourtant, vous n'êtes que la doublure de Grégory Malicki et au vu de ses performances, il sera dur de retrouver un poste de titulaire à l'avenir ?

L.B. : Le problème, c'est que je suis arrivé en retard dans la préparation et en plus de cela, l'équipe a accumulé de très bons résultats donc à partir de là, il était difficile pour moi d'envisager de jouer. J'ai une philosophie, c'est de ne jamais baisser les bras. Alors, je me tiens prêt et aux entraînements j'essaye de démontrer au coach ce que je vaux. Maintenant, j'attends juste une opportunité, mais je ne m'inquiète pas, car il y a des joueurs en bien pire posture que la mienne. Je dois juste faire preuve de patience et cela finira par payer, même si le poste de gardien est à part.

Un avenir en suspens

FM : Votre prêt avec option d'achat se termine à la fin de la saison. Qu'envisagez-vous si jamais Lille n'est plus favorable à ce que vous restiez dans le Nord la saison prochaine. En avez-vous discuté avec les dirigeants ?

L.B. : Comme vous l'avez dit, il s'agit d'un prêt avec option d'achat. Alors, il y a toujours le fait que je puisse retourner à Valence, mais pour le moment c'est un peu tôt pour en parler. Pour le moment à Lille, je prends mes marques et les gens commencent à me connaître et moi je me sens de mieux en mieux ici. Je pense avoir retrouvé un niveau très acceptable et je veux continuer dans cette voie avec le LOSC.

FM : Le contrat de Grégory Malicki se termine en juin 2010. Est-ce que cela vous pousse un peu plus à y croire dans cette équipe que l'on dit en devenir ?

L.B. : Je n'ai pas à regarder son contrat ni combien de temps il lui reste. Tout dépendra de mon travail et on sait que dans le foot, il faut toujours avoir un brin de réussite. Chaque club a ses gardiens et la règle c'est que le numéro un doit tout faire pour conserver sa place et sa doublure tout faire pour le détrôner. A l'heure actuelle, Greg fait tout pour garder sa place et moi je fais tout pour la lui prendre. C'est la loi de la concurrence et le but c'est que tout cela serve à l'équipe au final.

FM : Justement votre équipe, qu'est-ce que vous pouvez nous en dire après ce bon début de saison ?

L.B. : L'équipe est très bonne, elle joue bien. Après on aurait pu être encore mieux mais on a perdu trop de points bêtement comme face à Caen à domicile où à Marseille dimanche dernier. Pour le reste, on a une bonne base de travail et on peut s'appuyer sur un groupe jeune, certes, mais vraiment excellent et qui peut prétendre à de belles choses, en pensant pourquoi pas accrocher quelque chose en fin de saison.

FM : Et pour vous, si l'aventure lilloise doit prendre fin l'an prochain, avez-vous des touches pour rebondir ?

L.B. : Pour le moment je ne me pose pas cette question là; il faut envisager cela étape par étape. Mon but primordial et recherché aujourd'hui c'est d'être titulaire à Lille et j'aurai tout le temps de penser à cela à plus tard. Après, j'ai mes agents qui oeuvrent pour moi et s'il y a des contacts avec d'autres clubs alors tant mieux, mais ce que je souhaite, c'est de m'inscrire dans la durée avec le LOSC et de tout faire pour y rester.

Un cador de la Ligue 1 pour 2009

FM : Malgré votre statut de remplaçant dans le Nord, vous êtes pourtant considéré comme un excellent gardien en Ligue 1 et récemment Bordeaux a évoqué l'hypothèse de trouver un successeur à Ramé, l'OM quant à lui pourrait perdre Mandanda en fin d'exercice. Pensez-vous avoir la capacité de vous imposer dans des clubs de ce standing ?

L.B. : On verra bien ce que l'avenir réserve. Si le FC Valence m'a fait confiance, c'est que j'ai les qualités pour évoluer au haut niveau et que je peux aussi bien évoluer à Marseille ou à Bordeaux. Maintenant, à moi de tout faire pour jouer et montrer ce que je vaux. Chaque chose en son temps maintenant. J'ai quand même derrière moi un passé qui m'a permis d'engranger beaucoup d'expérience et à moi de démontrer que mon passage en Espagne a été très bénéfique.

F.M. : Il y a un joueur à Lille aujourd'hui qui crève l'écran, c'est Adil Rami. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à son sujet ?

L.B. : C'est un très grand joueur et qui mérite toutes les attentions actuellement. Il y a encore trois ans, il était à la mairie de Fréjus (Rires) et à force de travail, il a su s'imposer au haut niveau. C'est comme pour tout. À force de persévérance, ça finit par payer. Sinon, il est un très bon défenseur, solide, puissant et qui devrait rapidement gravir les échelons à l'avenir. Il apporte beaucoup à l'équipe et devient même décisif. À l'image de l'équipe, il est jeune, dynamique, ambitieux, mais c'est l'une des valeurs montantes de l'équipe et de la Ligue 1 à son poste et en restant concentré, il regoûtera au plaisir dune nouvelle convocation en équipe de France.

FM : Et vous, l'équipe de France, vous gardez toujours un espoir ?

L.B. : Moi, je ne peux pas me permettre d'en parler en ce moment au vu de ma situation. Avant, c'est sûr que j'avais de l'avance sur certains gardiens, mais aujourd'hui, c'est moi qui suis derrière. Maintenant, l'objectif est simple, c'est de devenir titulaire dans mon club et après on verra bien, c'est juste une question de performances. Tu te dois d'être bon pour qu'on parle de toi et que tu entrevois petit à petit de toucher aux portes de l'EdF.