Ligue 1

Mamadou Fofana : « en Ligue 1, les erreurs ne pardonnent pas »

Débarqué à Metz en provenance d'Alanyasport en 2018, le jeune défenseur Mamadou Fofana (22 ans) a connu la montée en Ligue 1 et ses premières expériences dans l'élite cette saison. Capable d'évoluer aussi au milieu de terrain, il nous a raconté son parcours, ses ambitions et sa vie pendant le confinement.

Par Aurélien Léger-Moëc
7 min.
Mamadou Fofana lors de Dijon-Metz @Maxppp

Foot Mercato : tout d’abord, comment allez-vous ?

Mamadou Fofana : ça va, tout le monde va bien !

FM : comment vivez-vous le confinement ?

MF : ce n’est jamais évident de toujours rester à la maison. Mais après, c’est quelque chose qui touche tout le monde, ici, aux Etats-Unis, en Afrique, c’est donc bien de rester à la maison. Je fais tout pour m’occuper un peu. Je me réveille, j’essaie de faire des exercices. Le club a envoyé un programme. Je fais la vaisselle, à manger, je joue à la Playstation. Moralement, ça va. Ce n’est pas facile mais je préfère ça plutôt que de voir beaucoup de personnes qui tombent malade. Il faut penser aux personnes fragiles. Je sors seulement pour les courses. J’ai un vélo d’appartement, j’ai du matériel.

FM : comment ça se passe avec le club ?

MF : on est tous sur un groupe Whatsapp et on se tient au courant chaque semaine. Ils envoient les programmes semaine après semaine. Quand on a arrêté, on ne savait pas jusqu’à quand ça pouvait durer. La première semaine on n’avait pas beaucoup d’infos. Depuis le début du confinement, ils nous ont amené beaucoup de choses, des vélos, des élastiques. On essaie de rester sérieux. On a un groupe « défi confinement », chaque lundi et vendredi, un des joueurs envoie un geste technique que tout le monde doit reproduire. Du coup, le lundi, le premier qui arrive à le faire est celui qui doit en proposer un nouveau le vendredi. Et on compte les points. Sur 5 exercices, j’en ai fait 4. Il y en avait qui était un peu difficile, j’ai passé deux heures dessus et j’ai abandonné (rires). Pour le moment le meilleur c’est le gardien Paul Delecroix. Mais ce n’est pas fini, je pense le rattraper !

FM : au niveau des discussions sur les salaires, comment cela se passe avec le club ?

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MF : pour le moment, je ne suis pas au courant de tout ça. On est en chômage partiel. Pour le reste, je ne suis pas au courant, ce sont les porte-paroles du groupe qui gèrent ça.

FM : revenons-en à vous, comment vous sentiez-vous pour votre première saison en L1 ?

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MF : on a bien commencé, après au fil du temps, on a eu un peu de relâchement, on a un peu plongé et ça n’a pas été facile. Mais on s’est ressaisi et on est allé de l’avant. Je suis arrivé en Ligue 2 avec le projet de monter et d’essayer de se maintenir. Pour moi, ça a bien commencé, j’ai joué beaucoup de matches. Je suis à 20 matches, même si j’ai moins joué depuis deux mois. Le coach a changé l’équipe et l’équipe a été performante. À moi de me battre et de montrer que j’ai ma place.

FM : l’arrivée de Dylan Bronn lors du mercato hivernal vous a coûté votre place en défense, comment l’avez vous-vécu ?

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MF : ça ne me pose pas de problème, je suis là pour aider l’équipe. Le coach a voulu changer, il a changé et l’équipe a été performante. Mon but est de jouer tous les matches. Je ne peux pas me contenter de ça. Je veux me battre et montrer ce que je vaux. La concurrence existe partout et là c’est dans le bon sens. Chacun veut jouer.

FM : vous pouvez évoluer aussi bien en défense centrale qu’au milieu de terrain. À quelle poste vous sentez vous le mieux ?

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MF : je suis venu en tant que défenseur. Mais j’ai déjà joué au milieu donc ils ont vu que je pouvais jouer. Mais je préfère jouer en défense.

FM : racontez-nous votre parcours.

MF : je suis un jeune Malien, qui jouait dans la rue avec ses amis. Tout est parti de là : je suis assis avec mon père, on regarde la télé et je vois une annonce de l’école de foot, Nojo Sport. Je dis à mon père, "voici une école de foot, j’aimerais bien y aller". Il me dit "non, si tu sais jouer, ils vont venir te chercher" et moi je dis "je veux aller faire le test". Je l’ai convaincu. Après deux semaines, on est parti ensemble et ils m’ont pris. On était en pension là-bas. C’était à 30-40 minutes de chez moi. J’ai fait deux ans là-bas. Ça s’est un peu mal passé. Mon père m’a dit : "tu vois tu aurais du rester à l’école". Je suis revenu, je n’avais pas le moral, je suis resté dans les quartiers à jouer. Et puis quelqu’un m’a repéré et m’a amené au Stade Malien. Après une saison, j’entends à la radio qu’ils faisaient les tests pour l’équipe nationale U17 mais ils étaient déjà partis à un tournoi. Mais ils ont relancé un nouveau test. J’ai pris ma moto, je suis parti le matin, le coach m’a vu, on était 100 et ils ont pris 20 joueurs. Tout a commencé comme ça. Ils m’ont pris, on a voyagé, on est parti au Bénin. Mon père il me demandait "mais qui te prend les billets ?" Il ne connaissait pas le foot. Je lui ai dit : "dans une semaine tu me verras à la télé". Il ne me croyait pas. Et puis, il m’a vu et il m’a pris au sérieux. On s’est qualifié. Quand on a joué la Coupe d’Afrique (U20 en 2015 au Niger, gagnée par le Mali, ndlr), le club d’Alanyaspor m’a approché. Je suis allé voir le club et j’ai signé.

FM : comment jugez-vous la Ligue 1 par rapport à la Ligue 2 ?

MF : La L2 est très physique, il y a beaucoup de contacts. Mais en Ligue 1, je pense que c’est plus technique, les erreurs ne pardonnent pas. En L2 tu peux faire des erreurs, en L1 il y a tellement de joueurs techniques... Donc une erreur tu la paies cash. C’est vraiment ça la différence majeure.

FM : quel joueur vous a le plus impressionné jusqu’ici ?

MF : Marco Verratti. J’avais joué au milieu contre le PSG. Il avait récupéré beaucoup de ballons. C’est un joueur que j’admire. Quand on a joué contre eux, il a récupéré beaucoup de ballons, il en perdait peu, c’était difficile de lui prendre. Moussa Dembélé de l’OL, il est très bon aussi, il garde bien le ballon.

FM : vous avez un modèle de joueur ?

MF : j’aime beaucoup Raphaël Varane. Il sait tout faire, il est bon dans les duels aériens. Je l’admire. Je regarde beaucoup de football à la maison.

FM : le championnat qui vous fait rêver ?

MF : j’aime bien l’Allemagne et ensuite l’Angleterre. Quand je vois les matches à la télé, je vois les stades remplis, les gens sont à fond, le jeu est rapide et physique.

FM : quelles sont vos ambitions à titre personnel ?

MF : quand j’étais au Mali, je suis arrivé en Turquie. Je ne savais pas. Et puis je suis arrivé en France. J’aime bien ce championnat. J’ai beaucoup d’objectifs. Mais je ne vais pas dire quand je veux quitter la Ligue 1. Je suis bien là, je suis content, j’ai encore deux ans de contrat. Je n’ai aucune raison de partir si je me sens bien. J’aime bien la ville et le club et je ne regarde pas d’autres pays pour le moment. Je suis quelqu’un qui vient de très loin. Ça n’a pas été facile jusqu’à aujourd’hui mais je me suis toujours battu. Avec la persévérance et le courage, je dirais que tout est possible dans la vie. Je suis un battant, je ne lâche jamais. Sur le terrain c’est la même chose. Je suis prêt à tout faire pour aider l’équipe à gagner.

FM : vous avez des nouvelles de Manuel Cabit (le joueur de Metz gravement touché suite à un accident de la route en novembre dernier) ?

MF : les dix derniers matches à domicile, il était venu nous soutenir, il nous donne des nouvelles sur Instagram. C’est rare de voir quelqu’un garder autant d’optimisme. Je lui souhaite le meilleur.

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