UEFA Nations League

L’organisation de France-Israël dans la tourmente

Les événements de la nuit passée à Amsterdam où des supporters du Maccabi Tel-Aviv ont été attaqués obligent les autorités à rehausser le curseur en matière de sécurité. La rencontre entre la France et Israël en Ligue des Nations, qui se déroulera à Saint-Denis, fait déjà l’objet de vives tensions depuis plusieurs mois.

Par La Rédaction FM
6 min.
Le Stade de France @Maxppp

Une nouvelle fois, le curseur politique s’est déplacé sur les terrains de football. Hier soir à l’occasion de la rencontre entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv (5-0) comptant pour la 4e journée de Ligue Europa, de nombreux actes de violence ont éclaté avant, pendant et après le déroulement du match. Des supporters du club israélien, dont la réputation violente pour certains a déjà traversé les frontières, ont été vus en train d’arracher des drapeaux palestiniens accrochés à des fenêtres. De Telegraaf indique qu’un de ces étendards a été brûlé place du Dam. Des chauffeurs de taxi locaux ont également été pris à partie, alors que d’autres images circulant sur les réseaux sociaux montrent des images de supporters du Maccabi scandant des chants insultants en référence à la guerre à Gaza.

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D’autres fans, ceux venus pour la rencontre avant tout, ont été contraints de se réfugier dans un bâtiment de la ville pour éviter un affrontement. La soirée a mal débuté et ça ne s’est pas arrêté là. La minute de silence prévue avant le coup d’envoi en hommage aux victimes des inondations dans la région de Valence n’a pas du tout été respectée par les fans visiteurs. Les relations entre l’Espagne et Israël sont des plus fraîches depuis que le gouvernement de Pedro Sanchez a officiellement reconnu l’État de Palestine au printemps dernier. Les tensions ont été encore plus vives une fois le match terminé. 1h30 après la sortie du stade, de violents affrontements ont eu lieu dans la capitale néerlandaise, obligeant la police anti-émeute à intervenir dans le secteur des berges sud et sur le Dam.

5 blessés et 62 arrestations à Amsterdam

Des supporters israéliens ont été pourchassés par des groupes de dizaines d’individus, frappés avec un esprit de vengeance à l’égard de la guerre à Gaza. Un homme est même jeté dans un canal de la ville. Le calme serait revenu vers 1h du matin, la police affirmant avoir la situation sous contrôle. Des supporters du Maccabi Tel-Aviv sont escortés jusqu’à leurs hôtels. Le bilan ce matin fait état de 5 blessés et de 62 arrestations, qui ont eu lieu en majorité avant et pendant le match d’après De Telegraaf. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a rapidement réagi, indiquant qu’il «considérait avec gravité l’attaque antisémite préméditée contre des citoyens israéliens et a demandé une sécurité accrue pour la communauté juive des Pays-Bas.»

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Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof s’est également emparé du sujet, et a qualifié «ces attaques antisémites contre des Israéliens» «d’inacceptables». Depuis ce matin, les condamnations s’enchaînent : l’Union Européenne, Berlin, Paris. L’UEFA s’en remet aux autorités locales pour mener l’enquête et prendra les mesures qui s’imposent en conséquence. La France n’est pas en reste et elle est directement concernée par ces événements. Dans six jours (jeudi 14 novembre, 21h), la rencontre entre les Bleus de Didier Deschamps et Israël doit avoir lieu au Stade de France dans le cadre de la Ligue des Nations. La tenue de ce match était déjà très difficile pour les autorités. Les heurts d’hier soir ne font qu’exacerber les tensions déjà extrêmes.

Le ministère de l’Intérieur maintient la rencontre France-Israël au Stade de France

Dans ce contexte, plusieurs options se posent : annuler le match, le délocaliser, le jouer à huis clos ? «Je suis inquiet, nous avons dans une semaine le match France-Israel qui sera organisé dans une semaine au stade de France. Nous espérons ne pas avoir de scènes similaires» avertit le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France Yonathan Arfi sur BFMTV. «Je me refuse toujours à ce qu’on cède aux haineux, aux antisémites, aux violents. Si nous délocalisions ce match, si nous l’annulions en France, quel symbole ce serait! Nous aurions été capables d’organiser des Jeux olympiques, mais incapables d’organiser un match de football France-Israël? Non, je crois qu’il faut tenir ce match, mettre les moyens de sécurité nécessaires sur place, mais aussi dans les rues de Paris.»

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La France Insoumise par la voie de Manuel Bompard, son coordinateur, a notamment demandé sur CNews l’annulation de la rencontre. «Certains demandent la délocalisation du match France-Israël. Je ne l’accepte pas, répond Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur sur X. La France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme. À ma demande, le Préfet de police, Laurent Nunez, prend les dispositions de sécurité nécessaires pour que ce match ait lieu au stade de France, comme habituellement.» En réalité, ce sujet agite depuis plusieurs mois la sphère politique. Plusieurs élus de gauche ont réclamé l’annulation de ce match en opposition aux bombardements massifs menés par Israël à Gaza, et désormais au Liban.

Un dispositif de sécurité inédit

Les autorités ont préféré maintenir, choisissant le Stade de France plutôt que le Parc des Princes, plus facile à sécuriser. Pour cela, 26 compagnies de forces de l’ordre ont été réquisitionnées d’après RMC, soit environ 2 500 policiers et gendarmes, déjà renforcés par la présence de stadiers et de membres de la sécurité dans les transports. Un dispositif encore jamais vu pour une rencontre dans l’enceinte dionysienne, alors même que moins de 20 000 billets (sur environ 80 000) ont pour le moment été vendus. Les divers commerces présents sur l’esplanade du Stade de France ont obligation de fermer dès l’après-midi, soit plusieurs heures avant le coup d’envoi. Rappelons que le match aller entre les deux sélections (victoire des Bleus, 4-1), le 10 octobre dernier, avait eu lieu en Hongrie en raison du contexte au Proche-Orient.

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Pour le moment, 90 supporters israéliens seulement sont attendus à Saint-Denis. Ils seront protégés en permanences par les forces de l’ordre, et ce dès leur prise en charge en milieu de journée mais ça ne comprend pas les fans français ou francos-israéliens. Ce dispositif déjà colossal pourrait encore être amené à être renforcé si les autorités l’estiment encore insuffisant. Il faut dire que le conflit entre Israël et la Palestine s’est très largement exporté en France depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 (1 200 morts, plus 251 otages dont 97 sont toujours retenus en captivité, et 33 déclarés morts. Les agressions à caractère antisémite ont explosé (+192% entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024, selon une note de la Direction nationale du renseignement territorial au ministère de l’Intérieur), tandis que les manifestations contre les bombardements israéliens sur Gaza (42 000 morts) et le Liban (2 600 morts) se multiplient.

Didier Deschamps : «ça doit rester un match de football»

Rien que ces derniers jours, des manifestants ont occupé le siège de la FFF pour appeler au boycott de ce France-Israël et un tifo "Free Palestine" a été déployé au Parc des Princes mercredi soir. Tout cela vient s’ajouter à la nuit vécue à Amsterdam. Les mots de Didier Deschamps, aussi sincères que désarmés sur le sujet, pèsent bien peu lorsqu’il fut interrogé hier sur la tenue du match. «Mon président est là, vous pouvez lui poser la question. C’est en relation avec le ministère et l’État. Bien ou pas bien? Ce que je peux dire, c’est que ça doit rester un match de football. Sans ignorer ou faire abstraction du contexte politique très tendu. Je ne suis pas là pour juger, je n’ai pas mon mot à dire. On me tient au courant des évolutions, et à un moment c’est acté. Je ne suis pas partie prenante dans ce circuit de décision.»

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