«Mon but a toujours été de faire du bien à ce club» : Sergio Pellissier revient sur la renaissance de son Chievo Vérone
Alors que le club avait complètement disparu après avoir fait faillite, le Chievo Vérone a officiellement été refondé sous l’impulsion de l’ancien joueur Sergio Pellissier. Désormais en Serie D après être reparti de la 9ème division italienne, le club rêve grand. La légende du Chievo a rencontré Foot Mercato et est revenu sur ces 3 années de bataille juridique.
Si la ville de Vérone résonne avec le Hellas pour les plus jeunes générations, les nostalgiques du football italien se souviennent sûrement des belles épopées du Chievo Vérone dans les années 2000, notamment au cours de la saison 2005/2006 avec des joueurs tels que Amauri, Victor Obinna, Luciano, Lorenzo D’Anna, Davide Mandelli, Paolo Sammarco ou encore Franco Semioli. Toute cette belle troupe avait réussi à accrocher une 4ème place du championnat, synonyme de qualification historique pour les barrages de la Ligue des Champions l’année suivante. Quelques saisons plus tard, sous la houlette de Rolando Maran, le Chievo avait réussi à retrouver la première partie de tableau grâce à des éléments comme Nicolas Frey, Simone Pepe, Roberto Inglese, Ivan Radovanovic, Valter Birsa, Perparim Hetemaj mais aussi Massimo Gobbi. Et difficile de parler du Chievo Vérone sans parler de l’attaquant Sergio Pellissier. Véritable légende vivante du club (441 matchs, 139 buts), il a été le visage de cette équipe pendant 19 ans, représentant même son équipe dans les rangs de la Nazionale en marquant un but pour son unique apparition en 2009 (1 cape, 1 but). Mais c’est à l’été 2021 que tout a basculé pour le Chievo Vérone.
En juillet 2021, les Mussi Volanti ont été expulsés de la Serie B pour ne pas avoir pu prouver sa viabilité financière en raison de paiements d’impôts impayés. Le club de Vérone a fait valoir qu’un accord avait été conclu pendant la pandémie de COVID-19 qui lui permettait d’étaler les paiements sur une période plus longue. Cependant, après trois appels infructueux auprès du Conseil d’État, la décision d’interdire au Chievo Vérone de s’inscrire en Serie B a été confirmée - Cosenza prenant ainsi l’ultime spot de Serie B. Rétrogradé en Serie D quelques semaines suivantes, le Chievo Vérone, déclaré en faillite, disparaît définitivement le 22 août 2021, faute de repreneur. Mais après trois ans où le club, mort administrativement, n’existait tout simplement plus, il est officiellement rené de ses cendres, reprenant écusson et maillot grâce à un énorme travail en coulisses de… Sergio Pellissier, président du Chievo Vérone. Actuellement 16ème du groupe B de Serie D, les Clivensi espèrent réaliser pour la seconde fois de son histoire l’une des plus grandes performances que le Calcio ait connues : réussir à gravir toute la pyramide amateur et professionnelle du football italien jusqu’à atteindre la Serie A et les compétitions européennes.
Une reconstruction avec le FC Clivense
Au cours des mois qui ont suivi l’exclusion du club, l’ancien capitaine Sergio Pellissier a dirigé la recherche d’un nouveau groupe de propriétaires pour permettre la création d’un club phénix capable de s’inscrire en Serie D sous le nom de Chievo Vérone. Faute de repreneur, le projet est tombé à l’eau. Et c’est ainsi que Sergio Pellissier a décidé de se séparer du président de l’époque Luca Campedelli, pour fonder lui-même un tout nouveau club basé à Vérone qui a été admis en Terza Categoria tout en bas du système de ligue de football italien, soit la neuvième division, lors de la saison 2021-2022. Le club, initialement nommé FC Chievo 2021, a ensuite changé de nom pour le FC Clivense suite à un coup de pression juridique de Luca Campedelli, qui détenait encore les droits d’exploitation de la marque Chievo Vérone. Pour sa première saison d’existence, le FC Clivense a remporté le titre de champions de la Terza Categoria en 2022. L’année suivante, les joueurs alors entraînés par Riccardo Allegretti ont enchaîné avec un deuxième trophée remporté cette fois-ci en tant que promu en Eccellenza. Avec ce titre glané en 2023, le FC Clivense a donc pu être promu en Serie D où ils ont terminé à la 9ème position pour cette première saison en quatrième division.
Le 10 mai 2024, Sergio Pellissier a officiellement acquis avec succès les droits de dénomination du club original Chievo Vérone lors d’une vente aux enchères, lui permettant ainsi de récupérer logo, palmarès, chiffres et maillots de son club de cœur : «Ce furent trois années extraordinaires et où nous avons beaucoup gagné. Nous avons bien travaillé, nous avons grandi, nous avons commencé à reconstruire le club. On a vu des joueurs passer, les gars qui sont venus travailler pour nous, ont aussi grandi. Tout était bien jusqu’à l’année dernière où les résultats ont été un peu moins bons, ils n’ont pas été comme nous l’espérions, comme nous le voulions. Avec le rachat de la marque cette année, nous pouvons la réutiliser : le Chievo Verona. Ce rachat est venu compléter une année qui n’était peut-être pas très positive avec les résultats, donc nous sommes vraiment satisfaits de ce qui est arrivé et ce fut vraiment trois années fantastiques», nous a confié Sergio Pellissier. Désormais, pour la première fois depuis la saison 2020/2021, le Chievo Vérone participe à une division du football italien. Le club est officiellement de retour grâce à un énorme travail de sa légende.
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Un bras de fer juridique
Une chose est sûre, cela n’a pas été facile pour Sergio Pellissier et ses collaborateurs. Selon ce que rapporte le journal L’Arena, un certain Cristian Zaffani et sa délégation, considéré comme très proche de l’ancien patron du Chievo Luca Campedelli, a tout tenté pour contrecarrer le rachat du club par le natif de Fenis en Vallée d’Aosta. En effet, Zaffani, président du petit club de Vigasio basé à Vérone, souhaitait également s’emparer des droits d’exploitation. Mais finalement, la marque Chievo Vérone est bien revenue à Sergio Pellissier et son FC Clivense pour un investissement total de 330 000 euros : «La difficulté pour reprendre la marque était liée la longue procédure qu’il faut donc alimenter si on veut espérer la reprendre à tout prix. Il fallait attendre que la marque soit mise aux enchères. Notre proposition n’a pas été acceptée, nous avons dû aller deux fois aux enchères. Puis quand nous sommes allés faire une proposition, personne n’y est allé. L’ancien président voulait à tout prix reprendre cette marque à notre place. Pour nous, c’est ça la fierté, le cœur, les sacrifices, le désir d’obtenir cette marque à tout prix. Cela nous a fait dépenser plus que ce à quoi nous nous attendions, mais nous avons réussi notre objectif, donc c’était un résultat vraiment fantastique», nous explique longuement l’ancien international italien.
Le plus dur étant désormais fait, Sergio Pellissier peut désormais prendre le temps qu’il faut pour développer, pierre par pierre, son nouveau projet sportif : «Je crois que rêver est la chose la plus belle du monde et la moins chère, donc il ne coûte absolument rien de rêver et je voudrais que ce nouveau Chievo puisse au moins se rapprocher de ce qui a fait l’histoire des dernières années dans le monde du football italien et j’espère qu’il donnera beaucoup de satisfactions à toutes ces personnes qui croient en nous depuis des années. Les associés, les supporters, les gens qui nous suivent. On peut vraiment faire de grandes choses en retournant où le club mérite d’aller. La passion est celle qui m’a toujours guidé. Je n’ai jamais travaillé pour l’argent. Je n’ai jamais investi et transpiré pour un autre but que de faire du bien à ce club, et je le porte encore aujourd’hui en tant que président. Pour moi, l’objectif est d’investir tout ce que nos amis sponsorisent ou tout ce que nous pouvons faire autour. Nous pouvons l’injecter dans l’équipe et nous pouvons aussi utiliser cet argent pour agrandir plus de secteurs et atteindre nos objectifs, donc la passion est fondamentale». Si le début de saison n’est pas parfait avec une 16ème position du groupe B et trois défaites en six matchs, Sergio Pellissier rêve sur le long terme.
Un projet sportif clair
Sans disposer de finances extensibles, Sergio Pellissier veut apprendre du passé. La stabilité est aujourd’hui la mission principale des Gialloblu après une première disparition en 1936 puis la seconde en 2021 : «La philosophie du Chievo accorde l’importance aux valeurs. Ce sont les attentions que nous accordons, nous n’avons absolument aucun but second que celui de grandir ce club, de créer beaucoup, de le rendre toujours plus fort, toujours plus important, toujours plus stable. Si je dois amener un milliardaire pour que l’équipe soit portée à de hauts niveaux certainement, nous contribuerons pour que cela puisse se passer. Mais si cela n’arrive pas, alors nous travaillerons avec ce que nous pouvons trouver sans faire de folies, parce que nous savons ce que nous avons traversé et perdre un club pendant trois ans n’était pas beau, donc notre objectif est de ramener ces valeurs dans lesquelles nous avons grandi au Chievo, le temps où je suis arrivé». Malgré tout, le Chievo a réussi à recruter des joueurs intéressants comme Mattias Bonafede, jeune latéral droit prêté par Empoli, ou encore le milieu brésilien Paulo Henrique, passé par le secteur jeune de São Paulo. Ensuite, l’autre mission de Sergio Pellissier de reconquérir la ville de Vérone.
Pendant plus de 20 ans, le Chievo avait réussi l’exploit de totalement éclipser le Hellas, qui était alors redescendu jusqu’en troisième division. Fier de son identité locale, le petit club du quartier de Chievo, situé à 4,5 kilomètres au nord-ouest du centre historique, veut à nouveau titiller le rival : «La ville est normale et divisée comme cela a toujours été le cas. Les supporters du Hellas, qui sont en groupes nombreux, beaucoup plus nombreux que nous, ont certainement peur que le Chievo puisse revenir à des niveaux élevés, parce que pendant 20 ans, ils ont été obscurcis par ce petit club, ce petit quartier donc ils ont cette crainte. Ils ne voient pas cela d’un bon œil, mais peu importe, nous n’avons pas de velléité de prouver que nous sommes meilleurs qu’eux, mais nous voulons seulement montrer que le petit Chievo a des gens qui croient en leurs projets, ont des gens qui travaillent pour obtenir ces choses, ont beaucoup, beaucoup, mais beaucoup de passion et croient vraiment que ce club puisse grandir. Je pense que nous avons un peu de fierté, ce que les autres font ne doit pas nous intéresser parce qu’à la fin, tout viendra de nous», a conclu à notre micro Sergio Pellissier. En tout cas, les fans du football italien ont hâte de retrouver les joutes des Derby della Scala, une des plus grandes rivalités du Calcio.
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