Naples : Eljif Elmas, l’un des supersubs les plus performants d’Europe
Troisième meilleur buteur de Naples cette saison en Serie A, Eljif Elmas rayonne dans son rôle de "supersub". Et avec de telles performances, le Macédonien pourrait s’installer comme un titulaire à terme dans le onze de Luciano Spalletti.
«Diamant», c’est l’acception du patronyme d’Eljif Elmas en turc, son pays d’origine, et elle colle véritablement au phénomène : une pierre précieuse, élégante, mais qui demande d’être lustrée pour perdurer dans le temps et conserver son éclat. S’il séjourne aujourd’hui à Naples, essentiellement dans l’ombre des accapareurs de lumière Victor Osimhen et Khvicha Kvaratskhelia, le Macédonien a su montrer cette saison qu’il était lui aussi en mesure de la capter.
Recruté par les Partenopei à l’été 2019 pour la somme de 16 M€, transfert qui avait fait de lui le joueur macédonien le plus cher de l’histoire à tout juste 18 ans, Eljif Elmas avait surtout dû se contenter d’un rôle d’officier subalterne jusqu’ici. Avec une concurrence accrue, incarnée par Piotr Zieliński, Fabián Ruiz, et plus récemment Stanislav Lobotka ou André Zambo Anguissa, l’élégant droitier a dû faire preuve de patience, d’abord sous les ordres de Gennaro Gattuso, puis de Luciano Spalletti, qui lui octroie aujourd’hui plus de responsabilités. Et cette saison, le Lion Rouge sait rendre à son entraîneur cette confiance.
Un début de carrière en accéléré
Phénomène de précocité, Eljif Elmas avait connu un début de carrière à très grande allure, débutant chez les professionnels de Rabotnicki (D1 macédonienne) dix jours après avoir soufflé sa 16ème bougie, en octobre 2015. Un «talent générationnel» immédiatement identifié par les observateurs de ce petit pays de 2 millions d’habitants. « Au pays, on a très vite remarqué les qualités du joueur, qui l’ont vite propulsées comme la nouvelle pépite du football macédonien dès ses 16 ans, souligne Soner Ajroski, spécialiste du football macédonien. Malgré ce statut qui peut peser lourd, il ne s’est pas brûlé les ailes et a réalisé deux premières saisons en MFL 1 (D1 macédonienne) sensationnelles. Il brisait les records de précocité à la pelle et crevait l’écran.» À l’été 2017, Fenerbahçe avait d’ailleurs eu le nez creux en enrôlant le Turco-macédonien pour seulement… 180 000€.
Si la fédération turque avait également pris la température auprès du joueur, Elmas, éligible pour arborer la tunique de trois sélections (Macédoine du Nord, Turquie, Albanie), avait finalement opté pour son pays de naissance, la Macédoine du Nord, dont il avait auparavant connu toutes les sélections de jeunes. En juin 2017, il honorait sa première cape avec le petit pays péninsulaire des Balkans, en entrant lors d’un match de qualification pour la Coupe du Monde 2018, perdu face à l’Espagne (1-2). Six ans après, le natif de Skopje est le symbole de cette jeunesse qui prend le pouvoir. «Aujourd’hui, il fait partie des cadres de la nouvelle génération avec Enis Bardhi et Ezgjan Alioski, analyse Soner Ajroski. Dans les matchs à enjeu, il a souvent été décisif, notamment lorsqu’il libère le pays et qualifie la Macédoine à l’Euro 2021 contre la Géorgie (0-1). Lors de la victoire face à l’Islande (3-1), synonyme de play-off pour la Coupe du Monde, il avait également inscrit un doublé. Mais son fait d’arme majeur est certainement sa performance lors de la victoire historique face à l’Allemagne (1-2), où, dans le sillage de Goran Pandev, il marque le but de la victoire. C’était en quelque sorte le passage de témoin entre deux générations.» Aujourd’hui, à seulement 23 ans, Elmas dispute sa 8e saison en professionnels, et figure déjà dans le top 10 des meilleurs buteurs de l’histoire des Lions Rouges (9 buts en 46 sélections).
Bientôt plus que le rôle de SuperSub napolitain ?
Bien qu’il dispose du 13e temps de jeu napolitain cette saison (1 138 minutes de jeu toutes compétitions confondues), Elmas est seulement devancé par les intouchables Victor Osimhen et Khvicha Kvaratskhelia au classement des buteurs de son équipe en championnat. Avec 6 réalisations, le natif de Skopje affiche même le meilleur ratio but par minutes jouées chez les milieux de terrain de Serie A, marquant en moyenne toutes les 189 minutes. «Son poste de prédilection est milieu de terrain relayeur mais il montre qu’il est un joueur malléable tactiquement. Cette saison, Spalletti le fait essentiellement entrer comme ailier droit à la place d’Hirving Lozano ou de Matteo Politano. Et force est de constater que même en disposant de moins de temps de jeu, il est bien plus décisif qu’eux, et est le seul à être en mesure d’apporter de la fraîcheur en sortie de banc. Il devrait être titulaire vu ce qu’il montre depuis plusieurs mois», analyse Aldo, supporter napolitain et créateur du blog NapoliCFrance.
Un rôle de supersub qu’il embrassait parfaitement jusqu’ici, à l’image d’un Rodrygo au Real Madrid, mais dont il n’a jamais caché vouloir se désengager. En octobre dernier, le joueur de 23 ans avait publié sur Instagram une photo de lui avec un dossard de remplaçant, ironisant sur sa relation entretenue avec le banc. «Mon premier amour», avait-il plaisanté. Des propos largement commentés dans la presse transalpine mais qui avaient provoqué chez le joueur une prise de conscience. «En début de saison, son comportement n’était pas irréprochable. Mais depuis cet évènement, on ressent une prise de conscience et une évolution assez frappante chez lui. Mentalement, il a évolué, s’est réfugié dans le travail, et dans son jeu il est beaucoup moins lisible et plus réfléchi. Il a aussi su être décisif lors de moments importants comme face à l’Atalanta, l’Udinese ou la Juventus récemment», confie Aldo. Fabio Caresa, journaliste pour Sky Sports, attribue lui cette réussite à Luciano Spalletti. «C’est désormais un modèle de sérieux. Il entre, il joue, il marque. On l’associait souvent à cette image de diamant brut, on peut aujourd’hui dire que qu’il arrive à maturation. Et il faut encore une fois saluer le travail de Luciano Spalletti, qui a su l’agrémenter et l’incorporer comme un titulaire lors des derniers matches ». Toujours en quête de son premier but en Ligue des Champions, Eljif Elmas serait bien inspiré de l’inscrire ce soir, lors de l’alléchant huitième de finale à Francfort. Mais dans quel costume ? Celui de supersub, ou de titulaire ?
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