Entretien avec... Jérémie Aliadière : « Les Bleus ? Je vais suivre la prochaine liste »

Par Khaled Karouri
10 min.
Jérémie Aliadière @Maxppp

Attaquant de talent pas vraiment épargné par les blessures tout au long de sa carrière, Jérémie Aliadière crève littéralement l'écran en cette saison, enchaînant les matches, et brillant en termes de buts et de passes décisives. Pour Foot Mercato, le joueur de Lorient revient sur son parcours, sa saison, et ses ambitions.

**Foot Mercato : Tout d'abord Jérémie, quel bilan faites-vous de votre saison jusqu'à présent ?

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Jérémie Aliaidère :** Sur le plan personnel, je fais une saison pleine, où je prends du plaisir avec très peu de matches loupés, donc forcément je suis très satisfait à ce niveau-là. Au niveau des buts et des passes décisives aussi je suis super content. Après, ce n'est pas terminé, il reste une dizaine de matches, j'aimerais les terminer bien, continuer sur cette lancée.

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**FM : Vous faîtes une saison pleine, cette réussite vous surprend-elle ?

JA :** C'est vrai que oui, il y a des matches où je suis un peu surpris, parce que comme physiquement j'arrive à enchaîner les matches, j'atteins un certain niveau. C'est dans les sensations, ce n'est pas forcément que physique, car il y a des matches où je ne cours pas énormément mais où je suis dans les bons coups, où j'arrive à marquer ou à faire marquer. Donc oui, c'est une réussite qui me surprend, mais je pense que j'ai crée cette réussite en enchaînant les matches. Quand on enchaîne tous les week-ends 90 minutes, on est en confiance, on se sent bien, et ça vient tout seul.

**FM : Clairement, est-ce jusque-là la saison la plus aboutie de votre carrière ?

JA :** Ah oui, sans aucun doute, c'est clair ! Déjà, au nombre de matches joués, je n'ai jamais fait autant de matches dans une saison. Et puis aussi au nombre de buts et de passes, donc oui c'est clair, il n'y a pas photo.

**FM : Avant la saison, vous étiez-vous fixé un nombre de buts ou de passes décisives à atteindre ?

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JA :** Oui. Je m'étais fixé 10 et 10. J'ai dépassé au niveau des buts, j'espère donc maintenant aller jusqu'à 15 pourquoi pas. Pour les passes, je n'y suis pas encore, donc je vais travailler pour atteindre cet objectif. Quand on atteint les objectifs qu'on s'est fixé, on en veut plus, on veut toujours aller le plus haut possible et continuer à marquer et à aider l'équipe à gagner en restant dans cette première partie du classement jusqu'à la fin.

**FM : On le sait, vous n'avez pas été épargné par les blessures dans votre carrière. Comment expliquez-vous qu'en cette saison vous parvenez enfin à éviter les gros pépins physiques ?

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JA :** Je pense que j'ai fait une bonne préparation physique, ce qui m'a donné une bonne base pour la saison. Après, c'est la première fois ou presque que j'arrive à faire une préparation complète, sans louper d'entraînements, de matches amicaux. Tout cela m'a donné une bonne base pour la saison, et je pense aussi que, psychologiquement, je suis dans un club où je n'ai pas de pression, où je me sens bien, donc ça a joué aussi. Je sais que, si je suis physiquement bien, je vais jouer. Je n'ai pas cette pression, c'est un poids en moins donc je peux mieux me gérer physiquement. Il y a des entraînements où je donne un peu moins quand je commence à me sentir fatigué, j'arrive à mieux gérer mon corps, à faire plus attention.

**FM : Du coup, vous ne devez en aucun cas regretter votre choix d'avoir rejoint Lorient...

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JA :** Pas du tout ! C'était pour moi l'opportunité idéale, j'espérais que ça allait se passer comme ça se passe en ce moment, mais bon on n'est jamais sûr de rien. C'était prendre un risque au départ, mais je ne regrette pas du tout, c'était le bon choix.

**FM : Certains affirmaient que le club faisait un pari risqué en misant sur vous. Cela vous a-t-il vexé ?

JA :** Non, parce que ça faisait un an que je n'avais plus joué, que je n'avais pas de club, que j'étais blessé. Donc forcément, je pouvais tout à fait comprendre. C'était à moi de montrer que le club avait bien fait de me prendre, que le club avait eu confiance en moi et m'avait remis sur pied physiquement en me redonnant le goût de jouer. C'était un pari des deux côtés, parce que je n'avais jamais joué en France et je ne savais pas trop comment ça allait se passer pour moi. Ma femme est anglaise, ce n'était donc pas facile, mais à l'arrivée ça s'est bien passé des deux côtés. Tout le monde est content.

**FM : Avant votre arrivée au club, vous êtes passé comme vous l'avez dit par une année de galère. Comme quoi, les belles histoires existent...

JA :** Oui ! Après cette saison-là, je me suis rendu compte de beaucoup de choses, c'est quand on est au plus bas qu'on voit que le foot ça va vite, que quand on a l'opportunité de se montrer, il faut tout donner. Cette saison-là a été très dure, mais m'a aussi permis de moins me prendre la tête psychologiquement, d'être plus positif. J'étais au plus bas, je ne pouvais pas descendre plus bas, donc en venant ici je me suis dit que je n'avais rien à perdre. Je pense que, avec cette attitude et cette mentalité, ça m'a réussi, ça m'a permis de me lâcher un peu plus sur le terrain, de tenter un peu plus, de moins me mettre de pression. Je pense que cette saison a été dure, mais c'est un peu grâce à ça que j'arrive aujourd'hui à pouvoir faire de bonnes performances et à enchaîner physiquement.

**FM : Ces bonnes performances vous donnent-elles de nouvelles ambitions, comme celle de revêtir le maillot de l'équipe de France ?

JA :** Je n'y pensais pas, ça n'a jamais été vraiment une ambition. Mais c'est vrai que quand je commence à enchaîner de bons matches, à faire de bonnes performances, qu'on me pose la question, forcément ça me fait penser à ça. Ce serait une belle récompense de mon travail depuis mon arrivée à Lorient. Après, j'ai fait toute ma carrière sans ça, donc si ça doit arriver ce sera super, et si ça n'arrive pas ce ne sera pas non plus un drame. C'est comme ça, c'est la vie.

**FM : Allez-vous donc scruter les prochaines listes ?

JA :** Oui, bien sûr, je vais suivre. Après, pour la prochaine liste je ne sais pas, vu que là je suis un petit peu blessé. Je risque de ne pas jouer les prochains matches, donc à mon avis ce sera un petit peu compliqué. Mais bon, on ne sait jamais, donc je vais suivre ça.

**FM : Vous l'avez dit un peu plus tôt dans cette interview, vous n'aviez jamais évolué dans le championnat de Ligue 1 avant votre arrivée à Lorient. Quel regard portez-vous donc maintenant sur ce championnat ?

JA :** Moi, je trouve que c'est un championnat différent de l'Angleterre, de ce que j'ai connu tout au long de ma carrière. Mais je trouve que c'est un championnat relevé, où n'importe quelle équipe peut battre n'importe qui. Quand on voit les écarts dans la première partie de tableau, je me rends compte que moi je ne peux pas prédire les résultats chaque week-end. On l'a encore vu le week-end dernier, avec Reims qui bat Paris, Lyon qui va à Brest et qui fait match nul... Tous les week-ends, il y a des surprises. C'est excitant, c'est un championnat intéressant.

**FM : Comment expliquez-vous cette densité, ce nivellement des niveaux ?

JA :** Je ne sais pas. Après c'est vrai qu'en ce moment, quand je vois l'état des terrains en Ligue 1 (rires), ça n'avantage pas non plus les grosses équipes qui essayent de jouer au foot et qui sont bonnes techniquement. Nous, quand on est sur un terrain où on n'arrive pas à contrôler le ballon, ça devient tout de suite plus compliqué de jouer notre jeu et de jouer au foot. Ça devient plus un foot d'engagement, une bagarre plus qu'autre chose. Ça joue un petit peu.

**FM : Votre carrière est forcément marquée par Arsenal. Quel bilan faîtes-vous de votre aventure chez les Gunners ?

JA :** Moi, je ne regrette surtout pas. Ça a été les meilleurs moments de ma carrière : gagner le championnat d'Angleterre, jouer avec des supers joueurs... J'ai appris énormément avec Arsène Wenger, donc ça restera la meilleure partie de ma carrière. Après, c'est vrai qu'il y a eu aussi les mauvais côtés, avec les blessures qui m'ont empêché de faire mon trou là-bas et de gagner ma place. Mais bon, c'est comme ça, je ne peux pas revenir en arrière. Ça s'est passé comme ça, mais je ne regrette surtout pas. Après, c'est moi qui ai fait le choix de partir. J'aurais pu rester, Wenger voulait que je reste, mais j'ai voulu partir. Ce sont des choix de carrière, au moment où j'ai fait ces choix je pensais que c'était les bons, donc je ne regrette pas.

**FM : Et quel regard portez-vous sur leur saison que l'on sait difficile, avec des supporters qui commencent à s'agacer de voir leur club enchaîner les saisons vierges ?

JA :** C'est vrai que c'est frustrant, même pour moi. Je suis tous leurs matches, et c'est décevant de les voir galérer un petit peu comme ça. Je pense que les supporters sont mécontents car ils ne gagnent pas de trophées, mais il faut voir aussi la structure, comment le club tourne financièrement. Moi, je ne sais pas exactement combien d'argent Arsène Wenger a à dépenser, s'il en a vraiment. Je ne sais pas comment ça se passe à l'intérieur du club, nous on ne voit que les résultats, et c'est vrai qu'à ce niveau-là c'est décevant parce qu'on aimerait qu'Arsenal soit dans le haut, à se bagarrer pour le titre. Et malheureusement, ils en sont très loin, ce sera même juste pour les quatre premières places. On a l'impression que, plus les saisons passent, plus c'est difficile, donc c'est ça qui est un peu dur. On ne sent pas vraiment de progression.

**FM : Pour en revenir à Lorient, le club se retrouve dans le ventre mou. Pensez-vous avoir raté le coche ces dernières semaines, comme à Lyon où vous auriez pu mener plus largement à la mi-temps ?

JA :** Oui, je pense que dernièrement, sur le mois de février surtout, on a laissé échapper beaucoup d'opportunités, même à domicile. Quand on gagne 2-1 contre Rennes à cinq minutes de la fin, on n'a pas le droit de prendre un but. On a perdu beaucoup de points dans les dernières minutes, et c'est décevant. Mais bon, en même temps, on a un groupe jeune, et c'est le manque d'expérience et de concentration qui nous font perdre des points. C'est aussi ça la force des grandes équipes, et c'est là qu'on voit qu'on n'est pas encore une grande équipe, une équipe comme Lyon, Paris ou Marseille. Il y a encore du travail mais, si on fait le récapitulatif de la saison, c'est une bonne saison. Il ne faut pas être trop gourmand, avancer petit à petit, continuer à travailler. Dans les années à venir, si on continue à travailler comme ça, on pourra faire de mieux en mieux.

**FM : Malgré tout, l'Europe est-elle toujours une ambition pour cette fin de saison ?

JA :** Il faut toujours viser haut. Maintenant, en ayant perdu ces points en en voyant des équipes comme Saint-Etienne avancer à grands pas et gagner tous leurs matches, c'est vrai que ça va être compliqué. Mais bon, mathématiquement c'est encore possible, donc on va tout faire pour essayer de grappiller des points, faire une petite série comme en décembre où on avait enchaîné cinq victoires. Si on pouvait faire une série comme ça, ça nous replacerait bien et on pourrait y repenser. Mais le fait d'avoir déjà 40 points et de jouer sans pression fait qu'on joue pour essayer de terminer le plus haut possible, comparé à la saison dernière où ça s'est joué jusqu'à la dernière minute du championnat, là c'est beaucoup plus tranquille.

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