Hervin Ongenda : «si j’avais pu rester toute ma vie au PSG, je serais resté»

Arrivé en Roumanie à l'été 2018, Hervin Ongenda, n° 10 dans le dos, a retrouvé le plaisir de jouer sous les couleurs de Botosani (5 buts en 51 rencontres). L'attaquant français, bien décidé à retrouver le haut niveau, s'est confié longuement pour Foot Mercato au sujet de son quotidien en Liga 1, de ses débuts et son passage au Paris SG et ses périodes de doutes.

Par Alexis Pereira
11 min.
Botoşani Hervin Scicchitano Ongenda @Maxppp

Foot Mercato : Hervin, comment se passe votre aventure au FC Botosani ?

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Hervin Ongenda : ça va, ça se passe très bien. J'ai des bons coéquipiers ici. Ça m'a permis de me relancer. Et aujourd'hui, je suis content d'avoir fait ce choix-là.

**FM : avez-vous hésité à l'heure de vous engager pour ce challenge en Roumanie ?

HO :** c'est surtout que je venais dans un pays que je ne connaissais pas. Tu te laisses le temps de réfléchir. J'étais parti pour voir, comment ça se passait, pendant une semaine, pour voir comment ça allait se passer. Ça s'est bien passé. Dès que je suis revenu sur Paris, j'ai décidé de signer là-bas, directement.

**FM : comment votre adaptation s'est-elle déroulée ?

HO :** c'était difficile à cause de la barrière de la langue, heureusement, je m'en sors en anglais, et que quelques personnes maîtrisaient l'anglais aussi. Ça a facilité mon adaptation. Je me sens beaucoup mieux. La saison dernière, c'était un peu difficile parce qu'il fallait que je me remette à niveau, physiquement, j'avais pris du poids à mon arrivée. Avec le temps, ça a été de mieux en mieux. Là, je me sens bien.

**FM : un mot sur le niveau du championnat local, la Liga 1 ?

HO :** j'ai été agréablement surpris. Quand on te dit Roumanie, tu te dis : "bon, qu'est-ce qui va se passer ?" Tu appréhendes un peu, le niveau, comment ça va se passer, mais après, franchement, le niveau est bien. Je trouve que c'est un bon niveau. Quand tu vois des équipes comme Cluj, Steaua, Craiova, et d'autres, franchement, ça joue bien.

**FM : vous étiez proche d'un départ lors du dernier mercato estival. Que s'est-il passé ?

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HO :** ils ont changé de discours cet été. Au début, quand je suis arrivé ici, on m'a dit directement : "s'il y a possibilité de partir en cas de bon projet pour toi, tu peux partir pas de problème". Au dernier moment, ils ont changé d'avis. Donc j'étais un peu touché par rapport à ça. Je suis passé à autre chose. C'est mon métier, je suis obligé de me remettre à niveau par rapport à tout le monde. Il y avait le Chievo et d'autres équipes aussi. Il y avait une équipe avec qui j'avais vraiment envie de tenter le coup. C'est pour ça que j'ai été déçu de ne pas partir.

**FM : quelle est votre position à l'approche du marché hivernal ?

HO :** comme je suis en fin de contrat en fin de saison, c'est à moi de décider. Personnellement, s'il y a possibilité, j'aimerais partir cet hiver. Après, si le club ne veut pas, c'est son droit aussi. Mais si je pouvais bouger cet hiver, je le ferai. Mais après, si je ne bouge pas, ça ne me touchera pas autant. Je suis ouvert aux propositions. J'ai déjà quelques contacts, ça discute, vu que je suis en fin de contrat, c'est plus facile. Plus en Italie, Espagne et Angleterre. C'est une volonté de me rapprocher de la France. La Ligue 1 ? On ne sait pas. Oui, ça m'intéresserait. La Ligue 1, c'est bien. La porte n'est pas fermée, jamais.

**FM : avant de signer en Roumanie,vous étiez passé par l'Espagne, au Real Murcie, en Segunda B, pendant quelques mois. Comment s'était passée cette expérience ?

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HO :** l'Espagne, franchement, c'était bien. Je suis arrivé en cours d'année, ça a été difficile. Le club jouait la montée. Physiquement, je n'étais pas prêt. Techniquement, j'aimais bien. Le coach m'avait parlé. En fin de saison, il changeait de club et m'avait dit que je serais le premier joueur qu'il recruterait dans son nouveau club. Il y a eu un manque de rythme au début, mais sur la fin de saison, je me sentais vraiment très très bien, ça se sentait sur mes séances.

**FM : ce manque de rythme, c'était dû à votre période d'inactivité forcée après votre passage au PEC Zwolle aux Pays-Bas ?

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HO :** oui, c'est difficile, surtout quand tu as l'habitude de t'entraîner tous les jours. Là, tu restes à la maison, tu ne bouges pas, tu fais quelques petites séances par-ci par-là. Moralement, ça touche un peu. Il faut être fort, ne pas lâcher, être sûr de tes qualités et de ce que tu vaux. Il faut juste attendre le bon moment, le bon projet et, naturellement, ça vient. Quand tu es patient, ça vient. Je travaillais avec un préparateur personnel, mais ça n'a rien à voir. Ce ne sont pas les mêmes séances. Les entraînements collectifs, c'est autre chose. Tu sens vraiment la différence.

**FM : Zwolle justement, comment cela s'était-il passé ?

HO :** aux Pays-Bas, le contexte était un peu bizarre. Le coach ne voulait pas de nouveaux joueurs, mais le directeur sportif a forcé pour que je vienne. Au final, j'ai eu une discussion avec le coach, qui me l'avait dit clairement. Il m'avait prévenu que ce serait difficile pour moi, qu'il avait son groupe et qu'il lui faisait confiance. Donc, de mon côté, je prenais ce qu'il y avait à prendre. Il fallait s'adapter par rapport à ça.

Le PSG, toute une histoire

**FM : revenons sur votre trajectoire au Paris SG. Qu'avez-vous ressenti après vos débuts, en Coupe de France, en janvier 2013, contre Arras (3-4), sous les ordres de Carlo Ancelotti ?

HO :** j'étais très content. J'ai eu la chance de connaître certains joueurs du groupe avant ça. Ils m'ont expliqué comment il fallait gérer, que ce soit la pression, la vie de groupe, tout. Ça allait. J'étais impressionné au début. Pendant deux-trois minutes. Après, t'es obligé de jouer, de montrer tes qualités. J'ai ressenti de la fierté surtout. Ancelotti m'avait donné ma position, il m'avait dit de garder le ballon, de jouer en première intention. "Quand il y a des espaces, tu prends les espaces et, surtout, tu te projettes". Avec son staff, il m'avait impressionné niveau travail, et dans sa communication avec les joueurs. Quelle que soit ta place dans le groupe, jeune ou ancien, il te parle de la même façon.

**FM : la même année, vous disputez le Trophée des Champions 2013, au Gabon, contre les Girondins de Bordeaux. Vous entrez en jeu, vous marquez et vous offrez le titre au PSG. Quels souvenirs en gardez-vous ?

HO :** je n'ai pensé à rien. Je ne peux pas te dire. Je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait en réalité. Bien sûr, j'étais très content, c'est normal. Franchement, c'était une sensation inexplicable tellement c'était fort.

**FM : cette saison-là, en 2013/14, vous faites partie intégrante du groupe professionnel. Vous apparaissez à 7 reprises avec l'équipe première toutes compétitions confondues. Comment vous sentez-vous dans le groupe ?

HO :** sincèrement, tu ne peux que te sentir bien dans cette équipe-là. Ce n'était pas facile, c'est du travail. Mais une fois que tu es adapté, que tu connais les déplacements des uns, les mouvements des autres, avec ou sans ballon, que tu sais où te placer, après, ce sont juste des automatismes à prendre en réalité.

**FM : Laurent Blanc, l'entraîneur de l'époque, tenait des propos très élogieux à votre sujet. Quelle était votre relation ?

HO :** je vivais bien dans ce groupe-là. Le coach m'aimait bien. Les joueurs aussi. Je ne pouvais que me sentir à l'aise dans ma position. Après, c'était difficile d'un côté aussi. Le coach me disait : "c'est bien ce que tu fais, il faut que tu continues" et, ensuite, j'ai passé un mois et demi en tribunes, à être le dix-neuvième. Tu redescends avec la réserve. Tu remontes avec les pros et tu ne joues pas. Parfois, tu entres pour cinq, dix minutes. C'était dur. Même si tu es jeune, qu'on te dit que tu as le temps, toi tu as envie de plus. Après le début de saison que j'avais fait, je pensais que je pouvais avoir un peu plus.

**FM : qu'est-ce qui vous impressionnait le plus dans cette équipe du Paris SG ?

HO :** c'est l'équipe en général qui m'impressionnait. Vu de l'intérieur, tu ne ressentais pas forcément la force qui se dégageait de ce collectif. Mais quand tu regardais les matches de l'extérieur, quand tu analysais, tu te disais "waouh". Quand tu parlais avec d'autres joueurs aussi, on te disait : "vous jouez trop bien", "c'est impressionnant". Tout le monde était impressionnant. Il y avait Ibra, Cavani, Marco Verratti aussi. Ibra, il aimait bien me taquiner un petit peu ! Parfois, il me criait dessus pour rien du tout, alors que je n'avais rien à voir avec les actions dont il parlait. Il m'a dit après qu'il faisait ça parce qu'il m'aimait bien, qu'il voulait tirer le meilleur de moi. Ça ne peut que être gratifiant.

**FM : à ce moment-là, vous connaissez votre première sélection en équipe de France Espoirs, contre l'Arménie (1-4), en octobre 2013. Quel souvenir en gardez-vous ?

HO :** c'était la période où j'enchaînais un peu avec Paris. Entre temps, le Congo était là aussi, il fallait que je fasse un choix. J'ai décidé d'aller en équipe de France Espoirs. Le groupe était bien. C'était une bonne expérience. J'ai joué une vingtaine de minutes. Le deuxième match, j'étais en tribunes. Je ne tire que du positif de cette expérience-là.

«J'ai envie de tout casser !»

**FM : à l'issue de cet exercice-là, à l'été 2014, vous partez en prêt du côté du Sporting Bastia. Que retenez-vous de ce passage en Corse ?

HO :** je pars au dernier moment, le dernier jour du mercato. C'était difficile quand même, par rapport au changement de coach. Claude Makelele s'était fait virer au bout de cinq ou six matches. Avec son successeur (Ghislain Printant), c'était compliqué, en termes de communication notamment. J'ai des regrets sur certaines réactions que j'ai pu avoir sur ce qu'il m'avait dit. Mais je n'ai aucun regret sur mon prêt à Bastia.

**FM : après l'Île-de-Beauté, vous revenez au PSG pour y rester. Seulement, vous jouez peu avec les professionnels. Comment l'avez-vous vécu ?

HO :** j'étais dans le groupe, sans vraiment en faire partie. C'était compliqué, très compliqué. Je jouais beaucoup avec la réserve (8 buts en 16 matches en National 2). Là-haut, c'était bouché, il n'y avait pas de place. Je n'ai pas pensé à partir. Pas du tout. Jamais de la vie.

**FM : à l'hiver 2017 vient l'heure du départ du Paris SG.

HO :** ce qui a été dur pour moi, c'est comment j'ai quitté Paris. Dans une incompréhension totale. D'un côté, des personnes du club me disaient que je devais resigner et puis être prêté. Et puis, de l'autre côté, en parlant avec le directeur sportif Olivier Létang, il me dit que je devais partir. Je me suis retrouvé un peu perdu. Moi, si j'avais pu rester toute ma vie à Paris, je serais resté toute ma vie à Paris.

**FM : dans l'inconscient collectif, votre parcours au PSG laisse un goût d'inachevé. Comprenez-vous le regard des gens qui considèrent ce passage comme un échec ?

HO :** je comprends le regard des gens. Après, ils n'ont qu'un seul point de vue, de l'extérieur, ils ne savent pas tout ce qui se passe, tout ce qui se dit. Non, ça ne m'a pas touché. Je les comprends. Ils n'ont qu'un seul point de vue. Si je me mets à leur place, je dirais la même chose.

**FM : avez-vous des regrets sur certains de vos comportements à l'époque ?

HO :** il y a beaucoup de choses dans mon comportement ou sur le terrain que j'aurais pu faire différemment. Aujourd'hui, avec l'expérience et l'âge, j'aurais fait différemment. Tu apprends à voir comment ça se passe, savoir ce qui est bon ou pas pour toi. Il y a beaucoup de choses que je n'ai pas bien faites. Je reste un inconditionnel du PSG, ça, ça ne changera jamais. Jamais.

**FM : quel regard portez-vous sur vos anciens partenaires du centre qui ont eux réussi plus durablement au sein de l'équipe première comme Alphonse Areola ou Presnel Kimpembe ?

HO :** je suis toujours en contact avec eux. J'étais content, très content pour eux, ce sont des personnes qui méritent. De pouvoir les voir jouer des matches importants, jouer souvent, ça ne peut que me rendre heureux et fier. Ça ne me laisse aucun regret, loin de là. J'ai vécu beaucoup de choses très vite, très tôt. J'ai grandi. Je me sens très bien dans ma vie.

FM : comment voyez-vous la suite de votre carrière ?

HO : tout dépend de moi et du projet que je vais choisir, mais la suite, je la vois belle, très belle. Prendre du plaisir, c'était l'objectif en venant ici en Roumanie. Retrouver le plaisir de jouer, le goût de l'effort parce que je sortais d'une période un peu difficile. Ça, je l'ai eu. Maintenant, mon but, c'est de repartir au plus haut niveau. J'ai envie de tout casser !

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