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AC Milan - PSG : le retour à San Siro de Gianluigi Donnarumma sent bon la poudre

Deux semaines après la victoire du Paris Saint-Germain face à l’AC Milan sur la pelouse du Parc des Princes, la revanche en Ligue des Champions aura lieu ce mardi soir dans la mythique enceinte de San Siro, lors de la 4ème journée du groupe F. Une rencontre marquée par les retrouvailles de Gianluigi Donnarumma avec ses anciens tifosi.

Par Valentin Feuillette
9 min.
Gianluigi Donnarumma fait son retour à San Siro avec le PSG @Maxppp

Si la première opposition sur la pelouse du Parc des Princes était surtout marquée par le duel fratricide entre Lucas Hernández et Théo Hernández, le deuxième choc entre le Paris Saint-Germain et l’AC Milan, lors de la 4ème journée du groupe F en Ligue des Champions, sera dirigé vers des projecteurs très italiens. À San Siro, la rencontre de mardi soir aura une saveur particulière pour le gardien italien du PSG, Gianluigi Donnarumma. Formé à la Primvera des Rossoneri, le natif de Castellammare di Stabia est passé professionnel dès l’âge de 16 ans et y a disputé 251 rencontres sous le maillot rouge et noir en six saisons, avant de quitter officiellement l’AC Milan gratuitement le 14 juillet 2021, juste après l’Euro 2020, durant laquelle le géant italien est sacré champion d’Europe et élu meilleur joueur de la compétition. Un départ qui n’a jamais été accepté par les groupes des tifosi milanais qui n’ont cessé de le siffler et de le critiquer depuis sa signature à Paris. Présente dans les rues de Milan avant le choc ce mardi soir, la rédaction de Foot Mercato a rencontré plusieurs supporters des Rossoneri.

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Interrogé en conférence de presse il y a deux semaines, avant la première manche remportée par les Parisiens au Parc des Princes (3-0), Gianluigi Donnarumma avait déjà discuté de l’aspect très particulier que prenait cette double confrontation pour lui : «Il va y avoir beaucoup d’émotions, ce sera particulier. Il faut mettre ça de côté et penser au match seulement. Je me sens très bien ici, c’est comme une grande famille, comme j’avais à Milan. Je serai toujours reconnaissant envers le Milan. J’ai trouvé à Paris ensuite une ambiance formidable depuis le premier jour. Mais je veux tout donner pour le PSG maintenant», avait-il déclaré devant les journalistes, au centre d’entraînement du PSG, avant de revenir longuement sur son attache infaillible aux Rossoneri : «J’ai toujours tout donné à Milan, donc c’est désagréable d’avoir toutes ces critiques. Mais je suis concentré sur le match et à rester que sur le match pour ne pas être pris par l’émotion. Les débuts n’ont pas été faciles ici parce que j’avais beaucoup d’amis et de la famille à Milan. Mais petit à petit, j’ai su prendre mes marques ici, et maintenant j’ai des amis, je parle un peu la langue et je me sens très bien».

«J’attends ses larmes presque autant qu’une victoire»

Après les chants et insultes au Parc des Princes, les ultras de la Curva Sud ont publié une story apostrophant le gardien du PSG avec une photo d’une palette de cartons, laissant l’hypothèse d’un accueil houleux pour Donnarumma : «Il n’y a peut-être plus de haine à proprement parler de la part des tifosi en général, mais plutôt de la rancœur, dans cette histoire Maignan a certainement aidé à faire passer la pilule. Mais mardi sera la première fois qu’il reviendra avec un autre maillot sous la Curva Sud, pour moi on va vivre un chambrage historique. Il m’étonnerait que ce soit méchant, mais j’attends quelque chose de très taquin, comme une belle vengeance pour clôturer cette histoire qui avait un goût d’inachevé. J’espère un accueil grandiose, mais subtil, on sait que la Curva prépare quelque chose, j’aimerais un acte de groupe plus qu’un tifo. Le lancer de billets c’était très bien, je me contenterais d’une variante par exemple accompagné de 90 minutes de sifflets», a déclaré Marco Pacini, fidèle supporter de l’AC Milan.

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Si la plaie est moins douloureuse grâce notamment au Scudetto remporté par l’AC Milan ensuite et le succès de Mike Maignan dans les cages milanaises, une grande partie des tifosi refuse de pardonner à Gianluigi Donnarumma : «Je le hais encore énormément, j’ai vécu son départ comme une trahison, il n’était pas qu’un prospect énorme, il était notre Bandiera (visage du club, ndlr). À partir de là, même si je n’étais malheureusement pas à San Siro pour le match, j’aurais eu grandement du mal à me retenir de l’insulter à chaque toucher de balle. Pour moi ce match sera capital pour Milan, mais dans ce match, se cache une confrontation que j’attends avec impatience entre la Curva Sud et l’enfant déchu du club. Pour traduire un peu plus ma rancœur, je pense que j’attends ses larmes presque autant qu’une victoire des Rossoneri», poursuit-il en précisant que d’après lui, le portier italien était parti «pour le pognon sans respecter son club et ses promesses».

«Une flamme de la haine qui n’est pas près de s’éteindre»

Pour mieux saisir les traces de ce départ, il est important de comprendre les nombreuses négociations mouvementées, reportées ou avortées, que le clan Donnarumma et l’AC Milan ont connues depuis les débuts professionnels du gardien : «Il faut y mettre du contexte. Gigio est un joueur qui a toujours fait retarder ses prolongations à Milan. En 2017, lors d’un Danemark - Italie, des supporters lui avaient déjà jeté de faux billets, alors qu’il était encore chez les jeunes. C’est un gardien qui a été lancé dans le bain très jeune et dès lors qu’il s’est associé à Mino Raiola, Donnarumma a toujours été le dernier à prolonger. Les supporters milanais n’oublieront pas l’histoire qu’ils ont vécue avec lui et surtout la fin de cette histoire, d’où la raison pour laquelle il sera sifflé par l’entièreté de San Siro. Son départ a laissé des traces pour la manière dont il est parti, mais surtout pour les pressions du clan Donnarumma, diligentées par Mino Raiola», détaille Teo Contu, jeune journaliste tifoso de l’AC Milan.

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Ce n’est pas la première fois que Gianluigi Donnarumma revient à San Siro depuis son transfert. Chaque rencontre de la Squadra Azzurra à Milan amène sifflets et critiques contre le gardien parisien. Au point où la Fédération italienne de football (FIGC) avait décidé de délocaliser un match de l’équipe nationale italienne à Rome contre la Suisse en novembre 2021 : «Cette manière de partir sans laisser un sou, il a été le premier de cette lignée à ne pas respecter le club, à ne pas respecter l’écusson, à penser qu’à l’aspect financier. Milan sait faire la différence entre les bons et les mauvais. Le stade sera impardonnable face à Gigio et je pense que ça va perturber Gigio, puisque cela le perturbait déjà quand c’est arrivé avec la Nazionale. Entre Donnarumma et le Milan, c’est une flamme de la haine qui n’est pas près de s’éteindre. Il a très vite voulu monter dans la hiérarchie salariale du Milan AC. C’est le seul pour qui le Milan a fait cette concession», analyse justement Teo.

«Gigio ne sera pas le bienvenu»

Néanmoins, si tous les supporters interrogés dans cet article n’ont rien à reprocher au gardien sur le plan purement sportif, son départ et son attitude ne sont toujours pas digérés dans les travées de San Siro : «Gigio me laisse un très bon souvenir sur le terrain. Sur les dix dernières années du Milan, il a été le meilleur joueur de l’équipe. Dans les sombres années du Milan, c’est un joueur qui a toujours répondu présent. Il a laissé une mauvaise trace à cause de son comportement tout au long de son passage chez nous. Il y a eu un premier renouvellement de contrat qui a été très cher pour le Milan, en ramenant son grand frère, un joueur amateur, pour être 3ème gardien. Milan lui a cédé beaucoup et attribué beaucoup de privilèges. Tout ça pour qu’au final, trois ans après cela soit la même histoire avec Mino Raiola qui poussait», regrette Guillaume qui souligne également les efforts effectués par les directions de l’époque pour installer le jeune gardien dans le meilleur environnement.

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Certains tifosi comme Guillaume tiennent à relativiser aussi cette haine envers Gigio Donnarumma, qui est parfois moins violente que d’autres traîtres comme Hakan Çalhanoğlu. Mais une chose est sûre, le portier italien reste persona non grata en Lombardie : «Je ne suis plus en colère non, mais oui je le sifflerai comme tout le stade mardi. Ce n’est pas un joueur que l’on déteste comme Hakan Çalhanoğlu, mais on n’aime pas beaucoup Gigio Donnarumma. Mais il ne nous a jamais salis après coup, c’est plutôt la fin de la relation qui finit mal, mais derrière il ne nous a pas salis comme Çalhanoğlu qui a rejoint l’Inter. Mais voilà Gigio ne sera pas le bienvenu et on ne l’aime pas beaucoup à Milan. Je comprends son choix au moment où il le prend, de ne pas renouveler. Le Milan n’avançait plus depuis des années et malheureusement pour lui, parce que cela reste un supporter du Milan depuis qu’il est petit, au moment où il part, c’est là où le Milan va commencer à gagner, à se rapprocher et à obtenir le Scudetto. Je pense qu’il n’a pas fait le bon choix, car Paris ce n’est pas non plus l’agence tout risque, mais je comprends qu’il ait voulu passer un step plus haut», précise-t-il également.

«On ne pense qu’à ça depuis le tirage au sort»

Pour la Curva Sud de Milan, Gigio Donnarumma est toujours «un homme sans valeurs» et c’est pour cette raison que les membres de cette faction de supporters milanais porteront un maillot avec le numéro 71 qui signifie «uomo di merda» (trad. «homme de merde») dans La Smorfia, célèbre ouvrage artistique et philosophique sur l’analyse des rêves et ses significations dans la culture napolitaine, une autre référence au gardien natif de Castellammare di Stabia près de Naples : «Aujourd’hui c’est simple. Gigio doit comprendre qu’il n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais plus grand que l’AC Milan. Tout est prêt pour bien l’accueillir et il va comprendre et ressentir notre haine. On ne pense qu’à ça depuis le tirage au sort. On va le siffler comme il se le doit. Notre haine est aussi grosse que notre amour et notre soutien étaient sincères avant», a longuement détaillé Mirko, abonné à San Siro depuis 1994. Le goût amer ne passe toujours pas.

Par ailleurs, un lancement de faux billets accompagné de sifflets assourdissants est également prévu par les tifosi milanais demain soir à San Siro, bien déterminés à reprendre le concept de «Dollarumma», déjà fortement utilisé lors des matchs de la Nazionale depuis le départ du gardien pour Paris : «Ici en Italie, on ne plaisante pas avec le Calcio. C’est très important pour nous, autant que la religion. Donc si tu te comportes mal avec notre club, c’est comme notre famille, notre foi. Gigio le sait, Gigio le comprend, mais il va enfin le vivre dans un gros match européen avec son PSG. Je ne sais pas si c’est la fin de la guerre entre Gigio et nous, mais si on peut, on continuera jusqu’à la fin de sa carrière. Ce sera toujours compliqué entre nous.», poursuit Giacomo, ami de Mirko, qui refuse toujours de pardonner au gardien italien à qui le club «a tout donné pour qu’il se sente chez lui». En tout cas, ils promettent tous l’enfer au gardien italien du PSG. Rendez-vous demain soir à San Siro.

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