Ligue 1

Comme Barcola, ces joueurs qui sont partis en guerre contre l’OL après leur départ

En guerre ouverte avec son club formateur, Bradley Barcola n’est pas le premier à partir dans un conflit avec l’OL à la suite de son départ du Rhône. Dirigeants, supporters, anciens coéquipiers…les raisons de ces clashes sont multiples et ont touché plusieurs anciens Gones.

Par Chemssdine Belgacem
9 min.

Cette situation était hautement improbable il y a plus d’un an en arrière. Jeune joueur de la réserve de l’OL, Bradley Barcola n’était pas destiné à jouer les premiers rôles si vite avec son club formateur. Finalement, au sortir d’une deuxième partie de saison dernière remarquable, l’ailier de 21 ans s’est fait un nom chez lui. Mais avec 7 buts et 10 passes décisives en 35 matches, tous les regards étaient forcément braqués sur l’avenir de l’international Espoirs. Parti pour rester dans un premier temps, le fait que l’ailier gauche rejoigne Gestifute, l’écurie de l’agent Jorge Mendes, a sûrement changé la donne dans son mercato estival. Ainsi, en toute fin de mercato, Bradley Barcola s’est engagé au PSG contre 50 millions d’euros. Un départ qui a provoqué le courroux des supporters de l’OL qui ne lui ont pas pardonné pour plusieurs raisons. En effet, le fait de quitter Lyon pour rejoindre le Paris Saint-Germain, une formation loin d’être adulée dans la capitale des Gaules, a forcément attisé la haine des fans rhodaniens à l’égard de leur ancien chouchou.

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Surtout, c’est la première fois dans l’histoire récente des Gones qu’un pur produit du centre de formation rejoigne le club de la capitale alors que d’autres avant lui avaient résisté aux sirènes des pensionnaires du Parc des Princes (Cherki, Fekir, Lacazette). Le fait de quitter l’OL sans que l’institution ait le temps de lui trouver un remplaçant digne de ce nom a également agacé. Désormais, la guerre est totale entre Bradley Barcola et son club de cœur. Conspué pour son premier match sous les couleurs parisiennes au Groupama Stadium contre l’OL, la déroute lyonnaise de ce dimanche à Paris (4-1) a rajouté de l’huile sur le feu. Auteur d’une belle prestation, Barcola a allégrement célébré les buts parisiens après avoir été sifflé en avant-match par ses anciens supporters. Sur Instagram, il s’est aussi fendu d’un message légèrement provocateur : «La justice de Dieu».

Karl Toko Ekambi et Moussa Dembélé, duo offensif contre les supporters de l’OL

Même s’il dépasse les limites selon certains fans de l’OL, l’ancien de l’AS Buers n’est pas le premier à être entré en guerre contre le club septuple champion de France après son départ. Quand nous disions au début de l’article qu’il n’était pas attendu si haut si vite à Lyon, Bradley Barcola doit également son lancement par Laurent Blanc suite au coup de sang de Karl Toko Ekambi. Le 14 janvier 2023, l’attaquant camerounais sort à la 57e minute contre Strasbourg. Mécontent de sa piètre prestation, le public du Groupama Stadium siffle copieusement son joueur et lui adresse des doigts d’honneur. Sûrement déjà mécontent de sa sortie et de son match raté, KTE rentre directement aux vestiaires et assène un violent coup de pied à une poubelle dans les couloirs du stade décinois. Des images qui ne passent pas dans les hautes sphères du club qui décident de le prêter au Stade rennais dans la foulée.

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Et alors qu’il coulait de jours heureux en Bretagne et reprenait des couleurs sous le maillot du SRFC, l’ailier de 31 ans a décidé de tout balancer dans une interview à So Foot. Chargeant sévèrement les supporters de son ancien club, le natif de Paris a également accusé sa direction de ne rien faire face aux agissements de ses fans en tribunes : «ce n’était pas prévu que je parte de Lyon. J’ai entendu beaucoup de choses, mais c’est moi qui ai demandé à quitter l’OL. Le club et le coach ne voulaient pas que je m’en aille, mais j’ai insisté. Quand votre photo est partout dans le stade, en grand, que lorsque vous touchez un ballon, vous êtes sifflé…C’est dommage parce que je trouve que le club a un peu laissé faire. Il y a l’impression de ne pas être soutenu par le club. Les supporters, je m’en fous. Honnêtement, je n’en ai rien à foutre. Bizarrement, ceux qui sont pris pour cible, ce ne sont pas des Lyonnais. Je ne vais pas dire le mot fort auquel je pense, mais voilà. Quand certains membres du club m’envoient des lettres recommandées pour me mettre une amende, m’enlever ma prime d’éthique parce que j’ai tapé dans la poubelle… Ce n’est pas du soutien, ça. Je ne pense pas rejouer à Lyon. Je n’espère pas en tout cas.»

Un problème qu’a également pointé du doigt Moussa Dembélé lors d’un entretien choc sur notre site en septembre dernier. Malgré plusieurs saisons avec une production offensive très satisfaisante, l’ancien du Celtic Glasgow avait pourtant été pointé du doigt par les supporters lyonnais qui l’ont pris en grippe lors de sa dernière saison à Lyon. Une situation qui n’a pas été prise au sérieux par ses dirigeants : «le pire, ce sont les insultes de mes propres supporters envers ma famille. Entendre 20 000 personnes insulter ma mère et m’insulter à chaque touche de balle n’est pas supportable. Les dirigeants sont tous incompétents et arrogants. Pas un seul dirigeant n’a tenté de calmer les choses. Ils se sont tous cachés et sont restés silencieux. Quand Vincent Ponsot fait son interview, il sait très bien ce qu’il fait. Il met de l’huile sur le feu et attise encore plus la haine des supporters et se dédouane en même temps pour se donner une bonne image, genre "ce n’est pas moi, allez taper sur eux. Ce sont eux les mauvais". Son intervention sournoise a rendu le quotidien invivable.» Pour rappel, les supporters du club rhodanien avaient également d’autres cibles à cette période. Ainsi, Marcelo, Houssem Aouar, Thiago Mendes et Léo Dubois étaient régulièrement critiqués à peu près à la même période. La situation a été tendue avec le milieu de l’AS Rome qui a récemment promis qu’il s’expliquerait au sujet de ses divergences avec son ancien club : «cependant, le jour viendra où la vérité finira par irradier les guerres d’ego qui ont empêché tout accord d’être conclu.»

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Les piques d’Hatem Ben Arfa à Jean-Michel Aulas, les mots forts de Claudio Beauvue contre le "gang des Lyonnais"

La direction sous l’égide de Jean-Michel Aulas a aussi pris cher par le passé. L’une des plus grandes relations d’amour toxique qu’a entretenu l’ancien boss des Gones a eu lieu avec Hatem Ben Arfa. Grand espoir du football français à ses débuts, HBA avait réalisé des débuts plus qu’intéressants lors des dernières années du règne de l’OL sur le sol français. Mais voilà, à l’été 2008, le meneur de jeu fantasque a décidé de quitter le Rhône pour rejoindre l’OM. Un changement qui a forcément eu du mal à passer auprès des supporters mais aussi auprès de Jean-Michel Aulas qui avait placé de grands espoirs sur son poulain. Tout au long de la carrière de ce dernier, les deux hommes ont entretenu une liaison tumultueuse entre signes d’affection et sorties acides. En 2019, l’OL avait poussé pour rapatrier l’ancien prodige du football français, alors en situation d’échec au PSG. Une idée qu’avait fermement repoussée l’intéressé dans un entretien à L’Equipe : «retourner à l’OL n’est pas possible. Je ne pourrais pas travailler avec Aulas. Oui, il m’aime bien, mais avec le recul, ce serait très compliqué.» Quatre ans plus tard, les relations entre les deux hommes semblaient toujours aussi fraîches. Suite au départ de JMA à la présidence de l’OL après 36 ans de bons et loyaux services, Hatem Ben Arfa s’était fendu d’un message sans équivoque pour rendre hommage à sa manière à son ancien boss : «tu ne vas pas manquer au football. Au revoir.»

La cohabitation entre Jean-Michel Aulas et Claudio Beauvue a été plus courte. Pourtant, les relations entre les deux hommes ont été tout aussi fraîches au final. Recruté à l’été 2015 pour être un complément idéal à l’attaque rhodanienne aux côtés de Mathieu Valbuena, Alexandre Lacazette et Nabil Fekir, l’attaquant à la détente impressionnante ne s’est jamais imposé entre Rhône et Saône. Au bout de six mois, le numéro 9 des Gones a été envoyé au Celta de Vigo à l’issue d’un match lunaire face à Troyes. Buteur pour le premier match de l’OL au Groupama Stadium contre Troyes (4-1), Beauvue a célébré son but en adressant un "chut" aux supporters de l’OL. Alors que Jean-Michel Aulas lui avait demandé des excuses, Claudio Beauvue s’était expliqué quelques semaines après son départ en Galicie. «À Lyon, j’ai souffert humainement, avouait fin janvier l’ancien attaquant de l’EAG. J’ai fait part de beaucoup de choses qui ne m’ont pas plu en interne. Je ne veux plus parler de l’Olympique Lyonnais.» Quelques mois plus tard, le Guadeloupéen récidivait sur le plateau de J+1 et pointait du doigt ses anciens coéquipiers qui ne l’ont pas aidé à s’intégrer : «quand vous sentez que vous n’êtes pas le bienvenu, c’est compliqué. Je suis quelqu’un de très franc, de direct, donc ça ne m’a pas plu et c’est vraiment au niveau du terrain que ça me gênait vraiment. J’ai toujours essayé d’arranger les choses, c’était cause perdue, je n’en pouvais plus et je l’ai fait savoir. Je ne suis pas là pour faire pleureuse, mais sur le terrain avec certains, j’avais du mal à m’entendre. Avec Lacazette, j’avais du mal à m’entendre sur le terrain, et en dehors. Je n’ai pas envie de faire son procès, c’était tout simplement compliqué. J’ai pu quand même marquer quelques buts, jouer la Ligue des Champions, ça aurait pu être mieux mais à l’image de l’équipe, j’étais en dedans.»

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Dans une autre dimension, Yassine Benzia avait également eu quelques mots durs envers son club formateur à son départ. L’international algérien avait notamment longtemps regretté les critiques dures et le manque d’intérêt des dirigeants à son égard : «à Lyon, il m’a manqué un peu de maturité, un peu de facteur chance aussi. À chaque fois qu’elle s’est présentée, il y a eu quelque chose qui n’allait pas. Du début à la fin Jean-Michel Aulas a été d’un grand soutien. Mais j’avais la sensation que d’autres personnes, au club, cherchaient toujours la petite bête. Ici, à Lille, le vestiaire est plus ouvert. Je dirais qu’à Lyon il y a plus d’ego, il faut faire plus attention à ce qu’on dit. Ici, Rio Mavuba, qui a 32 ans, plus de 400 matches de L1, vient toujours à l’entraînement avec le sourire, déconne avec un jeune de 20 ans… À Lyon, on ne voit pas ça. Les anciens sont un peu dans leur coin. Le fait que je sois arrivé de l’extérieur à 16 ans et vite monté avec les pros a suscité énormément de jalousies. Les dirigeants ne me voyaient pas non plus comme quelqu’un d’intelligent, ils m’ont vite collé une étiquette. Même lors des changements de coach, celui qui arrivait m’avait déjà mis cette étiquette.» Bref, partir de l’OL en bons termes n’est pas toujours une mince affaire…

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