Passé notamment par Strasbourg et Nice, Cédric Kanté a tout connu dans l'Hexagone. Aujourd'hui âgé de 31 ans, le défenseur central brille au Panathinaikos. Pour Foot Mercato, l'international malien revient sur sa saison, ses coéquipiers français et donne son avis sur la Ligue 1.
Foot Mercato : Tout d'abord Cédric, comment allez-vous ?
Cédric Kanté : Un peu fatigué après le match à l'extérieur. Vu qu'on a fait match nul, on a perdu la première place au profit de l'Olympiakos. Mais bon, sinon ça va.
FM : Comment se passe votre parcours au Panathinaikos ?
CK : Très bien. Les deux premiers mois ont été un peu difficiles avec les blessures. Il m'a fallu un temps d'adaptation donc je ne jouais pas trop. Depuis que je suis titulaire, il y a plus d'un an maintenant, je n'ai plus bougé de l'équipe. C'est une belle expérience, avec des titres et une qualification pour la Coupe d'Europe. Ça va au-delà de ce que j'espérais.
FM : Le fait de jouer dans l'un des clubs phares du pays doit vous changer...
CK : Oui, c'est différent de ce que j'ai connu en France. Là, je suis dans l'un des deux plus gros clubs du pays, donc on joue chaque match pour le gagner. C'est un statut que je n'ai pas connu en France car j'ai joué dans des clubs qu'on pourrait qualifier de moyens. C'est une autre manière d'aborder les matches. C'est plus agréable de jouer pour gagner.
FM : Cissé, Govou, Boumsong et Plessis vous accompagnent aussi au Pana. Comment ça se passe avec vos compatriotes ?
CK : Très bien. On se retrouve entre Français à l'étranger, et il y a forcément une forme de solidarité qui se met en place. C'est naturel, on est proche les uns des autres. Surtout pour ceux qui sont arrivés cette année, ça permet d'avoir une adaptation plus simple. On retrouve l'ambiance d'un vestiaire français, ça ne peut que nous aider.
FM : Quelle image a Djibril Cissé en Grèce ?
CK : C'est la star ici au pays. Le championnat n'était pas trop médiatisé et végétait depuis quelques années après que Rivaldo soit parti. Il n'y avait pas trop de stars entre guillemets. Et Djibril est arrivé avec son statut de buteur et d'international français, ce qui est reconnu en Grèce. Et comme il a réussi, le phénomène a pris plus d'ampleur encore. Il a fini meilleur buteur et a participé à la conquête du titre, ce qui n'a jamais été fait depuis 2004. C'est la grosse star du championnat grec cette année.
FM : Sidney Govou fait malheureusement la une de la presse grecque. Une situation compliquée...
CK : Ce n'est pas évident. Au niveau de la presse, il y a des événements qui l'ont retardé dans son adaptation. Il n'a pas encore montré ce que les gens attendent de lui mais je pense que le club a compris. Tout ça, c'est oublié et on va se concentrer sur l'objectif sportif. On sait ce que Sidney peut nous apporter, et le club l'a compris.
FM : Vous formez une charnière centrale 100% française avec Jean-Alain Boumsong. Est-ce plus facile ?
CK : Oui, clairement, au niveau de la communication notamment. Une charnière centrale, c'est de la complémentarité, et des qualités individuelles aussi. Mais par rapport à d'autres zones, c'est la complémentarité et l'entente qui font qu'on est efficace. Au début je me suis blessé, ensuite ça a été Jean-Alain. On a mis du temps avant d'enchainer, mais là, on peut et c'est bien. On va monter en puissance. On ne prend plus de buts depuis 3 matches je crois. On est sur la bonne voie. C'est bien d'avoir un partenaire français dans le vestiaire et dans la vie de tous les jours, surtout que c'est un joueur d'expérience donc il nous apporte beaucoup.
FM : Le fait qu'il y ait un contingent français nombreux ne crée pas une sorte de clan ?
CK : Non. Le football aujourd'hui, c'est vraiment global. Il y a des affinités, c'est sûr. Les Grecs sont plus souvent entre eux car ils sont internationaux en plus. On a aussi des Hispaniques, le staff est portugais. C'est plus des affinités, mais Damien Plessis est en chambre avec un joueur du Mozambique, moi avec un Espagnol. Ça se mélange pas mal et c'est un amalgame et une cohésion à trouver. Ce n'est pas un clan, on n'a pas colonisé le club (rires). Et puis avec Djibril, on était là depuis une saison donc on est intégré au club. Au niveau de la communication, on ne va pas parler anglais ou grec dans le vestiaire c'est vrai. Mais c'est pareil dans la plupart des clubs, en Angleterre il y a aussi des clubs avec des nationalités très présentes.
Son avis sur sa saison avec le Pana
FM : Vous avez été éliminé lors de la phase de poules de la Ligue des Champions. Une expérience assez dure à vivre...
CK : C'est vrai que pour qu'elle soit positive, il aurait fallu que les résultats soient meilleurs et que l'aventure continue. C'était ma première en Champions' League donc c'était particulier, j'ai apprécié de jouer ces matches. On a l'habitude de jouer pour gagner en championnat, d'avoir une présence sur la scène européenne. Mais on sort de cette Coupe d'Europe sans regret car on n'a pas eu le niveau pour prétendre à rentrer en huitièmes. C'est une leçon et j'espère être à nouveau présent l'an prochain et montrer qu'on pourra faire quelque chose. Mais pour moi, c'est une belle expérience. Certains la jouent chaque année, mais pour moi c'était vraiment quelque chose de spécial. C'est agréable d'y arriver.
FM : Avec en prime une double confrontation toujours compliquée contre le Barça. Quels souvenirs en gardez-vous ?
CK : Ce sont de bons souvenirs parce que j'ai longtemps regardé les matches de Champions' League et on est toujours curieux de pouvoir connaître le vrai niveau de ces équipes. Malheureusement, on est tombé sur eux. C'est un bon souvenir, mais ce n'est pas sur ces matches là qu'on a des regrets, c'est contre le Rubin Kazan et Copenhague qu'on a montré nos limites. Un Pana à 100% aurait pu accrocher la deuxième place. Il faut s'en contenter et on se battra pour être en Champions' League l'année prochaine.
FM : Quelles sont vos ambitions pour cette saison ?
CK : Les ambitions, par la force des choses, elles sont limitées, car on est sorti de la Coupe d'Europe. Au début, c'était un objectif majeur de passer la poule. Malheureusement, ça s'est mal passé pour nous. C'est donc de refaire le doublé comme l'année dernière. Ça va bien nous occuper, ce n'est pas un objectif au rabais. Le championnat, c'est l'objectif principal.
Son regard sur le championnat de France
FM : Suivez-vous toujours la Ligue 1 ?
CK : Oui, bien sûr je suis. Je ne regarde pas trop les matches car on est souvent au vert les samedis soirs et on joue les dimanches soirs. Mais je suis les résumés parce qu'il y a beaucoup de foot français en Grèce. Je suis Nice en particulier. Autant l'an passé j'ai lâché un peu, mais là je commence à m'y intéresser à nouveau cette année. C'est un championnat très relevé.
FM : Le championnat de France vous manque-t-il ?
CK : Honnêtement, non. Je n'avais pas de perspectives de progression en restant en France. Je savais ce qui m'attendait si je restais vu le niveau où j'évoluais. Maintenant, c'est peut-être différent. Il faut changer de cap. Ça m'aurait intéressé de jouer dans des clubs huppés en France mais ça ne s'est pas présenté. Je ne peux pas dire que ça me manque. Sans parler de Lyon ou Marseille, il y a des supers clubs comme Rennes et surtout Lille avec des joueurs intéressants. J'ai un regard intéressé sur le championnat de France sans que ça me manque en soi. La coupe d'Europe va me manquer par contre.
FM : Aviez-vous eu des contacts lors du dernier mercato estival ?
CK : Non, comme à chaque mercato j'ai eu pas mal d'agents. Mais en ayant encore deux ans de contrat, j'avais envie de tout sauf de partir vu l'année que j'avais passée. Il y a eu des contacts avec des agents mais je n'étais pas dans cette optique-là comme lors des deux années précédentes où je voulais donner une nouvelle orientation à ma carrière.
FM : Il vous reste 18 mois de contrat. Avez-vous déjà eu des discussions au sujet d'une éventuelle prolongation ?
CK : Non, pas du tout. Je ne sais pas s'il y a une tradition de prolongation en amont ici, mais il y a beaucoup de joueurs qui prolongent dans les derniers mois voire les dernières semaines. Je l'ai intégré et ça ne me perturbe pas. Je suis concentré sur les objectifs, une prolongation dépendra de plusieurs choses dont les résultats de l'équipe. Plus jeune, ça vient assez vite en tête mais ici je vais me concentrer sur la fin de saison. L'été prochain, on aura le temps de discuter avec le club. Il n'y a pas de raisons de se précipiter.
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