La suppression de la VAR divise les foules en Angleterre

Par Victor Garlan
6 min.
Jürgen Klopp sur le banc de Liverpool  @Maxppp

Tandis que les clubs de Premier League seront appelés à voter contre son maintien ou non le 6 juin prochain, en réponse à la proposition formulée par Wolverhampton en milieu de semaine, la VAR divise toujours autant les acteurs du football au Royaume de sa Majesté.

Sujette à d’innombrables controverses depuis son introduction dans le monde du ballon rond en 2016, l’assistance vidéo de l’arbitrage (VAR), de plus en plus remise en cause par les supporters, les clubs et leurs dirigeants, n’a pas convaincu tout le monde. Preuve en est en février dernier où la Suède devenait le premier pays à vouloir se passer de cette technologie pour ses championnats nationaux de première et seconde divisions. «Si j’ai bien compté, nous avons dix-huit clubs d’élite et deux districts qui ont déclaré ne pas vouloir introduire le VAR. Nous respectons cela. C’est pourquoi nous n’avons présenté aucune proposition concernant le VAR lors de la précédente réunion du conseil des représentants, et je ne prévois pas non plus que cela se produise à l’avenir», exprimait le président de la Fédération suédoise de football, Fredrik Reinfeldt, dans les colonnes du journal local Aftonbladet.

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L’Angleterre prête à mener à son tour sa petite révolution ?

Force est de constater aujourd’hui que cette décision prise à l’origine unilatéralement par la Suède pourrait prochainement avoir des répercussions en Angleterre. Mercredi, le club de Wolverhampton a lancé un pavé dans la mare en soumettant via un communiqué officiel une résolution visant à abolir l’assistance vidéo à l’arbitrage en Premier League à partir de la saison 2024-2025. «Il n’y a pas de reproche à faire - nous cherchons tous à obtenir le meilleur résultat possible pour le football - et toutes les parties prenantes ont travaillé dur pour faire l’introduction d’une technologie supplémentaire un succès. Cependant, après cinq saisons de VAR en Premier League, il est temps de mener un débat constructif et critique sur son avenir», ont justifié les pensionnaires du Molineux Stadium avant d’ajouter : «Notre position est que le prix que nous payons une petite augmentation de la précision est en contradiction avec l’esprit de notre jeu, et par conséquent nous devrions l’éliminer à partir de la saison 2024-2025.»

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En conséquence, l’ensemble des formations évoluant parmi l’élite anglaise seront appelées à voter sur le maintien ou non de la VAR à l’occasion d’une assemblée qui se tiendra le 6 juin prochain à Harrogate. Malgré un rapport publié par la Premier League en février dernier au sein duquel l’instance précisait que la VAR était intervenue correctement à 57 reprises et qu’une vingtaine erreurs avaient été constatées depuis la reprise en août, le club de Wolverhampton a ciblé d’autres problématiques comme l’impact des célébrations de but, la confusion dans les stades après de longs contrôles et une atmosphère hostile en tribunes qui «nuisent à la relation entre les supporters et le football, sapant la valeur de la marque Premier League» pour donner un peu plus de poids à son projet. Ainsi, peut-on y voir un simple coup de pression de la formation des Midlands destinée à la Premier League en vue de procéder à une réforme de l’arbitrage vidéo ou assisterons-nous à une vraie révolution en Angleterre ?

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Klopp contre la VAR, Pochettino pour, Arteta botte en touche

À l’heure où son avenir demeure en suspend, toutes ces questions se posent en Angleterre et les avis divergent. Présent en conférence de presse en marge de son dernier match en tant qu’entraîneur de Liverpool contre Wolverhampton dimanche, Jürgen Klopp a donné son avis sur le sujet. Et bien que ce dernier ne soit pas immédiatement concerné par cette petite révolution, le technicien allemand s’estime néanmoins favorable à sa suppression. «La façon dont elle est utilisée n’est certainement pas juste… Je voterais contre la VAR. Ces gens ne peuvent pas s’en servir correctement. La VAR n’est pas le problème, vous ne pouvez pas changer les gens, donc je voterais pour la suppression de la VAR», a martelé le coach des Reds, qui garde sans doute en travers de la gorge un but refusé à Luis Diaz lors d’un Tottenham-Liverpool datant de l’automne dernier (défaite des Reds 1-2) qui avait fait couler énormément d’encre au Royaume de sa Majesté.

Si l’entraîneur de Liverpool a clairement pris position sur la question, ce n’est pas le cas de son homologue londonien, Mauricio Pochettino, dont l’opinion se situe aux antipodes de celle de l’Allemand. «Je ne suis pas impliqué dans ce processus. J’aime la VAR. La façon dont nous devons nous améliorer est la façon dont nous utilisons la VAR, c’est pour moi la clé. Nous devons être ouverts et accueillir la nouvelle technologie. Je pense que c’est bon pour le football, nous avons seulement besoin de décider de la meilleure stratégie pour améliorer la façon dont nous utilisons la VAR», a déclaré le tacticien argentin de Chelsea devant les journalistes. Très critique à l’égard de la VAR par le passé comme lorsqu’il a connu sa première défaite de la saison face à Newcastle, Mikel Arteta a décidé de ne pas s’éterniser sur le sujet. «C’est un sujet dont nous devons discuter tous ensemble, car il n’y a pas trop de clarté pour le moment. Lorsque tout cela sera terminé, nous reparlerons des règles et à partir de là, nous verrons qui est pour et qui est contre», a expliqué l’Ibère.

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L’abolition du VAR acté chez les footballeurs ?

Quid des footballeurs ? Du côté des anciennes gloires du football anglais, la VAR est loin de faire l’unanimité. Il n’y a qu’à se reporter aux propos tenus par Wayne Rooney, qui semble défendre corps et âme la proposition de Wolverhampton. «S’il vous plaît. J’ai parlé de la VAR. Je n’aime pas ça. Si c’est là et qu’ils prennent toutes les bonnes décisions, alors c’est bien, mais cela enlève tout le plaisir du jeu», a exprimé l’ex-attaquant de Manchester United sur les antennes de Sky Sports suivi par une autre légende du club mancunien, Roy Keane. «Ce qui est étrange, c’est que nous parlons plus que jamais des décisions maintenant. Considérant que tout a été là pour aider les officiels chaque week-end, nous parlons de décisions, encore plus qu’à l’époque où il n’y avait pas de VAR. Sans la VAR, vous acceptez la décision de l’arbitre, certaines vont pour vous et d’autres contre vous. Je n’ai pas été fan, cela ralentit le jeu et c’est frustrant pour tout le monde», a ajouté l’ancien milieu de terrain irlandais.

En ce qui concerne les joueurs toujours en activité, Harry Maguire a été le premier à s’exprimer sur cet éternel sujet de discussion. Dans un entretien accordé au Sun, le défenseur des Three Lions a eu un avis plutôt nuancé, estimant que la VAR ne devait être maintenue que pour statuer sur les hors-jeu. «Personnellement, je garderais la VAR mais uniquement pour les hors-jeu. Je l’abandonnerais pour tout ce qui est basé sur l’opinion. Les hors-jeu sont factuels et non subjectifs… Tout le monde fait des erreurs, les juges de ligne font des erreurs, c’est pourquoi je garderais la VAR pour cela. Mais je ne l’aurais pas conservé pour les cartons rouges ou les penaltys parce que même maintenant, les gens ne sont pas d’accord sur le fait qu’une décision soit bonne ou mauvaise», a tempéré le natif de Sheffield en attendant le verdict des 20 pensionnaires de Premier League, le 6 juin. Pour rappel, la résolution des Wolves devra obtenir l’aval de 14 des 20 clubs engagés en première division pour être adoptée.

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