Chelsea, multipropriété, UEFA… une terrible menace plane au-dessus de Strasbourg !
Cinquième de Ligue 1 après sa belle victoire face à l’OL en ouverture de la 27e journée de Ligue 1, le Racing Club de Strasbourg est plus que jamais lancé dans la course à l’Europe. Pour autant, une énorme menace plane au-dessus du club alsacien, qui rappelons-le dispose du même propriétaire que Chelsea. Explications.

Le Racing Club de Strasbourg a frappé un grand coup, vendredi soir, dans la course à l’Europe. Opposés à l’Olympique Lyonnais, les hommes de Liam Rosenior ont sorti le grand jeu pour s’offrir une précieuse victoire (4-2) et ainsi grimper, provisoirement, au cinquième rang de notre championnat. Fort de 13 victoires, 7 nuls et 7 défaites, le club alsacien peut même continuer de rêver en une éventuelle qualification pour la prochaine Ligue des Champions alors que l’OM, deuxième, n’est qu’à trois petits points. Oui mais voilà, si la réussite sportive de la formation strasbourgeoise est, aujourd’hui, incontestable, un autre sujet chaud fait beaucoup parler du côté de la Meinau.
City Group, Ineos et RedBird Capital comme jurisprudence
Pour rappel, le RCSA a récemment été racheté par BlueCo, un consortium regroupant des investisseurs de premier plan tels que Todd Boehly et Mark Walter, qui sont tous deux des hommes d’affaires américains, ainsi que Hansjörg Wyss, un homme d’affaires suisse. Par ailleurs composé de Clearlake Capital, l’un des plus grands fonds d’investissement au monde, BlueCo ne détient cependant pas que Strasbourg. Après le départ de Roman Abramovitch, les propriétaires américains avaient, en effet, également mis la main sur Chelsea. De quoi confirmer le développement de la multipropriété dans le monde du football et pousser les instances à réécrire leur texte pour encadrer ce modèle.
City Group (Gérone, Manchester City en C1) et Ineos (Nice, Manchester United en C3) ont ainsi servi d’exemple et la première chambre de l’organe de contrôle financier des clubs de l’UEFA avait alors ouvert une procédure contre ces quatre clubs pour exiger des changements significatifs. «Personne n’est impliqué dans la gestion simultanée, dans les domaines de management, d’administration et/ou de performance sportive, de plus d’un club prenant part à des compétitions européennes», notait notamment l’instance, plus que jamais déterminée à encadrer au mieux la participation de deux clubs frères à la même Coupe d’Europe. Des modifications que Toulouse et l’AC Milan, propriétés de RedBird Capital, avaient également dû opérer.
Des ajustements juridiques à prévoir
Plusieurs membres de RedBird avaient ainsi démissionné du conseil d’administration toulousain et les deux clubs avaient effectué «des changements importants concernant la structure de propriété, de gouvernance et de financement, restreignant considérablement l’influence et le pouvoir de décision des investisseurs sur plus d’un club, garantissant ainsi le respect de la règle de propriété multi-clubs». Autant d’ajustements que Strasbourg et Chelsea risquent, eux-aussi, de devoir faire dans les prochains mois. Pour rappel, le RCSA, cinquième de L1, et Chelsea, quatrième de Premier League, pourraient bien disputer la même Coupe d’Europe la saison prochaine, que ce soit la Ligue Europa ou la Ligue des Champions.
Partant de ce postulat, Alsaciens et Londoniens devront réagir, à commencer par l’aspect purement juridique. Dans cette optique, si Jeffrey Wilbur, qui fait partie de la société par actions simplifiée (SAS) BlueCo Alsace - n’a pas de fonction officielle à Chelsea et ne pose donc pas problème, James Pade, Laurence Stewart et Paul Winstanley - trois autres acteurs de cette SAS mais plus que jamais impliqués dans le projet des Blues - devront eux quitter l’un ou l’autre des clubs, tout du moins sur le papier. Oui mais voilà, outre ces évolutions juridiques et ce jeu d’écritures - qui semble largement abordable pour répondre aux exigences de l’UEFA - la question sportive, elle, demeure. «Les clubs n’ont pas la possibilité d’effectuer de transferts de joueurs entre eux ni de prêts, de mettre en place des coopérations commerciales ou de partager des bases de données de scouting», avait, en effet, rappelé, l’UEFA.
Une politique sportive fortement impactée
Et c’est bien là que le bât blesse puisqu’avec cette déclaration de l’organe présidée par Aleksander Ceferin, Chelsea - qui fournit son expertise au club alsacien - ne pourra plus faire et les mouvements de joueurs entre les deux formations ne seront plus autorisés. Un énorme ralentissement du projet BlueCO quant on sait que le RCSA est, aujourd’hui, utilisé par le consortium pour développer de jeunes joueurs, dans la limite de trois prêts. Andrey Santos, Ângelo, Caleb Wiley (reparti depuis) ou encore Djordje Petrovic ont notamment illustré cette politique. Une politique finalement sur le point de prendre fin alors que d’autres prêts, pour la saison 2025-2026, avaient pourtant d’ores et déjà été programmés (Mathis Amougou, Kendry Paez). Dernier exemple ? Celui de Mamadou Sarr.
Aujourd’hui sous les couleurs de Strasbourg et lié à la formation alsacienne jusqu’en juin 2029, le jeune défenseur de 19 ans est attendu dans les prochains mois du côté de Londres alors qu’un pré-accord existe déjà (20M€ bonus inclus). Une transaction qui ne pourra donc pas se faire si Strasbourg et Chelsea venaient à participer à la même compétition européenne, ce qui était d’ailleurs déjà arrivé par le passé à un certain Jean-Clair Todibo, interdit de quitter l’OGC Nice pour Manchester United et qui a finalement rebondi du côté de West Ham. Vous l’aurez compris, si Strasbourg et Chelsea peuvent se féliciter de réaliser une saison 2024-2025 jusqu’alors très convaincante, les prochains mois, eux, pourraient déboucher sur de profonds changements au sein des deux clubs… Alors, la multipropriété de clubs, réelle opportunité ou véritable menace ?
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