La planète football réagit à la création de la Super Ligue Européenne

Dans la nuit de dimanche à lundi, douze clubs ont officialisé la création d'une Super Ligue Européenne. Une petite bombe qui a suscité de nombreuses réactions aux quatre coins de l'Europe.

Par Dahbia Hattabi
8 min.
La Super League déchaîne les passions @Maxppp

Ils l'ont fait ! Après les rumeurs puis l'information dévoilée hier par le New York Times, plusieurs cadors européens ont officialisé dans la nuit la création d'une Super Ligue. «Douze des clubs les plus importants d'Europe annoncent aujourd'hui avoir trouvé un accord pour la création d'une nouvelle compétition : la Super League. L'AC Milan, Arsenal, l'Atlético de Madrid, Chelsea, le FC Barcelone, le FC Internazionale Milano, la Juventus FC, Liverpool, Manchester City, Manchester United, le Real Madrid CF et Tottenham ont rejoint en tant que clubs fondateurs. Trois autres clubs seront invités à se joindre avant la saison inaugurale qui débutera dès que possible», peut-on lire sur le communiqué de presse.

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L'Angleterre dézingue le projet

Une annonce qui n'a laissé personne indifférent. Si en France peu se sont exprimés sur le sujet jusqu'à présent, hormis Ander Herrera qui s'est fermement opposé à ce projet sur Twitter, les réactions sont nombreuses et parfois vives aux quatre coins du Vieux Continent. En Angleterre, où six clubs de Premier League vont se joindre au projet, c'est l'incompréhension. Questionné sur le sujet, Brendan Rodgers, coach de Leicester, s'est montré agacé en conférence de presse. « Pour être honnête, je n'ai pas envie de parler de la Super Ligue. Je ne me concentre que sur Leicester. Ne gâchez pas ma joie en m'emmenant sur ce chemin. Ce serait négatif». D'autres ont été plus bavards comme Sir Alex Ferguson. «Parler d'une Super Ligue, c'est s'éloigner de 70 ans du football européen. [...] Les fans du monde entier adorent la compétition telle qu'elle est».

Ancienne gloire de MU, Gary Neville a été tout aussi incisif : «je pense que faire des propositions au milieu du COVID, au milieu de la crise économique, est un scandale absolu. United et les autres clubs anglais qui s'y sont inscrits, contre le reste de la Premier League, devraient avoir honte d'eux-mêmes». Même chose pour Jamie Carragher, légende des Reds. «Dans quel embarras nous sommes à Liverpool, pensez à toutes les personnes qui ont été avant nous dans ce club et qui seraient également gênées». Dejan Lovren, qui a quitté le club de la Mersey l'été dernier pour rejoindre le Zénit, a aussi poussé un coup de gueule sur Twitter. «Le football sera dans un proche avenir au bord de l'effondrement complet. Personne ne pense à la situation dans son ensemble, seulement au côté financier. Je crois toujours que nous pouvons résoudre cette situation désagréable».

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L'Allemagne décline l'invitation, l'Italie riposte

Contrairement aux six clubs anglais, les écuries de Bundesliga n'ont pas encore cédé à l'appel du pied et des millions de la Super Ligue. Et même si certaines rumeurs annoncent que les gros poissons allemands devraient se joindre au projet, il n'en est rien selon Hans Joachim Watzke, directeur du Borussia Dortmund. Ce dernier a indiqué que «les deux clubs allemands représentés au conseil d'administration de l'ECA, le FC Bayern Munich et le Borussia Dormtund, ont exprimé ce point de vue», à savoir qu'ils sont contre la SL. Directeur sportif du Bayer Leverkusen, Rudi Völler s'est réjoui de cette décision dans les colonnes de Bild. «C'est un crime contre le football. Pour un club dont les fans chantent "You will never walk alone ", c'est honteux. Le fait que le Bayern Munich et le Borussia Dortmund ne participent pas montre qu'ils ont les reins solides. »

Ancien international allemand Lukas Podolski est également opposé à cette nouvelle compétition. «Aujourd'hui, je me réveille avec des nouvelles folles! Une insulte à ma conviction: le football est le bonheur, la liberté, la passion, les fans et il est pour tout le monde. Ce projet est dégoûtant, pas juste et je suis déçu de voir les clubs que j'ai représentés soient impliqués. Luttez contre ça». Mesut Ozil est du même avis. «Les enfants grandissent en rêvant de gagner la Coupe du monde et la Ligue des champions - pas n'importe quelle Super League. Le plaisir des grands matches est qu'ils n'ont lieu qu'une ou deux fois par an, pas toutes les semaines. Vraiment difficile à comprendre pour tous les fans de football là-bas ...»

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Du côté de l'Italie, la riposte se prépare. La Repubblica annonce que l’Atalanta, Cagliari et l’Hellas ont demandé que la Juventus et les deux clubs de Milan soient tout simplement exclus de la Serie A. Ils ne sont pas exprimés publiquement contrairement à Sassuolo, qui l'a fait par la voix de son administrateur délégué, Giovanni Carnevali. «Ils risquent de tuer notre championnat. Des choses désagréables vont arriver et on s'est probablement moqué de nous».

L'Espagne monte au créneau

En Espagne aussi les réactions sont vives alors que le Barça, l'Atlético et le Real Madrid sont aussi présents sur la ligne de départ de la Super Ligue Européenne. Hier, le président de la Liga, Javier Tebas, a déclaré : « enfin, ils vont sortir du bar de cinq heures du matin, de la clandestinité, les gourous de la Super League de powerpoint, ivres d'égoïsme et de manque de solidarité. L'UEFA, les ligues européennes, la Liga, nous travaillons en ce moment et depuis longtemps, sur la réponse qui leur est due ». Ce lundi, la Liga a publié un communiqué de presse exprimant clairement sa position sur le sujet. «La Liga condamne fermement la proposition annoncée de créer une compétition européenne sécessionniste et élitiste, qui attaque les principes de compétitivité ouverte et de mérite sportif qui occupent la partie la plus profonde de l'écosystème du football national et européen»*.

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Il est indiqué ensuite : «aujourd'hui, les fans de football de toute l'Europe peuvent rêver que leur club, quelle que soit sa taille, puisse exceller en compétition, atteindre le sommet et concourir au sommet du football européen. La Liga défend cette tradition du football européen du football pour tous. Le concept proposé par 12 clubs européens détruit ce rêve, fermant la porte au sommet du football européen et ne permettant l'entrée que de quelques-uns dans une élite». Le Betis a réagi à sa façon en ôtant les trois clubs ibériques qui vont participer à la Super League du classement de la Liga comme l'a précisé El Larguero.

Leganés a répondu avec un peu d'humour à cette annonce fracassante. «Le CD Leganés refuse de participer à la Super League. S'il vous plait, n'insistez pas. Demain, nous avons un match très important».

Le club suisse de Lugano y est allé aussi de son tweet. «Chers membres fondateurs de la Super League nous évaluons attentivement votre proposition de rejoindre ce nouveau concours. Malgré quelques doutes sur le projet, nous vous apporterons une réponse définitive dans les prochains jours». Sorrento 1945, club de Serie D en Italie, a aussi surfé sur la vague de l'ironie en publiant sur Twitter : «Sorrento 1945 annonce sa participation à la Super League».

Et les supporters dans tout ça ?

Sur les réseaux sociaux, l'accueil a été plutôt hostile et glacial après l'officialisation de la SL. Gary Lineker a lui aussi été offusqué. «Le football n'est rien sans ses fans. Nous l'avons vu clairement au cours des 12 derniers mois. Si les fans s'opposent à ce système pyramidal anti-football, il peut être arrêté dans son élan».

Le Spartak Moscou a aussi envoyé un message aux supporters des "douze traîtres" de la Super League. «Chers fans de l'AC Milan, d'Arsenal, de l'Atlético, de Chelsea, de Barcelone, de l'Internazionale, de la Juventus, de Liverpool, de Manchester City, de Manchester United, du Real Madrid et de Tottenham, si vous avez besoin d'un nouveau club à soutenir, nous sommes toujours là pour vous».

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