Dominer n'est pas gagner. L'Espagne d'un excellent Pedri en a une nouvelle fois fait les frais en demi-finale de l'Euro 2020 ce mardi face à l'Italie, qui s'est finalement imposée au terme de la séance de tirs au but à Wembley (1-1, 4 t.a.b. à 2). La Squadra Azzura affrontera l'Angleterre ou le Danemark, dimanche, en finale.
Ce mardi soir marquait le coup d’envoi des demi-finales de l’Euro 2020 avec le choc entre l’Italie et l’Espagne. Une rencontre aux allures de finale pour laquelle Roberto Mancini a décidé d’aligner un onze de départ sans surprise, hormis la présence de Giovanni Di Lorenzo en lieu et place du blessé Leonardo Spinazzola. En face, Luis Enrique en a réservé une de taille avec la titularisation de Mikel Oyarzabal à la place d’Alvaro Morata à la pointe de l’attaque. Le sélectionneur de la Roja a-t-il voulu privilégier un homme moins connu du duo Bonucci-Chiellini, partenaires de Morata à la Juventus ?
Toujours est-il qu’après avoir subi le pressing italien durant les premières minutes de jeu, l’Espagne a rapidement pris le contrôle des opérations. Avec plus de 70% de possession de balle et un Pedri tout feu tout flamme, la Roja a eu plusieurs fois l’occasion d’ouvrir le score par Oyarzabal (12e) et Olmo (25e). Étouffés par le pressing à deux opéré sur le porteur du ballon, les hommes de Mancini ont très rarement pu mettre le trio Chiesa-Immobile-Insigne sur orbite. D’ailleurs, hormis le poteau trouvé par Barella (3e), qui était finalement hors-jeu), la Nazionale n’a eu que la barre transversale trouvée par Emerson (45e) à se mettre sous la dent. D'ailleurs, une statistique hallucinante est venue confirmer les difficultés transalpines. c'est la première fois depuis la finale de l'Euro 2000 face aux Bleus, que l'Italie n'a pas réussi à cadrer une frappe en première période durant un grand tournoi.
Morata répond à Chiesa... puis rate son tir au but
Au retour des vestiaires, les Transalpins ont continué à souffrir, mais les Espagnols n’ont pas su concrétiser leur domination sur les tentatives de Busquets (55e) et Oyarzabal (58e). Et comme souvent avec les Italiens, ça se paie cash. Alors qu’elle dominait, l’Espagne s’est fait aspirer et, sur un contre, Chiesa a donné l’avantage aux siens ‘une frappe enroulée magnifique à l’heure de jeu (1-0, 60e). Sonnée, la Roja est passée tout près du KO sur une frappe à bout portant de Berardi bien repoussée par Simon (68e). Entre-temps, Luis Enrique a fait entrer en jeu Alvaro Morata. Remplaçant au coup d’envoi et très critiqué depuis le début de l’Euro, le joueur de la Juventus a une nouvelle fois prouvé qu’il avait un mental d’acier. Après un joli une-deux avec Olmo, c’est lui qui est venu égaliser à dix minutes du terme (1-1, 80e).
Après les huitièmes et les quarts, l’Espagne a donc disputé une troisième fois les prolongations. Un calvaire pour une Italie sans vérifia les solutions et qui a encore beaucoup souffert comme sur ces deux doubles occasions signées Olmo et Morata (98e) et Morata et Pedri (102e). Deux coups de chaud. Les Azzurri pensaient toutefois réaliser le hold-up parfait sur un but de renard de Berardi, mais le joueur de Sassuolo était logiquement signalé hors-jeu (110e). Finalement, c'est aux tirs au but que tout s'est décidé. L’Espagne partait avec un petit handicap, car, selon les statistiques, aucune équipe n’a réussi à remporter deux séances de tirs au but durant un même Euro. Vainqueurs des Suisses à ce petit jeu en quart de finale, les partenaires d’Alvaro Morata n’ont pas su briser le signe indien et s’inclinent 4 tirs au but à 2.
Retrouvez le tableau de la phase finale de l'Euro 2020
L'homme du match : Pedri (8) : le milieu du FC Barcelone, qui est devenu, à 18 ans et 223 jours, le plus jeune joueur de l'histoire à disputer une demi-finale d'un Euro devant Renato Sanches et Cristiano Ronaldo, a ébloui ce match de sa classe et de son intelligence de jeu. Pour son 66ème match de la saison, ce qui ne s'est absolument pas ressenti, il a évolué à un niveau technique très élevé (31 passes réussies sur 31 en première période, dont 22 dans le camp adverse). Toujours disponible pour ses coéquipiers, il a causé bien des problèmes aux Italiens et a été d'une régularité déconcertante tout au long de cette demi-finale. En 120 minutes disputées, il n'a raté que 2 passes sur les 67 tentées (97%), aussi bien au sol qu'en allongeant. Prometteur.
Italie
Donnarumma (6) : le portier milanais n'a pas été énormément sollicité, mais a été présent pour repousser les occasions cadrées espagnoles, comme son arrêt sur la reprise d'Olmo (25e) ou ses sorties aériennes sur les nombreux centres espagnols. Le futur gardien du PSG a toutefois failli se faire avoir par un coup franc très bas d'Olmo (98e).
Di Lorenzo (4,5) : le Napolitain était en retard, beaucoup trop (3 fautes commises en 1ère période). Mais comme certains de ses coéquipiers, il a su se reprendre au retour des vestiaires. Dans sa surface, il a su faire preuve de lucidité en limitant les offensives sur son flanc droit, en enlevant un centre fort à destination de Torres (49e). Il s'est repositionné à gauche après l'entrée de Toloï.
Chiellini (4,5) : solide durant les 80 premières minutes, il aura fallu l’égalisation de son coéquipier à la Juventus Alvaro Morata pour réduire à néant tout son travail défensif. Il a été important dans la surface de réparation italienne (5 dégagements défensifs et 100% de duels gagnés), mais est souvent pris de vitesse, surtout lors du but espagnol.
Bonucci (6,5) : pour son 17e match avec la Squadra dans l'histoire de l'Euro (un record pour un joueur italien), il reste cependant très solide dans sa surface, bloquant notamment le tir cadré de Llorente en prolongation (98e). Malgré sa propreté dans les duels, il écope de son premier carton jaune dans la compétition, après un pied haut dans le dos de Morata (118e).
Emerson (5,5) : titulaire à gauche après la blessure de Spinazzola, le latéral gauche de Chelsea a été actif, défensivement comme offensivement. Il a été le seul Italien dangereux en trouvant la transversale d'Unai Simon (45e). Remplacé par Toloï (73e, 4,5), qui prend un carton après une faute flagrante sur Olmo (98e).
Barella (4) : l'Intériste a connu une soirée compliquée au milieu de terrain. Bridé par l'activité de Pedri et la lecture du jeu de Busquets, le numéro 18 n'a pas pu avoir la même influence dans l'entrejeu italien, avec beaucoup de déchets (35% de ballons perdus). Remplacé par Locatelli (85e).
Jorginho (4,5) : quand l'Italie subit le jeu, l'apport du milieu de terrain de Chelsea est moindre. Mais cette domination subie au milieu n’a pas empêché sa propreté en phase défensive, avec 7 interceptions et 8 ballons récupérés, mais sans se montrer brillant durant les prolongations. À noter qu'il transforme le tir au but de la qualification sans trembler pour la Nazionale.
Verratti (5) : au royaume des aveugles, le borgne est roi. Dans un milieu de terrain au bord de la souffrance, le Parisien a été le plus intéressant des trois. Il a été le seul à initier des opportunités offensives pour les siens par sa qualité de passes (11 passes réussies dans le camp adverse sur 13) . Remplacé par Pessina (73e, 4,5).
Chiesa (6) : le Turinois n'a pas été en vue en première période, mais a changé de visage lors du second, d’abord avec la première frappe cadrée de l'Italie sur une frappe à ras de terre, captée par Simon (54e), avant de tromper le portier adverse sur une belle frappe enroulée (60e). Son inspiration pour trouver Berardi (68e) aurait pu amener le but du break. Remplacé par Bernardeschi (107e).
Insigne (5) : l’ailier italien a été le plus remuant parmi les titulaires dans la moitié de terrain espagnole (18 passes dans le camp adverse), mais Azpilicueta a su limiter son apport offensif sur son côté gauche. Pourtant, c’est lui qui initie l’action qui apporte le but de Chiesa en essayant de trouver Immobile dans la profondeur. Remplacé par Belotti (85e).
Immobile (2,5) : face à la charnière centrale de la Roja, le buteur lazial n'a pas remporté le moindre duel, que ce soit au sol (1/4) ou dans les airs (0/2). Ses choix balle au pied sont également discutables : des passes pas assez appuyées, des transmissions hasardeuses… Même son travail défensif était amoindri par la supériorité espagnole au milieu de terrain. Un match à oublier pour l’ancien du Torino. Remplacé par Berardi (62e, 5,5), qui a beaucoup tenté et a été très actif sur la pelouse de Wembley.
Espagne
Simon (5,5) : le portier espagnol a été irréprochable dans sa lecture de trajectoire et dans l'anticipation (18e, 29e, 40e, 78e, 90e+2). Sinon, il a encore affiché une certaine fébrilité, à l'image de cette sortie incompréhensible qui aurait pu coûter cher à la Roja si les attaquants italiens n'avaient pas trop tergiversé (21e), ou encore dans certaines relances au pied. Tout heureux de voir sa transversale repousser un missile qu'il a effleuré d'Emerson juste avant la pause, il a été vigilant devant Berardi (68e, 80e). Il ne peut rien sur l'égalisation de Morata et n'aura pu arrêter qu'un tir au but italien, en vain.
Azpilicueta (5) : le défenseur de Chelsea a fait bonne figure face à la vivacité et l'explosivité d'Insigne. Il est parfaitement intervenu dans sa surface pour écarter le danger (34e) et a remporté 50% de ses duels disputés. Son apport offensif a en revanche été un peu limité malgré la très forte domination de son équipe face à l'Italie dans cette demi-finale. Remplacé par Marcos Llorente (86e), très offensif lors de son entrée en jeu.
Garcia (4,5) : le nouveau joueur du Barça, bien gêné par le pressing italien dans la relance, n'a pas pu faire les différences balle au pied qu'on aurait pu attendre de lui ou de Laporte. Évoluant assez haut sur le terrain, bloc haut lié à la mainmise espagnole oblige, l'ex-Cityzen s'est fait avoir plusieurs fois par la vitesse des contres italiens et a eu du mal à boucher les trous créés par sa position. Il a été trop attentiste sur le premier but de Chiesa (60e). Remplacé par Pau Torres (109e), qui a réalisé une intervention décisive devant Berardi (114e).
Laporte (6,5) : le défenseur central franco-espagnol a encore été propre techniquement, tout en étant calme et serein devant sa surface notamment. Même constat que son partenaire en charnière, il lui a été compliqué de casser les lignes de la Nazionale. Il a globalement bien contenu Immobile, encore une fois muet (33e, 49e). Son tacle salvateur a malheureusement profité à Chiesa sur l'ouverture du score de l'Italie (60e) mais il a été le patron de la défense espagnole (5 dégagements, 2 interceptions, 75% de duels remportés).
Alba (5) : comme à son habitude, la mobylette espagnole a parcouru bien des kilomètres tout au long de cette demi-finale contre l'Italie. Le latéral gauche du Barça a constamment proposé des solutions en phase de possession se projetant et dédoublant comme il sait si bien le faire (1 passe clé). Il n'a pas tout le temps fait les bons appels ni les bons choix (4 centres pour personn) et a malgré tout perdu beaucoup de ballons (18). À noter qu'Alba a disputé son 16ème match dans un Euro, égalant le record détenu par Iniesta et Fabregas en sélection espagnole. Défensivement, il a bien fait les efforts et ne s'est pas fait prendre de vitesse.
Koke (5,5) : le joueur de l'Atlético de Madrid a été très important dans le milieu. Il très bien orienté le jeu, tout en se projetant quand il en a eu l'occasion. Sa capacité à conserver le ballon autour de la surface adverse a énormément profité au jeu de passes ibérique, tout en restant propre (94% de passes réussies). Son délice de passe par dessus la défense aurait même pu (dû) être transformé par Oyarzabal, qui est passé au travers (65e). Remplacé par Rodri (70e, 5,5), qui a fait beaucoup de bien avec sa qualité de passe, sa capacité à casser les lignes adverses et sa faculté à trouver des espaces dans les intervalles.
Busquets (6,5) : la tour de contrôle de la Roja s'est montré irréprochable balle au pied. Dans le duel, cela a été plus compliqué (50% de duels perdus), dépassé par la vivacité des Italiens, à l'image de ce carton jaune reçu pour une faute sur Immobile pour couper court à une contre-attaque (51e). Mais il s'est ensuite rattrapé au fil du match. Il a bien compensé Il a aussi manqué de peu le cadre de Donnarumma (52e). Remplacé par Thiago Alcantara (105e).
Pedri (8) : voir ci-dessus.
Torres (4) : positionné à gauche de l'attaque espagnole, l'élément offensif évoluant à Manchester City a été très disponible. Sa complicité avec Jordi Alba sur le côté gauche a clairement fait souffrir Di Lorenzo, son vis-à-vis du soir. Il n'a pas hésité à permuter pour déstabiliser un peu plus la défense de la Nazionale mais il n'a pas été aussi tranchant et dangereux que Luis Enrique l'aurait espéré, ce qui lui fait défaut dans ce match où il a peu à peu disparu. Remplacé par Morata (62e, 6,5), qui a répondu à sa mise à l'écart de la meilleure des manières en profitant d'un superbe relais de Dani Olmo pour égaliser (80e). L'attaquant de la Juve avait faim et il l'a prouvé. Au mental, même s'il a manqué son tir au but, laissant le champ libre à la qualification italienne.
Oyarzabal (4,5) : un temps annoncé en pointe de cette attaque en lieu et place de l'habituel titulaire, Morata, le joueur de la Real Sociedad a finalement évolué côté droit contre la Squadra Azzura. Plutôt discret en première période, il a fait un heureux dans les travées de Wembley en manquant totalement sa frappe en première intention (39e). Il est monté en puissance dans le second acte. Il a apporté de la percussion et ses provocations et ses fixations balle au pied ont permis de créer des décalages intéressants (3 passes clés). Remplacé par Gerard Moreno (70e, 5), très disponible mais peu précis dans la zone décisive.
Olmo (8) : sa mobilité a beaucoup perturbé la défense italienne, fréquemment poussée à la faute sur lui. Le joueur du RB Leipzig est passé tout proche de l'ouverture du score mais s'est heurté à un grand Donnarumma (25e) avant de manquer le cadre par la suite de loin (33e, 66e). Trop imprécis dans le dernier geste, il n'a pas réussi à délivrer l'Espagne ce soir mais il est l'auteur de la passe décisive pour Morata permettant à l'Espagne de revenir à 1-1 (80e). De quoi récompenser sa grosse activité. Même en prolongation il a toujours été aussi actif. Un véritable poison qui a manqué sa tentative lors de la séance de tirs au but.
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