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Cheick Diabaté : «ça me manque de jouer en France»

A 34 ans, Cheick Diabaté continue de vivre son rêve d'enfant en tâtant le cuir dès que possible et en vivant à fond sa carrière de footballeur professionnel. Cette saison, c'est le club qatari d'Al-Gharafa qui a pu profiter de ses talents de buteurs et de ses qualités d'homme qui en font un élément précieux dans un vestiaire. De quoi peut-être donner des idées à des écuries de Ligue 1 prêtes à se renforcer avec un élément tout aussi expérimenté que motivé. Pour Foot Mercato, l'avant-centre évoque sa saison, son avenir ainsi que son envie de revenir en France. Entretien.

Par Dahbia Hattabi
10 min.
Cheick Diabaté se confie pour FM @Maxppp

Foot Mercato : après les Émirats Arabes Unis et l'Iran, vous avez évolué cette saison à Al-Gharafa au Qatar. Comment vous êtes-vous retrouvé là-bas ?

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Cheick Diabaté : Andrea Stramaccioni, m'a appelé pour me demander si j'avais envie de venir jouer avec Al-Gharafa. Du coup, j'ai accepté car c'est un entraîneur que je connaissais bien. Il m'a entraîné quand j'étais en Iran. Après son départ, je suis resté un an là-bas. Quand j'ai terminé ma deuxième saison, il a signé à Al-Gharafa au même moment. Il m'a appelé pour jouer là-bas et c'est comme ça que je me suis retrouvé au Qatar.

FM : qu'avez-vous découvert là-bas ?

C.D : j'avais déjà eu la possibilité de jouer à Dubaï, donc je connaissais déjà ce championnat-là. La différence n'était pas énorme. Après, le plus important, tout ce que moi j'ai aimé, c'est de pouvoir comprendre d'autres mentalités, d'autres cultures. J'ai compris qu'à force de voyager, on apprend beaucoup de choses. En dehors du football, ce sont des choses qui m'ont intéressées aussi. J'ai découvert par exemple la culture iranienne et la culture qatarie. Donc ça fait que j'arrive à comprendre aujourd'hui comment les Iraniens et les Qataris fonctionnent, comment ils sont et voient la vie. Donc ça ce sont des choses enrichissantes pour moi en tant qu'homme.

FM : sur le terrain, vous avez marqué 19 buts cette saison. On peut dire qu'individuellement votre bilan est bon.

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C.D : oui, c'est sûr. Je pense que j'ai fait une très bonne saison. C'était mon objectif. Quand je joue au foot, j'ai une chose en tête, je veux tout faire pour remercier les gens qui m'ont fait venir. Du coup, mon but était de faire tout ce que je pouvais pour aider l'équipe. Je suis content car sincèrement j'ai fait une bonne année. Ça s'est bien passé. J'ai pris du plaisir sur le terrain, j'ai pas mal marqué. C'était très bien.

FM : Al-Gharafa peut aussi vous remercier car vous avez mis beaucoup de buts. Collectivement, quel est votre regard sur la saison ? Avez-vous atteint vos objectifs ?

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C.D : on a terminé en cinquième position au classement. Après, c'est vrai qu'on aurait pu finir à la quatrième place. Cette année, on ne pouvait pas faire mieux face aux équipes qui ont terminé devant nous, AL-Sadd, Al-Duhail, Al-Wakrah et Al-Arabi. On a fait notre maximum pour être cinquièmes. On a aussi été en finale de la Qatar Cup, mais on a perdu. Dans l'ensemble, on a fait une bonne saison. Après, on peut toujours faire mieux et tenter d'aller chercher quelque chose de plus.

FM : vous avez 34 ans et vous trouver le chemin des filets dans tous les clubs où vous passez. Quel est votre secret pour rester un buteur redoutable et régulier?

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C.D : (rires) oui, c'est vrai ! Le secret, c'est le travail. Marquer des buts, c'est très difficile. Mais ça fait partie des choses qui sont plus faciles à faire pour moi car j'ai toujours joué en tant qu'attaquant. Avec le temps, on apprend beaucoup de choses. Il y a l'expérience aussi. On sait comment il faut se placer devant le but, comment frapper, quand est-ce qu'il faut frapper, quand est-ce qu'il faut jouer en une touche. Tout ça ce sont des choses qui nous aident beaucoup pour marquer devant le but.

Un joueur en quête de respect et de reconnaissance

FM : quand vous regardez dans le rétro, que pensez-vous de votre carrière ?

C.D : sincèrement, je dirai que j'ai fait une belle carrière. Chaque personne a sa mentalité. Moi, je suis une personne qui a toujours aimé le football. A la base, j'ai commencé à jouer au foot parce que j'aime ce sport. A force de jouer, partout où je passe mon objectif est d'avoir le respect. Je me dis que pour l'avoir, il faut être bon sur le terrain. Donc partout où je suis allé, j'ai fait tout ce que j'ai pu. J'ai eu ce que je voulais dans le football aujourd'hui, le respect, prendre du plaisir sur le terrain, la reconnaissance et l'amour. J'aime bien me sentir entouré par des gens qui m'aiment bien. C'est comme ça que je me sens bien. Jusqu'à aujourd'hui, tout se passe bien. Quand je fais de bonnes choses, je sais que les gens vont être reconnaissants. Ce sont des choses qui me touchent énormément.

FM : quels sont vos meilleurs justement ? Et le plus difficile ?

C.D : j'ai beaucoup de bons souvenirs mais le meilleur, c'est quand on a gagné la Coupe de France avec Bordeaux. Je pense et repense souvent à ce moment-là, quand on a gagné la finale, quand j'ai marqué un doublé. Ce jour-là, j'ai vu à quel point les supporters étaient heureux. J'étais très content car je me suis dit que mon objectif d'apporter quelque chose à Bordeaux avait été rempli. Tous ensemble on a apporté quelque chose au club. Mon plus mauvais souvenir, je pense que c'est la défaite en finale de Coupe du Qatar cette saison (défaite 5-3 face à Al-Wakrah, ndlr).

FM : en vous écoutant, on sent vraiment que c'est essentiel même vital pour vous cette reconnaissance.

C.D : c'est sûr et certain. C'est comme ça que je vois les choses. Quand je rejoins une équipe, la première chose que je me dis, c'est qu'on doit sentir ma présence, savoir que je suis là. Je sais que je ne peux pas tout faire mais il faut que j'apporte quelque chose. Donc je me dis que si je joue bien, si je fais les choses comme il faut, les gens vont être contents et vont me féliciter par rapport à ce que je fais sur le terrain. J'ai besoin de ça.

FM : avez-vous toujours et encore l'envie de continuer à jouer ?

C.D : oui, bien sûr. Il faut que je joue. Je vous dis ça car je suis dans un moment de ma vie où, si je reste trois ou quatre jours sans jouer, le foot me manque et j'ai besoin d'aller toucher le ballon. Même là, on est en vacances et parfois je prends mon ballon pour aller sur un terrain à côté de ma maison. J'y vais, je joue. C'est quelque chose que j'aime beaucoup. Tant que je peux jouer, pourquoi pas ne pas continuer.

Diabaté ouvre la porte à la France

FM : Zlatan Ibrahimovic avait dit qu'il craignait de ressentir un énorme vide le jour où il stopperait sa carrière. Est-ce que vous le comprenez ?

C.D : je me dis, tant que je peux et que j'ai encore l'envie, je continuerai à jouer au football. Pour jouer au football, il faut aimer le foot et avoir envie car ça demande beaucoup de sacrifices. Il faut s'entraîner tous les jours et faire les efforts aux entraînements. Ce sont des choses qui vont nous permettre d'être bons les jours de match. Un match, ça ne se prépare pas le jour J mais avant. Il faut avoir envie pour accepter tout ça, tout ces efforts pour préparer le match. C'est quelque chose que j'aime beaucoup faire. Lors de mon passage à Bordeaux, quand j'étais en CFA, je me disais que les autres joueurs qui étaient au centre avec moi ou dans l'équipe étaient comme mes frères. J'ai grandi dans une grande famille. Donc c'est quelque chose dont j'ai besoin. Je sais que dans le football je vais retrouver ce genre de choses. Dans le vestiaire, je considère mes coéquipiers comme mes frères. Je me sens bien lorsque je suis dans un groupe, quand il y a du monde et que je suis entouré par des amis, des coéquipiers, des gens que j'apprécie. Ce sont des choses que j'aime bien dans le football.

FM : que comptez-vous faire l'an prochain ?

C.D : tout ce que je peux dire, c'est que je veux jouer au foot. Pourquoi pas en France. J'ai toujours eu envie, quoi qu'il arrive, de revenir en France. Avant de quitter la L1, je me suis dit que j'avais commencé ma carrière en France, que j'avais eu la possibilité de partir en dehors de la France. Je n'ai pas non plus envie de terminer ma carrière en dehors de la France. Il faut que je revienne ici. Donc quoi qu'il arrive, tout ce que je veux à un moment donné c'est de revenir en France. Après, pour le moment, je peux dire qu'il peut y avoir d'autres propositions, d'autres possibilités. Mais, c'est vrai que ça me manque un peu de jouer en France.

FM : avez-vous eu des propositions ou des touches en France ?

C.D : pour le moment, pas encore. Je ne peux pas dire que j'ai eu des propositions pour le moment. Non.

FM : que pouvez-vous apporter à un club de Ligue 1 aujourd'hui ?

C.D: L'expérience, ça c'est sûr. Marquer des buts également. Une chose est sûre, les filets vont trembler. C'est obligé, il faut que ça tremble (sourire). Lorsque je marque, j'entends un bruit souvent au moment où je vois le filets qui tremble. C'est un moment incroyable. C'est inexplicable. C'est un sentiment que je ne peux pas expliquer. Même aux entraînements, quand je rigole et que je marque ensuite, je sens quelque chose qui se produit à l'intérieur de moi-même. Quand j'entends les supporters crier quand je marque en match, c'est incroyable. J'ai beaucoup à donner. Je peux apporter à un groupe. Dans le vestiaire, il peut se passer certaines choses. Il y a des jours où à l'entraînement il peut y avoir des tensions et quand je vois ça, j'essaye d'intervenir pour faire comprendre qu'il faut être solidaire pour avancer. J'essaye d'apporter tout ce que je peux dans un vestiaire car c'est là où ça commence. Il faut qu'on arrive à s'accepter, à se dire des choses et à s'encourager sur et en dehors du terrain. Du moment où on s'entend bien en dehors du terrain ça se voit sur le terrain. Je fais tout pour qu'on puisse avoir un bon groupe d'amis.

Il est prêt à aider Bordeaux et Metz

FM : vous auriez pu rendre de fiers services à Metz et Bordeaux, deux de vos anciens clubs qui descendent en L2. Que pensez-vous de ce qu'il s'est passé chez les Girondins ?

C.D : pour Bordeaux comme pour Metz, ça ne m'a pas fait plaisir. J'aime beaucoup Bordeaux. C'est là-bas que j'ai commencé. J'ai été au centre de formation, j'ai signé mon premier contrat professionnel chez les Girondins. J'aime aussi beaucoup Metz. Donc quand je voyais le classement, pour l'un comme pour l'autre, j'espérais qu'ils arriveraient à se maintenir. Mais je sais une chose, c'est que les deux équipes vont trouver rapidement une solution pour remonter en Ligue 1.

FM : s'ils vous appellent pour les aider, iriez-vous ?

C.D : je ne peux pas dire que je n'écouterai pas si jamais ces clubs m'appellent. Je ne peux même pas leur dire non, que ce soit Bordeaux ou Metz. Mais il faudrait juste s'entendre. Sincèrement, si je peux aider Bordeaux ou Metz, ou d'autres clubs, je le ferais. Même si j'aime beaucoup ces clubs et aussi Ajaccio, comme j'ai joué là-bas en L2, mais je suis toujours un joueur. Si j'ai la possibilité de jouer au foot avec une équipe, peu importe laquelle, j'accepte avec un grand plaisir.

FM : avez-vous pensé à votre après-carrière ? Entraîner peut-il vous plaire ?

C.D : pour être honnête, je n'ai pas décidé de passer les diplômes. Mais j'ai envie de vous dire pourquoi pas, ça peut être une bonne idée. Je suis dans une période où je veux rester dans le football. Je suis en train de me demander si je peux vivre sans le football. J'aime beaucoup le foot (rires). Donc je me demande si je peux prendre du plaisir en faisant autre chose en dehors du foot. Quoi qu'il arrive, je pense que je vais rester proche de ce milieu. Je me dis qu'il est temps de prendre une décision, savoir si je passe le diplôme d'entraîneur. Et ça ne veut pas dire que je deviendrai entraîneur. Mais à partir du moment où j'ai le diplôme, on ne sait jamais. Aujourd'hui, je suis plus concentré sur le terrain et jouer et je vous avoue que là ça me manque déjà de jouer (rires).

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