Mercato, présaison, formation… dans les coulisses du retour aux sommets d’Al-Ahli !
Promu après une pige en deuxième division, Al-Ahli fait partie des grands clubs saoudiens à profiter de la politique sportive d’envergure du Royaume pour développer la Saudi Pro League. Incursion dans les coulisses de la présaison des nouveaux coéquipiers de Roberto Firmino et Riyad Mahrez.
Depuis plusieurs mois, l’Arabie saoudite se veut comme une place émergente du football mondial. Elle l’a d’abord montré avec sa participation à la candidature tripartite, avec la Grèce et l’Egypte, pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, avant de s’en retirer, estimant qu’il ne pourrait rivaliser avec le trio Espagne-Portugal-Maroc. Mais dans son plan de développement "Vision 2030", le Royaume a également pour objectif de renforcer son championnat national, la Saudi Pro League. Un projet sportif prévu sur le long terme et confirmé avec de gros investissements déployés pour attirer de grands noms du ballon rond européen. Cristiano Ronaldo (Al-Nassr) le premier, suivi de Karim Benzema (Al-Ittihad) ou encore Kalidou Koulibaly (Al-Hilal) : le gouvernement saoudien confirme sa volonté de renforcer les meilleures équipes du pays. A ces trois formations, on peut y ajouter un promu, Al-Ahli.
Champion de la First Division League (D2 saoudienne), le club basé à Djeddah avait déjà quelques joueurs ayant évolué dans le Vieux Continent, comme l’Algérien Ryad Boudebouz (ex-Sochaux, Montpellier et Real Betis) ou encore l’Angolais Bastos (ex-Rostov et Lazio). Avec cet été mouvementé pour ses futurs adversaires en championnat, Al-Raqi (l’élégant en arabe, surnom d’Al-Ahli) ne prenait pas de retard et réalisait de gros coups dans ce mercato. Plus de 80 millions d’euros d’indemnités de transfert déboursés pour recruter Riyad Mahrez (ex-Manchester City, 35 M€), Allan Saint-Maximin (ex-Newcastle, 27,2 M€) et Edouard Mendy (ex-Chelse, 18,5 M€) en plus de la signature gratuite de Roberto Firmino (ex-Liverpool, libre). Rajoutons à cela les pistes Marco Verratti (PSG), Marcos Llorente (Atlético) et Franck Kessie (FC Barcelone), en plus de l’arrivée d’un entraîneur de renom, en la personne du jeune Matthias Jaissle (ex-Red Bull Salzbourg).
«On pense que c’est la Chine bis ou la MLS, mais absolument pas…»
«C’est quand même beaucoup de travail, on vit au jour le jour avec le club. On voit l’évolution, les transferts… c’est extrêmement intéressant de voir comment le club évolue tous les jours et devient de plus en plus important grâce, notamment, aux stars qui arrivent…», nous explique Gregoire Akcelrod, PDG de One Soccer, agence organisatrice de la présaison d’Al-Ahli en Autriche, avant d’évoquer un environnement chaleureux au sein du club. «Le plus marquant ? Premièrement, l’ambiance familiale. C’est quelque chose que je ne voyais plus dans le football européen, qui est très "football business", beaucoup de pression, de nervosité. On oublie un peu les valeurs du sport, comme ce qu’il s’est passé avec Sochaux. A Al-Ahli, il y a du respect, les gens sont gentils, bienveillants. C’est très agréable de travailler à leurs côtés. Ces valeurs plaisent beaucoup aux joueurs et aux agents. Quand les joueurs signent, ils se disent : "wow, on se sent vraiment bien dans ce club". C’est un environnement positif.»
Celui qui occupait également le poste de directeur sportif du CF Atlètic Amèrica (D1 andorrane) pointe du doigt ensuite l’européocentrisme auxquels font face les suiveurs du championnat saoudien, ce dernier ne se voulant pas comme une maison de retraite dorée pour les athlètes en fin de carrière : «en Europe, on ne se rend pas compte de ce qui est en train de se passer, comme d’habitude. On pense que c’est la Chine bis ou la MLS, mais absolument pas. Quand on voit les recrues d’Al-Ahli et leur âge, on ne prend plus des joueurs en fin de carrière. Ils prennent des joueurs qui sont encore en pleine forme et qui ont encore des années devant eux. L’Europe va ouvrir les yeux d’ici peu de temps, peut-être d’ici la fin du mercato, quand ils vont voir que la plupart des stars sont déjà parties en Arabie saoudite. Les joueurs ne partent pas que pour l’argent, ça c’est faux, c’est aussi une question de valeurs et de nouveaux challenges.» Mais en plus d’étoffer son club de stars évoluant en Europe, Al-Ahli veut également se focaliser sur la formation.
Le développement de la formation en ligne de mire
Car oui, le club de Djeddah, et l’Arabie saoudite en général, souhaitent d’abord élever le niveau de leur football de club pour ainsi permettre aux jeunes pousses du pays de côtoyer le haut niveau et ainsi se développer plus rapidement. «L’Arabie saoudite est en train de se développer à tous les niveaux pour aider à former de jeunes locaux, poursuit Grégoire Akcelrod. Ca fait partie du projet, et c’est sûr qu’en s’entraînant avec Roberto Firmino, Riyad Mahrez, on progresse plus vite. La progression des joueurs est en cours et ça va s’accélérer. (…) Il y a encore beaucoup de choses à faire, par exemple le scouting : à titre de comparaison, un club comme Aston Villa a plus de 80 recruteurs en Angleterre. A Al-Ahli, pour le moment, il faudra tout développer, mais c’est un projet à long terme.» Pour un championnat dont les grandes ambitions sont récentes, il faudra donc attendre un certain temps avant de voir la formation saoudienne briller en Asie, et pourquoi pas à l’échelle planétaire. A titre d’exemple, seul un international des Faucons verts présents au Qatar pour la Coupe du Monde 2022 a déjà connu une expérience en Europe, avec Salem Al-Dawsari, avec une toute petite apparition durant son prêt à Villarreal lors de la saison 2017-2018.
Pour confirmer ce nouveau virage pris par les clubs saoudiens, la Saudi Pro League ne se contente pas de recruter des stars d’Europe et se concentre également sur les staffs techniques, et notamment les entraîneurs : «les clubs ont compris qu’il fallait recruter les meilleurs joueurs d’Europe, mais aussi les grands entraîneurs, poursuit Grégoire Akcelrod. Matthias (Jaissle, ndlr) est un excellent profil parce qu’il est jeune et talentueux. A Salzbourg, il a su faire progresser les jeunes. Ce qui est important pour l’Arabie saoudite, c’est de recruter des stars mais aussi de faire progresser ses joueurs locaux. C’est là où il y a le plus de potentiel au niveau du développement. Sur le onze type de départ, les grands clubs saoudiens peuvent rivaliser avec de grands clubs européens. Mais après, pour les remplaçants, les bancs sont moins fournis car ils sont limités. Le travail sera fait sur le développement des Saoudiens, et c’est avec des joueurs comme Roberto Firmino, qui montrent l’exemple à l’entraînement. C’était le seul qui restait à faire du gainage, les abdos. Et petit à petit, les autres joueurs vont le suivre. Pareil au niveau des soins, il est tout le temps en soins. Ce sont des exemples concrets que les joueurs voient et suivent.»
«La SPL ? Bientôt dans le top 3 des ligues mondiales…»
Malgré son statut de club promu en Saudi Pro League cette saison, Al-Ahli est connu pour être l’un des meilleurs clubs du Royaume (4 fois champion d’AS, 13 Coupes d’AS, 1 Coupe arabe des clubs champions). Si son palmarès est bien loin d’Al-Hilal, considéré comme le plus grand club du pays en termes de trophées et d’histoire, Al-Raqi garde néanmoins une place importante dans le ballon rond national. Un statut qui se confirme dans son mercato ambitieux : «les dirigeants et le coach s’occupent des profils proposés par les agents. Il faut savoir que le club reçoit énormément de demandes, parce que le monde entier veut venir jouer en Arabie saoudite. Donc c’est pas facile pour eux de voir tous les profils, vu qu’il y en a des centaines par jour. Al-Ahli est un grand club saoudien, donc il vise les stars des grands clubs. Ça limite les recrues potentielles.»
A son arrivée à Al-Nassr, le quintuple Ballon d’or Cristiano Ronaldo avait déclaré que «ce championnat fera partie des cinq meilleurs du monde. (…) Ce pays a un potentiel extraordinaire, il a des gens extraordinaires et le championnat sera excellent à mon avis.» Des propos confortés par l’ex-DS andorran. «Je suis totalement d’accord avec CR7. Je suis convaincu que la Saudi Pro League va bientôt être dans le top 3 des ligues mondiales. Pour l’instant, c’est limité à 8 étrangers par club, mais quand on voit la qualité des joueurs… En Arabie saoudite, il y a quatre clubs qui vont avoir des équipes incroyables, dont Al-Ahli, un promu en première division. C’est impensable en France, une équipe qui vient de Ligue 2 ne pourra jamais avoir une équipe comme ça. Je me pose même la question si ça ne sera pas dans le top 2 dans peu de temps. La révolution du football est en cours.»
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