Serie A

La chaotique carrière de Mauricio « à un centimètre de la gloire » Pinilla

Il aurait pu être le héros du Chili, le tombeur du favori brésilien lors du dernier Mondial. Mais Mauricio Pinilla a buté sur la barre. Celle du destin pourrait-on dire, celui-là même qui a toujours contraint le buteur à échouer aux portes de la gloire.

Par Alexandre Pauwels
3 min.
Chili Mauricio Ricardo Pinilla Ferreira @Maxppp

28 juin dernier, à l’Estadio Governador de Belo Horizonte. Le Brésil et le Chili sont au coude à coude alors que la fin de la prolongation approche (1-1), dans un huitième de finale de Coupe du Monde. 120e minute, Mauricio Pinilla hérite d’un ballon aux 25 mètres. Passe et va, Sanchez lui remet le ballon dans la course, l’attaquant se déleste de Thiago Silva aux abords de la surface et décoche un missile qui ne laisse aucune chance à Julio César. Le cuir, cependant, échoue sur la barre. L’élimination de la Roja lors de la séance de tirs au but qui s’en suivra, et durant laquelle Pinilla manquera son pénalty, achèvera de faire du pistolero chilien ce looser magnifique, celui qui passa à deux doigts d’éliminer le favori du Mondial. C’est pour cette image qu’il restera dans les mémoires, à cette image que sa carrière sera résumée. Réducteur ? Pas tellement : cette barre est peut-être le meilleur échantillon du parcours de Pinigol, succession de rendez-vous manqués avec la gloire.

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Bad boy et éternel blessé

La gloire, donc. On la promettait à Pinilla dès ses jeunes années à l’Universidad de Chile. Après une première saison pro à 20 buts, l’attaquant obtient l’étiquette de « futur Zamorano » et un transfert à l’Inter. Un rêve qui se réalise pour un gamin justement fan de son glorieux aîné, et du club qu’il vient de rejoindre. Mais le rêve tourne court : plus intéressé par les mondanités milanaises que par le football, Pinilla ne joue pas un seul match avec les Nerazzurri, qui l’envoient s’aguerrir en prêt aux quatre coins de l’Europe. Chievo, Celta Vigo, Sporting Lisbonne, Racing Santander et Heart se frotteront au même caractère de cochon.

« J’étais jeune. Je n’avais pas la bonne mentalité et je fuyais à la moindre difficulté », analysait le joueur récemment auprès de la Gazzetta dello Sport. À un état d’esprit défaillant, le joueur cède bientôt aux blessures. Sujet à de multiples lésions, l’attaquant ne joue quasiment pas sur deux ans, et songe même à stopper sa carrière, alors que des problèmes familiaux le plongent dans la dépression. C’est en choisissant le modeste Grosseto à l’été 2009, que Pinigol parviendra à renverser le cours de sa carrière.

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La relance en Serie B et l'échec au Brésil

Dans ce petit club de Toscane, en Serie B, le Chilien retrouve le goût du jeu et du but. 24 réalisations en autant d’apparitions, et le voilà de retour sur le devant de la scène, en Serie A, avec un transfert à Palerme. Si les blessures reviennent ponctuellement, et le contraignent à ne pouvoir dépasser la vingtaine de matches par saison, Pinilla se forge une réputation de bon attaquant de Serie A et de producteur de golazos – il est un spécialiste du geste acrobatique –, en Rosanero comme à Cagliari, qu’il fréquentera deux saisons et demi (32 buts en 98 matches de championnat avec les deux clubs). C’est aussi grâce à ces expériences, que l’avant-centre a retrouvé sa place en sélection, et glané son billet pour le Mondial brésilien.

Quel aurait donc été son destin, s’il avait ce 28 juin inscrit le but de la qualification pour la Roja ? Sans doute aurait-il été le héros de toute une nation. Peut-être, avec un but au tour suivant, aurait-il tapé dans l’œil d’une écurie huppée, qu’il aurait rejointe dans la foulée pour peut-être encore, s’offrir sa deuxième chance au plus haut niveau, à tout juste 30 ans. Mais le destin de Pinigol n’est pas porté sur les belles choses, et il s’en est fait une raison, en témoigne son tatouage de l’auguste scène de la transversale dans son dos, agrémenté de la phrase « à un centimètre de la gloire ». Aujourd’hui, Mauricio Pinilla joue le maintien avec l’Atalanta, et dit vouloir stopper sa carrière d’ici trois ans. S’il n’emportera pas avec lui titres et prouesses notables, soyons sûrs qu’il aura des choses à raconter.

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