Ligue 1

Julien Stéphan, le magicien du RC Strasbourg Alsace

Arrivé l'été dernier aux commandes de l'équipe, l'entraîneur breton a métamorphosé le Racing, actuellement 4e avant de se déplacer à Saint-Etienne ce dimanche après-midi (15h). Retour sur la méthode réussie de Stéphan fils.

Par Anas Bakhkhar
5 min.
Julien Stéphan à l'entraînement avec les joueurs de Strasbourg @Maxppp

«Le discours du président, le fait d’arriver dans un club sain et passionné, tout est devenu une évidence pour moi lorsque l'on s'est rencontrés. L’ambition, c’est de continuer à progresser et de continuer à partager beaucoup d’émotions», avait déclaré Julien Stéphan quelques mois après son intronisation durant sa conférence de présentation en août dernier. Depuis, les émotions n'ont pas manqué chez les supporters du Racing, que ce soit à la Meinau ou en dehors : après 24 journées disputées, le RCSA est un surprenant quatrième de Ligue 1 (42 points), à un tout petit point de la première marche du podium, occupée par l'OGC Nice.

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Quand on épluche les détails de la saison strasbourgeoise jusqu'à aujourd'hui, cette place au classement n'est pas un concours de circonstances : deuxième attaque de France (46 buts) à six buts du leader, le Paris Saint-Germain, quatre buteurs à plus de 8 réalisations (Ajorque, Gameiro, Diallo et Thomasson). Non seulement le danger offensif du Racing est incontestable, mais il vient de partout. À trois mois de la fin de l'exercice actuel, les hommes de Julien Stéphan ne sont plus qu'à 3 buts du Strasbourg de Thierry Laurey, qui avait terminé à une modeste 15e place, avec le minimum syndical pour le maintien (42 points). Cette époque paraît déjà loin…

Un recrutement astucieux

Mais qu'a fait Julien Stéphan pour métamorphoser les pensionnaires de la Meinau ? Pourtant, l'équipe qui touche du doigt la Ligue des Champions à la mi-février, cette saison, n'est pas si différente de celle qui avait frôlé la place de barragiste de L1 l'an passé. Fin juin, son constat est simple : Strasbourg n'a pas été épargné par la crise, mais doit recruter intelligemment : «On sait que le contexte n'est pas simple du tout, avec un Euro en cours, un passage devant la DNCG à venir et la crise (…) On recherche encore plusieurs éléments, dans le secteur défensif mais aussi au niveau des excentrés offensifs.» Certes, les départs de Mohamed Simakan et Stefan Mitrovic, pour le RB Leipzig (17 M€) et Getafe (env. 1 M€), ont pu apporter des liquidités pour se renforcer.

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Mais la direction sportive a su répondre l'été dernier aux besoins du nouvel entraîneur, à moindre coût. En effet, le Racing n'a déboursé qu'un peu plus d'un million pour remplacer numériquement les départs en défense (Nyamsi à 1,2 M€ et Perrin en prêt). Sans omettre le Polonais Fila (1,5 M€), les signatures libres (Gameiro, Le Marchand) et trois autres prêts (Guilbert, Ahoulou), ce mercato estival intelligent a apporté de la profondeur et de la qualité : «ce qui compte surtout, c’est la qualité et la complémentarité. Le groupe est assez jeune, c’est vrai, mais pas que.» Tout cela pour moins de 3 millions, l'ancien Rennais n'avait plus d'excuse : il faut faire bien mieux qu'une simple lutte pour le maintien. Challenge accepted.

«L'ambition, on la matérialise par le jeu»

Pourtant, l'entame de la saison paraissait assez compliquée, avec déjà quatre défaites en deux mois, conclus par un revers face au champion de France en titre Lille. Un démarrage certes tardif, mais efficace par la suite : 31 points pris en quatre mois et demi. Sur cette période, le Racing est le dauphin du Paris Saint-Germain. Une période faste illustrée par des victoires. Ce qui pourrait donner une once de regret concernant août et septembre, même si les supporters ne s'attendaient pas à voir leur équipe favorite titiller le podium. Mais ne parlez surtout pas d'ambition continentale à Julien Stéphan…

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«On a de l'ambition, mais l'ambition, on la matérialise par le jeu, avait-il lâché après la victoire acquise à domicile face à Montpellier (3-1). Qu'on ne parle pas d'Europe. On a d'abord une première étape à aller chercher, c'est de valider le plus vite possible notre maintien. Allons étape par étape et restons focalisés sur le jeu.» Il ne leur manque plus qu'une seule unité pour atteindre la barre symbolique des 42 points et ainsi assurer leur maintien pour un sixième exercice consécutif dans l'élite. Stéphan fils veut donc prendre les matches les uns après les autres pour éviter de mettre une certaine pression sur les épaules de ses joueurs, et il a raison…

Une équipe brillant par le collectif

Concernant le jeu qu'insuffle Julien Stéphan dans ce Strasbourg édition 2021/22, on retrouve un état d'esprit semblable à celui du Stade Rennais FC sous ses ordres, soit entre décembre 2018 et mars 2021. Et au-delà de l'état d'esprit de ses joueurs, l'entraîneur de 41 ans arrive à faire parvenir le danger de partout dans le camp adverse : à titre d'exemple, la saison passée, Rennes a connu 16 buteurs différents en Ligue 1 et Strasbourg cette saison a trouvé le chemin des filets grâce à 11 joueurs en championnat, sachant qu'il reste 14 journées à disputer…

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Un effectif sans ego surdimensionné permet au natif de Rennes de concerner tous ses joueurs, ce que soit sur les phases offensives ou défensives, et cela se démontre sur les terrains de l'Hexagone. Ce qui met en valeur son travail : ses rotations d'équipes régulières (25 joueurs utilisés depuis le début de saison) et sa confiance donnée aux jeunes joueurs (Sahi Dion, Kandil, Perrin…). Cela confirme également que le technicien breton souhaite concerner tout le monde tout au long de la saison, en Championnat comme en Coupe. Une détermination à confirmer à Saint-Étienne, en bonne forme (3 victoires de rang en L1), qu'il considère comme «le plus gros défi de ce début 2022.» Jetzt geht's los !

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