Equipe de France : comment les Bleus sont devenus une équipe
Ensemble depuis le 23 mai, les Bleus vont disputer dimanche la finale de la Coupe du Monde. Une équipe qui a mis du temps à se construire sous la houlette de Didier Deschamps. Gros plan.
«On ne prépare pas une Coupe du monde un mois avant ! C'est au moins trois ou quatre ans de préparation pour atteindre la perfection pendant la Coupe du monde». Ces mots, Didier Deschamps les a prononcés il y a vingt ans dans Paris Match alors qu'il était joueur et capitaine de l'équipe de France sacrée championne du Monde. Ce discours, DD pourrait encore le tenir aujourd'hui lui qui est devenu le sélectionneur des Tricolores. En effet, composer le groupe qu'il allait amener à la Coupe du Monde en Russie a mis du temps. Cela a été un travail de longue haleine, d'autant qu'il a fallu composer avec quelques cas épineux comme celui de Benzema ou les blessures de Koscielny et Payet. Certains éléments étaient déjà avec Deschamps en 2014 au Brésil à l'image de Lloris, Giroud, Matuidi, Pogba, Varane ou encore Griezmann. Un groupe qui a appris, qui a grandi pour atteindre la finale de l'Euro 2016 en France. Une compétition qui a vu éclore au niveau international N'Golo Kanté ou Samuel Umtiti. Malgré ses qualités, l'équipe de France a échoué en finale face au Portugal.
Un traumatisme et une déception qui rongent toujours certains éléments comme Paul Pogba. La Pioche a avoué que les Bleus pensaient avoir gagné le championnat d'Europe après avoir battu l'Allemagne en demi-finale. Une erreur que les Français ne commettront plus. Pogba l'a assuré lui qui est arrivé à maturité cette année 2018. Revenu à plus de simplicité, il est l'un des leaders de cette équipe. C'est aussi le cas de Raphaël Varane, absent en 2016 et patron de la défense cette année. Lloris ou Kanté, sont eux indispensables et dans une forme éblouissante dans ce Mondial. Ce groupe a été rejoint il y a quelques mois par une nouvelle génération talentueuse. Benjamin Pavard, Lucas Hernandez ou encore Kylian Mbappé, pour ne citer qu'eux, sont devenus des titulaires en puissance et ont apporté aussi leur pierre à l'édifice. Depuis 2014, la France évolue en intégrant des jeunes à fort potentiel tout en gardant une base d'anciens qui apporte son expérience au groupe.
Un mariage qui fonctionne entres jeunes et anciens
Le mariage fonctionne malgré le choc des générations assure Hugo Lloris (31 ans). Le capitaine tricolore n'a pas forcément les mêmes goûts que ses jeunes coéquipiers, mais justement tout le monde arrive à bien vivre ensemble. «J’essaie de rester « in », même si parfois, ce n’est pas évident. A partir du moment où il y a du respect entre nous, c’est le plus important. On a tous nos habitudes, nos goûts musicaux. C’est normal, mais ça se passe très bien. Je ne sais même pas ce qui passe dans le vestiaire, même pas qui est l’artiste. Mais ce n’est pas un souci». Très attaché à la vie de groupe, Didier Deschamps a donc pris un soin particulier à composer son groupe avec des joueurs qui pourraient évoluer ensemble sur comme en dehors du terrain. Plus qu'une équipe, il a voulu créer un groupe explique Matuidi. «C'est notre grande force de pouvoir se battre les uns pour les autres. Mais ça c'est dû à l'ambiance qui règne dans le groupe. On vit tellement bien. On est capable de passer des heures et des heures ensemble. Ça a été parfois au bout de la nuit».
Le joueur de la Juventus poursuit : «C'est ce qui fait qu'une fois sur le terrain, on arrive à se battre les uns pour les autres. On arrive justement à faire les efforts les uns pour les autres, pour que les autres soient fiers de nous. Ça c'est ce qui nous a amené à jouer une finale de Coupe du Monde. On a 23 guerriers. On voit à chaque but, même ceux qui jouent moins, on les voit sauter de joie.Ce groupe vit vraiment bien. Ceux qui sont amenés à rentrer donnent le maximum. C'est un état d'esprit d'une famille qui est née. Elle se doit de terminer par ce trophée. On fera le maximum». Antoine Griezmann est du même avis. «Les remplaçants ne boudent pas, ne sont pas mis à l'écart non plus. C'est un groupe qui vit bien, entre les plus âgés et les plus jeunes. On rigole tous ensemble. Et on sait que pour gagner une grande compétition, on a besoin de tout le monde même si tu n'as pas joué, même si tu joues deux minutes par match, même si tu fais tout le match. Que ça soit les joueurs, le staff médical et les coaches, on est tous ensemble tourné vers le même objectif».
Un déclic face à l'Argentine ?
Cela s'est ressenti dès les premiers moments de la compétition. Si tout n'a pas été parfait bien sûr, des moments forts ont marqué la vie du groupe France. Les joueurs se sont tous réunis en cercle et ont échangé quelques secondes après l'ouverture du score de Griezmann face à l'Australie lors du premier match. À chaque but, tout le banc bleu s'est levé comme un seul homme. Ce fut le cas lors du choc face à l'Argentine. Un match qui a servi de déclic à cette équipe pour beaucoup d'observateurs qui ont senti un changement d'attitude et plus de sérénité dans le groupe. Antoine Griezmann a même avoué que Deschamps avait relâché la pression après cette victoire face à l'Albiceleste. Mais pour Olivier Giroud, il n'y a pas vraiment eu de déclic. «Je ne sais pas si on peut vraiment déterminer un match ou un événement. Mais depuis qu’on est ensemble, ces 23 qu’a choisi le coach, on vit des moments privilégiés, simples et authentiques. On a une équipe qui, aujourd’hui, est soudée, qui montre qu’elle prend beaucoup de plaisir à évoluer ensemble sur le terrain, en dehors du terrain. Il faut le retranscrire sur le terrain. Je pense que c’est au fil de cette compétition, au-delà de la préparation, qu’on est monté en puissance comme vous avez pu le dire. On en est conscients. On est contents d’être arrivés là. Mais on ne veut pas se satisfaire de ça. Cette équipe a un bel avenir devant elle».
Arrivé il y a quelques mois seulement en équipe de France, Benjamin Pavard, titulaire au poste de latéral droit désormais, pense que aussi que c'est le temps et le vécu en commun qui a fait progresser la sélection. «Il a fallu le temps que ça se mette en route tout simplement. Les automatismes. Chacun joue dans des clubs différents. Moi, j’étais nouveau donc il fallait un peu de temps pour trouver les automatismes. Il y en a de plus en plus aux entraînements. On se comprend. On comprend les déplacements de l’un et de l’autre. On discute beaucoup entre nous. À force de travailler, travailler, travailler, les automatismes se créent. C’est avec le temps. On voit qu’on est une équipe. On a peur de rien. On est sûrs de nos qualités. Je sens que le groupe est vraiment soudé». Un groupe qui est prêt à aller chercher ensemble une deuxième étoile dimanche face à la Croatie. Ce qui serait la victoire d'un groupe qui a mis du temps à se dessiner.