Jean-Michel Aulas avait des craintes avant le match de ce soir. Le président lyonnais avait raison. Pris à la gorge d’entrée de jeu par un Schalke 04 mené par un Farfan tout feu tout flamme, l’OL s’incline logiquement et lourdement en Allemagne (0-3). Mais si les Gones enchaînent les prestations inquiétantes, ils gardent les faveurs des dieux puisque la défaite de Benfica en Israël les envoie en 1/8 de finale.
Les Allemands ont débuté la rencontre pied au plancher grâce au duo Farfan-Raul. Intenable sur son aile droite, le Péruvien a d’ailleurs mis Lloris à contribution dès la première minute de jeu. Enfin revenu en forme, l’ancien Madrilène s’est, quant à lui, attaché à mettre Huntelaar en position de frappe dès l’entame de match.
Dans une rencontre qui a démarré tambour battant et où chaque équipe a pu facilement porter le danger sur les buts adverses, ce sont les Germaniques qui ont su rapidement prendre le dessus. Face à des Rhodaniens qui ont décidément un énorme problème avec leurs entames de match, les coéquipiers de Raul ne se sont pas privés d’utiliser la vitesse de leurs ailiers (Farfan, Jurado) pour déborder la défense lyonnaise et faire le break (2-0) au bout de vingt minutes. Dominateurs, les hommes de Magath ont profité de la fébrilité adverse pour montrer plus d’engagement et bénéficier de quasiment tous les contres. De leur côté, les Lyonnais ont eu quelques occasions pour recoller au score mais entre un Neuer impérial face à Bastos (18e) et un Lisandro peu inspiré (8e, 16e), la tâche s’annonçait compliquée.
De retour des vestiaires, Puel optait pour un système plus offensif avec l’entrée en jeu de Gomis en lieu et place de Cissokho. Si ce choix a permis à l’OL d’équilibrer les débats, la sortie de Gourcuff sur blessure (57e) a été un nouveau coup dur qui s’est ajouté à la piètre prestation des septuples champions de France. Peu inquiété et satisfait de ses deux buts d’avance, Schalke va alors tranquillement gérer la seconde période, se montrant nettement moins dangereux. Ce qui ne l’a pas empêché de porter l’estocade par Huntelaar en toute fin de rencontre.
Mais comme face à Benfica, la piteuse entame de match de l’OL n’aura pas de conséquences désastreuses. Avec la défaite du club lisboète en Israël, Lyon parvient à se qualifier en huitièmes de finale aux dépens des Aguias grâce à leur différence de but particulière. Un soulagement qui ne doit cependant pas cacher une nouvelle performance indigne du niveau de la Ligue des Champions, et qui ne sera certainement pas suffisante si un gros se présente au tour suivant. Mais avant d’y penser, il faudra d’abord penser à battre un PSG euphorique à Gerland.
Homme du match : Farfan (8) : intenable. Sa vitesse a constamment gêné la défense lyonnaise, et il fit vivre un calvaire à Cissokho. Dans tous les bons coups, le Péruvien était déchainé, et n’a en plus de cela pas rechigné à défendre. Au four et au moulin, il s’est régalé des espaces laissés par la défense lyonnaise en première mi-temps, et fit de nombreuses différences. Averti pour avoir cherché le penalty alors qu’il était seul face à Lloris (30e). Remplacé par Edu à la 65e minute, qui a beaucoup osé, avec plus ou moins de réussite.
Schalke 04 :
Neuer (6,5) : deux bonnes interventions face à Lisandro en début de match (8e, 16e), et un superbe réflexe sur une reprise de Bastos suite à un corner (18e). Rassurant dans les airs et vigilant, il s’est montré à la hauteur de son statut de portier de la Mannschaft. Une belle frayeur toutefois sur une frappe lointaine de Källström (76e).
Uchida (7) : le Japonais a bien tenu Bastos, et est régulièrement monté dans son couloir. Il a multiplié les allers-retours sans jamais connaître la fatigue, et a même offert la balle du 3e but à Huntelaar. Du très bon boulot.
Höwedes (7,5) : il avait sans doute à cœur de se faire pardonner son exclusion du match aller, car il a rendu une copie quasiment parfaite. Une première mi-temps tout simplement énorme, lors de laquelle il n’a quasiment pas perdu un duel et multiplia les interventions bienvenues. C’est lui qui chipe le ballon dans les pieds de Lisandro sur l’action qui amène l’ouverture du score de son équipe. Il n’a pas flanché après la pause, et n’a jamais mis été en difficulté par les attaquants lyonnais.
Metzelder (7) : comme Höwedes, il s’est montré solide et costaud dans l’impact. Des relances parfois approximatives cependant, et il aurait tout de même mérité un carton jaune orangé pour une grosse faute sur Gourcuff qui a provoqué la sortie sur blessure du milieu français.
Schmitz (6) : une prestation d’ensemble satisfaisante. Il n’a jamais souffert face à Briand, et est toujours resté calme. Mais une prestation moins impressionnante que ses partenaires de la défense allemande.
Kluge (6,5) : très présent à la récupération, il a bien mis le pied sur le ballon et son jeu n’a connu que très peu de déchet. Il a gratté énormément de ballons, et fit parfaitement le lien entre la défense et l’attaque.
Jones (6,5) : une grosse activité au milieu, où il a provoqué bon nombre de fautes lyonnaises. Il a livré un gros duel face à Källström, et a rempli son rôle de piston à merveille. Averti pour un plaquage sur Pjanic (65e) et remplacé par Matip (70e), impressionnant physiquement.
Farfan (8) : voir ci-dessus.
Jurado (6,5) : remuant, il a su faire parler sa qualité de percussion et a été à l’origine de plusieurs situations chaudes. Il combine bien avec Kluge sur la deuxième réalisation allemande, et sa mobilité a perturbé les Lyonnais. Comme Raul, l’ancien pensionnaire de l’Atlético semble enfin s’imposer dans la Ruhr. Remplacé par Deac en fin de partie (85e).
Raul (7) : après des débuts compliqués, l’Espagnol a semble-t-il trouvé ses marques dans cette équipe. Très remuant, il s’est battu comme un chien sur tous les ballons, et a souvent bénéficié de contres favorables à l’envie, à l’image de l’action du premier but de son équipe. Une inspiration géniale à la demi-heure de jeu aurait pu aboutir au but de la soirée. Positionné plus bas comme l’ensemble de ses partenaires en deuxième mi-temps, il a souvent prêté main-forte à son milieu de terrain. Le célèbre numéro 7 confirme sa bonne passe actuelle.
Huntelaar (7,5) : une bonne tête d’entrée de match après un corner de Farfan (7e), et son but est une sinécure pour un buteur comme lui. Le Néerlandais a énormément pesé sur l’arrière-garde de l’OL, et s’est créé une multitude d’opportunités. Il s’offre, avec de la réussite, le doublé en fin de match (89e).
Olympique Lyonnais :
Lloris (5,5) : le portier des Gones a été mis à contribution dès la trentième seconde en captant un centre rasant de Farfan. Sollicité par Huntelaar sur corner (7e) et sur une frappe lointaine de Jurado (9e), il n’a pas eu de répit. Mais avec un OL décidément à la peine lors de ses entames de match, l’international tricolore dû s’incliner face à Farfan sans pouvoir rien faire (13e). Le Péruvien qui lui a causé beaucoup de problèmes même si l’arbitre a bien vu sa simulation à la 29e qui aurait pu amener un penalty décisif. Un fait de match rapidement oublié, car une minute après, le Lyonnais sort une claquette de grande classe sur un lob astucieux de 25 mètres de Raul qui filait en lucarne (30e). Moins sollicité en deuxième période, il stoppe néanmoins un tir à bout portant d’Huntelaar qui aurait pu être synonyme de correction (81e). Mais ce n’était que repousser l’échéance puisqu’en fin de match il sera impuissant sur un tir dévié d’Huntelaar.
Réveillère (4,5) : sa première action dangereuse n’intervient qu’à la 37e lorsque Gourcuff le décale dans la surface adverse. Un peu plus solide que Cissokho défensivement, il a tout de même été malmené par Jurado. Une soirée compliquée qu’il termine en déviant un tir d’Huntelaar dans ses buts (89e).
Diakhaté (3,5) : moins en vue que Lovren, le Sénégalais s’est rendu coupable d’un mauvais dégagement de la tête sur Raul (13e). Une erreur fatale puisque si l’Espagnol a vu sa tentative être repoussée, Farfan a parfaitement suivi pour ouvrir le score. Bougé par le duo Huntelaar-Raul, il a profité de la baisse de régime adverse pour souffler davantage en seconde période… avant de se manquer sur le centre à destination qui amène le deuxième but d’Huntelaar (89e).
Lovren (4,5) : positionné sur le côté gauche de la défense axiale, le Croate a eu énormément de travail puisque tous les centres de Schalke provenaient du flanc droit occupé par Farfan. Plutôt solide, il se fait prendre toutefois par un écran qui libère Huntelaar de tout marquage. Le Hollandais ne se prive d’ailleurs pas de faire le break (20e). Plus costaud et plus prompt dans les duels que Diakhaté.
Cissokho (3) : mis en difficulté par Farfan d’entrée de jeu, l’international tricolore s’est souvent fait déborder. Un début de rencontre pas à son avantage cristallisé par un retour trop tard sur le deuxième but allemand (20e). Une première période catastrophique symbolisée par son remplacement à la pause par Gomis (5) qui a certes apporté plus de présence dans la surface adverse, mais qui n’a pas su se créer de grosses occasions hormis un but refusé pour hors-jeu (73e).
Toulalan (4,5) : face à la domination allemande, le récupérateur rhodanien a tenté d’imposer son style de jeu engagé, mais l’arbitre l’a souvent sanctionné. Un match où il n’a pas chômé, même s’il a été moins en vue que Källström.
Gourcuff (5) : peu efficace dans ses coups de pied arrêtés en début de match, il manque toutefois d’être passeur décisif pour Licha (16e) et Bastos (18e). Plus présent au retour des vestiaires, l’ancien Bordelais sert parfaitement Briand dans l’axe sur un centre (52e) avant de manquer la réduction du score une minute après lorsqu’une offrande de Bastos passe juste devant le but. Un match à oublier d’autant qu’il sort sur blessure suite à un tacle par derrière non sanctionné de Metzelder (57e). Remplacé par Pjanic (60e).
Källström (5,5) : positionné comme second milieu récupérateur, le Suédois a été précieux durant l’entame du match. Dans une rencontre qui a démarré à cent à l’heure des deux côtés, il a permis de contenir les nombreuses offensives allemandes. Propre dans ses relances, le Suédois a été l’un des rares Lyonnais à tenter de créer ou de mettre les attaquants en bonne posture. Mais cela n’a pas été suffisant face au solide bloc adverse. Frustrant.
Bastos (4,5) : meilleur joueur de l’OL en Ligue des Champions, le Brésilien ne s’est réellement distingué qu’à partir de la 18e minute sur une reprise de volée consécutive à un corner de Gourcuff. Plus sollicité que Briand, il n’a cependant pas su apporter le danger au cœur de la surface de Schalke avec ses centres hormis une offrande pour Gourcuff (53e).
Briand (4) : peu en verve, l’ex-Rennais a trop souvent perdu des ballons notamment lors des phases défensives lorsqu’il fallait sortir le cuir proprement. Collé à la ligne de touche, il n’a jamais fait la différence contre Schmitz.
Lopez (4,5) : discret, l’Argentin a pourtant, à la 8e minute, une occasion de se présenter seul face au portier adverse, mais il manque son contrôle. Ses débuts mitigés se sont ensuite transformés en calvaire, car c’est lui perd le ballon qui amène l’ouverture du score (13e). Trois minutes plus tard, il a néanmoins l’opportunité de se racheter. Servi par Gourcuff, Licha choisit le crochet de trop et voit sa tentative captée sans problème par Neuer (16e). Frustré, il décide alors de décrocher afin de toucher plus souvent le cuir. Trop court pour reprendre une passe en profondeur plein axe (66e), l’ex-Portista ne gardera pas cette soirée dans sa mémoire. Remplacé par Pied (73e).
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