Ligue 1

Entretien avec… Mathieu Bodmer : « Je n’ai pas connu les Bleus, tant pis pour moi »

Passé du Paris Saint-Germain à Nice, du milieu de terrain à la défense centrale, Mathieu Bodmer a changé de cap durant l'intersaison. Du haut de ses 31 ans, l'ancien joueur de l'OL vous explique son choix de rallier la cité azuréenne, juge sa carrière, et l'équipe de France.

Par La Rédaction FM
7 min.
OGC Nice Mathieu Bodmer @Maxppp

**Foot Mercato : Mathieu, vous voilà donc à Nice depuis cet été. Pourquoi votre choix s’est-il porté sur ce club ?

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Mathieu Bodmer :** Après Paris, je cherchais un club ambitieux, en construction, avec une philosophie de jeu, et un coach que je connaissais aussi. Donc quand Claude Puel m'a appelé pour me présenter son projet mi-août, ça m'a emballé. Il fallait se mettre d'accord avec Paris pour me libérer de ma dernière année de contrat, ça a pris un petit peu de temps, mais on y est arrivé.

**FM : Qu'est-ce qui vous a convaincu dans le projet azuréen ?

MB :** Déjà, il y a un nouveau stade, un nouveau centre d'entraînement qui va arriver, un groupe qui est jeune, qui a fait une très belle saison dernière et qui a envie d'apprendre. Je connais le coach pour l'avoir côtoyé à Lille et à Lyon, donc je connais ses ambitions, là où il veut arriver. C'était intéressant pour moi.

**FM : Beaucoup de choses se sont dites sur votre relation avec Claude Puel, de l’amour au désamour, avant donc vos retrouvailles. Qu’en était-il réellement ?

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MB :** On était en froid depuis Lyon. Il y a eu pas mal d'incompréhension, de non-dits. C'était personnel, à Lyon, sur pas mal de petits sujets. On s'est expliqué avant que je signe, on s'est vu une première fois pour remettre les choses à plat et ça s'est très bien passé. Ça a fait du bien aussi bien à lui qu'à moi, c'était dommage de rester dans un conflit. On a décidé de repartir et de travailler ensemble.

**FM : C’est donc en défense centrale que vous évoluez désormais. On sait que c’est un poste au sein duquel vous aviez déjà évolué à Lyon, mais sans que ce soit une envie particulière. Qu’est-ce qui vous a convaincu ?

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MB :** Disons que beaucoup de gens oublient que j'ai été formé défenseur central à Caen, et qu'en Ligue 2 je jouais souvent à ce poste. Ce n'est donc pas une question de conviction ou de nouveauté pour moi, parce que ça fait 15 ans maintenant que j'ai débuté en pro et que je jouais là. C'est un retour aux sources, je savais qu'à un moment donné de ma carrière je devais reculer pour durer et être performant. Le coach m'a demandé de jouer derrière, j'ai accepté.

**FM : Vous voyez-vous donc sur la durée à ce poste ?

MB :** Oui, en tout cas ce sera mon poste tant que je resterai ici, tant que le coach sera là, ça a été assez clair dès le début. J'ai fait le choix d'accepter, maintenant à moi d'essayer d'être le plus performant possible à ce poste-là.

**FM : Avez-vous fait une croix définitive sur le milieu de terrain ?

MB :** Non, on verra. On ne sait jamais, si un jour le coach a besoin de moi au milieu de terrain je répondrai. J'ai joué neuf et demi, dix, six, huit, cinq. Je peux jouer tout ce qui est dans l'axe, donc après par rapport à l'équipe ou au club, si on a besoin de moi, je jouerai à n'importe quel poste sans aucun souci.

**FM : Vous avez désormais 31 ans. Votre objectif est-il de vous épanouir dans la durée à Nice ?

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MB :** Oui. Il y a un projet ambitieux, le stade qui a été livré, le centre d'entraînement qui arrivera, une équipe jeune qui veut apprendre. Il y a beaucoup de choses qui sont réunies pour que le club aille plus haut. Mon but, c'est d'installer le club dans le haut du classement.

**FM : Vous l'avez dit, l'effectif est jeune. Que pensez-vous de ce groupe ?

MB :** Il est à l'écoute, très travailleur, avec un bon état d'esprit. Même si on a connu une période difficile et qu'on a perdu sept matches, personne n'a rien lâché. On a des jeunes pleins d'ambition, de convictions. C'est intéressant, c'est un groupe qui ressemble à celui que j'ai connu à Lille, sauf que moi j'étais dans la peau du jeune avec pas mal d'anciens qui avaient de la bouteille. On ne peut qu'avancer avec des jeunes comme ça.

**FM : Et parmi ces jeunes figure un certain Neal Maupay, qui réalise déjà de grandes choses...

MB :** Il m'a un petit peu surpris, étant donné que l'année dernière je ne l'avais pas vu jouer, je ne vais pas vous mentir. Je ne me suis pas entraîné souvent avec lui, car quand il est revenu de blessure c'est moi qui était blessé. Mais sur les entraînements qu'on a pu faire, j'ai vu que c'était un jeune avec beaucoup de qualités, physiquement imposant, qui a un bon jeu dos au but. Il est ambitieux, il est conscient de ses qualités, il arrive souvent dans les premiers à l'entraînement et repart dans les derniers. C'est important.

**FM : Dans votre parcours de joueur, vous avez évolué aux côtés de grands attaquants. Où placez-vous Dario Cvitanich dans cette liste ?

MB :** Dario a un registre que je n'ai pas beaucoup rencontré. À Lille, j'ai joué avec des attaquants qui allaient très vite, comme Moussilou et Odemwingie. Peut-être qu'à Lyon, on peut dire qu'il a un registre qui se rapproche de celui de Lisandro Lopez. Ils sont Argentins, fins techniquement, avec une science du déplacement. C'est l'attaquant qui lui ressemble le plus, parce qu'après Zlatan, Cavani, Hoarau ou Erding n'ont pas du tout le même profil.

**FM : Si, dans votre carrière, vous deviez refaire quelque chose, que changeriez-vous ?

MB :** Qu'est ce que je changerais ? Rien, je pense que j'ai la carrière que je mérite, tout simplement. Il n'y a pas de regrets à avoir, mon ambition à un moment donné était l'équipe de France, je ne l'ai pas eue. Tant pis pour moi, on a toujours ce qu'on mérite dans la vie.

**FM : Vous avez effectivement souvent été aux portes de l'équipe de France, sans l'intégrer. Cela vous laisse-t-il des regrets ?

MB :** Oui, c'est dommage. Ça aurait été une joie pour moi, pour ma famille, pour mon entourage, pour les coaches que j'ai eu plus jeune et qui m'ont aidé dans mon parcours. Mais j'ai eu des blessures au moment où il ne le fallait pas, quand j'étais en forme d'autres joueurs étaient plus en forme que moi. Il y a des fois des wagons qui passent, on n'est pas dedans, c'est la vie. Mais je pense que beaucoup de joueurs de ma génération n'ont pas pris le wagon, malgré de belles carrières. Mais du côté de ma carrière en club, ça s'est bien passé.

**FM : Pensez-vous les Bleus capables de faire quelque chose de beau au Brésil ?

MB :** Je pense qu'il y a une belle génération, que ce soit pour le Brésil ou l'Euro 2016. On a Ribéry, Benzema, Giroud, des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs européens, qui marquent beaucoup de buts, qui sont performants. Au milieu, on a Cabaye, Pogba et Matuidi, qui sont à Paris et à la Juventus, ce n'est pas anodin. On a une équipe qui a de la qualité, peut-être un peu jeune au niveau du vécu par rapport à d'autres sélections nationales, mais je pense qu'on peut faire quelque chose d'intéressant.

**FM : Enfin, vous êtes actionnaire d'un concept appelé Plug Foot. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concept ?

MB :** Oui. Avec Papus Camara et des amis de Rouen, on a crée ça il y a un peu plus de dix-huit mois maintenant. C'est arrivé sur le marché pour Noël. Il s'agit d'une carte à puce qu'on peut clipser sur le port USB d'un ordinateur, et effectuer une collection. Un petit peu sur le modèle de Panini en papier, on propose une collection avec le web. C'est-à-dire que, chaque fois que vous connectez la carte, vous allez sur le site Plug Foot, vous pouvez faire la collection de joueurs, gagner des lots, jouer en ligne contre vos amis avec vos joueurs en faisant une équipe ou des duels. Un jeune Plug Footeur a par exemple pu rencontrer Franck Béria, prochainement ce sera un joueur de Paris. Chaque mois, on fera gagner nos fidèles, pour leur permettre de rencontrer des joueurs.

*À noter que l'interview a été réalisée mercredi 29 janvier dernier, soit avant le match Nice-Lille, ponctué d'un but de Mathieu Bodmer.

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