Euro 2024 : ce qu’il faut savoir du Danemark

Par Victor Garlan
8 min.
Danemark @Maxppp

Qualifié dans la douleur comme premier de son groupe, le Danemark devra montrer un visage bien plus conquérant en Allemagne pour réitérer l’exploit réalisé lors de l’édition précédente, où la sélection nordique avait échoué aux portes de la finale, battue sur le fil par l’Angleterre. Dans la peau de l’outsider, le champion d’Europe 1992 misera sur un mélange entre expérience et jeunesse pour voir plus loin que la phase de groupes.

Le parcours de qualification et le groupe

32 ans plus tard, le Danemark peut-il retrouver les sommets ? Repêchée à la dernière minute en lieu et place de la Yougoslavie, exclue en raison de la guerre qui déchirait ce pays à l’époque, la sélection nordique s’était invitée à la surprise générale en Suède, hôte de l’Euro 1992. Si les attentes envers les Danois étaient minimes au début de la compétition, au regard de leur préparation loin d’être optimale et de l’absence de leur vedette Michael Laudrup en raison d’une querelle avec son sélectionneur Richard Moller Nielsen, les «Dynamites danoises» s’étaient hisser, contre toute attente, sur le toit de l’Europe au détriment de l’Allemagne. Et si les hommes de Kasper Hjulmand s’inspiraient de leurs illustres prédécesseurs outre-Rhin afin de garnir une armoire à trophée bien maigre ? Au cours des éliminatoires, le Danemark a connu quelques délicatesses dans un groupe à sa portée. À égalité avec la Slovénie, l’équipe scandinave a dû attendre l’avant-dernière journée pour valider sa qualification pour l’Euro 2024 en dominant son homologue slovène au Parken Stadium de Copenhague (2-1). Avec 22 points pris en 9 rencontres, le Danemark s’est adjugé la première place de la poule D au nez et à la barbe de son concurrent direct grâce à une fantastique série de 6 matchs consécutifs sans défaite entre le 16 juin 2023 et le 20 novembre 2023, date à laquelle ils s’étaient inclinés face aux Nord-Irlandais (2-0) à Belfast. Demi-finaliste de la dernière édition, le Danemark a hérité de la poule C et retrouvera son bourreau, l’Angleterre, qui avait éliminé la sélection nordique en prolongation lors de l’Euro 2020 avant d’échouer en finale contre l’Italie. Si les Danois convoitent la première place de leur groupe au même titre que les Anglais, ils seront en concurrence avec la Slovénie, qui honore sa deuxième participation au championnat d’Europe, ainsi que de la Serbie, à la recherche d’un premier huitième de finale dans une grande compétition.

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Les qualités et faiblesses

Si le Danemark ambitionne de réitérer la même performance que lors de l’édition précédente, les hommes de Kasper Hjulmand devront tout de même laisser une meilleure impression qu’à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Placée dans la poule de la France en compagnie de la Tunisie et de l’Australie, la sélection nordique avait très mal démarré la compétition en concédant le nul face à la sélection africaine avant d’être devancée d’une courte tête par les Bleus, finalistes malheureux du Mondial. Défait par les Socceroos, le Danemark avait quitté le Qatar par la petite porte, éliminé dès le 1er tour avec un seul point en trois matchs. Outre ce Mondial désastreux au Moyen-Orient, le Danemark a montré au cours des dernières années qu’il était capable du meilleur comme du pire. Preuve en est lors des éliminatoires où les Scandinaves ont déjoué face au Kazakhstan. À l’Astana Arena, les Léopards des Neiges (surnom donné aux Kazakhs), bien que menés par deux buts d’écarts, avaient renversé la partie en un quart d’heure pour s’offrir un succès inoubliable face aux coéquipiers de Rasmus Højlund, pourtant auteur d’un doublé.

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S’ils ont entre-temps retrouvé des couleurs avec 6 victoires enregistrées en 8 rencontres, les Scandinaves sortent d’une trêve internationale de mars peu convaincante, en témoigne leur match nul (0-0) contre une équipe de Suisse en cruel manque de confiance et qualifiée dans la douleur pour l’Euro 2024, ainsi qu’un court succès (2-0) devant les Îles Féroé (133e au classement FIFA). Néanmoins, le Danemark s’avancera en Allemagne avec un effectif qualitatif et très complémentaire qui alimente les grandes écuries européennes. Il n’y a qu’à citer les cas du Barcelonais Andreas Christensen ou des Red Devils Christian Eriksen et Rasmus Højlund auxquels doivent s’ajouter d’autres joueurs d’expériences à l’image de Simon Kjær, Thomas Delaney et son compatriote à Anderlecht, Kasper Schmeichel, comptant à eux trois pas moins de 306 sélections. À cette équipe bien fourni viendront s’ajouter des éléments moins expérimentés mais tout aussi talentueux et qui sortent d’une saison pleine en club tels que Joachim Andersen, Morten Hjulmand ou encore Anders Dreyer sans oublier les pépites Mikkel Damsgaard et Victor Kristiansen. Habituée d’une compétition dans laquelle elle a fait ses preuves par le passé (sacré en 1992, demi-finaliste en 1984 et 2020), la sélection nordique aura son mot à dire en Allemagne.

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Le sélectionneur : Kasper Hjulmand

Ancien arrière droit de métier ayant principalement évolué au sein du championnat local, Kasper Hjulmand est contraint de raccrocher les crampons prématurément en raison d’une grosse blessure au genou. Néanmoins, le Danois bifurque rapidement vers une carrière d’entraîneur qu’il débute à Lyngby avant de gravir progressivement les échelons jusqu’à être nommé aux commandes du FC Nordsjælland. Avec la formation basée à Farum, il se distingue en remportant deux Coupes du Danemark en 2010 puis 2011 ainsi que le premier titre de Superliga (D1 danoise) de l’histoire du club. Au sortir d’une courte pige à Mayence entre 2014 et 2015, le natif d’Aalborg retrouve les Tigres Sauvages de Nordsjælland avant de se voir offrir la possibilité d’entraîner l’équipe nationale. Pressenti pour reprendre le flambeau du Norvégien Age Hareide, dont le contrat arrive à expiration après l’Euro 2020, Kasper Hjulmand prend finalement ses fonctions à l’été 2020. Sur le banc de l’équipe scandinave, le technicien de 52 ans réalise un parcours fantastique en menant ses hommes jusqu’au dernier carré avant d’échouer en prolongation contre l’Angleterre. Après une Coupe du monde 2022 totalement manquée, le Danois a bien l’intention de se racheter. Il pourrait bien nous surprendre, lui qui n’hésite pas à modifier son schéma tactique en fonction de la qualité de son adversaire, alternant entre un 4-3-3 classique et une défense à 3 face à des équipes plus modestes.

La star : Christian Eriksen

L’image avait fait le tour du monde. Lors du match face à la Finlande comptant pour la phase de groupes de l’Euro 2020, l’emblématique milieu de terrain danois s’était effondré en marge de la mi-temps, victime d’un grave malaise cardiaque. Entouré par ses coéquipiers, l’ex-meneur de jeu de l’Ajax Amsterdam et de l’Inter Milan avait été réanimé sur la pelouse par les équipes de secours avant d’être évacué vers l’hôpital de Copenhague. Cette scène effroyable a finalement été le point de départ d’une histoire plus belle qu’elle ne l’était au départ. Huit mois après son arrêt cardiaque, le natif de Middelfart, qui vit depuis avec un défibrillateur automatique sous cutané, a retrouvé sa place au cœur du jeu à force de patience et de courage à Brentford avant d’être rappelé quelques mois plus tard en équipe nationale à l’occasion d’un match amical contre les Pays-Bas, au printemps 2022. Désormais sociétaire de Manchester United depuis l’été 2022, le Mancunien s’apprête à disputer son troisième championnat d’Europe avec les Scandinaves. Bien que son coéquipier sur le front de l’attaque scandinave Rasmus Højlund pourrait bientôt lui ravir ce rang, Christian Eriksen reste la star de l’équipe nationale. Malgré ses difficultés à s’imposer dans le nord de l’Angleterre (28 matchs dont 14 titularisations pour 1 but et 3 passes décisives), l’homme aux 128 sélections (40 buts) avec le Danemark a encore toutes les qualités techniques (intelligence, vision du jeu, qualité de passe) pour tirer les ficelles du milieu de terrain nordique. À 32 ans, Christian Eriksen rêve de guider ses coéquipiers vers le sommet, avant de tirer sa révérence en équipe nationale ?

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L’attraction : Rasmus Højlund

Pour espérer voir plus loin que la phase de groupes, le Danemark pourra s’appuyer sur son atout majeur en attaque, Rasmus Højlund, considéré comme l’un des plus grands talents offensifs danois de cette décennie. Déniché au club autrichien du Sturm Graz par l’Atalanta Bergame, le Danois s’est fait remarquer en l’espace d’une seule saison sous les ordres de Gian Piero Gasperini. Courtisé par les plus cadors européens, Højlund est passé dans une nouvelle dimension en signant à Manchester United contre un chèque moyennant 85 M€, bonus compris. Dès lors, il a suscité de grandes attentes en Angleterre. Brillant en Ligue des Champions, le principal intéressé a dû attendre le mois de décembre pour ouvrir son compteur en championnat. Un soulagement pour l’attaquant danois qui a livré une seconde moitié de saison admirable sur le plan personnel, contrastant avec l’exercice très délicat des Red Devils. Avec 16 buts inscrits et 2 assists pour 43 toutes compétitions confondues pour sa première saison au Royaume de sa Majesté, avec en prime un récent sacre en FA Cup, le natif de Copenhague va désormais mettre le cap sur l’Allemagne. Non convoqué par Kasper Hjulmand pour disputer le Mondial 2022 au Qatar, l’aîné de la fratrie Højlund compte bien faire parler la poudre et marquer l’Euro 2024 de son empreinte. Jusqu’ici, le joueur de 21 ans a toujours fait bonne figure en sélection, en témoigne ses 7 réalisations lors des éliminatoires. Joueur complet, doté d’un très bon jeu de tête et capable de marquer qu’importe l’angle, il a déjà montré qu’il a tout pour être un des grands attaquants de demain. À lui de poursuivre sur sa lancée cet été.

Le calendrier du Danemark

  • Slovénie - Danemark : le 16 juin à 18 heures au MHP Arena de Stuttgart

  • Danemark - Angleterre : le 20 juin à 18 heures au Deutsche Bank Arena de Francfort

  • Danemark - Serbie : le 25 juin à 20 heures à l’Allianz Arena de Munich

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La liste

Gardiens : Kasper Schmeichel (Anderlecht), Frederik Rönnow (Union Berlin) et Mads Hermansen (Leicester)

Défenseurs : Alexander Bah (Benfica), Joakim Mæhle (Wolfsburg), Victor Kristiansen (Bologne), Rasmus Nissen Kristensen (AS Roma), Andreas Christensen (FC Barcelone), Joachim Andersen (Crystal Palace), Simon Kjaer (AC Milan), Jannik Vestergaard (Leicester) et Victor Nelsson (Galatasaray)

Milieux : Christian Eriksen (Manchester United), Pierre-Emile Hojbjerg (Tottenham), Thomas Delaney (Anderlecht), Mathias Jensen (Brentford), Christian Nørgaard (Brentford) et Morten Hjulmand (Sporting)

Attaquants : Rasmus Højlund (Manchester United), Kasper Dolberg (Anderlecht), Jonas Wind (Wolfsburg), Yussuf Poulsen (RB Leipzig), Andreas Skov Olsen (Club Bruges), Mikkel Damsgaard (Brentford) et Jacob Bruun Larsen (Hoffenheim)

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