La vie et l’œuvre de Cuauhtémoc Blanco, la dernière légende du football mexicain

Par Jahed Makhlouf - Alexandre Pauwels
2 min.
Club América @Maxppp

On aurait presque oublié qu’il jouait toujours. Si Cuauhtémoc Blanco courait encore – façon de parler –, il ne le fera plus : après avoir remporté une dernière Coupe avec Puebla, le milieu offensif, 42 ans, a annoncé qu’il raccrochait les crampons. Retour sur une carrière en dents de scie, un footballeur fantastique et un homme atypique, mix rare qui manquera forcément dans un petit monde où la fantaisie tend à disparaître.

Pour beaucoup, il n’est qu’un nom imprononçable et un geste technique, le coup du crapaud – ou Cuauhtemiña –, inventé lors du Mondial 1998. Un constat limité, l’aboutissement logique d’une carrière passée loin des projecteurs du Vieux continent. Mais Cuauhtémoc Blanco est bien plus qu’un nom, bien plus qu’un geste, sinon une véritable légende, la dernière que le football mexicain ait pu engendrer. Un statut qu’il tient tant de ses prouesses que de ses frasques.

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Sale caractère et insolence balle au pied

Loin des standards du football propre, de la dégaine à la manière de jouer, Blanco était un type au sang chaud, héritage d’une enfance passée à Tepito, l’un des quartiers les plus malfamés de México, d’où le football et l’América l’ont tiré de la perspective d’une vie de misère. Coups de sang, embrouilles avec coéquipiers et coaches – Ricardo La Volpe en premier lieu, d’où trois années d’absence en sélection – ont jalonné sa carrière, la provocation constituant sa marque de fabrique… y compris balle au pied.

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La Cuauhtemiña était en effet le simple exemple d’une imposante palette. On dit des champions qu’ils allient au talent un certain degré d’insolence, chez Blanco, cette insolence avait visiblement pris le pas sur les dons naturels. Course d’élan face au cuir sur coups de pied arrêtés, contrôles du dos, services du derrière, transversales lumineuses sans élan, golazos sans effort, le tout en marchant lorsque vint le crépuscule de sa carrière et que sa condition physique désastreuse le contraignait à réduire les courses… le numéro 10 était facile. Un peu trop, sans doute, pour envisager meilleure trajectoire.

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Le Mexique plutôt que le Vieux continent

Du genre à se reposer sur ses acquis, Temo n’avait pas le comportement adéquat pour répondre aux exigences et contraintes inhérentes au plus haut niveau. Ses choix de carrière ne l’ont pas aidé non plus : s’il est le seul Mexicain à avoir marqué sur trois Mondiaux, qu’il vante 122 capes et 38 buts avec El Tri, il lui manque l’expérience aboutie sur le Vieux continent, passage obligé pour qui veut prétendre à une reconnaissance internationale. Or, Blanco n’aura joué que deux ans tronqués à Valladolid, ne quittant par ailleurs ses frontières que pour tenter l’expérience en MLS.

Passé à côté de quelque chose de beau, Cuauhtémoc Blanco ? Sûrement. Et pour ceux qui répondraient qu’il vaut mieux être roi chez soi que bon joueur en terres inconnues, force est de constater qu’en 23 ans de carrière, Temo n’a jamais fait l’unanimité, y compris chez lui au Mexique, pour les raisons déjà évoquées. Il n’y a qu’aujourd’hui, alors que la retraite est officialisée, que les clivages sautent, et qu’un pays tout entier se souvient. Pas d’une frasque, d’un but ou d’un geste venu d’ailleurs en particulier, mais d’un ensemble de choses. Et d’une légende.

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