Un nouveau vent de fraîcheur souffle sur le Club Africain cette saison 2014-2015. Le club tunisien a enregistré l'arrivée d'un nouvel entraîneur avec Daniel Sanchez. De nombreux joueurs ont également été recrutés pour permettre à l'écurie d'atteindre les sommets. Parmi eux, on retrouve un certain Tijani Belaid. Un footballeur au parcours atypique et à la carrière en dents de scie. Portrait.
«J'ai eu plus de bas que de haut tout simplement. J'ai eu aussi beaucoup de malchance. C'est comme ça c'est le football, c'est la vie». À écouter Tijani Belaid, on se rend compte que son parcours d'homme et de footballeur n'a pas été des plus évidents. Eh bien c'est le moins que l'on puisse dire. Pourtant, tout avait bien commencé pour le natif de Paris. Une ville où ce joueur pour qui le football est une passion familiale (son frère Aymen évolue au Levski Sofia, Ndlr), a commencé à tâter le cuir lorsqu'il était plus jeune. «J'ai débuté le football comme ça. Quand tu habites dans le XXème arrondissement de Paris et qu'il n'y a que des stades autour, tu t'y mets forcément. Les stades du Paris FC étaient en face de chez moi». C'est d'ailleurs au PFC qu'il a fait ses gammes de footballeur. Un talent né pour briller qui n'a d'ailleurs pas tardé à taper dans l’œil de grands clubs dont l'Inter Milan. «J'avais 15 ans et j'étais au Paris FC. J'avais l'opportunité de rester en France. Mais l'Inter Milan est venu me voir quatre fois. C'était un recruteur qui s'appelait M. Casiraghi. La quatrième fois qu'il est venu, on a décidé de s'engager d'un commun accord».
Un vrai rêve pour ce Franco-Tunisien qui a découvert les exigences du haut niveau en rejoignant les Nerazzurri en 2004. Un club où il a notamment remporté la Coupe d'Italie Primavera en 2006. Il est également apparu à une reprise avec l'effectif professionnel en 2005 face à la Reggina. Pour continuer à progresser, le milieu offensif a été prêté au PSV Eindhoven. Le lot quotidien de jeunes pousses dans des clubs de calibre européen. En 2007, Tijani Belaid prend finalement son envol et quitte l'Inter Milan. Direction le Slavia Prague. Un choix osé mais assumé comme toujours. «Quand j'étais en Italie, j'avais l'occasion d'y rester et de jouer dans des petits clubs notamment de Serie A, explique Belaid. Mais j'ai préféré rejoindre le Slavia Prague où j'ai joué la Champions League. Beaucoup de personnes n'avaient pas compris ce choix. Après une année à Prague, j'avais reçu déjà beaucoup d'offres. Je n'ai pas regretté. J'ai joué la Champions League et cela m'a été bénéfique». Une belle expérience pour l'international tunisien passé par des moments beaucoup plus délicats par la suite.
Des moments difficiles
En effet, l'évolution de Tijani Belaid a ensuite été stoppée nette. La raison ? Le Tunisien a souffert d'une maladie qui l'a éloigné des terrains en 2010.«J'ai eu la malchance à la fin de mon contrat au Slavia Prague de tomber malade. J'ai eu une hyperthyroïdie, une maladie hormonale. Ronaldo a eu la même maladie mais cela a eu l'effet inverse. C'était une hypothyroïdie. Moi, c'était une hyperthyroïdie. J'ai dû m'arrêter pendant neuf mois. C'était il y a longtemps, mais ça a mis un frein à ma progression et à ma carrière. J'ai mis du temps avant de me remettre dans le bain mais j'ai réussi à revenir. J'ai beaucoup changé de clubs après cela. J'ai vécu de bonnes expériences à Hull City, l'APOEL Nicosie ou encore à l'Union Berlin». Un coup dur, mais pas de quoi démonter ce joueur qui se décrit comme une personne impulsive et généreuse. «Il ne faut pas avoir de regrets. Il ne faut pas vivre dans le passé. Dans la vie, c'est sûr qu'on peut toujours mieux faire. J'ai la chance maintenant de vivre du football. C'est une chance qui est donnée à très peu de personnes. J'essaie de profiter de tout ça au maximum».
Avec force et caractère, Tijani Belaid a donc pu vivre de nouveau de sa passion. Une vraie revanche pour ce milieu offensif qui avait déjà connu d'autres galères auparavant. En janvier 2008, le footballeur né en 1987 a été impliqué dans un accident de la route mortel. «J'étais parti pour jouer la Coupe d'Afrique des Nations. Roger Lemerre était sélectionneur. À l'époque, j'étais un titulaire incontournable en équipe nationale. J'étais sur la route en revenant de l'hôtel et j'ai eu un grave accident de la route. J'ai passé un mois à attendre l'enquête. Je me suis retrouvé à regarder la CAN en prison. C'était une expérience que je n'aurais simplement jamais pu croire vivre. Je pars pour jouer la Coupe d'Afrique et je me retrouve à la regarder en prison. C'est vraiment la malchance de la vie». Un épisode qui l'a forcément touché : «Ça c'est sûr que ça m'a marqué. Il y a eu le décès du frère de mon beau-frère. Ce ne sont pas des expériences faciles. Comme j'ai dit, j'étais parti pour jouer la Coupe d'Afrique, quelque chose qui me tenais à cœur. Je me retrouve à la regarder en prison. C'est un scénario que je n'aurais pas pu imaginer. Dans la pire des situations, je n'aurais pas pu imaginer ça. C'est le destin».
Un nouveau défi avec le Club Africain
Ces deux épisodes digérés, le Tunisien a pu se concentrer sur sa carrière. Véritable globe-trotter, celui qui n'a jamais évolué en France est donc passé par Hull City, l'APOEL Nicosie, Moreirense ou encore le Lokomotiv Plovdiv en Bulgarie. C'est avec une certaine lucidité que ce joueur qui avait le talent pour faire une meilleure carrière jette un regard sur son parcours assez atypique: «Ces expériences m'ont été très bénéfiques. Maintenant concernant ma carrière, non cela ne l'a pas été. Le conseil que je pourrais donner aux jeunes c'est d'essayer de rechercher la stabilité. Changer beaucoup de clubs, ce n'est bénéfique pour personne». La stabilité, c'est donc ce qui l'a motivé à rejoindre le Club Africain lors du mercato d'été 2014 comme il nous l'explique : «Cela faisait quelques années que je pensais à revenir en Tunisie. Le football tunisien commence à énormément progresser. Ils mettent tous les moyens de leur côté. J'ai recherché la stabilité et j'ai obtenu un contrat de deux ans. Je me suis dit pourquoi pas ? J'étais en Bulgarie. J'en avais marre. Il y a eu des retards de paiement et tout ce qui s'ensuit. J'étais fatigué de tout ça. Je recherchais vraiment la stabilité. Je suis dans mon pays en Tunisie. Mes parents sont ici très souvent. Donc je serai souvent avec eux. C'est ça qui m'importe».
International tunisien, Tijani Belaid est l'une des recrues phares du Club Africain version 2014-2015. Un club qu'ont rejoint des joueurs comme Yassine Mikari (FC Lucerne), Nader Ghandri (Arles-Avignon) ou Zied Aidoudi (Guingamp). Un projet ambitieux qui motive le milieu âgé de 26 ans :«Le Club Africain a engagé Daniel Sanchez, un nom connu en France. Il a coaché des équipes de Ligue 1. J'espère qu'il va nous apporter son expérience. Maintenant, il y a beaucoup de recrues qui sont des internationaux. Le club piste encore certains joueurs dont je ne peux pas dire les noms. Le projet commence à être bien. Ils veulent gagner des titres. Je suis heureux d'en faire partie». Désormais au pays, Belaid va pouvoir aussi se rappeler au bon souvenir du sélectionneur de la Tunisie Georges Leekens, en cas de bonnes prestations en club.«Je n'ai jamais dit non à la sélection. Même quand j'étais en Équipe de France -19 ans A ou quand on m'appelait pour la sélection tunisienne A.. Même après l'accident, je n'ai jamais dit non.(...) Là, ça fait un moment que je n'ai pas été appelé. La dernière sélection en date, c'était avec Bertrand Marchand (en 2009-2010, Ndlr). Mais quel joueur tunisien ne pense pas à la sélection et ne l'a pas dans un coin de sa tête? C'est impossible. J'ai été sélectionné de nombreuses fois. C'est normal que j'y pense toujours. Pour l'instant on est en préparation avec mon club et c'est ça qui m'importe». Des défis plein la tête, voici comment le très positif Tijani Belaid aborde donc cette nouvelle saison, lui qui a vécu le meilleur... mais aussi le pire.
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