L’Allianz Riviera, théâtre d'une nouvelle soirée en enfer
Opposé au FC Cologne, jeudi soir, l'OGC Nice n'a pu faire mieux qu'un match nul (1-1) face aux Boucs à l'occasion de la première journée de la phase de poules de Ligue Europa Conference. Un résultat anecdotique au regard des violents affrontements survenus en marge de cette rencontre.
Le chaos. Voilà comment définir cet OGC Nice - FC Cologne. Une tristesse. Absolue. Et un nouveau sentiment de honte. Loin de la pelouse, loin d'un geste technique, loin des valeurs qui définissent ce sport, cette rencontre européenne a, en effet, viré au cauchemar avant même le début des hostilités, ce jeudi soir. Décalé de 55 minutes, le coup d'envoi a ainsi été donné à 19h40. Dominés en première période, les Aiglons ont, certes, fait meilleure figure lors du second acte pour égaliser par l'intermédiaire d'Andy Delort mais le football était malheureusement loin de toutes considérations à l'issue d'une soirée déjà marquée par la disparation de la reine d'Angleterre.
Résultat d'une haine inexplicable ? Une trentaine de blessés et le pire évité de peu. Parmi les individus touchés, un Français, présent au milieu des Allemands, qui souffre, ce matin, de blessures superficielles après avoir reçu un coup de couteau de la part d'un fan de Cologne. Un autre, longtemps au bord de la mort... Tombé de cinq mètres, ce supporter parisien a en effet vu son pronostic vital engagé, à en croire les informations de la préfecture des Alpes-Maritimes. Il se réveillera finalement avec une omoplate et quelques côtes cassées. Un moindre mal au regard de la violence des coups échangés...
«C'est (Marcin) Bulka (à l'échauffement lors des incidents) qui nous a expliqué ce qu'il s'était passé. Au début, on était un peu inquiets pour nos familles. Mais les supporters niçois n'ont rien à se reprocher. Je les félicite pour leur comportement. Voir des hooligans qui rentrent pour se battre... On l'a vu toute l'après-midi en ville de toute façon», expliquait, en ce sens, Andy Delort après la rencontre. Et pour cause, si l'avant-match a livré des scènes effrayantes, l'après-midi n'a pas non plus été le théâtre d'une ferveur saine et digne de ce genre de rendez-vous. Loin s'en faut. Si la boutique de l'OGC Nice, situé place Massena, dans le centre-ville, se voyait détériorer, les quelques individus cagoulés avaient déjà prévu d'en découdre dès 17h30. Non loin de l'Allianz Riviera, plusieurs mouvements de foule ont alors eu lieu.
Des scènes choquantes, une rencontre maintenue !
Nez cassés, odeur de sang, nuage de lacrymogène. Le descriptif d'une violence extrême. Le résultat des premiers affrontements avec des forces de l'ordre, rapidement dépassés. Comme le rapportait RMC Sport dans la soirée, plusieurs policiers de terrain présents dans le dispositif de sécurité mis en place à l'extérieur ont ainsi été dépassés juste avant la rencontre. Pour eux, «le dispositif n'était pas assez conséquent» pour un match annoncé «comme tendu» depuis plusieurs jours. A noter que pour cette confrontation, les effectifs étaient passés de 200 agents pour un match classique à 300. Des moyens humains clairement insuffisants pour canaliser ces dizaines de hooligans. Profitant d'un stade bien trop facile d'accès, ces derniers ont finalement pu se diriger vers le kop niçois pour en découdre.
Parmi ces individus, des supporters parisiens, venus d'Auteuil, ont d'ailleurs pu être identifiés par leurs tatouages et leur cagoule. Des individus se revendiquant du groupe ‘Supras Auteuil', dissous en 2010. Scène encore plus choquante, sur les réseaux sociaux, différentes vidéos montraient également des stadiers de l'Allianz Riviera être en difficulté et user d'objets pour taper les supporters pendant les heurts. C'est décevant de voir ça. Ça ne devrait pas exister. On n'était pas sûrs de jouer. Je pense que c'était une bonne chose de faire ce match, concédait, malgré tout, Lucien Favre. Et pour cause, si la rencontre était durant de longues minutes remise en cause, l'opposition a finalement bien eu lieu. Une décision prise lors de la réunion de crise où le représentant de l'UEFA et celui la préfecture des Alpes-Maritimes se sont alors prononcés pour le maintien de cette rencontre. Interrogé à ce sujet après la rencontre, le technicien des Aiglons a notamment rappelé les difficultés de calendrier, empêchant les différents acteurs d'envisager une autre solution.
Si on a joué ? «Pour la bonne et simple raison qu'il n'y avait pas de date possible après. C'était impossible d'en trouver [...] Je pense que c'était une bonne chose de faire ce match», avouait Favre. Pas de quoi cependant convaincre la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, choquée par la violence d'une nouvelle soirée honteuse. «Il y en a marre, il y en a vraiment marre que notre sport soit sali de cette façon, qu'on ne puisse plus se dire qu'on va avec ses gamins de manière sereine et sécurisante dans un stade. J'ai l'estomac noué parce que ça recommence, Nice-Cologne, avec des violences inouïes, des images choquantes sur les réseaux sociaux. Il faut vraiment qu'on trouve tous ensemble les solutions pour traverser ça, qu'on fasse en sorte que cette violence qui pénètre de plus en plus dans notre société s'arrête au moins à la porte de nos stades», a ainsi réagi la ministre dans le cadre d'un événement avec des sponsors organisé par Sporsora. L'appel à une responsabilité collective, au risque de voir cette violence inouïe, ces barres de fer et ce couteau achever le football.
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