Ligue Europa Conférence : l’Olympiakós, le dernier espoir d’un football grec en pleine crise

Par Valentin Feuillette
8 min.
Le président de l'Olympiakos, Evángelos Marinákis @Maxppp

Alors que le football grec et le club du Pirée traversent une crise importante, l’Olympiakós affronte à domicile le club hongrois de Ferencváros, en barrage aller de la Ligue Europa Conférence. Une rencontre importante pour le football hellénique pour de multiples raisons.

Qu’elle semble lointaine l’époque où les clubs grecs étaient le piège absolu à éviter en Ligue des Champions. Alors que le Panathinaïkós et l’AEK Athènes ont terminé derniers de leur groupe respectif de la Ligue Europa, le club de l’Olympiakós est l’ultime équipe grecque en lice dans l’une des trois compétitions européennes cette saison. En effet, les troupes du Pirée ont sauvé l’honneur national avec cette troisième place dans le groupe A de la Ligue Europa (West Ham, Fribourg, Bačka Topola), ce qui leur a permis d’être rebasculées en Ligue Europa Conférence. En ce sens, l’Olympiakós représente le dernier espoir de redonner ses lettres de noblesse au football grec cette saison. Les Erythrólefkoi accueillent ce jeudi soir, sur la pelouse du stade Karaïskakis, le club hongrois de Ferencváros, en barrage aller de la compétition. Une rencontre qui prend un double sens important. D’un côté, l’équipe athénienne traverse une crise sportive avec une triste 4ème position en championnat, avec six points de retard sur le leader du PAOK malgré une rencontre supplémentaire disputée. De l’autre, le football grec, de manière générale, doit encaisser un nombre incalculable de polémiques cette saison.

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Pour placer les fondations, petit point historique. La dernière participation de l’Olympiakós à une phase finale de Ligue des Champions remonte à la saison 2013/2014. Quant à la Ligue Europa, le club grec y a joué les 8es de finale en 2020/2021. Alors que les Erythrólefkoi ont un besoin urgent de trophées, la Ligue Europa Conférence représente un moyen de se rassurer en interne. Si le club grec reste sur plusieurs succès ces dernières saisons en championnat avec six titres sur les dix dernières saisons de Greek Super League, l’Olympiakós n’a néanmoins remporté que deux Coupes de Grèce sur les dix dernières années (2015, 2020). Pire encore cette saison, le club du port d’Athènes est très mal en point en championnat. Cette actuelle 4ème place pourrait bien devenir la pire position de l’histoire du club depuis la saison 1989/1990 - si cela venait à rester comme tel, il reste quatre journées. La qualification pour les Playoffs est déjà verrouillée mais la campagne nationale est, en tout point, l’une des plus tragiques pour l’Olympiakós, club le plus titré de Grèce avec 47 titres de champions et 28 coupes nationales.

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Un changement récent d’entraîneur

Pas un, pas deux, pas trois mais quatre entraîneurs. Tel est le nombre de tacticiens que le club grec a eu besoin jusqu’à ce jour pour essayer de trouver des solutions. La saison a débuté sous la houlette de Diego Martínez jusqu’au 4 décembre 2023. Ensuite, le coach portugais, Carlos Carvalhal, a pris la relève, avant d’être limogé le 8 février. L’intérim a été assuré par Sotiris Silaidopoulos. Et dimanche dernier, la direction athénienne a décidé de nommer l’ancien coach du Séville FC, l’Espagnol José Luis Mendilibar, pour panser les maux pluriels dont souffre le club grec : «L’Olympiakós FC annonce le début de sa collaboration avec l’entraîneur José Luis Mendilibar Etxebarria. Né le 14 mars 1961, à Zaldibar, l’entraîneur basque prend les rênes de la Thrýlos, après avoir entraîné Séville et remporté la Ligue Europa en mai dernier. Il compte 468 matchs de LaLiga, aux commandes de l’Athletic Bilbao, du Real Valladolid, d’Osasuna, de Levante, d’Eibar, d’Alavés et de Séville. Âgé de 63 ans, il a fait ses premiers pas en tant qu’entraîneur dans le centre de formation de l’Athletic, avant de faire ses débuts avec l’équipe première lors d’un match européen en 2009. L’Olympiakós FC souhaite la bienvenue à M. Mendilibar dans notre famille», était-il écrit dans le communiqué officiel publié sur le site du club.

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Fraîchement arrivé, l’entraîneur espagnol natif de Zaldibar veut y croire et est bien déterminé à soigner l’Olympiakós : «Tout d’abord, je sais que je suis arrivé dans un grand club. L’Olympiakós est un grand club. Le fait que je sois arrivé en milieu d’année signifie que les choses ne se sont pas bien passées. Je fais partie d’une grande équipe et je ne peux m’empêcher de dire que j’espère tout. J’ai l’ambition de tout gagner, les possibilités sont illimitées, mais nous avons aussi des adversaires puissants à affronter. Mais il n’y a rien qui soit hors de propos. On ne sait jamais quel est le résultat idéal quand il y a un deuxième match à suivre. Vous ne savez pas quel est le résultat approprié. Bien sûr, nous voulons gagner. Nous allons essayer de jouer un bon match et d’obtenir un bon résultat pour pouvoir nous qualifier pour la phase suivante. C’est un tour de qualification entre deux équipes qui veulent gagner, qu’elles jouent de manière agressive ou avec l’aide de la chance, elles veulent toutes les deux se qualifier. La clé du match n’est pas facile à expliquer car lors d’un match il se passe des choses que l’on n’avait pas prévues. S’il était aussi simple de savoir à l’avance qu’il faut faire certaines choses pour gagner, ce serait simple pour tout le monde», a-t-il affirmé en conférence de presse mercredi, précisant également qu’il avait contacté avant de prendre ses fonctions, un autre entraîneur basque, Ernesto Valverde, ancien coach du Pirée (2008-2009).

Un football grec aux milles polémiques

Et si la chute de l’Olympiakós était finalement qu’un parfait symbole de la situation du football grec ? Transition toute trouvée, il est important de rappeler que le président du club athénien, Evángelos Marinákis, était aussi le patron de la Ligue grecque jusqu’à sa démission en décembre 2023. Une motion de censure avait été proposée par de grands clubs grecs tels que le PAOK, le Panathinaïkos et l’AEK Athènes. Trois clubs qui menaient une campagne contre l’homme d’affaires depuis plusieurs mois. Alors que le football grec traverse une grave crise économique et sociale avec de nombreuses affaires de violences dans les stades, la situation est devenue de plus en plus alarmante. La présidence de la ligue est actuellement assurée par Katia Koxenoglou par intérim. La vice-présidente et directrice générale du club d’Atromitos remplace temporairement Marinákis : «Si on le prend depuis mes débuts dans le football, depuis le secrétariat j’ai parcouru tous les postes et je suis contente car je peux actuellement gérer et comprendre tous les postes et tous mes partenaires, les problèmes auxquels ils sont confrontés et pouvoir les aider. J’ai évolué avec l’équipe et j’ai prouvé que j’en étais capable. Je peux dire que c’était définitivement un parcours difficile pour moi, qui n’aurait peut-être pas été si difficile pour un homme. Il y a eu des moments où j’avais envie de partir. J’ai compris qu’ils me regardaient comme pour me dire "bon, ok, maintenant qu’est-ce que tu as à nous dire". D’un autre côté, cependant, je serais ingrate si je disais que cet endroit ne m’avait pas montré de l’appréciation, du respect, il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui», a-t-elle déclaré dans l’une de ses rares interviews. Elle est la première femme à occuper un tel poste dans le football grec. Mais le ballon rond grec ne s’écroule pas qu’en interne, la politique s’y mêle.

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Le 5 décembre, les arbitres grecs ont décidé de lancer une grande grève historique pour une durée indéterminée, suite aux agressions dont a été victime l’arbitre, Andreas Gamaris, à son domicile et au magasin de sa famille, ainsi que les menaces des ultras de l’Olympiakós contre Anastasios Papapetrou et sa famille suite à de mauvaises décisions d’arbitrage. Le match Volos – Olympiakós a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, appelant à une meilleure protection des arbitres. Cette grève a finalement pris fin le 13 décembre. En dehors du football, un ensemble de nouvelles mesures a été décidé après la blessure grave et la mort d’un policier touché par un pétard aérien, lors des incidents survenus à l’extérieur du stade, lors du match de volley-ball entre l’Olympiakós et le Panathinaikos. Le club du Pirée a même accusé les institutions grecques d’être une mafia et de se placer en anti-Olympiakós : «Le football grec est dirigé par une organisation criminelle. Un groupe de personnes qui opèrent selon les normes de la mafia et dont le seul but est d’exterminer l’Olympiakos. L’État et les autorités judiciaires qui, dans le passé, avaient montré un zèle particulier pour la prétendue purification du football, ordonnant même la surveillance des téléphones de la moitié des joueurs, sont aujourd’hui complètement indifférents, déclarant directement qu’ils ne sont pas impliqués et laissant au football le sort noir que lui ont réservé la mafia et le para-étatique. Honte à tous et surtout aux responsables corrompus !», ont écrit les dirigeants en décembre dernier dans un communiqué officiel en bonne et due forme. Vous l’aurez compris, ce match contre Ferencváros est bien plus qu’un simple match pour l’Olympiakós et pour le pays tout entier. Mourir ou survivre. C’est la mission.

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