Raphaël Varane balance violemment sur Erik ten Hag et Manchester United
À seulement 31 ans, Raphaël Varane est un jeune retraité des terrains de football. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à évoluer dans ce milieu, lui qui a connu des hauts et des bas durant sa carrière.

Le 25 septembre dernier, Raphaël Varane a décidé de dire stop. Miné par les blessures, le Français, qui avait signé à Côme depuis quelques semaines, a estimé qu’il était temps d’arrêter sa carrière de footballeur professionnel. «C’est avec une immense fierté et un sentiment d’accomplissement que je vous annonce ma retraite du jeu que nous aimons tous. Je me retire au plus haut standard, je veux sortir par la grande porte ne pas m’accrocher au jeu. Il faut une grosse dose de courage pour écouter son cœur et son instinct. Désir et besoins sont deux choses différentes. Je suis tombé et ressuscité mille fois, et cette fois, c’est le moment de m’arrêter et de raccrocher mes crampons avec mon dernier match en remportant un trophée à Wembley», a-t-il expliqué sur ses réseaux sociaux. Pratiquement cinq mois plus tard, l’ancien joueur du Racing Club de Lens baigne toujours dans le milieu du ballon rond.
Une retraite anticipée
En effet, depuis le 19 octobre dernier, il est «membre du conseil d’administration, conseillant sur le développement de la jeunesse, l’éducation et l’innovation des produits» à Côme. En parallèle, il occupe de manière ponctuelle un rôle d’éducateur auprès des jeunes l’écurie italienne. Il accueillera d’ailleurs cet été un camp d’entraînement pour les jeunes, associant football, éducation et culture. «J’aime construire des projets qui ont une vision, une stratégie pour construire des choses innovantes. C’est ce côté innovant qui me plaît. Nous voulons créer quelque chose où ils (les jeunes) puissent vraiment comprendre comment progresser et leur offrir une expérience unique qui les marquera en tant que joueurs, mais aussi en tant que personnes. Transmettre certaines valeurs qui leur serviront bien quoi qu’il arrive», a précisé le champion du monde 2018 à The Athletic.
Un média auquel il a donné une longue interview, où il a feuilleté l’album souvenir de sa longue et riche carrière. Forcément, il a été question du Real Madrid. Un club où il a connu ses heures de gloires mais qu’il a décidé de quitter après une décennie pour se challenger. « J’avais l’impression que je ne pouvais pas faire plus que ce que j’avais déjà fait, que je ne pouvais pas évoluer comme je le voulais. Madrid a été exceptionnel, mais j’avais déjà tout fait.» Il a finalement rejoint Manchester United. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu chez les Mancuniens. La première année, il a connu trois entraîneurs différents, à savoir Ole Gunnar Solskjaer, Michael Carrick (intérimaire) et Ralf Rangnick. La saison suivante, Erik ten Hag est arrivé à la tête de l’équipe première de MU. Un entraîneur totalement différent de ce qu’il avait pu connaître avant, notamment à Madrid avec Carlo Ancelotti, qui était proche de ses joueurs selon lui, ou encore Zinedine Zidane, qui donnait beaucoup de confiance à ses troupes.
Il balance sur ETH
ETH, lui, n’a pas vraiment véhiculé la même impression. «C’était l’inverse (du Real Madrid) avec des schémas de jeu assez rigides définis à l’avance. Il y avait très peu de flexibilité en termes d’adaptation sur le terrain. Les plans de jeu étaient très, très précis, avec beaucoup et beaucoup d’informations». Habitué à être en autonomie, notamment avec les Bleus, l’ancien défenseur ne se sentait pas à son aise avec le Néerlandais. «C’était différent. Nous pouvions nous dire : "tu dois le faire plus comme ça", au lieu d’un système qui était, disons, un peu bloqué par les instructions de l’entraîneur.» Un coach avec lequel ses relations n’étaient pas très bonnes. «C’était très tendu parfois. Parfois, il faisait un effort pour écouter les retours des joueurs. Parfois, il prenait des décisions sans écouter les sentiments des joueurs. Donc, il y avait des hauts et des bas. C’était compliqué parfois.»
Notamment lorsque le coach hollandais l’a déclassé puisque Varane a dégringolé dans la hiérarchie des défenseurs centraux la saison dernière. « Nous avons eu une discussion animée. Nous nous sommes dit certaines vérités, mais ensuite je n’ai pas joué pendant presque deux mois. J’ai dit que je n’étais pas d’accord avec certaines façons de faire concernant la relation entre lui et l’équipe. Ce n’était pas quelque chose que je pensais être bon pour l’équipe parce que certains joueurs n’étaient pas du tout satisfaits. Ce n’était pas bon en termes de relation avec l’entraîneur. Il a dit ; "OK, j’entends ce que tu as dit" et après ça, je n’ai plus joué.» Il n’est pas le seul joueur à avoir eu des soucis avec ETH, puisque Cristiano Ronaldo et Jadon Sancho ont également eu des accrochages avec lui. Selon Varane, Ten Hag a voulu faire des exemples avec ces deux joueurs car il « voulait gagner le respect par la peur, peut-être ».
Le Néerlandais a eu des têtes de Turcs
Il précise : « il avait toujours besoin d’un exemple de joueur qui était seul tout le temps qu’il était à Manchester. Il le faisait avec au moins un joueur important de l’équipe. Il était toujours en conflit avec certains leaders du groupe. C’est sa façon de gérer.» Raphaël Varane, qui a eu le sentiment que Ten Hag ne l’a utilisé à nouveau que parce qu’il n’avait que lui sous la main en raison des nombreuses blessures dans le groupe anglais, a enchaîné les rencontres avant de retrouver l’infirmerie. Ce qui a souvent été le cas durant sa carrière. « Ce n’est pas seulement le problème de Manchester United, c’est un problème mondial. Les choses empirent de plus en plus. C’est un système qui a mis les joueurs dans la zone rouge.» L’ex-joueur du Real Madrid, qui n’a pas forcément digéré la façon de faire de son ancien entraîneur, a malgré tout gardé quelques bons souvenirs de lui notamment lors de la victoire en FA Cup contre Manchester City.
« Je dois aussi reconnaître ce qui a été positif (dans la gestion de Ten Hag). Il m’a donné la tranquillité d’esprit nécessaire pour revenir de ma blessure et disputer la finale de la FA Cup. Il comptait sur moi. C’était très positif, car cela m’a permis de jouer mon rôle dans l’équipe. Nous avons eu des hauts et des bas. Je ne peux pas dire que tout était mauvais. Il y a eu des moments compliqués. Je voulais le meilleur pour l’équipe. Parfois, je disais des choses au coach, pas pour moi, mais pour l’équipe, ou parce que les joueurs ressentaient des choses. La finale de la FA Cup n’avait rien à voir avec le fait de lui prouver quelque chose. Ma motivation était de réussir avec l’équipe, de rendre les supporters heureux et surtout de vivre cette sensation d’entrer sur le terrain comme un gladiateur qui revient victorieux. C’est la meilleure sensation.» Avant ce succès, Varane a expliqué que Ten Hag ne savait pas s’il allait rester avec l’arrivée d’Ineos.
Les coulisses surprenantes de MU
« J’ai été surpris qu’il soit resté. Le lien avec le groupe n’existait plus (…) Je ne savais pas qui serait l’entraîneur. Je ne savais pas s’ils voulaient beaucoup changer l’équipe ou non. Je n’avais aucune visibilité, donc c’est difficile de s’engager quand on ne sait pas exactement à quoi on s’engage.» Il est donc parti librement. « Ce n’était pas un problème », a déclaré le Français, surpris par la gestion de MU au quotidien. « Même de l’intérieur, en tant que joueur, il n’y avait pas de structure claire sur la façon dont les choses allaient fonctionner. Il n’y a pas eu de méthodologie fixe depuis des années. À Madrid, ils ont une façon définie de faire les choses à tous les niveaux du club. À Manchester, ce n’était pas assez clair ou défini pour savoir comment recruter, comment jouer, comment communiquer. Il n’y avait pas les mêmes procédures, les mêmes processus, la même structure.»
Il poursuit : « ce n’est pas la responsabilité d’une seule personne. C’est là le problème : on ne sait même pas à qui revient la faute. Il faut que ce soit dans la structure globale de l’organisation. Il y avait trop de personnes impliquées dans le processus de prise de décision, donc on ne savait pas qui prenait vraiment les décisions. Je ne peux pas dire qui était responsable, je ne sais pas. C’était un peu de tout le monde et un peu de personne. À Madrid, on voit que depuis des années, il y a un cadre. Un joueur s’ajoute, certains partent, mais il y a toujours une base solide. Quand on recrute des jeunes joueurs talentueux, ils doivent apprendre avant de pouvoir jouer. Cela leur donne le temps de se développer. Quand je suis arrivé, à 18 ans, je n’avais aucune responsabilité dans le vestiaire. J’étais juste là pour apprendre. À United, ils peuvent recruter un jeune joueur très cher et le faire jouer immédiatement, avec toutes les responsabilités qui en découlent dans un championnat extrêmement difficile. Il a immédiatement un poids énorme sur les épaules.»
Un changement nécessaire
Il conclut : «il faut être capable de construire une stratégie à long terme tout en résistant à la pression quotidienne et aux matches tous les trois jours. C’est ça qui est difficile. Depuis des années, les supporters s’attendent à gagner immédiatement. Ceux qui prennent les décisions pour atteindre ces objectifs veulent les atteindre tout de suite. Dans la tempête, il faut être calme et savoir que l’on construit quelque chose. Parfois, quand la tempête arrive, il faut prendre des décisions rapides, changer quelque chose. Au Real Madrid, les gens acceptent la pression et savent vivre avec. Quand je dis que les joueurs sont dans les meilleures conditions à Madrid, c’est parce qu’on essaye de les protéger de cette pression. Il y a déjà suffisamment de pression sur le terrain, avec les supporters, les médias et les réseaux sociaux. C’est pour cela qu’il y avait une atmosphère un peu protectrice autour des joueurs à Madrid. C’est le club où il y a sans doute le plus de pression. Mais que ce soit l’entraîneur ou la façon dont le club gère les situations difficiles, c’est vraiment une protection contre cette pression. À Manchester, ce n’était pas le cas.»
Malgré tout cela, il garde un profond attachement envers MU et ses supporters. «C’est un club exceptionnel, magique et unique. J’ai tellement de respect et d’amour pour le club que je ne peux qu’être positif. Même quand je dis des choses qui ne vont pas bien, c’est bien intentionné et constructif. Je ne veux pas pointer du doigt quelqu’un. Je souhaite simplement bonne chance au club et j’espère qu’il réussira.» De son côté, Raphaël Varane poursuit son bonhomme de chemin de l’autre côté des Alpes. « Côme est un projet spécial. C’est une vision différente. C’est une question d’ambition, mais aussi de valeurs. C’est aussi un cadre très spécial, un endroit où je peux apporter ma contribution et aider à développer le club.» Le Français de 31 ans aura de quoi faire, avec toute l’expérience engrangée en équipe de France, ainsi qu’au RC Lens, au Real Madrid ou encore à Manchester United.
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