OM : Gennaro Gattuso est déjà en pleine tempête !
Arrivé sur le banc de l’Olympique de Marseille le 27 septembre dernier après le départ de Marcelino, Gennaro Gattuso n’avait pas tardé à convaincre de nombreux observateurs, notamment pour ce côté fédérateur. Pourtant, depuis son intronisation, le technicien italien présente un bilan comptable loin d’être flatteur. De quoi générer les premiers doutes à son encontre…
Les déclarations successives du vestiaire marseillais ne trompent pas. À l’OM, Gennaro Gattuso est un homme apprécié. Arrivé en pleine tempête dans la cité phocéenne, le technicien italien, réputé pour son tempérament sulfureux, a rapidement redonné une certaine sérénité au club olympien, à l’heure où ce dernier vivait une grosse tempête sous l’ère Marcelino. Preuves de ce côté fédérateur, les louanges régulières dressées par son vestiaire. D’Ismaïla Sarr à Pierre-Emerick Aubameyang en passant par Amine Harit ou encore Geoffrey Kondogbia, le Transalpin semble faire l’unanimité. «C’est un ensemble, il nous apporte beaucoup. Son premier message, c’est de dire : "tu loupes, ce n’est pas grave, on loupe tous." Ça fait du bien, ça relâche un peu la pression. Nos résultats ne sont pas suffisamment bons, mais dans le contenu, c’est mieux sur ces 4-5 derniers matchs», assurait, en ce sens, Jordan Veretout quelques heures avant la réception de l’OL, finalement reportée au 6 décembre prochain après les graves incidents survenus en marge de cette rencontre.
La méthode Gattuso ne prend pas !
Oui, mais voilà, si le Transalpin de 45 ans est régulièrement encensé pour ses qualités de meneur d’hommes, l’essai sur le terrain n’est clairement pas transformé. Proche de ses joueurs et déterminé à l’idée de leur insuffler cet esprit de combativité - tout en faisant preuve de caractère et de dépassement de soi - l’ancien coach du Valence FC essuie, week-end après week-end, les déceptions comptables. Dans cette optique, la première place de l’OM dans le groupe B de la Ligue Europa ne peut faire oublier les nombreuses failles actuellement observables et la triste 10e place en championnat en est le parfait symbole. Si certains optimistes se rassureront en clamant que les Phocéens disposent encore d’un match en retard et pourraient donc remonter au 6e rang en cas de victoire, la victoire finale face à l’OL, fort de son premier succès cette saison, est encore loin d’être acquise. Et quand bien même…
Dimanche, en clôture de la 12e journée de Ligue 1, cet OM version Gennaro Gattuso nous a ainsi offert une nouvelle purge. Défaits dans les ultimes secondes sur la pelouse du RC Lens (0-1), les Olympiens confirmaient alors cette inquiétante dynamique. Plutôt solide défensivement, mais incapable d’apporter le danger aux abords de la surface adverse - à l’image des nouvelles sorties cauchemardesques de Vitinha, Joaquin Correa ou encore Ismaïla Sarr - le club marseillais renforçait sa complicité avec l’ennui. Architecte de ce 4-2-3-1, l’ancien milieu légendaire de l’AC Milan observait alors ses ouailles livrer un spectacle à l’image de celui proposé par la Ligue 1 depuis le début de saison : inquiétant. Amorphe collectivement, trop peu inspiré offensivement et jamais en réelle maîtrise, l’OM semble, aujourd’hui, à l’arrêt. Un bilan plus que jamais préoccupant à l’heure où Gattuso était attendu comme le générateur d’un vent nouveau.
Une situation comptable alarmante !
Au-delà du ressenti laissé par les Phocéens sur le terrain et d’un projet de jeu encore difficilement lisible, les chiffres, eux, interpellent. Ainsi, avec ce nouveau revers en terres lensoises, l’OM a perdu ses 4 derniers déplacements en Ligue 1, soit sa plus longue série de défaites hors de ses bases dans l’élite depuis janvier-avril 2002 ! Une statistique éloquente qui en précède d’autres… Sur les 12 premières journées, les Phocéens sont, par ailleurs, restés muets à cinq reprises. De quoi, là aussi, confirmer la crise traversée par les Olympiens sur le plan offensif (12 petits buts marqués). Enfin, plus alarmant encore, l’OM n’a remporté que six petits points lors de ses huit derniers matches de Ligue 1. C’est autant que l’OL, lanterne rouge, sur la même période… À la tête de ce navire à la dérive, Gennaro Gattuso présente alors, logiquement, un bilan loin d’être convaincant (3 victoires, 2 nuls et 3 défaites depuis son arrivée).
D’ores et déjà distancé de la course pour le podium avec 11 unités de retard sur l’AS Monaco, troisième, l’OM va désormais devoir faire table rase du passé et profiter de cette trêve internationale pour revenir avec de meilleures intentions. Une coupure aux allures d’aubaine même si l’inquiétude est de mise. Interrogé, en conférence de presse, sur ses débuts à l’OM, Gennaro Gattuso ne pouvait d’ailleurs pas cacher son scepticisme. «On doit faire beaucoup mieux pour gagner des points, on doit faire beaucoup plus d’efforts sur le plan technique et gagner les duels. Si vous me demandez si je suis inquiet, oui, je le suis tout de même un peu. On va devoir travailler, notamment au niveau mental, parce qu’on vient de perdre un match à la 90e minute. On voit aussi des joueurs qui pressent seulement à 50 ou 60 %, ce n’est pas possible. On va travailler pour essayer de résoudre ces problèmes». Un tacle appuyé envoyé à ses joueurs, traduisait là aussi d’un climat devenant de plus en plus anxiogène sur la Canebière.
Des signaux encourageants ?
«On n’a pas souffert que sur le plan physique, ce qui m’embête, c’est qu’on joue avec trop de frénésie devant, de manière trop verticale. On a été trop approximatif techniquement. L’OM est un club qui exige de faire des résultats», ajoutait également le coach marseillais, préoccupé par cette spirale négative. Loin d’être le seul responsable du déclin phocéen - la direction sportive olympienne est régulièrement pointée du doigt, notamment pour ses choix lors du dernier mercato estival - Gattuso ne cherche cependant pas à s’exempter des critiques. De son propre aveu, il est lui aussi à blâmer pour ses choix et cette incapacité à réunir l’ensemble de son groupe autour du même niveau d’implication. «En tant que coach, c’est ma faute si je ne parviens pas à tirer 100 % des joueurs. Nous avons des joueurs de valeur, nous avons aussi des absents notamment au milieu. Mais j’assume pleinement mes erreurs dans les choix que j’effectue». Si le tableau dressé est globalement sombre, plusieurs éléments explicatifs peuvent, cependant, tempérer cette situation angoissante.
Dans cette optique, rappelons que le technicien marseillais, qui n’a pas eu la main sur la préparation physique de son groupe, a dû composer avec plusieurs blessures au cours des dernières semaines (Valentin Rongier, Samuel Gigot, Azzedine Ounahi, Pierre-Emerick Aubameyang, Paul Lopez, Geoffrey Kondogbia) et un calendrier loin d’être évident (Monaco, Brighton, Le Havre, Nice, AEK, Lille, AEK et Lens, soit aucune équipe en dessous de la 7e place). Arrivé avec des idées bien différentes de celles proposées par Marcelino, notamment sur le plan tactique (passage du 4-4-2 au 4-2-3-1) l’ancien coach du Napoli aura également besoin de temps pour imprégner sa philosophie. S’il est déjà parvenu à ramener une cohésion certaine dans le vestiaire, les automatismes sur le terrain sont encore à parfaire. Bien que cela ne devrait pas atténuer la crainte de certains supporters, d’autres statistiques laissent, par ailleurs, quelques signaux encourageants.
Toujours invaincu à domicile cette saison, l’OM peut, à ce titre, compter sur une assise défensive retrouvées. Avant de voir le Transalpin débarquer dans le sud de la France, l’OM venait d’encaisser 7 buts en 2 matches (PSG, Ajax) et concédait en moyenne 1.44 but par match. Un ratio qui a, aujourd’hui, chuté à 1 but par rencontre depuis l’intronisation de Gattuso. Précisons, par ailleurs, que le club marseillais est celui de L1 ayant le plus gros déficit d’expected points (+ 6,02 points), juste derrière Lyon (+6,28 points). Enfin, dans une L1 aussi décevante par le niveau que resserrée comptablement parlant, l’OM n’affiche, à l’heure actuelle, qu’un retard de 7 points sur les places européennes, le tout avec un match en moins. Une série positive pourrait alors permettre aux Olympiens de rapidement redresser la barre. Une chose est sûre, si cette trêve internationale tombe à point nommé pour le Transalpin, le réveil marseillais est désormais attendu. Le temps presse et le déplacement à Strasbourg, le 25 novembre prochain, revêt déjà un caractère vital.
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