Clément Grenier terrassé par une douleur à la zone pubienne, Yoann Gourcuff revenant tout doucement de blessure... Au début de saison, l'Olympique Lyonnais naviguait en eaux troubles concernant le poste de meneur de jeu, privé des deux éléments censés être les patrons de l'entrejeu rhodanien. Sans leur deux maîtres à jouer, les Gones ont donc dû tenter un coup, nommé Nabil Fekir. Alternant la saison dernière entre le groupe professionnel et la réserve, le gaucher s'est fait une place de choix dès la reprise, à l'image d'un match amical de toute beauté face au Shakhtar Donetsk (4-1), avec notamment un but à la clé. Les bases de son éclosion posées, le numéro 18 a su enchaîner. En dépit d'une blessure qui l'a contraint à céder sa place au cours du premier match de Ligue 1 (victoire face à Rennes 2-0), le feu follet reprenait sa marche en avant dans la foulée. Et de trouver le chemin des filets à 3 reprises en 6 matches, dont un doublé face à Lorient.

L'avenir semble radieux pour celui qui, il ne faut pas l'oublier, avait été mis de côté par l'OL en 2008. Alors âgé de 15 ans, le jeune Fekir n'avait pas su convaincre le club rhodanien de miser sur lui. S'ensuit alors un retour au monde amateur, sous les couleurs de l'AS Saint-Priest (entre 2008 et 2011), formation au sein de laquelle il a notamment côtoyé Annouar Aïachi. Un défenseur qui ne garde que de bons souvenirs de celui qui fait maintenant le bonheur de l'OL : « C'était un garçon super gentil, discret. Il n'aimait pas se mettre en avant, mais discutait avec tout le monde. Tout le monde l'appréciait pour son caractère. À l'époque, sa plus grosse qualité c'était la technique. À l'entraînement comme en match, c'était un truc de fou, il sortait des trucs que lui seul pouvait faire. Il avait également une vitesse qui laissait tout le monde sur le carreau ».

Fekir, un joueur humble

Des qualités déjà évidentes donc, pour un Fekir passant alors 3 saisons à l'ASSP. Bien que de retour à un étage inférieur, le natif de Lyon a eu le mérite de ne jamais lâcher : « Il ne nous disait pas clairement qu'il voulait à tout prix retrouver un club du standing de l'OL mais, comme tous les autres joueurs de l'équipe, son but était de signer dans un club pro à la fin de la saison en U19 nationaux. Je pense que cette expérience l'a endurci. Il est plus fort mentalement et s'il est là où il est aujourd'hui, ce n'est pas un hasard. Il a une grande volonté », ajoute Aïachi. Une volonté et une envie de réussir qui lui ont donc permis de retrouver l'OL, et d'exploser enfin aux yeux de tous au sein du championnat de France, brillant aussi bien en position de numéro 10 qu'aux côtés d'Alexandre Lacazette devant.

Pour son partenaire Arnold Mvuemba, il n'y a rien d'étonnant là-dedans : « Il a explosé aux yeux de tout le monde d'un coup, mais dès mon arrivée ici, j'ai été impressionné par Nabil. Il a des qualités extraordinaires, il est explosif, malgré sa petite taille il garde bien le ballon et va super vite. Il est en train d'exploser en Ligue 1, j'espère que ça va continuer comme ça, qu'il va continuer à bosser car il est jeune. Dans la tête, il a la bonne mentalité. Il a les pieds sur terre, travaille beaucoup, en redemande. Dans ce milieu, pour pouvoir exister et continuer à grandir, ça passe par là. Certains jeunes ont tendance à vouloir aller trop vite, mais lui a les pieds sur terre et j'espère que son entourage va continuer à bien le conseiller. S'il continue dans ce sens, il va aller loin ».

Aller loin, sans pour autant oublier d'où il vient : tel pourrait être le leitmotiv de Fekir, lui qui rend encore visite à ses anciens collègues de Saint-Priest, en toute humilité : « Il vient très souvent voir nos matches de CFA à domicile. Il était là par exemple contre MDA Chasselay il y a quelques semaines. C'est toujours le même : hyper gentil, humble, souriant. Par exemple, quand il est venu nous voir, tout le monde le dérangeait pour faire des photos, et il a accepté en souriant. Même en dehors, quand tu le croises dans la rue, il ne se prend vraiment pas pour quelqu'un d'autre. Il sait d'où il vient et c'est sa force », souligne Aiachi. Ambitieux et humble, Fekir semble avoir une route toute tracée vers le succès. À lui de ne pas sortir de piste...