Alors que le Paris SG présentait Neymar, la FIFPro, syndicat mondial des joueurs de football, et l'UNFP, syndicat français, a publié un communiqué pour dénoncer l’opération et appeler les instances internationales à la raison.
Le Paris SG et le Parc des Princes étaient en ébullition ce vendredi, pour accueillir la recrue-phare de l’été, un certain Neymar (25 ans), pour lequel le club de la capitale a déboursé les 222 M€ de la clause libératoire du contrat qui liait jusque-là le Brésilien au FC Barcelone. Mais si ce transfert ravit la Ligue 1 et ses acteurs, certains grincent des dents. C’est notamment le cas de la FIFPro, syndicat mondial des joueurs de football, qui a publié un communiqué officiel, signé de son secrétaire-général Theo van Seggelen, pour dénoncer, entre autres, cette opération. «Neymar n'est que la face émergée de l'iceberg», démarre-t-il avant de poursuivre.
«La FIFPro appelle la Commission Européenne à enquêter sur le flux financier qui transite sur le territoire européen via les transferts de joueurs pour comprendre leur impact sur les résultats dans la région. Le transfert record du Brésilien Neymar au Paris Saint-Germain est le dernier exemple en date que le football est toujours plus un domaine d'un groupe réduit de riches clubs, le plus souvent européens. Étant donné que l'activité financière du football se déroule surtout en Europe, où des indemnités de transferts significatives sont échangées entre les clubs, la FIFPro demande à la Commission Européenne de lancer une large enquête sur les règles de transferts approuvées en 2001 et qui demandent à être urgemment revues», a-t-il lâché avant de taper du poing sur la table.
« Une réforme stimulante de l'actuel système des règles de transferts est une priorité pour la FIFPro, afin de protéger les droits des joueurs en tant que travailleurs et ainsi préserver les meilleurs intérêts pour le jeu. L'énorme richesse du football est détenue, comme le montrent les recherches, par un petit nombre de championnats et de clubs alors qu'elle pourrait être redistribuée plus efficacement et équitablement pour aider à protéger un bilan compétitif, un des objectifs fondamentaux du système des transferts. La FIFPro clame qu'un marché distendu, où règne une inflation folle, avec l'escalade des prix des transferts au cœur du système, a aidé à détruire l'équilibre global du monde du football», a-t-il indiqué avant d'insister.
La FIFPro et l'UNFP appellent à une réforme urgente
« Les règles des transferts décidées par la FIFA sont anti-compétitives, injustifiées et illégales. La plainte de la FIFPro auprès de la Commission Européenne, déposée fin 2015, a été faite dans le but d'aider à remettre de l'équilibre dans le football et mettre fin à la folie du marché des transferts, pour le bien du jeu, de tous les joueurs, des clubs et des fans», a-t-il conclu, repris par l'UNFP, là aussi dans un communiqué. «Et si l’on arrêtait de regarder ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Neymar par le gros bout de la lorgnette ? Et si l’on commençait par se rappeler que les joueurs, via leurs représentants – la FIFPro dans le monde et l’UNFP en France par la voix, le plus souvent, du même Philippe Piat d’ailleurs ! -, dénoncent l’actuel système des transferts, comme le mal qui ronge le football mondial de l’intérieur, et l’attaque aussi de l’extérieur quand on sait que 28 pour cent de l’argent des transferts échappent à l’économie du football pour atterrir dans d’autres poches… On reproche donc à Neymar d’être le fruit d’un système, qui ne lui permet pas de bénéficier d’une réelle liberté contractuelle», a lâché le syndicat français avant de poursuivre.
«La clause dite espagnole est, en effet – compte tenu des sommes d’argent nécessaire à l’achat de sa liberté, même sans approcher les 222 millions avancés par le Brésilien au PSG -, bien moins favorable au joueur que le contrat à durée librement déterminée, conquis par les Français en… 1969 et par le reste de l’Europe communautaire (en dehors de l’Espagne, qui continue de lui tourner le dos !) dans la foulée de Jean-Marc Bosman en 1995. Tous les excès ou presque qui nuisent au football, se moquent de ses valeurs et le rendent si perméable à la critique sont les fruits de ce système qu’il faut totalement repenser à défaut de pouvoir l’abolir un jour», a lancé l'UNFP, prenant tout de même la défense de Neymar. «Quant au salaire du Brésilien à Paris, estimé à 30 millions d’euros annuel, il est lui-aussi le fruit du même système. Comment un joueur acheté 222 millions d’euros ne pourrait-il pas prétendre à un revenu aussi démesuré que ceux qui se pratique, et qui ne gêne alors personne, dans le cinéma, la chanson, la littérature, l’art contemporain ?», poursuit l'instance avant d'insister.
« Plusieurs voix (dont celle de Pascal Boniface) se sont élevées en ce sens, reprenant ainsi les arguments que l’UNFP met en avant depuis toujours ou presque. Comme tous les grands artistes, Neymar fait partie d’une élite. C’est une exception, une rareté. Les 30 millions en question, on les lui donne car il créé du spectacle et des emplois, génère d’importantes retombées financières pour son club et même au-delà. C’est une petite entreprise à lui tout seul, et notre ministre des Finances s’en frotte d’ailleurs déjà les mains… Comme le disait le regretté président Louis Nicollin "aucun joueur n’est entré dans mon bureau avec un fusil à la main pour réclamer tel ou tel salaire. Son salaire, c’est moi qui le lui ai donné !" Aux dernières nouvelles, Neymar ne serait pas arrivé à Paris avec un fusil dans ses bagages…», peut-on lire en conclusion. Le ton est donné. Mais si le transfert de Neymar ne plaît décidément pas à tout le monde, Nasser Al-Khelaïfi, lui, reste droit dans ses bottes, avec calme et sérénité.
Neymar deal is the tip of the iceberg.Anti-competitive transfer rules in urgent need of @EU_Commission reform. https://t.co/uFJVpwiBSU pic.twitter.com/JxdCj9XVd6
— FIFPro (@FIFPro) 4 août 2017