Copa Libertadores

Le Brésil choqué par la déclaration raciste du patron de la CONMEBOL

Grosse polémique au Brésil. Après le tirage au sort de la Copa Libertadores, le patron de la CONMEBOL a lâché une déclaration très controversée. Explications.

Par Matthieu Margueritte
4 min.
Alejandro Dominguez @Maxppp

La tension est montée d’un cran en Amérique du Sud et surtout au Brésil. Ces derniers temps, la présidente de Palmeiras, Leila Pereira, était sortie de ses gonds après l’agression raciste d’un de ses joueurs, Luighi, face au club paraguayen de Cerro Porteño. Furieuse, Pereira avait alors suggéré une idée forte afin de pousser la CONMEBOL (l’équivalent de l’UEFA en Amérique du Sud, ndlr) à agir contre le fléau du racisme.

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« Puisque la CONMEBOL n’est pas capable d’endiguer ce genre de crime et qu’elle ne peut pas traiter les Brésiliens avec l’égard qui leur est dû en raison de leur importance pour la CONMEBOL, pourquoi ne pas envisager de rejoindre la CONCACAF (la confédération nord-américaine, ndlr) ? C’est la seule façon de respecter le football brésilien. C’est une chose à laquelle il faut penser. » Quelques jours plus tard, les formations brésiliennes n’ont pas quitté la CONMEBOL, mais Leila Pereira a boycotté le tirage au sort de la Copa Libertadores en signe de protestation contre le racisme. Face à cette affaire, le président de la CONMEBOL, Alejandro Domínguez, a tenu un discours fort pour dénoncer ce fléau.

«Ce serait comme Tarzan sans Cheetah. Impossible.»

« Je ne peux pas continuer sans parler du racisme, je ne peux pas continuer sans parler d’un problème très important auquel le football est confronté. Je voudrais également aborder une question qui nous interpelle en tant qu’organisation. Le racisme est un fléau qui ne trouve pas son origine dans le football. Il trouve son origine dans les sociétés, mais il est présent dans le football. La CONMEBOL est sensible à ces réalités, tout comme nous pouvons ne pas être sensibles à la douleur de Luighi. Notre défi est de nous unir à ceux qui ne sont pas les représentants responsables de ces actes. La CONMEBOL applique des sanctions et fait tout ce qui est en son pouvoir pour changer cette réalité. Mais cela ne suffit pas. Nous devons comprendre que le racisme est enraciné dans la société et que le football, en tant qu’organisation, lutte avec les outils dont il dispose ».

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Des propos qui contrastent fortement avec son passage en zone mixte après le tirage de la Copa Libertadores. Lorsqu’un journaliste lui a demandé ce qu’il penserait d’une Copa Libertadores sans clubs brésiliens, Domínguez a lâché une déclaration qui a eu l’effet d’une bombe. « Ce serait comme Tarzan sans Cheetah. Impossible. » Au Brésil, ces propos font la Une de tous les médias sportifs et beaucoup s’indignent déjà de voir les Brésiliens être associés au chimpanzé qui accompagnait le célèbre héros de la jungle. Certains réclament, non pas des excuses, mais la démission immédiate de celui qui occupe le poste de patron de la CONMEBOL depuis 2016.

Domínguez s’est excusé

« J’ai pris du temps avant de poster cette vidéo parce que j’avais du mal à croire en la véracité de cette vidéo. J’attendais une confirmation. (…) Pour ceux qui ne le savaient pas, Cheetah était un macaque, un chimpanzé. Le président de la CONMEBOL a donc dit que c’était impossible d’avoir une Libertadores sans les macaques brésiliens. Les clubs brésiliens doivent exiger immédiatement la démission du président de la CONMEBOL, pas des excuses. Hier, il est venu raconter que la CONMEBOL faisait tout pour éradiquer le racisme. On doit demander sa démission ! Il n’y a aucune autre option que son départ qui soit acceptable », a déclaré le présentateur phare de TNT Sports Brésil, Andre Henning. Enfin, l’incrédulité des Brésiliens est telle face à cette déclaration que UOL explique que les clubs brésiliens engagés dans la Copa Libertadores ont cru à une vidéo générée par l’intelligence artificielle la première fois qu’ils ont visionné la vidéo du dirigeant prononçant ces mots.

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Face au tollé provoqué au sein de la nation auriverde, Alejandro Domínguez a réagi. Et sans surprise, pas de démission au programme. «En ce qui concerne mes récentes déclarations, je voudrais m’excuser. L’expression que j’ai utilisée est populaire et je n’ai jamais eu l’intention de rabaisser ou de discriminer qui que ce soit. La CONMEBOL Libertadores est impensable sans la participation des clubs des dix pays membres. J’ai toujours promu le respect et l’inclusion dans le football et dans la société, des valeurs qui sont fondamentales pour la CONMEBOL. Je réaffirme mon engagement à continuer à travailler pour un football plus juste, plus uni et sans discrimination», a-t-il déclaré dans des propos relayés par UOL. Reste maintenant à savoir comment les clubs brésiliens réagiront.

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