L’indice de spectacularité de la Ligue 1 en pleine crise existentielle !

Par Josué Cassé
6 min.
Geoffrey Kondogbia en action face au RC Lens. @Maxppp

Avec seulement 12 buts inscrits en huit matchs - la rencontre entre Brest et Strasbourg ayant été reportée - la 12e journée de Ligue 1 a confirmé le pâle spectacle offert depuis le début de la saison. Peu prolifique, décevant techniquement et sans véritable cador, le championnat de France inquiète à l’heure où la Ligue de football professionnel espère toujours atteindre le milliard d’euros de droits TV. Décryptage.

«C’est le niveau de la Ligue 1, un championnat plus difficile que ce qu’on dit». Voici ce que déclarait Gennaro Gattuso, quelques instants après la défaite (0-1) de l’Olympique de Marseille sur la pelouse du RC Lens, dimanche soir. Un constat qui ne manquera pas de faire réagir, qui plus est après la nouvelle purge vécue par les puristes de la Ligue 1. Alors, certes, Jonathan Gradit a enflammé le temps d’un instant les travées de Bollaert mais son coup de casque victorieux au premier poteau ne pourra faire oublier le terrible ennui suscité par ce choc d’ambitieux. Avec 5 petits tirs cadrés à l’issue du temps réglementaire (1 seul à la pause), Lensois et Marseillais ont ravivé avec force le constat accablant dressé, depuis la reprise, sur le niveau de cette Ligue des talents.

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Pour le spectacle, il faudra repasser !

Loin du blockbuster co-réalisé par Chelsea et Manchester City (4-4), quelques minutes plus tôt en Premier League, les écuries françaises ont abandonné leurs espoirs d’Oscars en proposant un contenu digne de la commedia dell’arte. Une rengaine d’autant plus inquiétante, à l’heure où la Ligue de football professionnel tente, par tous les moyens, de valoriser son championnat. Et pour cause. Si le milliard d’euros espéré par Monsieur Labrune prête aujourd’hui plus à sourire, c’est bien la conséquence directe du niveau abyssal proposé par notre chère Ligue 1. Alors oui, le PSG mène la danse et les sorties osées de Luis Enrique au sujet de Kylian Mbappé alimentent la presse. Oui, Le Havre rayonne dans la cour des grands et émerveille plus d’un observateur. Oui, le Stade de Reims confirme que Will Still est bien plus qu’un féru de Football Manager mais pour le reste… la Ligue 1 est en panne.

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Symbole d’une proposition artistique se rapprochant plus du revers de Daniil Medvedev que du pied gauche de Mesut Özil, le championnat de France brille, aujourd’hui, par un manque criant de réalisme offensif. Lors de la 11e journée, seulement 13 buts ont ainsi été inscrits en 9 matches (1,4 but par match, soit la 5e pire moyenne sur les dix dernières saisons) avec, notamment, trois 0-0 (Lorient-Lens, OM-Lille et Strasbourg-Clermont). Bis repetita, ce week-end, où les filets n’auront tremblé qu’à 12 reprises lors des 8 matches organisés (la rencontre entre Brest et Strasbourg ayant été reportée). Un tableau consternant se répétant malheureusement au fil des week-ends (18 réalisations lors de la J9 et la J10). À noter, malgré tout, que la palme d’or revient à la 32e journée de la saison 2006-2007, avec seulement huit réalisations en dix matches. Si le passé permet de se rassurer, quelque peu, le présent de notre Ligue 1 reste alarmant. Au-delà d’une réussite moindre face aux buts, le contenu interpelle également.

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Des statistiques angoissantes, un niveau de jeu préoccupant !

«J’ai l’impression qu’on ne peut analyser que de la comptabilité. Lens a pris trois points et est revenu à quatre points de Lille qui n’a pas avancé et qui a été mauvais. C’est à celui qui est moins mauvais. Dans l’état d’esprit, Marseille n’est pas mauvais. On a vu des époques en Ligue 1 où ce qu’on reprochait aux équipes, c’était de ne pas faire d’effort, de jouer à deux à l’heure. On s’emmerdait parce que ça ne bougeait pas sur le terrain. Tu avais le sentiment que les joueurs n’en avaient rien à cirer de ce qu’il se passait. Maintenant, les équipes font toutes des efforts, sauf que techniquement, c’est nullissime», analysait, à ce titre, Daniel Riolo sur les antennes de RMC Sport. Un constat partagé par de nombreux observateurs, nostalgiques de ces dernières saisons. Dans cette optique, précisons qu’après 105 matches joués en L1 (Marseille-Lyon, Montpellier-Clermont et Brest-Strasbourg seront à rejouer), 261 buts ont été marqués. À titre de comparaison et à pareille époque l’an dernier, les filets avaient quant à eux tremblé à 365 reprises…

Une chute libre - la moyenne de buts par match a baissé de plus de 0,5 point - notamment expliquée par le faible rendement des attaquants. Hormis Kylian Mbappé, auteur d’un triplé contre les Rémois et dominant ce classement avec 13 réalisations en 12 journées, les autres buteurs s’enlisent. Ainsi, Wissam Ben Yedder ne compte que cinq buts, soit deux de plus que Terem Moffi, Folarin Balogun et Alexandre Lacazette (3). Brillant sur la scène européenne avec 2 buts en 4 matches, Elye Wahi ne peut lui se targuer que d’une petite réalisation depuis son arrivée au RC Lens. Un bilan bien trop maigre, qui plus est pour un joueur qui avait scoré à 19 reprises la saison passée. Seule belle surprise dans cette lutte entre artificiers ? Akor Adams et ses 7 buts sous la tunique montpelliéraine. Malgré tout, l’attaquant nigérian ne cache pas la sécheresse collective dans ce domaine. Pour rappel, lors du dernier exercice, Kylian Mbappé avait ainsi été élu meilleur buteur du championnat de France avec 29 réalisations, devant Alexandre Lacazette (27), Jonathan David (24), Loïs Openda (21), Folarin Balogun (21) ou encore Habib Diallo (20).

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Une publicité cauchemardesque pour la LFP…

Loin de ces standards et bien que le passage de 20 à 18 clubs réduit de facto le volume de buts, la Ligue 1 vit des heures sombres. «Il ne vaut mieux pas qu’ils fassent des séquences à une touche de balle parce que même à deux touches, ils n’arrivent pas à faire des passes. Une touche de balle, ça nécessite d’être adroit techniquement. Là, c’était terrible : passes en profondeur trop fortes, passes à côté trop fortes ou mal ajustées… Ce n’est pas que dans le match de ce soir (Lens-OM, ndlr). C’est un aboutissement d’un week-end où tu t’es emmerdé. Lens-OM, c’est une superbe affiche. L’année dernière à la 34e journée, le match était autre chose. Les Rennes-Lyon des dernières années, tu avais toujours un peu de piquant parce que Genesio retrouvait Lyon. C’était mauvais comme match», surenchérissait, à ce titre, Riolo quand Stéphane Guy évoquait lui des «matchs apocalyptiques». Conséquence directe d’un niveau de jeu en perdition, le championnat de France offre, aujourd’hui, une homogénéité embarrassante.

Malgré un départ cataclysmique avec un seul petit succès en 12 journées, l’OL ne se retrouve ainsi «qu’à» neuf petites longueurs de l’Europe. Plus globalement, le RC Lens, sixième, et le FC Lorient, occupant actuellement le fauteuil de barragiste au 17e rang, ne sont séparés que de cinq points. Un tableau noir qui ne doit, en revanche, pas enlever le mérite des équipes françaises qualifiées, cette saison, sur la scène européenne. De l’OM au RC Lens en passant par le PSG, Toulouse, récemment auteur d’un exploit majuscule contre Liverpool, ou encore le Stade Rennais, le bilan est plutôt flatteur, en témoigne l’indice UEFA et la pression mise par la France sur les Pays-Bas. De quoi effacer les angoisses précédemment soulevées ? Certainement pas. Si la marge est encore assez large avant de tomber aux niveaux historiquement bas des saisons 1986-1987 et 1991-1992 où les amateurs de football n’avaient eu que 2,09 buts par match à se mettre sous la dent, la Ligue 1 ne fait, aujourd’hui, plus rêver. Pour Vincent, la brume est épaisse et le brouillard, lui, a aujourd’hui raison du milliard.

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