Serie B

Como : le projet porté par Cesc Fàbregas et Thierry Henry va changer le football italien

Le club de Como est très proche de retrouver les sommets du football italien. A six journées de la fin du championnat de Serie B, les joueurs entraînés par Osian Roberts et son assistant Cesc Fàbregas pointent à la 2ème position, synonyme de montée automatique.

Par Valentin Feuillette
7 min.
Le projet de Como prend forme @Maxppp

L’été 2023 avait été marquant à Côme et on ne parle pas ici de la beauté des paysages près des lacs qui attirent des millions de touristes chaque année. Le club de football de la ville avait mis un grand coup d’accélérateur à son projet sportif, s’attirant même plusieurs projecteurs à l’international après avoir réalisé de gros coups sur le mercato d’été avec l’arrivée notamment de Cesc Fàbregas en tant que joueur (aujourd’hui reconverti en assistant coach après quelques piges en entraîneur intérimaire et entraîneur de la Primavera) et Thierry Henry en tant qu’actionnaire minoritaire. Le groupe indonésien Djarum, propriétaire du club, ne cesse de mettre les petits plats dans les grands. Le président Dennis Wise, ancien international anglais passé par Chelsea, promettait aussi une nouvelle page historique pour les Lariani. Pourtant les mois suivants n’avaient pas été faciles. La saison passée, Como jouait le maintien en Serie B pendant un temps avant de réaliser une belle remontée.

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Cette saison, l’équipe a connu des hauts et des bas jusqu’au changement de coach et l’arrivée de l’entraîneur gallois, Osian Roberts, qui a remplacé Moreno Longo. Le bilan de celui qui occupe également la fonction de directeur du développement est de 9 victoires en 15 matchs de championnat. Actuellement classé à la 2ème position de Serie B à six journées de la fin, Como peut croire en ses objectifs dorés à savoir car la montée dans l’élite semble presque verrouillée. Pour rappel, à la fin de la saison, les deux clubs en tête du classement sont directement promus en Serie A, tandis que les six suivants se disputent la place restante sous la forme de barrages. Et les joueurs de Como possèdent un léger matelas d’avance avec deux petits points de plus que la Cremonese, positionnée à la 3ème place du classement. Avec quatre victoires sur les cinq dernières rencontres, Como se rapproche de son rêve : retrouver la Serie A après plus de 20 ans d’absence. La dernière campagne en première division italienne remonte à la saison 2002/2003. Ce projet sportif est dû à une gestion sportive parfaite ces derniers mois. Si les débuts de la nouvelle ère entamée en 2019 avaient connus quelques complications, rien ne semble aujourd’hui perturber le navire des Biancoblù qui continue son épopée sur les lacs de Côme.

Le rêve de deux frères milliardaires

En 2019, seulement deux années après sa rétrogradation en Serie D en raison de la banqueroute, le club de Como récemment refondé est racheté par la société indonésienne Djarum Group dirigée par les frères Michael Hartono et Robert Budi Hartono : «Je peux dire que lorsque nous sommes arrivés ici, il y a cinq ans maintenant, la ville était beaucoup moins bleue qu’elle ne l’est aujourd’hui. C’est pourquoi il est très agréable de voir des gens se rendre au stade avec le maillot de Côme ou de voir des références à l’équipe dans la ville. Nous en sommes heureux… Je suis un homme d’affaires et j’apprécie plus la performance de l’entreprise que les choses sur le terrain», a expliqué Mirwan Suwarso, le manager général indonésien chargé de la gestion du Como Football Project. Selon le dernier classement de Forbes, Como est officiellement - et de très loin - le club italien possédant les propriétaires les plus riches grâce à Robert Budi Hartono (83 ans) dont la richesse personnelle pointe à 24,5 milliards d’euros et Michael Bambang Hartono (84 ans), avec une valeur nette de 23,4 milliards d’euros.

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Avec une valeur estimée à 47,9 milliards d’euros, Como peut rêver très grand sur les prochaines années, surtout que la fratrie Hartono ne lésine pas sur les investissements et compte poursuivre le développement de l’équipe basée en Lombardie. Investisseurs clairvoyants de Central Asia Bank, toujours parmi les plus grands producteurs indonésiens de cigarettes aromatisées aux clous de girofle, les frères Hartono sont également les principaux actionnaires de Global Digital Niaga, propriétaire du géant du e-commerce Bligli : «Je ne parle pas de football, d’un point de vue technique. Et aussi, j’ai décidé de… ne pas devenir émotif. Parce que l’émotion est plus fatigante et ne fait peut-être pas lire les choses clairement. J’essaie de rester à l’écart des émotions, même si ce n’est pas facile, car cette aventure est très prenante. Cependant, pour répondre à la question, je dirais que notre philosophie est de planifier non pas si l’équipe ira en Serie A, mais plutôt quand nous y irons», a poursuivi Mirwan Suwarso chez nos confrères italiens du journal La Provincia. Avec un recrutement de qualité articulé autour de joueurs comme Simone Verdi, Patrick Cutrone, Daniele Baselli, Jean-Pierre Nsame, Gabriel Strefezza ou encore Lucas Da Cunha, le club de Como sait s’entourer d’éléments internationaux expérimentés.

Un nouveau stade et un centre d’entraînement neuf ?

Le gros dossier de la propriété indonésienne est de construire ce fameux nouveau stade tant attendu depuis plusieurs années. Le club et la ville ont réaménagé l’actuel enceinte de l’équipe - remis aux normes avec un élargissement à 6 500 places mais en cas de montée de Serie A et de large développement du projet sportif, il faudra rêver beaucoup plus grand. Le stade Comunale Giuseppe Sinigaglia est un lieu historique de la ville à travers son architecture particulière et sa position très fréquentée, ce qui complique les envies de la Municipalité. Le maire Alessandro Rapinese continue de s’entretenir avec la direction sportive pour prendre la meilleure décision possible quant au futur stade : «Le projet développé par les entreprises spécialisées auxquelles nous avons confié l’étude est arrivé sur la table de nos propriétaires. Il manque le passage formel mais fondamental des signatures. Après cela, une fois le projet approuvé par la famille Hartono, nous serons prêts à le présenter au maire Rapinese. Je crois que d’ici la fin du mois nous pourrions être prêts à nous présenter aux bureaux de la Municipalité. Dès le début des travaux, à mon avis, nous pourrions le faire en un an de travail avec des délais liés aux permis», a promis Mirwan Suwarso. Il reste encore quelques leviers à activer pour mettre tout le monde d’accord mais une chose est certaine : la ville a totalement conscience du moteur sportif, social et économique que le club de football commence à devenir. Une locomotive qui pourrait rapporter gros à la Mairie.

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Si le stade tarde à être officialisé, le club lombard peut se vanter de posséder l’un des meilleurs centres d’entraînement du pays et probablement le plus moderne de Serie B : «Le projet sportif développé à 40%, le projet commercial à 20%. Désormais la phase des idées est terminée : passons à leur réalisation. Lorsque nous sommes arrivés, le produit du merchandising était d’environ 100 000 euros, il y a un an nous atteignions 1,3 million d’euros, maintenant nous sommes proches de 4 millions. Quelque chose a été fait dans ce domaine. Notre plan initial aurait vu l’équipe première et l’Académie s’entraîner côte à côte. Malheureusement, le projet d’aménagement des espaces du centre a dû être arrêté. Mozzate sera donc un joyau, que nous améliorerons encore davantage, uniquement pour l’équipe première, tandis que nous chercherons d’autres terrains pour un centre dédié aux équipes de jeunes», a analysé Suwarzo. La structure couvre une superficie totale d’environ 35 000 mètres carrés et est actuellement composée de deux terrains de football, d’une piste d’athlétisme, d’un gymnase, de vestiaires, d’un bar/restaurant et d’autres pièces qui seront utilisées comme bureaux. Mozzate est également le siège social du club ainsi que le centre de formation de l’équipe première de Como et du secteur jeunesse. Alors que le football italien traverse une crise importante avec de graves problèmes économiques et des infrastructures vétustes, le club de Como semble être l’étincelle de l’espoir de renaissance…

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