Ligue des Champions

Real Sociedad - PSG : la victoire de la méthode Luis Enrique ?

Vainqueur (2-0) de la Real Sociedad lors du huitième de finale aller de la Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain a validé, sans trembler, son billet pour les quarts de finale de la compétition après un nouveau succès à Anoeta (2-1). Portés par Kylian Mbappé, auteur d’un doublé, les hommes de Luis Enrique ont globalement dicté leur loi en terres basques. Une soirée parfaite pour le numéro 7 parisien mais également pour le technicien espagnol, grand artisan de cette qualification.

Par Josué Cassé
6 min.
Luis Enrique avec les joueurs du PSG @Maxppp

Surprendre, proposer, innover, changer, s’adapter… Voici autant de qualificatifs propres à Luis Enrique depuis son arrivée dans la capitale française. Parfois agacé, souvent agaçant - notamment pour les journalistes - le technicien espagnol ne laisse personne insensible. Mardi soir, dans l’ambiance réchauffée de Saint-Sébastien, le nouvel homme fort des champions de France en titre a, quoi qu’il en soit, prouvé que sa méthode - aussi discutée soit-elle - s’avérait payante, et ce à tous les égards. De sa communication froide sur le cas Mbappé, permettant à ce dernier d’offrir aux supporters parisiens un sursaut d’orgueil, à ses choix tactiques, à l’instar d’un Ousmane Dembélé replacé dans l’axe, en passant par sa gestion de son collectif mais également des imprévus, l’ancien sélectionneur de la Roja est et restera inexorablement l’un des grands architectes de la qualification des Rouge et Bleu, acquise face à la Real Sociedad ce mardi 5 mars au soir (victoire 2-1, 2-0 à l’aller).

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Une défense inédite, Nuno Mendes titulaire

Alors que certains promettaient l’enfer aux Parisiens quand d’autres spéculaient sur une possible nouvelle remontada, le Paris Saint-Germain, jamais inquiété par une décevante Real Sociedad a, finalement, rapidement mis fin au relatif suspense d’avant-match. Porté par son homme providentiel, Kylian Mbappé, le club de la capitale a ainsi fait le travail pour s’offrir une place parmi les huit meilleures équipes d’Europe. Outre la performance individuelle, une nouvelle fois étincelante, du Bondynois, c’est bien la capacité d’adaptation du technicien espagnol qui a interpellé de nombreux observateurs. «Privé» de Danilo et Marquinhos, encore trop juste après sa blessure au mollet survenue contre Nantes, l’ancien coach du Barça a tout d’abord pris ses responsabilités en décidant d’aligner une défense expérimentale. Aux côtés de Lucas Hernandez, aligné sur le côté droit de la charnière centrale parisienne, l’Espagnol de 53 ans décidait en effet de renouveler sa confiance à Lucas Beraldo, recruté cet hiver.

Un choix s’avérant finalement payant au regard de la prestation XXL réalisée par l’Auriverde, récemment appelé avec la Seleção. Si certains mettront en avant la faiblesse offensive des joueurs basques, l’ancien joueur de São Paulo a lui fait preuve d’une sérénité de tous les instants, et ce malgré ses 20 printemps (9 duels remportés sur 14 disputés, 7 ballons récupérés et 3 interceptions). Dans son sillage, Nuno Mendes - qui manque, à l’image de sa première période délicate, encore de rythme - n’a quant à lui pas commis de grossières erreurs. Si sa titularisation pouvait en surprendre plus d’un et que son impact offensif contre la Real Sociedad demeure insuffisant (il est tout de même au départ de l’action menant au second but parisien) il a cependant plutôt bien muselé Takefusa Kubo. Crédité d’un 5 par la rédaction FM, l’international portugais pourra, quoi qu’il en soit, se servir de ce choc au sommet pour retrouver son plus haut niveau dans les semaines à venir. Si Luis Enrique s’est donc distingué par ses choix, plus ou moins contraints, effectués dans le secteur défensif, ses ajustements tactiques effectués dans l’entrejeu sont, eux aussi, à souligner.

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Ousmane Dembélé, le facteur X tactique

Face à la Real Sociedad, équipe contre laquelle il avait jusqu’alors perdu à trois reprises en cinq déplacements, le natif de Gijón a notamment demandé à Ousmane Dembélé d’évoluer dans la peau d’un meneur de jeu, parfois très reculé sur le terrain. Pour rappel, en début de saison et parmi les systèmes étudiés, l’idée de voir évoluer l’ancien joueur des Blaugranas en numéro 10 avait été évoquée. Quittant son habituel couloir, l’international français, très disponible, libre de ses mouvements et passeur décisif sur l’ouverture du score, a alors permis aux siens de conserver une supériorité numérique dans l’entrejeu. L’occasion, par ailleurs, pour Fabian Ruiz, Vitinha ou encore Warren Zaïre-Emery de s’offrir quelques montées offensives. Au micro de Canal +, le Titi parisien soulignait, à ce titre, l’impact de son entraîneur sur la physionomie de cette rencontre. «On a bien préparé le match. C’était l’idée du coach de mettre Ousmane dans l’axe, lui est à l’intérieur et nous sur les côtés. Ça nous a aidé pour remporter ce match». «On avait un plan de jeu clair. On ne s’est pas mis en grande difficulté», ajoutait Kylian Mbappé. Des propos élogieux également tenus par Vitinha en zone mixte.

«C’est la clé du match, on avait toujours la supériorité au milieu et c’était important d’avoir le contrôle du match avec le ballon. La Real Sociedad n’est pas aussi bonne sans le ballon qu’avec le ballon et nous aussi donc c’est mieux d’avoir le ballon et je pense que c’était la clé du match, d’avoir la possession. On a fait ça jusqu’à la moitié de la seconde période et après c’est normal, la Real Sociedad, menée de deux buts, à domicile, ils ont poussé un peu plus et malheureusement on a pris un but mais c’était un grand match et une belle qualification», affirmait le Portugais aux 14 sélections. Encensé par ses joueurs, Luis Enrique préférait de son côté leur rendre la pareille. «Nous, les entraîneurs, on essaie toujours de trouver des solutions. Après, c’est aux joueurs de l’appliquer. Ce sont eux qui ont bien joué. Ils ont été à un très niveau aujourd’hui, tous. Très solidaires en défense, très précis en attaque. On a fait une double confrontation très intéressante», reconnaissait l’Ibère face aux journalistes.

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Kylian Mbappé, symbole d’une gestion osée mais payante…

Inspiré au moment d’établir son plan de jeu et loué pour sa vision au coup de sifflet final, Luis Enrique profitait alors des mots tendres de son président, Nasser al-Khelaïfi. «On a joué à un très haut niveau. Je n’ai jamais vu un match comme ce soir, tout le monde jouait les uns pour les autres. On est la plus jeune équipe au départ. Aujourd’hui, j’ai vu une équipe jouer ensemble, faire ce que le coach veut, c’est un très bon match pour tout le monde». Plus que ses choix tactiques, le remplacement de Kylian Mbappé dans le couloir gauche en fait aussi partie, le coach des Rouge et Bleu a également convaincu dans sa gestion de l’effectif. Déterminé à l’idée de préserver Dembélé, Barcola ou encore Hakimi, suspendu pour le quart de finale à venir, l’architecte parisien ne s’est pas, non plus, trompé dans son coaching. Entré à la pause, Kang-in Lee était d’ailleurs décisif, peu avant l’heure de jeu, en envoyant Mbappé sur orbite. Pertinent à bien des égards, Luis Enrique l’aura par ailleurs été avec Kylian Mbappé.

Ferme dans sa manière de communiquer et refusant de céder à la panique, il aura finalement poussé le champion du monde 2018 dans ses retranchements face aux Txuri-urdinax. Après un démarrage sur le banc, deux sorties en cours de match et une explication de texte pour remettre les choses à plat, le numéro 7 parisien n’avait, en effet, plus d’autres choix que de prouver qu’il serait toujours au rendez-vous. Un management osé mais, là-aussi, validé par les hautes sphères parisiennes. «Le coach, il décide, c’est sa décision, on est avec lui et derrière lui. Le plus important, c’est l’équipe, c’est le PSG. Kylian a fait un grand match, on est fier de lui, il a marqué deux buts, avec un vrai collectif», ajoutait Nasser al-Khelaïfi, visiblement séduit par le travail réalisé par l’Espagnol. Et pour cause, si les Rouge et Bleu ont rendu, mardi soir, l’une des copies les plus sérieuses depuis le début de la saison, Luis Enrique est loin d’y être étranger…

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