Portugal - Suisse : les notes du match
Porté par un Gonçalo Ramos, préféré à Cristiano Ronaldo au coup d'envoi, et auteur d'un triplé, le Portugal a écrasé la Suisse 6-1 grâce à un collectif retrouvé et libéré du poids encombrant de sa star. La Seleçao affrontera le Maroc en quart de finale.
Après sa victoire acquise aux tirs au but face à l'Espagne, le Maroc attendait tranquillement son adversaire en quart de finale. La rencontre entre le Portugal et la Suisse était d'ailleurs la dernière confrontation des huitièmes de finale. Cristiano Ronaldo commençait la rencontre sur le banc pour la première fois depuis 2008 lors d'un tournoi majeur, mettant ainsi fin à une série de 31 titularisations. On assistait, dans un premier temps, à un début de match très intéressant entre deux équipes qui mettaient beaucoup d'agressivité à la récupération du ballon et se battaient pour son contrôle au milieu du terrain. Peu après la fin du premier quart d'heure, sur la première véritable situation chaude du Portugal, les hommes de Fernando Santos faisaient la différence.
Trouvé sur la gauche de la surface suisse par João Félix, Gonçalo Ramos pivotait puis fixait Fabian Schär avant de fusiller Yann Sommer d'un missile dans la lucarne gauche (17e, 1-0). Quelques minutes plus tard, le gardien suisse privait le Portugal d'un nouveau but en intervenant bien devant Otavio puis Gonçalo Ramos (22e). A la demi-heure de jeu, Xherdan Shaqiri enroulait un coup franc plongeant mais Diogo Costa intervenait à la base de son poteau pour empêcher la réduction du score (30e). Le Portugal revenait à la charge dans la foulée et sur un centre de João Félix, Fabian Schär était obligé de dévier de la tête à droite de son but, à la limite du CSC, sous la pression de Gonçalo Ramos, toujours lui (32e). Finalement, sur un corner frappé par Bruno Fernandes, Pepe surgissait et déviait le cuir de la tête pour tromper à nouveau Yann Sommer (33e, 2-0).
Le récital de Gonçalo Ramos
Juste avant la pause, Remo Freuler pensait réduire enfin le score de la tête alors que le but était grand ouvert mais Diogo Dalot repoussait devant sa ligne (38e). Puis Gonçalo Ramos armait un nouveau tir qui était détourné en corner par le gardien suisse (43e). La deuxième mi-temps reprenait d'ailleurs sur les mêmes bases. Après un bon travail et un centre de Diogo Dalot, le joueur du Benfica inscrivait enfin son doublé. En déviant le ballon au fond des filets de Yann Sommer (51e, 3-0). Totalement déchainés, les Portugais continuaient de se porter vers l'avant et Raphaël Guerreiro remontait le cuir puis s'appuyait sur João Félix qui le retrouvait immédiatement et e joueur du Borussia Dortmund pouvait conclure d'une lourde frappe sous la barre transversale (55e, 4-0).
Ce but avait le mérite de réveiller les Suisses puisque Manuel Akanji réduisait l'écart seulement quelques instants plus tard. Seul à la réception d'un corner botté par Xherdan Shaqiri et dévié par Gonçalo Ramos, Manuel Akanji marquait dans le but grand ouvert (58, 4-1). Mais c'était le soir du remplaçant de Cristiano Ronaldo dans le onze du Portugal. João Félix lui glissait un amour de ballon sur la droite de la surface et le joueur du Benfica se présentait seul devant Yann Sommer qu'il ajustait alors d'un somptueux piqué tout en maitrise (67e, 5-1). Bruno Fernandes était à deux doigts d'en mettre un supplémentaire mais il était trop court pour dévier victorieusement le ballon de Raphaël Guerreiro (70e). Le moment choisi par Fernando Santos pour faire rentrer Cristiano Ronaldo à la place de l'homme du match, Gonçalo Ramos.
Jeu, set et match
A l'aube des dix dernières minutes de la partie, Breel Embolo levait son ballon puis enchaînait avec un ciseau qui était contré à gauche du but par Diogo Dalot, très impressionnant en défense ce soir (80e). Cristiano Ronaldo, le grand absent de cette rencontre, profitait de ces quelques minutes de jeu pour se mettre en évidence. Trouvé en profondeur par William Carvalho dans le dos de la défense suisse, la star portugaise résistait à Eray Cömert et concluait d'une lourde frappe mais il était finalement logiquement signalé en position de hors-jeu (84e). Dans la continuité de cette dernière action, le désormais ancien joueur de Manchester United était devancé de justesse par Eray Cömert après un bon service en cloche de Bruno Fernandes (86e).
Alors que la rencontre tombait dans un faux rythme, le Portugal mettait un dernier coup d'accélérateur. Trouvé sur l'aile gauche par Raphaël Guerreiro, Rafael Leão fixait Granit Xhaka en rentrant dans la surface et enroulait une frappe splendide qui se logeait dans la lucarne droite de Yann Sommer, totalement battu (90e+2). Grâce à cette victoire méritée, les Portugais défieront les Marocains ce samedi en quart de finale. Une affiche prometteuse.
L'homme du match : Ramos (9) : sa performance allait être scrutée à la loupe, lui qui « piquait » la place de Cristiano Ronaldo. Malgré l’ombre de son aîné qui planait au-dessus de lui, il n’a pas tremblé au moment d’envoyer cette mine pleine lucarne (17e). L’attaquant de Benfica oublie sans doute Bruno Fernandes (22e) et aurait pu être plus décisif (22e, 43e), mais ça serait faire la fine bouche car il finit tout de même avec un triplé grâce à un centre de Dalot (51e) et un ballon de Felix (67e). Un joli travail de remise également pour Otavio (22e) à signaler également. Ce soir, il a sans doute définitivement mis Ronaldo sur le banc ce soir, qui l’a remplacé à 20 minutes du terme (73e). Le quintuple Ballon d’Or a eu le temps d’envoyer un coup-franc dans le mur (76e) et marquer un but refusé pour hors-jeu (84e).
Portugal :
Costa (5,5) : vigilant sur ce coup-franc de Shaqiri qu’il sort en corner (31e), il n’est pas irréprochable sur ce centre mal repoussé de Fernandes (38e). Abandonné par sa défense sur le but d’Akandji (58e), il ne peut rien faire. Le portier n’a finalement pas eu beaucoup de travail ce soir mais il ne rassure pas toujours lorsqu’il intervient. Le dernier but démarre de sa longue relance balle au pied (67e).
Dalot (7) : préféré à Joan Cancelo, il a proposé dans être toujours bien servi (12e, 33e) mais il est tout de même l’auteur d’un centre au cordeau pour le buteur Ramos (51e). Solide défensivement, présent physiquement comme sur ce tacle sur Vargas (15e), le Mancunien est aussi bien placé sur sa ligne pour repousser ce ballon chaud (38e). Ce match très complet pourrait lui faire intégrer définitivement le onze de Fernando Santos.
Pepe (7) : capitaine du soir en l’absence de CR7, le vétéran a encore de très beaux restes. Très sérieux et concentré dès les premières minutes, l’ancien du Real Madrid a profité de son expérience pour récupérer deux fautes dans son camp. Plutôt propre à la relance, il est surtout à la conclusion de ce corner tiré par Bruno Fernandes (33e), devenant le 2e joueur le plus âgé de l’histoire à marquer en Coupe du Monde, à presque 40 ans. Souvent dominant globalement sur les coups de pied arrêtés et toujours irréprochable, alors que le match était joué depuis longtemps (90e+2).
Dias (5,5) : moins sollicité que son compère de la charnière centrale, le colosse de Manchester City a assuré le service minimum. Face aux faibles velléités offensives adverses, il n’a pas eu grand-chose à faire non plus. Le défenseur a tout de même souffert un peu dans les duels face à Embolo, lequel l’a souvent dominé physiquement, surtout en première période car le solide attaquant a fini par s’agacer une fois le Portugal loin au tableau d’affichage.
Guerreiro (7) : titulaire en l’absence de Nuno Mendes, il réalise un match très accompli. Dans le jeu, l’ancien Lorientais a apporté sa pierre à l’édifice. Il a tenté de jouer dans les intervalles (17e), s’est rendu disponible sur son côté pour mettre le ballon dans la surface (21e, 69e) et a même marqué sur ce contre mené par Felix. Il y a aussi cette frappe hors-cadre (45e+3) mais défensivement, il a laissé quelques largesses à Fernandes (5e, 39e).
Otavio (7,5) : très actif, il a su se rendre disponible autant défensivement qu’offensivement. On l’a venir combler des trous dans sa charnière (37e), dans le couloir droit (62e), ou encore à gauche pour couvrir devant Shaqiri (63e), tout en étant à la conclusion d’un très joli mouvement collectif mais sa reprise a fini dans les bras de Sommer (22e). Il est aussi à l’origine du 4e but de son équipe avec cette belle talonnade pour Guerreiro (55e). Remplacé par Vitinha (73e).
William (6,5) : le milieu du Betis a joué simple et propre ce soir, ouvrant rapidement le jeu sur les ailes lorsqu’il était sous pressions, ou laissant le jeu à ses acolytes de l’entrejeu. Une belle pénétration balle au pied plein axe à signaler tout de même (47e). Un petit oubli tout de même sur Akandji, seul et buteur au second poteau (58e).
Bernardo Silva (6) : des joueurs offensifs, il aura finalement été celui qui s’est le moins mis en vue. Une bonne pénétration qui dans la surface qui aurait mérité meilleur sort (17e), quelques ballons dangereux mais évacués par la défense helvète, une avant-dernière passe un peu maladroite sur le 3e but de Ramos (67e), bref une somme d’éléments qui accouchent d’une prestation bonne mais sans plus. Remplacé par Ruben Neves (80e).
Fernandes (7) : en l’absence de Ronaldo, c’est à lui que revenait le leadership offensif. Il a joué intelligemment et souvent avec justesse (19e, 22e) même s’il s’est parfois compliqué la tâche (41e, 45e+1). On retiendra surtout son corner décisif pour la tête de Pepe (33e), ou encore ce ballon en profondeur parfait pour Ramos (43e). À nouveau à l’initiative sur le second but de Ramos (51e), il ne lui aura manqué que le but. Il est malheureusement un peu court sur ce centre de Guerreiro (70e). Remplacé par Leao (86e), auteur d'un magnifique but (90e+3).
Ramos (9) : voir ci-dessus.
João Félix (8,5) : il a su se rendre disponible entre les lignes pour le bien du collectif, a enchaîné les dribbles (20e, 41e) et les progressions balle au pied, a remporté la plupart de ses duels, distribué caviar sur caviar (22e, 32e). Un excellent match de sa part, dans la lignée de sa Coupe du Monde. Le milieu offensif s’est même offert un triplé de passes décisives en étant à la baguette pour Ramos (17e et 67e) et Guerreiro (55e). Malheureux à Madrid, il a fait vivre un calvaire à la défense suisse ce soir. Remplacé par Horta (73e).
Suisse :
Sommer (3) : de retour dans le onze titulaire après avoir connu quelques pépins physiques, il avait sûrement rêvé de mieux pour ce huitième de finale...
Il se fait fusiller par Ramos assez tôt dans le match, et pouvait éventuellement mieux couvrir son poteau. Sur le deuxième but, la tête de Pepe est difficile à stopper. Peu avant la pause, il sort une main parfaite sur Ramos pour éviter le troisième, puis, est totalement délaissé par sa défense. De façon globale, il ne peut pas être tenu pour responsable de la défaite, mais six buts encaissés avec une seule véritable parade au compteur, ça fait beaucoup...Fernandes (3,5) : le joueur de côté droit a souffert. Quelques montées intéressantes, comme ce centre dangereux à la 38e, et d'autres transmissions bien senties. Mais défensivement, ce fut difficile pour lui et ça éclipse clairement les quelques bonnes actions offensives. Il a été pris dans son dos à plusieurs reprises par les joueurs offensifs portugais. Et quand on prend l'eau bien trop de fois face à une équipe rivale si létale, ça se paye.
Schär (3) : l'expérimenté défenseur central a vécu l'enfer ce soir. Il est trop passif sur l'ouverture du score de Gonçalo Ramos, n'étant pas assez proche de l'attaquant lusitanien et le laissant frapper un peu trop facilement. Il se rattrape en sortant le ballon in-extremis pour éviter le deuxième but du joueur de Benfica (32e), mais on l'a senti complètement dépassé et à la rue sur chaque offensive portugaise. Un cauchemar, en somme. Comert (3) a pris sa place et a lui aussi souffert face à Ramos, qui a pris le meilleur sur lui dès la 50e minute pour signer le 3-0. Il a réussi l'exploit de faire aussi bien, ou aussi mal dans ce cas, que le joueur qu'il a remplacé, et ça c'est plutôt fort !
Akanji (5) : le défenseur de Dortmund n'a pas toujours été rassurant dans sa surface. Moins en difficulté que Schär et Comert au niveau du positionnement et des duels dans le jeu, il n'a pas pour autant été spécialement serein ni rassurant. Pepe l'a mangé dans le jeu aérien sur le but du défenseur portugais (33e), même s'il est vrai que le Lusitanien arrivait lancé et un peu trop libre. Son but (58e), seul au deuxième poteau sur corner, sauve un peu l'honneur, mais on peut dire qu'il n'a pas vraiment tenu son rang ce soir.
Rodriguez (3,5) : le vétéran latéral gauche a, comme le reste de l'arrière-garde, rendu une copie plutôt mauvaise. Et ce, des deux côtés du terrain. Lui aussi a souffert face au jeu assez rapide et astucieux des Portugais, étant souvent mal placé et pris à défaut par ses vis à vis. Comme Fernandes, les Portugais sont beaucoup passés dans son dos et il n'a pas su répondre à ce challenge. Devant, il n'a presque rien proposé.
Xhaka (3,5) : le taulier de la sélection de notre pays voisin n'a pas été au niveau. Que ce soit sur les séquences défensives, où il a clairement pris l'eau comme tout ses partenaires pratiquement, et même lorsque son équipe avait le ballon, il a eu du mal à être réellement influent dans la construction du jeu, donnant l'impression d'être perdu entre plusieurs Portugais. En deuxième période, on pouvait même penser qu'il avait déjà abdiqué puisqu'il était aux abonnés absents. Symbole de la déroute collective et individuelle de son pays.
Freuler (4) : le milieu de Nottingham Forest a été plutôt moyen ce soir, après une entame de Mondial assez convaincante. Quelques projections intéressantes, comme lorsqu'il se retrouve dans la surface et place une tête aussitôt contrée par le portier rival (38e), mais aussi beaucoup de déchet dans l'entrejeu et de problèmes pour bonifier les ballons qui transitaient par ses pieds. Remplacé par Zakaria à la 54e, pas franchement meilleur que lui.
Shaqiri (4,5) : la vedette de l'équipe suisse, toujours en forme en sélection, a été très participative et active dans la moitié de terrain adverse. Mais on pouvait en attendre plus.Il met un bon corner pour Akanji qui ne se loupe pas (58e), preuve qu'avec le ballon, il est capable de faire des différences. Dans le jeu, en revanche, ce fut bien trop insuffisant. Bien muselé, le leader offensif de la Nati a souvent tenté de changer de position sur le terrain pour tenter de trouver une zone où il serait plus à l'aise, mais si on met de côté quelques belles passes qui ont brisé des lignes, il n'a pas réussi grand-chose.
Sow (3,5) : le joueur de l'Eintracht Francfort a traversé la rencontre sans peine ni gloire. Il n'a pas réussi à faire le lien entre le milieu de terrain et Embolo et les ailiers, ce qui lui était demandé. Il faut dire qu'il n'a pas franchement été trouvé entre les lignes par ses partenaires. Seferovic a pris sa place à la 54e, mais n'a pratiquement pas touché le moindre ballon.
Vargas (3,5) : sur le flanc gauche de l'attaque, il a été un peu trop effacé et n'a pas vraiment réussi à se montrer ni à créer des différences. Un fantôme, diront les mauvaises langues, même s'il faut reconnaître qu'il s'est beaucoup donné dans les tâches défensives. Sorti par son sélectionneur pour faire entrer Okafor (65e), qui n'a pas vraiment pu se montrer à son avantage et a surtout touché des ballons loin de la zone dangereuse.
Embolo (4) : la référence offensive helvète avait du pain sur la planche ce soir, étant souvent isolé dans la solide défense portugaise. Il a tenté de s'imposer en utilisant son physique notamment, ou en redescendant un petit peu plus bas sur le terrain pour toucher des ballons, et il l'a plutôt bien fait, à l'image de son retourné acrobatique (80e). Mais il n'a rien eu à se mettre sous la dent dans la surface rivale, là où il brille d'habitude. Sorti pour laisser place à Jashari (89e), dont l'entrée a logiquement été anecdotique.
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