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Le FC Barcelone fait de l’Afrique son nouveau terrain de chasse

Ces derniers mois, la direction du FC Barcelone a fait venir bon nombre de joueurs pour ses équipes de jeunes. Pourquoi cet intérêt soudain pour l’Afrique ? Explications…

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Les pépites africaines du Barça @Maxppp

Lorsqu’il s’agit de remplir les rangs de La Masia, le FC Barcelone a l’habitude de faire son marché en Catalogne ou en Espagne, grâce à un réseau de recrutement qui permet au géant catalan de ne rater aucun jeune talent émergeant dans les clubs de la région et dans ceux du reste du pays. Une toile d’araignée parfaitement tissée qui n’a donc jamais vraiment poussé les dirigeants du centre de formation à aller piocher à l’international. Il y a eu quelques exceptions, forcément, à l’image d’un certain Lionel Messi, ou de certains jeunes Brésiliens arrivés dans des opérations parfois un peu louches impliquant des agents proches du club comme André Cury, mais globalement, le Barça s’est toujours contenté du vivier régional et national.

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L’Afrique, où de nombreux clubs français et anglais ont l’habitude de chercher les talents de demain, a ainsi souvent été négligée par le Barça. Dans les années 2000, la présence de Samuel Eto’o avait facilité l’arrivée de certains jeunes camerounais à La Masia via la fondation de l’attaquant, mais ce fut plutôt épisodique et seuls les gardiens André Onana et Fabrice Ondoa ont réussi à faire carrière dans l’élite. Il était ainsi très rare de voir des jeunes Africains jouer avec les U15, les U17, les U19 ou le Barça Atlètic (Barça B, NDLR), puisque les équipes étaient majoritairement composées de joueurs espagnols, et les quelques Africains qui y sont passés étaient des binationaux nés ou ayant grandi en Espagne, à l’image d’Abde Ez (Maroc) ou d’Ilaix Moriba (Guinée). En revanche, ces derniers temps, de nombreux joueurs issus du continent africain ont posé leur valise du côté de l’académie barcelonaise.

Des joueurs abordables en temps de crise

C’est le cas du Sénégalais Mika Faye, déjà parti du côté de Rennes, ou de son compatriote Mamadou Mbacke, qui évolue avec le Barça Atlètic en D3 espagnole. L’été dernier, les Catalans sont aussi allés jusqu’aux Accra Leons au Ghana pour recruter le latéral David Oduro, tout comme ils ont aussi enrôlé son compatriote Abdul Aziz Issah du Dreams FC. Tous deux évoluent également avec l’équipe B du Barça, alors que Hafiz Gariba, jeune défenseur central ghanéen aussi arrivé l’été dernier, joue avec les U19. Puis, cet hiver, le Barça a enrôlé Ibrahim Diarra, considéré comme un des plus gros talents africains, et arrivé de l’Académie Africa Foot au Mali. De nombreux jeunes font aussi des séances des essais pour voir s’ils ont les capacités pour rejoindre le Barça une fois qu’ils auront fêté leurs 18 ans. D’autres jeunes comme Amara Diouf (16 ans, Sénégal, Generation Foot) ou Relebohile Mofokeng (20 ans, Afrique du Sud, Orlando Pirates) sont aussi sur la shopping-list du Barça et pourraient arriver à Barcelone prochainement, alors qu’on compte une dizaine de joueurs africains au sein des différentes équipes U15 du Barça.

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Pourquoi cet intérêt soudain pour les jeunes joueurs africains ? Il y a une réponse sportive évidente. Ces dernières années, le niveau des infrastructures et de la formation dans beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne a grimpé en flèche, et le gap qui sépare les joueurs africains des joueurs européens s’est relativement réduit. Les jeunes footeux formés dans leur pays sont désormais capables d’être performants une fois arrivé en Catalogne et en Europe de façon générale, et ils apportent souvent des choses différentes qui manquent chez les jeunes européens, notamment sur le plan physique. Le club a aussi amélioré son réseau en Afrique, avec l’arrivée de Moussa Koné dans la cellule de recrutement en 2023. C’est lui qui est derrière toutes ces arrivées, et qui a aussi conclu des partenariats avec plusieurs académies importantes dans différents pays africains. Jusqu’ici, le Barça se contentait de suivre les compétitions internationales pour suivre l’évolution de joueurs éventuellement intéressants ; désormais, le club veut avoir les pépites du continent sous la main dès leur plus jeune âge et éviter que d’autres clubs européens s’en emparent avant eux. Et le risque financier en cas d’échec est moindre, contrairement à ce qui s’est passé avec Vitor Roque par exemple.

Une stratégie sportive et financière

C’est un projet parfaitement assumé par le Barça, qui compte donc travailler sur le long terme en Afrique. Derrière tout ça, il y a aussi une réalité financière. Les jeunes joueurs africains sont généralement bien moins chers que leurs collègues européens ou sud-américains. Il ne s’agit pas que d’une question de niveau, pas du tout même, mais les joueurs africains sont tout simplement moins cotés, tout comme les clubs ou les académies africaines sont bien moins puissantes financièrement et ne peuvent pas se permettre de refuser des approches du Barça. Il est bien plus facile pour le FC Barcelone, club en difficulté financière, d’aller chercher un jeune espoir au Mali ou au Sénégal plutôt qu’en Argentine, au Brésil, en Allemagne ou au Portugal. Et justement, le prix abordable de ces joueurs permet au Barça d’envisager une stratégie de trading qui peut s’avérer particulièrement intéressante. Recruté pour 1,5 million d’euros en D2 croate (mais il était déjà suivi quand il était à Diambars), Mika Faye a été revendu 10 millions d’euros un an plus tard. Une belle plus-value donc, et le Barça espère répéter ce genre d’opération à l’avenir.

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Les meilleurs joueurs seront eux progressivement promus jusqu’à éventuellement atteindre l’équipe première, ce qui est loin d’être impossible dans ce Barça où les jeunes joueurs ont souvent leur chance. Ibrahim Diarra est d’ailleurs considéré par les observateurs comme un joueur ayant le potentiel pour se faire une place dans l’effectif d’Hansi Flick - ou du prochain coach du Barça - sur le moyen terme. En quête du nouveau Sadio Mané ou du prochain Samuel Eto’o, le Barça pourrait aussi lancer une mode en Espagne. Du côté du Real Madrid, l’Afrique est clairement négligée et on épure l’Amérique du Sud, où Juni Calafat est comme un poisson dans l’eau et a déjà fait venir des joueurs du calibre de Fede Valverde. De même pour les autres gros clubs du pays, comme l’Atlético ou Villarreal. Valladolid fait partie des rares clubs qui y ont bâti des réseaux, ayant ainsi accueilli un très jeune Mohammed Salisu, aujourd’hui à Monaco, ou Juma Bah, récemment vendu au City Group. Quoi qu’il en soit, le Barça croit comme fer en son nouveau projet africain, et les prochaines années nous diront si les Catalans auront eu raison ou non de se tourner vers le berceau de l’humanité…

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