Bordeaux, David Guion : «c’est plus facile d’adhérer à un projet quand on gagne»
Après un été plus qu'agité entre un possible dépôt de bilan et un encadrement de la masse salariale lors du mercato, les Girondins de Bordeaux pointaient pourtant à une belle troisième place du classement de Ligue 2 à la trêve. L'entraîneur David Guion s'est confié à Foot Mercato sur le début de saison surprenant de son équipe, la jeunesse bordelaise ou encore le mercato.
Foot Mercato : si on vous avait dit qu’à la trêve de septembre, Bordeaux serait 3e, vous y auriez cru ?
David Guion : on travaille toujours pour être le mieux classé possible, mais c’est vrai que vu toutes les péripéties qu’on a rencontrées à l’intersaison et à la pré-saison, on ne s’attendait pas obligatoirement à être là. On a rencontré beaucoup d’aléas depuis le début de saison. Mais ça prouve aussi que c’est toujours intéressant de trouver des opportunités à saisir quand on est dans des moments difficiles.
FM : après une saison chaotique, comment avez-vous réfléchi pour repartir sur un nouveau cycle ?
DG : très tôt, on s’est mis d’accord avec la direction pour repartir avec un nouveau vestiaire. C’était ça qui était important. On voulait changer la mentalité et recréer un état d’esprit autour du centre de formation et avec des garçons plus expérimentés. Mais avec une mentalité irréprochable. D’où la signature de N’Simba et Barbet. Deux anciens Bordelais dont on connaissait le niveau et la mentalité exceptionnelle. Ça correspondait à ce qu’on recherchait pour encadrer ces jeunes. On voulait aussi garder des garçons avec une belle marge de progression. Avec les aléas administratifs, c’était notre première étape. J’ai rapidement compris qu’il fallait aller chercher des ressources en interne. Je suis allé chercher des joueurs au centre pour pouvoir faire une préparation cohérente.
FM : vous parliez de renouveler le vestiaire, vous avez aussi renouvelé votre staff. Est-ce que c’était nécessaire selon vous ?
DG : c’était une volonté de ma part de repartir avec un encadrement nouveau. On a pratiquement tout changé. Seul André Monteiro est resté. Je souhaitais vraiment faire venir quelqu’un avec un gros vécu de formateur puisqu’il y a énormément de jeunes. Et ce travail de post-formation est déterminant avec les jeunes. D’où mon choix de faire venir Denis Zanko (ndlr : ancien responsable du centre de formation de Toulouse). Ensuite, on a revu notre préparation athlétique et notre modèle. On est parti avec un nouveau responsable de la performance. Et au niveau des gardiens, on avait une belle opportunité à saisir avec Josep Pascual. J’ai pu choisir mon staff pour permettre d’encadrer tout ce groupe.
FM : qu’est-ce que vous apporte un Denis Zanko justement ?
DG : déjà, il est très légitime en tant que formateur de par son parcours. Il venait d’être champion de France avec les U17 de Toulouse. On s’est beaucoup côtoyé à travers nos différents stages à la DTN. On se connaît depuis longtemps. Je voulais ce profil-là puisqu’il a de l’expérience aussi à Laval et au Mans. Il remplissait beaucoup de cases.
«On a rapidement vu que les garçons adhéraient à nos méthodologies»
FM : comment on travaille lorsque l’on est autant dans l’inconnu que vous l’avez été pendant l’été ?
DG : il faut créer les conditions de la réussite. C’est important. Ça se fait à travers la compétence et l’exigence du staff avec qui on travaille. Ensuite, ce qui est déterminant, c'est qu’à travers ce cadre d’exigence, les joueurs prennent du plaisir aux entraînements. On a rapidement vu que les garçons adhéraient à nos méthodologies. Et puis le footballeur est suffisamment intelligent pour voir que s’il progresse, il est forcément mieux valorisé. On a vu que sur les trois premiers mois, beaucoup ont progressé. Et je ne parle pas que des jeunes, il y a aussi Maja, Gregersen… Mais il faut que tout soit validé par des résultats. C’est plus facile d’adhérer quand on gagne.
FM : vous êtes de retour en L2 après votre passage en 2018, comment jugez-vous ce championnat 4 ans après ?
DG : j’ai l’impression que ce championnat est devenu un peu plus technique. J’ai le sentiment que comme en Ligue 1, la qualité et la compétence des staffs sont très importantes. Cela permet de voir des rencontres où il y a de vraies problématiques à résoudre. Comme en Ligue 1. Sur ce niveau, ça se rapproche. Ici, il n’y a pas de PSG donc toutes les équipes peuvent se battre. Il n’y a pas de match facile, il y a toujours de la densité physique et des joueurs qui s’investissent énormément. Tactiquement, il y a des progrès. Après, en Ligue 2, on retrouve de bons joueurs mais il n’y a pas la qualité individuelle de la Ligue 1.
FM : depuis le début de saison, on a l’impression qu’il y a eu deux étapes. Une première où le travail a été accès sur la défense, et depuis deux matches, on a le sentiment que l’animation offensive se met en place...
DG : on démarre par les fondations. C’est vrai qu’il était important de créer un cadre de discipline et de rigueur sur le terrain avec un système de jeu qui correspondait aux joueurs présents. Et je n’avais que trois attaquants de disponible (Bakwa, Maja, Delaurier-Chaubet). On les a énormément sollicités. On connaît l’importance des latéraux dans le jeu offensif, nous, on a dû faire confiance à des garçons qui débutaient à ce niveau (Bokele et Ekomie). Dans notre animation offensive, on a été plus en retard. Mais cela a permis à ces joueurs de prendre de l’expérience. Ça a aussi permis à un garçon comme Josh Maja de refaire surface. Et maintenant, depuis deux matches, j’ai la possibilité de faire tourner devant avec Badji et Zuriko.
« Il fallait un cadre derrière pour accompagner nos jeunes d’où le choix de Yoann Barbet »
FM : quelle réflexion avez-vous eue autour du mercato justement ?
DG : on a d’abord commencé par savoir ce qu’il nous fallait pour remplir nos objectifs. On voulait un effectif cohérent pour la Ligue 2. Par rapport à l’année dernière, au-delà de l’état d’esprit, il nous fallait surtout deux latéraux. N’Simba nous a rejoints pour ça. Clément Michelin aussi. Ensuite, il fallait un cadre derrière pour accompagner nos jeunes. D’où le choix de Yoann Barbet. Après, comme on avait conservé Fransergio et Ignatenko, en plus des jeunes Lacoux et Sissokho, on avait ce qu’il fallait pour remplir les différents rôles. Il fallait donc se pencher sur l’attaque, car on était en difficulté. Dès que c’était possible, on voulait vraiment un avant-centre en plus et un joueur de couloir. Maintenant, on doit juste travailler sur la complémentarité pour les intégrer au projet.
FM : la DNCG a limité le mercato bordelais. Dans l’idéal, espériez-vous d'autres joueurs ?
DG : oui, on aurait pu avoir d’autres recrues. L’idée était d’avoir un ou deux renforts de plus. Maintenant, entre temps, nos jeunes ont montré de belles choses et ont donné de bons signaux. Par rapport à ce qu’ils nous ont fait voir, ce serait dommage de ne pas leur laisser une chance. Ils l’ont saisi et restent dans le groupe. Ça permet aussi au club de ne pas investir sur d’autres joueurs.
FM : avec cet effectif, vous estimez Bordeaux capable d’atteindre ses objectifs de la saison (ndlr : une montée en Ligue 1) ?
DG : ça va être une Ligue 2 très homogène. Jusqu’au dernier moment, cela va se jouer sur peu de choses. Il faudra être épargné par les blessures, c’est important pour rester en haut. Il faudra être régulier, car on sera récompensé pour ça. Après, il a tous ses aléas depuis le début de saison. Je parle de l’arbitrage et tout ça. Il faut être capable de le maîtriser, ça fait beaucoup. L’idée avec ce groupe, c’était de donner de l’expérience à ces jeunes sur la première phase. Maintenant, on va attaquer la deuxième phase, c’est-à-dire intégrer nos 5 recrues. On ne joue pas pareil quand on a N’Simba et Michelin, que quand on a Ekomie et Bokele. C’est aussi différent quand on a Bakwa et Delaurier-Chaubet ou Badji et Zuriko Davitashvili. On a jusqu’à la trêve pour voir comment on prend les choses en main quand on est au complet.
FM : est-ce que l’effectif est amené à évoluer lors du mercato ou êtes vous plutôt dans l’optique d’avoir ce groupe jusqu’à la fin de la saison ?
DG : très honnêtement, pour le moment, j’attends de voir comment les nouveaux vont s’intégrer. Badji n’a pas été titulaire une seule fois encore, Michelin aussi. Davitashvili n’a joué qu’une seule fois. Les autres n’ont joué que deux matches et encore Barbet n’a pas fini le dernier. J’ai besoin de voir leur état de performance et comment ils vont s’intégrer au projet de jeu. J’aime bien regarder ce que j’ai déjà dans mon groupe, ensuite on verra ce qui se passera à la trêve de la Coupe du monde. Je referai le point.
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