La guerre des droits TV plonge le football français dans une peur bleue !

Par Josué Cassé
5 min.
Vincent Labrune, le président de la LFP @Maxppp

À l’heure où Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, s’active pour trouver un diffuseur du championnat français pour la saison prochaine, l’incertitude est à son paroxysme et de nombreux clubs peuvent redouter le pire…

La guerre fait rage entre la LFP, Canal+ ou encore beIN Sports… Et pour cause. Dans un peu plus de 70 jours, la Ligue 1 va reprendre ses droits - sans mauvais jeu de mots - et pour l’heure personne ne sait encore où la compétition sera diffusée. Loin du milliard espéré par Vincent Labrune il y a quelques mois, les derniers chiffres évoqués ont d’ailleurs de quoi faire trembler les différentes écuries françaises. Après un appel d’offres infructueux en octobre 2023, la Ligue s’était lancée dans des discussions de gré à gré avec les principaux acteurs du marché, espérant décrocher le jackpot pour la commercialisation des droits TV du cycle 2024-2029. Oui mais voilà, alors que beIN Sports semblait prêt à acquérir les droits pour 700 millions d’euros par saison, mais à condition que Canal+ prenne aussi quelques matchs, les négociations se sont finalement embourbées.

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Les négociations sont bloquées !

Candidate numéro un au rachat, la chaîne qatarie n’a, en effet, pas encore trouvé d’accord avec le diffuseur historique de la L1 pour une offre commune. Bien décidé à ne faire aucun cadeau à la LFP après le fiasco Mediapro, Maxime Saada, patron de la chaîne cryptée, se retrouve alors en position de force et pousse l’instance du football français à tabler sur d’autres alternatives. Dans cette optique, l’ancien président de l’Olympique de Marseille a notamment évoqué la possibilité de créer une chaine qui se consacrerait uniquement aux matches de la Ligue 1. Selon L’Équipe, cette toute nouvelle chaine serait alors diffusable chez tous les opérateurs, que ce soit SFR, Orange ou même Free. Un moindre mal qui semble cependant de plus en plus compromis, notamment au niveau des délais et qui pourrait amener la Ligue à se rapprocher de vieilles connaissances.

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Ainsi, à l’heure où Canal+ estime qu’au-delà de 500 millions d’euros pour la totalité des droits à l’année, les diffuseurs seront financièrement perdants - le cap des 2 millions d’abonnés exclusif ne pouvant pas être franchi - DAZN et Amazon Prime restent encore des candidats potentiels. Des possibilités qui ne permettront, cependant, pas d’approcher les 850 millions d’euros (droits internationaux inclus) désirés… Pour rappel, le service, imaginé comme un «Netflix du sport», avait proposé, l’hiver dernier, 500 millions d’euros pour récupérer la totalité des droits avant de retirer son offre face aux doutes émis par la Ligue. De son côté, le géant de la livraison - déjà fort d’un dispositif et d’équipes en place - avait quant à lui fait une proposition à hauteur de 100 millions d’euros pour avoir une grosse affiche et d’autres matches de second rang.

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Un montant revu à la baisse ?

Devant l’impasse et l’incertitude grandissante, les deux diffuseurs pourraient donc ressurgir dans l’idée de récupérer une ou deux rencontres. Une chose est sûre, cet autre scénario ne permettra pas, non plus, à Vincent Labrune d’atteindre le jackpot espéré. De quoi envisager une autre issue, là aussi angoissante… En effet, le quotidien français indique, dans son édition du jour, que la LFP pourrait accepter une offre à la baisse, précisant que «si la décote est trop significative, l’instance pourrait finalement opter pour un contrat moins long que les cinq ans initialement prévus (2024-2029, ndlr)». Si le temps presse et que la perspective d’atteindre les 700 millions d’euros est désormais illusoire, les différents schémas évoqués ont quoi qu’il en soit de quoi alarmer les différentes formations françaises.

Alors que les pouvoirs publics continuent de surveiller de près ce dossier afin d’éviter une nouvelle catastrophe industrielle - faut-il rappeler que les droits télévisés de la L1, via les 5 % prélevés par la taxe Buffet, servent aussi à financer le sport amateur - les différentes acteurs, que ce soit du côté de la Ligue et des clubs, sont en effet à bout de nerfs. Comment établir un budget prévisionnel face à tant de zone d’ombres ? Quelles sont les stratégies possibles à l’aube du mercato estival ? Plus globalement, quel avenir pour le football français ? Autant d’interrogations pour les dirigeants de club poussant Jean-Marc Mickeler, patron de la DNCG, a envoyé un courrier de trois pages aux clubs de Ligue 1, Ligue 2 et National. Dans ce dernier, le responsable des audits appelait alors à la prudence, préconisant de partir sur un maintien du montant des droits TV actuels, à savoir 663 millions d’euros, pour préparer le budget de la saison prochaine.

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Les clubs français angoissent…

En attendant de connaître les sommes définitives, de très nombreux clubs français vont donc devoir se serrer la ceinture et gérer leur masse salariale du mieux possible pour ne pas être sanctionné par le gendarme financier avant le début du mercato estival. Rappelons, par exemple, que la part des droits TV dans le budget du Montpellier HSC représentait 71,2% au 30 juin 2023. Une dépendance également notable pour d’autres écuries françaises - Clermont (65,7%), Rennes (42,3%), Lorient (41,6%), Nantes (41,2%) - et justifiant largement les crispations actuelles… Un contexte d’autant plus effrayant que l’arrivée de CVC Capital Partners au capital de la LFP viendra, là-aussi, réduire les montants alloués aux clubs.

«Une diminution serait la double peine. Parce que vous aurez des droits plus bas. Et en parallèle, CVC va commencer à toucher un pourcentage sur les revenus d’environ 13 %. CVC va même prélever 20 % la première année, les 13 % des montants auxquels ils ont souscrit, avec une dîme sur l’argent investi à son arrivée (1,5 milliard d’euros). Si vous avec 500 millions d’euros de revenus liés au droit, il faudra rembourser 100 millions à CVC la première année», rappelait, à ce titre, Christophe Bouchet, ancien président de l’Olympique de Marseille. Du gros milliard espéré à l’épais brouillard constaté, voici donc la triste réalité à laquelle doit aujourd’hui faire face Vincent Labrune et le football français…

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