Real Madrid : l'inoxydable trio gagnant des Merengues
À quelques heures du choc tant attendu entre le Paris Saint-Germain et le Real Madrid dans le cadre du huitième de finale aller de la Ligue des Champions, coup de projecteur sur le milieu de terrain des Merengues. Portés par son éternel trident Casemiro-Kroos-Modric, les Madrilènes espèrent une nouvelle fois s'appuyer sur leurs indéboulonnables cadres de l'entrejeu pour faire sauter le verrou parisien. Au grand dam de Dani Ceballos, Eduardo Camavinga et consorts...
Dans l'entrejeu du Real Madrid, les années filent et rien ne change, ou presque. Qu'il s'agisse de la chevelure blonde du gamin de Zadar, désormais teinté de 36 printemps, du «Tank» élevé dans les rues de São José dos Campos ou de l'enfant de Greifswald qui vient tout juste de souffler ses 32 bougies, le cœur des pensionnaires du Santiago-Bernabéu bat ainsi toujours au rythme de son éternel trident : Luka Modric (36 ans, 417 matches avec le Real), Casemiro (29 ans, 317 matches), Toni Kroos (32 ans, 346 matches). Cadres inoxydables du milieu de terrain de la Maison Blanche, ces trois immenses stars de la planète football représentent tout simplement l’âme véritable de cette formation et sont l'une, si ce n'est la raison principale des innombrables succès madrilènes.
Installé par Rafael Benitez lors de son bref passage au Real Madrid (de juin 2015 à janvier 2016), adulé puis verrouillé par Zinedine Zidane dans la foulée, ce trio Casemiro-Kroos-Modric est désormais très souvent associé à ce qui peut se faire de mieux en Europe. Grands artisans du triplé réalisé par ZZ en Ligue des Champions, les trois milieux, malgré un âge qui commence à être avancé (au moins pour deux d'entre eux), continuent d'éclabousser la planète football de leur justesse technique, de ces délicieuses orientations du jeu et de cet impact physique rappelant celui d'un 6 en pleine force de l'âge. Organisé avec le Brésilien Casemiro en pointe basse, Kroos côté gauche et Modric côté droit, mais avec une grande liberté de mouvement, cet attelage reste alors encore aujourd'hui l'une des principales forces des Merengues.
Les trois (autres) fantastiques du Real !
Positionné légèrement en retrait de Karim Benzema et Vinicius Jr, les deux terreurs offensives de la Casa Blanca, ce trident légendaire se complète en effet parfaitement. Emmené par le profil très athlétique et plus défensif de Casemiro, le milieu madrilène peut par ailleurs s'appuyer sur toute l'expérience de son duo Kroos-Modric. Redoutables dans l'orientation du jeu, en témoignent les multiples transversales délicatement déposées dans les pieds des joueurs de couloir du Real, l'Allemand et le Croate sont également capables de faire preuve de dureté dans le combat physique, voire de vice pour casser les offensives adverses. Plus en retrait, Toni Kroos garde ainsi toujours dans son champ de vision un Luka Modric, plutôt dans le cœur du jeu. Ensemble, les deux historiques du Real sont très souvent les premiers détonateurs des offensives merengues.
Davantage préoccupés par le collectif, Kroos et Modric, complices comme les doigts d'une main, peuvent par ailleurs compter sur les qualités de projection d'un Casemiro, doté d'une très belle frappe et souvent comparé à Claude Makélélé. «Pour montrer l'importance de Casemiro, je pense que son rôle au Real est aussi vital que celui que Makélélé avait à l’époque. Quand il est parti, ils ont beaucoup souffert. Il leur a beaucoup manqué. La même chose s'est produite plus tard avec Vieira à Arsenal. Ce sont des joueurs fantômes, avec un profil bas, mais ils font jouer toute l'équipe et les aident au point d’être indispensables», déclarait, à ce titre, son compatriote Gilberto Silva à Betfair. En parfaite symbiose, ces trois titulaires indiscutables de Carlo Ancelotti créent alors un entrejeu madrilène polyvalent, peu friable mais surtout difficilement modulable...
Un trio complémentaire et insatiable !
Dans cette optique et pour illustrer le quasi monopole et le côté indispensable de ce trident dans l'entrejeu des Merengues, il suffit alors de constater les efforts consentis par la direction madrilène ces derniers mois pour apporter un nouveau vent de fraîcheur dans ce secteur de jeu et les conséquences observées et toujours observables... Car, oui, quand bien même ce trio, fort de qualités individuelles au dessus de la moyenne, se veut étincelant, pour le board de la Casa Blanca, il est tout à fait légitime de vouloir préparer l'avenir. Alors pour ce faire, Florentino Pérez et ses conseillers ont décidé de frapper fort en enrôlant dernièrement la jeune pépite Eduardo Camavinga (19 ans). Pourtant, force est de constater que les débuts en terres madrilènes sont particulièrement délicats pour le crack français.
Tancé par les supporters, décevant lors de ses entrées en jeu (6 titularisations en Liga), Camavinga souffre clairement de la comparaison avec Casemiro, même si on le rappelle, il n'est pas un milieu défensif. Et quand bien même un d'adaptation peut encore s'entendre pour celui qui a signé un contrat jusqu'en juin 2027, le constat est le même pour les autres potentiels titulaires dans ce secteur de jeu. Ainsi, si Federico Valverde présentait des garanties certaines en tout de début de saison (titularisé lors des huit premières journées), sa blessure au genou lors du Clasico fin octobre dernier l'a considérablement freiné dans son élan. Depuis, le gamin de Montevideo n'a ainsi pris part qu'à 270 petites minutes de jeu en championnat (soit l'équivalent de trois rencontres pleines depuis le 24 octobre 2021).
Un sort tout aussi malheureux pour Dani Ceballos (25 ans). Blessé le 22 juillet dernier au ligament croisé antérieur lors du match d'ouverture des Jeux Olympiques entre l'Espagne et l'Egypte, le talentueux milieu espagnol vit très certainement le moment le plus difficile de sa carrière. Victime d'un mauvais diagnostic à Tokyo, entraînant un retour précipité à la compétition et éloigné des terrains pendant près de six mois, celui qui a été prêté à Arsenal lors des deux dernières saisons revient tout juste à la compétition. Une reprise en douceur qui ne peut dès lors pas le positionner, à l'heure actuelle, comme un potentiel titulaire en puissance, qui plus à l'aube d'un rendez-vous aussi important que celui qui attend les Merengues face au PSG. Alors entre blessure et adaptation retardée, Carlo Ancelotti se retrouve souvent «obligé» d'aligner son éternel trident.
Mauricio Pochettino ne doit pas se tromper !
Symbole de cette - toute relative - contrainte (tant c'est un luxe de pouvoir compter sur ces trois piliers), cette soirée de huitièmes de finale de Coupe du Roi contre Elche le 20 janvier dernier où le tacticien italien décidait, au coup d'envoi, de laisser Modric et Casemiro souffler et alignait donc Camavinga et Valverde dans le onze de départ. Amorphes, insipides et peu inspirés collectivement pendant plus de 70 minutes du jeu, les Madrilènes parvenaient finalement à se défaire des Franjiverdes au terme de la prolongation. Une issue heureuse largement explicable par l'entrée du Brésilien et du Croate à l'aube du dernier quart d'heure de jeu, offrant dès lors au Real une assise et une emprise jusqu'alors inexistante. Un exemple qui résume, à lui seul, la dépendance des Merengues à ce milieu hors-norme : deux buts et cinq passes décisives en 26 matches toutes compétitions confondues pour Luka Modric, quatre offrandes en 31 rencontres pour Casemiro, trois réalisations et trois caviars en 26 apparitions pour Toni Kroos.
Voici jusqu'à présent le bilan statistique des trois monstres du Real. Trois fantastiques qui s'occuperont, à coup sûr, de l'animation collective madrilène au Parc des Princes. Alors pour le PSG, gagner la bataille du milieu restera sans doute l'une des clés essentiels du résultat final. Une maîtrise indispensable sous peine de subir le même genre de domination que celle connue récemment contre Manchester City en phase de poules. Or, si le club de la capitale a déjà montré par le passé sa capacité à éteindre un tel entrejeu (victoire 3-0 face au Real lors de la 1ère journée du Groupe A en 2019), c’est précisément dans ce secteur de jeu que Mauricio Pochettino est confronté à un épineux casse-tête. A l’exception de Marco Verratti, une des rares satisfactions du milieu parisien, l'Argentin devra ainsi composer avec un Ander Herrera très décevant, un Leandro Paredes qui n'est que l'ombre de lui-même ou encore un Danilo Pereira sur courant alternatif.
Georgino Wijnaldum, tout juste revenu de blessure, sera quant à lui être à court de forme, qui plus est pour un tel choc. Reste alors à espérer qu’Idrissa Gueye, tout juste titré avec le Sénégal à la CAN, pourra apporter ce liant primordial au milieu de terrain. À moins que l'ancien défenseur des Rouge et Bleu ne se laisse tenter par un pari fou d'aligner Edouard Michut ou Xavi Simons. Une supposition qui semble cependant totalement ubuesque au regard du temps de jeu accordé par Pochettino aux jeunes du PSG depuis le début de la saison et de l'importance de ce rendez-vous pour lequel ces deux espoirs du club sont sans doute encore un peu tendres. Une chose est sûre, l’entraîneur parisien n'a plus que quelques heures pour se décider et il a tout intérêt à ne pas se tromper, car les chances de qualification du PSG dépendront en grande partie de la performance du milieu de terrain qui sera opposé au monstrueux trio des Merengues.