Ligue 1

OL : Fabio Grosso, autopsie d’un échec

Nommé entraîneur de l’Olympique Lyonnais le 16 septembre dernier, Fabio Grosso a été mis à l’écart ce jeudi. L’Italien n’a jamais vraiment réussi à convaincre au sein d’un club en pleine crise.

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Fabio Grosso à Lyon @Maxppp

Un cadeau empoisonné. Le 16 septembre dernier, l’Olympique Lyonnais nommait Fabio Grosso à la tête de l’équipe première en lieu et place de Laurent Blanc, qui était arrivé en bout de parcours. Fier de retrouver un club où il avait brillé en tant que joueur, l’Italien était aux anges lors de sa conférence de presse de présentation. « Dés que j’ai reçu l’appel, ça a été quelque chose de grand. C’était mon premier choix. Je veux remercier les gens qui ont travaillé avec moi à Frosinone, ce qui m’a permis d’être ici. Je remercie le président de la confiance qu’il m’a donnée et je vais travailler pour continuer de la mériter.» En effet, le champion du monde 2006 se savait attendu au tournant, puisqu’il n’était pas le choix prioritaire du club.

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Graham Potter, Oliver Glasner, Habib Beye ou encore Gennaro Gattuso, qui a été écarté dans la dernière ligne droite, ont été approchés avant lui. « D’être le premier, deuxième ou troisième choix ça ne me pose pas souci, l’OL c’était le premier choix pour moi. Je n’ai pas peur du risque.» Pourtant, le risque était immense. A son arrivée, Lyon était en pleine crise à tous les étages et 17ème de Ligue 1 avec un 1 nul et 3 défaites. Après le match dirigé par l’intérimaire Jean-François Vulliez contre le HAC (0-0), Grosso et son staff ont pris les choses en main. Mais ça ne s’est pas vraiment arrangé. Sous ses ordres, l’OL c’est 1 victoire, 2 nuls et 4 défaites. Les Gones sont désormais derniers du championnat (7 points après 13 journées, mais un match en retard contre l’OM).

Des choix incompréhensibles

Outre les résultats, qui n’ont pas été à la hauteur, le technicien italien n’a pas convaincu. Le défi était certainement trop grand pour ce jeune entraîneur (46 ans), dont la plus grosse expérience était d’avoir dirigé Frosinone qui a remporté la Serie B en 2023. Encore en apprentissage, il a commis quelques erreurs. Si on peut respecter le fait qu’il n’a pas voulu accorder de passe-droit, il n’a pas toujours été inspiré. Placer son capitaine et leader offensif Alexandre Lacazette sur le banc n’a pas été l’idée du siècle. Ses compositions surprenantes ou ses changements étonnants n’ont pas plaidé pour sa cause. Cela a par exemple été le cas dimanche face au LOSC, lorsqu’il a remplacé Kadewere par Lovren alors que l’OL était mené.

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Grosso a souvent donné l’impression de ne pas savoir où il allait et de chercher la bonne formule, en multipliant les systèmes (4-3-3, 3-5-2) et les onze différents. Il n’a pas eu non plus un grand impact sur le jeu proposé par son équipe. Offensivement, les Gones ont souvent été brouillons. Ils ont aussi manqué d’efficacité (à l’image de Mama Baldé), mais ça on ne peut pas lui reprocher puisqu’il n’est pas sur le terrain. Au milieu, Lyon se fait souvent manger. Défensivement, l’équipe est faible. Bref, rien ne va. Comme Laurent Blanc le disait, il n’est pas responsable de rien mais il n’est pas responsable de tout non plus. De nombreux joueurs n’évoluent pas au niveau attendu à l’image des leaders Anthony Lopes, Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso.

Il n’a pas fait l’unanimité

Même chose pour la majorité des recrues, qui peinent à trouver leur place. Mata et O’Brien sont les seuls à sortir un peu du lot. Beaucoup sont décevants pour le moment, à l’image d’Ernest Nuamah, dont on attendait plus. L’OL, qui a vécu un mercato difficile suite aux sanctions de la DNCG, ne s’est pas vraiment renforcé. Le banc est d’ailleurs moins bon que l’an dernier, où Blanc pouvait compter sur des éléments d’expérience comme Thiago Mendes, Moussa Dembélé ou Houssem Aouar. Mais ne vivons pas dans le passé. Cet OL version 2023-24 manque d’à peu près tout. Fabio Grosso n’est pas parvenu à changer la donne, lui dont les choix ont été incompris par une partie du vestiaire.

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Nos confrères du Progrès ont révélé que plusieurs cadres, dont Lacazette, Lovren, Mata et Tolisso, n’ont pas compris ses décisions. Même chose au sein de la direction, qui a donc décidé de l’écarter et de confier l’intérim à Pierre Sage, directeur du centre de formation. Outre ses choix et les résultats, Grosso paye aussi le fait de s’être mis certains joueurs à dos. On peut citer Rayan Cherki, qu’il n’a pas hésité à envoyer sur le banc. Il serait d’ailleurs la fameuse taupe qui aurait fracassé l’Italien auprès de Jérôme Rothen sur RMC Sport. Certains parlent plutôt de son entourage. Nous ne pouvons rien vous confirmer à ce sujet. D’autant que beaucoup de monde parle finalement à Lyon.

Un incident marquant à Marseille

Le traitement de Lacazette a aussi interpellé. Grosso, qui n’est pas vraiment un meneur d’hommes, est resté fidèle à ses principes et sa ligne de conduite, en traitant finalement tout le monde pareil. On peut noter qu’il a aussi mis en lumière le jeune Mahamadou Diawara. L’un des points positifs de son passage express sur le banc de l’OL. Son franc parler face aux médias et aux supporters, qu’il est allé voir, a aussi été apprécié. Mais au final, le costume était certainement trop grand pour un coach qui débute et qui n’a pas l’habitude de jouer le maintien. A sa décharge, il a aussi été souvent seul alors que Textor n’était pas là tout comme l’ancien président exécutif Santiago Cucci. Certains parlent d’une erreur de casting. Il est certainement venu trop tôt, ou pas au bon moment à Lyon, c’est une certitude.

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Ce jeudi, il ne sera pas présent pour assurer l’entraînement et se présenter en conférence de presse. Il ne sera pas non plus sur le banc samedi face à Lens puis mercredi à Marseille. Une ville où finalement il n’a jamais pu diriger l’OL. Lors du match aller, le 29 octobre dernier, il avait été gravement blessé à l’œil à la suite du caillassage du bus rhodanien (12 points de sutures). Les images de son visage en sang avaient fait le tour du monde. Touché, il n’avait pas pu diriger son équipe et le match avait été annulé. On pensait que cet incident provoquerait enfin un déclic chez ses joueurs. Mais cela n’a pas été le cas. Reprogrammé le 6 décembre avec la présence de supporters phocéens mais sans fans de l’OL, ce qui a ulcéré le coach, ce choc se disputera donc sans Fabio Grosso. L’Italien, qui fêtait ses 46 ans il y a deux jours, a reçu une invitation à s’en aller ce jeudi. Un autre cadeau dont il se serait bien passé…

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