Le PSG n’a pas chassé toutes ses angoisses
Qualifié dans la douleur, mercredi soir, pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain a assuré l’essentiel, profitant notamment de la victoire milanaise (2-1) sur le terrain de Newcastle. Accroché (1-1) par le Borussia Dortmund au Signal Iduna Park, le club de la capitale a, cependant, fait preuve d’une grande fragilité à bien des égards…
Acquise au forceps, la qualification du Paris Saint-Germain pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions ne pourra gommer toutes les difficultés - une nouvelle fois - rencontrées par le club de la capitale sur la pelouse du Signal Iduna Park. Tenus en échec (1-1), mercredi soir, par le Borussia Dortmund, les Parisiens ont, en effet, frôlé le pire. Menés au score, les coéquipiers de Kylian Mbappé, frustré à l’issue de la rencontre, ont finalement profité du retour en grâce de Warren Zaïre-Emery - combiné au succès de l’AC Milan à St’ James Park - pour éviter, de peu, les soirées Ligue Europa du jeudi soir. Proche d’un énième camouflet sur la scène européenne, la formation parisienne a ainsi prouvé que le nouveau projet, porté par Nasser al-Khelaïfi et illustré par le bouleversement entrepris, restait à parfaire. Et pour cause. De son staff, symbolisé par l’arrivée de Luis Enrique en tant qu’entraîneur, à son groupe, ajusté dans le sens des départs (Neymar, Messi, Verratti…) comme celui des arrivées (Dembélé, Ramos, Ugarte, Kolo Muani…) en passant par son centre d’entraînement, aujourd’hui basé à Poissy, le Paris Saint-Germain a procédé à de nombreux changements au cours des derniers mois.
Un visage européen bien moins convaincant !
Des modifications importantes nécessitant, aujourd’hui, un temps d’adaptation pour (enfin) trouver cette alchimie tant désirée. En attendant, le PSG se cherche, se découvre, s’améliore ou tente de le faire mais le chantier, lui, demeure grandiose. Un défi qui n’effraie guère le successeur d’un certain Christophe Galtier, aujourd’hui installé sur le banc d’Al-Duhail au Qatar. «Je suis très content parce que tout au long de ces six matches, nous avons montré une idée claire. L’idée de gagner tous les matches. On a toujours été offensifs, on a toujours créé plus de situations que nos adversaires. Cet été, il y a eu onze signatures, un nouveau staff, un nouveau campus, tout est nouveau. Si nous allons être meilleur dans les mois à venir ? Mon expérience me le dit. J’ai entraîné douze saisons, mes équipes se sont toujours améliorées. Je le répète, il y a onze transferts, l’idée de jeu est différente de ce que les joueurs ont l’habitude de voir en France. J’ai confiance dans le club, dans ce groupe», rappelait ainsi le technicien espagnol des Rouge et Bleu, présent en conférence de presse quelques minutes après le nul décroché en terres allemandes.
Oui mais voilà, si un vent de fraîcheur souffle actuellement sur la capitale française, ce discours renouvelé, optimiste et légitime ne chasse pas certains démons, plus que jamais attachés à l’ambiance francilienne. Il n’échappera d’ailleurs à personne que les champions de France en titre n’auront finalement pris que 8 points lors de cette phase de groupes, soit le plus faible total en poule dans la compétition sous QSI. Ce ne sont que des chiffres cher ami. Exact, alors passons au reste. Que dire par exemple de la copie offensive rendue par l’actuel leader de Ligue 1 ? Meilleure attaque du championnat avec 38 buts en 15 journées, le PSG s’est, en effet, une nouvelle fois illustré en vendangeant à tout-va sur la scène européenne. De Bradley Barcola à Kang-In Lee, auteur d’une piètre performance, en passant par Randal Kolo Muani ou encore Kylian Mbappé, aucun des joueurs à vocation offensive et titularisé par Luis Enrique n’a d’ailleurs su tromper la vigilance de Gregor Kobel. Pour illustrer cela, n’en déplaise encore aux réfractaires des statistiques, à la mi-temps du choc face au BvB, aucune des 52 dernières tentatives parisiennes n’avaient ainsi trouvé le chemin des filets en Ligue des Champions, excepté le penalty de Kylian Mbappé face à Newcastle (1-1) lors de la précédente journée.
Un réalisme offensif préoccupant, une défense alarmante, un tirage crispant !
Un constat sans équivoque témoignant, là-aussi, d’un manque certain d’automatismes et d’une difficulté persistante, principalement les soirs d’Europe, à se montrer chirurgical aux abords des buts adverses. Questionné, à ce sujet, Luis Enrique préférait là encore miser sur le futur. «Je ne me suis pas inquiété. On a une équipe qui crée beaucoup d’occasions, on attaque toujours, même à l’extérieur. On a quatre, cinq occasions de marquer. Est-ce que mon équipe a progressé depuis trois mois ? Sans aucun doute, on est une équipe en construction, au tout début de la construction. J’aime l’attitude des joueurs, leur capacité à se battre. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’on va s’améliorer et qu’en février nous serons beaucoup plus forts». Pour autant et malgré ce discours optimiste et justifié sur bien des aspects, la prestation collective du PSG face au Borussia Dortmund a, une fois de plus, fait ressurgir, parfois avec force, certaines angoisses passées. Un constat malheureusement d’ores et déjà dressé lors des déplacements parisiens du côté de St’ James Park (1-4) ou encore San Siro (1-2). À l’instar d’un Marquinhos toujours aussi friable dans les grands rendez-vous et crédité d’un 3,5 par la rédaction FM, le club de la capitale s’est ainsi rendu coupable d’une grande fragilité défensive.
Semblant rattrapé par les chaudes ambiances à l’extérieur (81365 spectateurs étaient présents dans l’antre du BvB) et cédant à la panique sur certaines séquences, le PSG a finalement vacillé, sans écorcher - pour l’heure - son rêve européen. Dans la lignée du capitaine brésilien, coupable de nombreuses interventions douteuses et d’un manque de leadership, Achraf Hakimi a d’ailleurs livré l’une de ses prestations les plus indigestes au cours des derniers mois. De son côté, Milan Skriniar, souvent pris de vitesse par Karim Adeyemi puis Donyell Malen, a lui confirmé toutes ses limites sur le plan défensif. Des signaux alarmants, qui plus est à l’heure où les Rouge et Bleu risquent de croiser la route d’un grand d’Europe dans les semaines à venir. En effet, au-delà des failles individuelles et collectives aperçues en Allemagne, le PSG ne s’est guère facilité la tâche en terminant deuxième du groupe F. Avec cette place, les pensionnaires du Parc des Princes se réservent un programme copieux, lundi prochain, lors du tirage au sort où ils pourront tomber soit sur l’Atlético de Madrid, Arsenal, Manchester City, la Real Sociedad, le Bayern Munich, le Real Madrid ou encore le FC Barcelone…
Présent au micro de RMC Sport, le héros du soir, Warren Zaïre-Emery, refusait pourtant de s’alarmer. «Une équipe à éviter au tirage ? Non. On n’a peur de personne, on regardera tranquillement. Peu importe l’adversaire, on sera prêt», assurait le jeune milieu de terrain tricolore, récompensé du trophée d’homme du match par l’UEFA. Relancé sur le sujet, Luis Enrique allait même, de son côté, plus loin en affirmant que ses protégés constituaient une véritable menace pour la concurrence. «Je suis une personne positive (sourire). Et aucune des équipes ne voudra tirer le PSG lors du tirage au sort. Demandez-leur», lançait ainsi le coach parisien en conférence de presse. Si le bilan comptable lui donne, actuellement, raison et que l’optimisme affiché par l’Espagnol de 53 ans témoigne d’une certaine assurance, les prestations livrées par ses protégés sur la scène continentale n’inspirent cependant pas la plus grande confiance pour la suite des événements. Nul doute alors que les semaines à venir s’avéreront décisives pour permettre au Paris Saint-Germain de définitivement passer ce cap et ainsi éviter un nouveau mélodrame entre l’hiver et le printemps 2024…
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