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FC Barcelone : un pragmatisme et une solidité défensive paradoxaux

Le FC Barcelone semble enfin avoir trouvé son style et son rythme de croisière depuis le retour de la trêve mondialiste. Et de façon globale, ce Barça de Xavi ne ressemble pas forcément à celui qu’on attendait au moment de la nomination de l’ancien milieu de terrain.

Par Max Franco Sanchez
7 min.
FC Barcelone : un pragmatisme et une solidité défensive paradoxaux @Maxppp

Lorsque Xavi a pris les commandes du Barça en novembre 2021, beaucoup faisaient ce parallèle presque inévitable avec Pep Guardiola. Maître à jouer de l’ancien coach barcelonais pendant la plus belle époque de l’histoire du club, celui qui lançait sa carrière d’entraîneur en Europe était logiquement attendu et présenté comme un Guardiola bis. Son expérience au sein de la Pep Team et ses déclarations récurrentes vantant le jeu de possession et le style cruyffiste ne laissaient que très peu de doutes sur les intentions de Xavi avec sa nouvelle équipe. S’il a mis un peu de temps à prendre ses marques sur le banc barcelonais, l’ancien numéro 6 culé fait l’unanimité aujourd’hui. Bien aidé par les efforts conséquents de sa direction pour lui composer un effectif de qualité et les prémices d’une génération dorée composée d’Araujo, Pedri, Baldé ou Gavi.

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Pourtant, ce FC Barcelone est assez différent de celui qu’on imaginait en premières instances. On est clairement loin de l’idéal cruyffiste ou de ce fameux tiki-taka qui avait tant marqué son époque. Bien sûr, il y a tout de même quelques caractéristiques communes avec le Barça de son mentor, mais Xavi a le mérite d’avoir apporté sa propre vision et sa propre patte au Barça. La première grosse nouveauté, c’est que cette équipe n’hésite pas à laisser le ballon à l’adversaire. Ce week-end encore, face à Villarreal, les coéquipiers de Pedri ont terminé la rencontre avec 46,6% de possession. Ce qui semblait parfois intolérable et inacceptable à Barcelone est devenu quelque chose qui ne fait même plus parler. Bien sûr, les résultats positifs aident beaucoup, et nul doute que Xavi se ferait critiquer si l’équipe était dépourvue du ballon et perdait. Surtout que, parfois, le FC Barcelone perd le ballon de façon involontaire, est dominé, et a du mal à sortir la tête de l’eau.

Un Atlético 2.0 ?

Mais la plupart du temps, c’est pour attaquer en transition rapide que les Barcelonais jouent plutôt bas et laissent venir leur adversaire à eux. Grâce à des joueurs comme Raphinha, Dembelé bien que blessé actuellement, Baldé ou même Gavi, les Catalans parviennent à faire mal à leur rival en quelques passes seulement, se projetant vite vers l’avant. La force de ce Barça, c’est d’ailleurs cette capacité à alterner entre différentes manières d’attaquer. Xavi a aussi réussi à faire évoluer le jeu de son équipe. En première partie de saison, le jeu passait énormément par les côtés, ce qui peut sembler paradoxal vu la carrière du coach, et l’importance historiquement donnée au milieu de terrain à Barcelone. Mais, un peu à la manière de ce qui s’est fait au Real Madrid récemment, le natif de Terrassa a troqué son 4-3-3 pour un 4-4-2 un peu hybride, sortant un ailier du onze pour intégrer un milieu de terrain, jouant parfois dans l’axe, parfois sur une aile. Ce qui permet à l’équipe d’avoir un peu plus de contrôle et de fluidité dans le jeu.

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Sans pour autant manquer de monde devant, puisque Gavi est particulièrement précieux entre les lignes et lorsqu’il faut prêter main forte devant, pendant que Pedri se régale lorsqu’il joue plus proche de l’attaquant. Le premier nommé semble d’ailleurs incarner à merveille ce nouveau Barça. Doué techniquement, à la fois à l’aise dans le jeu de position comme sur contre-attaque, il est aussi très travailleur et hargneux lorsque l’adversaire a le ballon. Il représente bien ce FC Barcelone aux deux visages. Avec le ballon, l’équipe est aussi assez imprévisible. Grâce à la facilité à faire des différences de joueurs comme ceux cités-ci dessus, mais aussi parce que les joueurs ont des rôles moins stéréotypés et variés. Là aussi, Gavi est un bon exemple : il est à l’aise partout devant, et peut donc surprendre l’arrière-garde adverse de bien des manières. Le collectif est de plus en plus huilé et si ce n’était pas à cause de quelques problèmes de finition individuels, les Catalans auraient un bon paquet de buts de plus au compteur.

une défense pas si forte que ça ?

Mais ce qui surprend le plus dans ce Barça, c’est sa solidité défensive. Du moins sur le papier, puisque les Catalans n’ont encaissé que 7 buts en 21 journées ! Du jamais vu pour les Barcelonais. Même si, dans la pratique, on ne peut pas dire que la défense du Barça est si solide que ça, ou du moins, pas au niveau que peuvent le laisser penser les stats. Le FC Barcelone reste une équipe qui concède beaucoup d’occasions. La preuve par les chiffres : les expected goals against de l’équipe cette saison s’élèvent à 16.9. C’est-à-dire qu’en se basant sur les occasions concédées à l’adversaire, le Barça aurait dû encaisser, théoriquement, 16.9 buts. Soit plus du double de ceux qu’a vraiment concédés Ter Stegen ! Si on porte la statistique sur 90 minutes (ne pas oublier que les matchs durent en moyenne 100 minutes), le Barça devrait, selon les stats, encaisser exactement un but toutes les 90 minutes. Ce sont des statistiques tout à fait honorables, et même bonnes puisqu’en dessous d’un but encaissé par match, mais pas celles d’une défense à toute épreuve, clairement pas.

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Il y a deux facteurs qui expliquent ce décalage. D’abord, Marc-André ter Stegen a retrouvé un sacré niveau. Alors que les prestations de l’Allemand faisaient grincer les dents de plus d’un supporter ces dernières saisons, il est revenu à un niveau excellent et multiplie les arrêts sur sa ligne. L’équipe a remporté bon nombre de matchs grâce à lui, peut-être même plus que grâce aux buts de Lewandowski. Puis, il y a cette défense centrale qui convainc enfin. Ronald Araujo et Andreas Christensen s’affirment comme les deux titulaires en défense et sont particulièrement complets et complémentaires. Plutôt intelligents dans le positionnement et costauds dans les duels, ils ont sauvé leur équipe in-extremis à bien des reprises dans leur surface. Les deux sont bien aidés par un Jules Koundé aussi impérial, positionné en tant que latéral certes, mais bien utile lorsqu’il faut protéger son portier allemand.

Xavi, pragmatique, vraiment ?

En Espagne, certains se moquent un peu de ce Barça, et le qualifient d’Atlético 2.0. Surtout pour tenter de piquer un peu un Xavi, qui a toujours milité, du moins pendant qu’il était joueur, pour un football très offensif. Il faut dire que sur ses six derniers matchs de Liga, la formation de la Ciudad Condal a gagné quatre fois sur le score de 1-0 ! Mais là aussi, les statistiques sont trompeuses, et on ne peut clairement pas dire que le Barça se contente de gagner sur le plus petit des scores ou se mette à "bétonner" une fois qu’il a pris l’avantage. En revanche, Xavi sait qu’au cours d’une rencontre, il y a des temps forts et des temps faibles, et il a commencé à savoir comment gérer ces derniers, quitte à "trahir" un peu sa philosophie en adoptant par moments un positionnement plus prudent et attentiste. Comme s’il s’était rendu compte que le football actuel n’est plus forcément compatible avec ce football du grand Barça qui pouvait se permettre de dominer pendant 90 minutes. Ou vice-versa.

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Beaucoup présentent même Xavi comme un coach pragmatique, alors que beaucoup pensaient qu’il allait se ranger du côté des entraîneurs dits dogmatiques que peuvent être Pep Guardiola ou Marcelo Bielsa. Bien entendu, ce débat qui tend à opposer résultats et jeu est bien plus complexe, dans la mesure où l’objectif commun des deux types d’entraîneur reste de gagner, et que le pragmatisme et le dogmatisme sont aussi liés sur certains points, mais Xavi a prouvé qu’il est prêt à faire, temporairement pendant un match, la croix sur certains principes que personne n’aurait pu imaginer. Et ça marche, très bien même. De là à le présenter comme un coach dit pragmatique, il y a un monde. Mais quand une équipe tourne aussi bien et est performante, qu’importent les étiquettes…

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