Boca Juniors : une pépinière de talents prisée par toute l'Europe
Lancées dans le grand bain par l’entraîneur Carlos Ischia, les jeunes pousses de Boca, venues en grande majorité des « Inferiores » du club, donnent toute la mesure de leur talent sur la scène internationale… Et éveillent, déjà, l’intérêt des recruteurs européens.
L’événement est passé presque inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique, et pourtant, c’est un authentique exploit qu’ont réalisé les jeunes remplaçants d’un Boca, plus Juniors que jamais, en huitième de finale aller de la « Copa Sudamericana », équivalent sud-américain de la coupe de l’UEFA.
Boca, un Arsenal à la sauce sud-américaine
En battant les Équatoriens de Liga de Quito, sur le score de 4 à 0, les jeunes du club « xeneise » ont donné une véritable leçon de football au récent vainqueur de la Copa Libertadores, excusez du peu ! C’est comme si, toutes proportions gardées, une équipe réserve de l’OM corrigeait le tenant de la Champions League, Manchester United ! Si Boca avait laissé ses titulaires, Juan-Roman Riquelme et Palacio en tête, au repos, c’est parce que le club devait jouer jeudi 25 septembre un match déjà décisif en championnat, contre Newell’s, pour ne pas être distancé par le leader San Lorenzo.
Mais qui sont ses jeunes pousses de Boca, qui font déjà saliver les recruteurs du vieux continent ? Première info : ils sont presque tous « estampillés », c’est-à-dire formés et aguerris dans les équipes « Inferiores » du club depuis leur naissance au football, autour de l’âge de 13-14 ans. Depuis la reprise du championnat au mois d’août, le briscard Carlos Ischia, entraîneur de Boca depuis un an, a lancé dans le grand bain pas moins de onze de ces « pibes» (gamins), comme on dit à Buenos Aires.
Une pépinière de talents
Il y a ceux qui ont déjà eu l’occasion de se faire remarquer, comme l’attaquant Lucas Viatri, qui a crevé l’écran lors du récent tournoi Gamper de Barcelone, grâce à un but plein de sang-froid. Âgé de 21 ans à peine, ce grand et puissant gaillard de 1,85m pour 85 kilos est en passe de devenir titulaire, à la faveur de la blessure du « tank » Martin Palermo, buteur historique du club, et des pubalgies à répétition de la vedette Palacio, qui va sur ses 27 ans. Du coup, Viatri est en cours de renégociation de son contrat, qui s’élevait jusqu’à présent à… 3000 pesos argentins mensuels, soit moins de 1000 euros !
Autre vedette en devenir, Ricardo Noir, qui arbore la même tresse que son idole Rodrigo Palacio et mesure 1,76m…Un Palacio dont il a déjà plusieurs fois pris la place, démontrant ses qualités faites de vitesse et d’habileté dans le dribble. Mais lors de cette performance contre Quito, les feux des projecteurs ont surtout illuminé Pablo Mouche, auquel tous les observateurs prédisent le plus brillant avenir. Ce gaucher virevoltant, qui n’avait joué jusqu’à cette saison que quatre matchs avec Boca, a plié la partie grâce à son but pour le 3-0, et fait étalage d’une grande maîtrise technique.
Autres entrées très remarquées, celles du solide Juan Daniel Forlin, vingt ans à peine, qui a débuté en équipe première en mai dernier à peine. Auteur du match parfait, ce défenseur central s’est même offert le luxe de marquer un but, de la tête, le second de son équipe. Sans parler de Jonatan Philippe, au milieu, d’Ezequiel Muñoz, très solide derrière, ou encore du novice arrière latéral Fondacaro, qui jouait pour la première fois en tant que titulaire.
Une véritable moisson de jeunes talents, à laquelle Boca a fait pour la plupart signer des contrats comprenant des clauses de cession très élevées, confirmant au passage la politique du club « xeneise » : détection précoce, formation sur le long terme, et fidélisation. Illustration avec le crack en herbe Joel Acosta, 17 ans à peine au compteur, pour lequel le Genoa a mis début septembre deux millions de dollars sur la table. Offre refusée par Boca. Sans oublier l’autre étoile montante du club, auteur d’un but somptueux fin août contre Huracan, le milieu offensif Nico Gaitàn. Vingt ans, 1,73m, le talent à l’état pur, et beaucoup d’abnégation. Le jeune joueur, qui vit dans le quartier populaire de Mataderos, se lève tous les matins à 6h pour prendre le train en direction du camp d’entraînement de Boca, la « casa Amarilla » (la maison jaune). Séduit par ses qualités footballistiques et son courage, le président du club Pompilio l’a déclaré instransférable.
Éviter la saignée à tout prix
Une politique qui contraste avec celle de la majorité des clubs argentins, incapables de résister à la saignée annuelle de leurs talents. L'exemple le plus parlant reste celui de River Plate, qui a cédé ses droits sur sept de ses meilleurs talents au Villarreal, a déjà laissé filer le jeune espoir de 18 ans Mateo Musacchi au Real Madrid, avec à peine 6 matchs en équipe première, et attend avec inquiétude le mercato hivernal qui pourrait bien voir partir le meilleur joueur du club, Diego Buonanotte, lui aussi vers la capitale madrilène.
Au mois d’août dernier, en remportant contre l’Arsenal de Buenos Aires la « Recopa », sorte de Supercoupe du continent latino-américain, Boca Juniors avait déjà égalé le record mondial de titres internationaux détenu par le Milan AC. Faisant ainsi honneur à son glorieux passé sur la scène mondiale, et à la figure de son idole éternelle, Diego Maradona. Avec sa jeune et talentueuse « classe Juniors», Boca peut aussi regarder l’avenir avec tranquillité.
De notre correspondant à Buenos Aires, Pedro Lima
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