Ligue des Champions, PSG : un manque de réalisme offensif coupable et inquiétant
Accroché (1-1) sur la pelouse du Borussia Dortmund, mercredi soir, lors de la dernière journée de la phase de poules de Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain s’en est remis au jeune Warren Zaïre-Emery et à un scénario favorable entre l’AC Milan et Newcastle (2-1) pour valider son ticket pour les 8es de finale de la compétition. Tout proche du scénario catastrophe, le club de la capitale a -une fois de plus - pêché dans le dernier geste…
Interrogé à de nombreuses reprises sur le possible manque de réalisme offensif de ses troupes, Luis Enrique préfère en rire. Non, à son goût - ou plutôt à ses yeux - le Paris Saint-Germain n’est pas défaillant dans ce secteur de jeu. «C’est très drôle. Si nous on a un problème de finition, qu’est-ce qu’ont les autres (équipes) ? On a une équipe qui marque trois buts par match, qui se crée dix occasions contre des équipes de Ligue des champions comme Newcastle… Si nous on a un problème de finition, qu’est-ce qu’ils ont les autres ? C’est un jeu d’erreurs. Je serais préoccupé si on n’avait pas d’occasions. Il y a des jours où ça rentre et des jours où ça ne rentre pas. C’est ça le football, c’est la vie», pestait, à ce titre, l’intéressé lors d’une récente conférence de presse.
Le PSG a encore vendangé à tout-va !
Pourtant, mercredi soir, le club de la capitale a une nouvelle fois preuve d’un déchet déroutant aux abords de la surface du Borussia Dortmund. Alors, oui, grâce à un nul (1-1) décroché au forceps et à une victoire (2-1) de l’AC Milan sur la pelouse de Newcastle, la qualification pour les 8es de finale de la Ligue des Champions est acquise mais les trop nombreuses situations offensives manquées par les Parisiens ne peuvent être oubliées. À noter, tout d’abord, que le PSG n’a cadré que six petits tirs sur les 18 tentatives tentées au Signal Iduna Park. Vendangeurs, les coéquipiers de Kylian Mbappé ont finalement remercié leur… milieu de terrain, Warren Zaïre-Emery, auteur du but égalisateur juste avant l’heure de jeu (56e). Pour le reste ? Il s’agissait, surtout, d’un festival de ratés, parfois grossiers et forcément coupables à ce niveau-là.
Symbole de cette incapacité à terminer les actions, l’incroyable manqué de Kang-In Lee au quart d’heure de jeu. Servi en retrait par Randal Kolo Muani, le Sud-Coréen de 22 ans, absent des débats et remplacé à la 68e minute de jeu par Manuel Ugarte, croisait beaucoup trop sa frappe malgré une position plus qu’idéale (16e). Malheureusement pour le PSG, l’ancien joueur de Majorque est loin d’être le seul à blâmer dans ce domaine. Toujours aussi peu tranchant offensivement, Randal Kolo Muani, crédité d’un 3,5 par la rédaction FM, ne se distinguait pas non plus de la meilleure des manières. Idéalement servi par Kylian Mbappé, l’ancien buteur de l’Eintracht Francfort résistait parfaitement au retour de Mats Hummels mais croisait, lui aussi, trop son extérieur, échouant finalement au ras du poteau d’un Gregor Kobel tout heureux (24e). Globalement trop imprécis, l’ancien Nantais ratait une nouvelle occasion juste avant la pause en voyant son tir parfaitement repoussé par le dernier rempart des Marsupiaux (45e).
Une efficacité offensive à corriger rapidement…
Incapable, durant la quasi totalité de la rencontre, de trouver la faille face au gardien suisse, le PSG a également joué de malchance. Que dire, par exemple, de cette action signée Kylian Mbappé en début de rencontre et finalement stoppée, de façon miraculeuse, par Niklas Süle. Lancé en profondeur, le Bondynois éliminait le capitaine des Marsupiaux et pensait, en effet, ouvrir le score sans un sauvetage in-extremis du défenseur allemand sur sa ligne (17e). De son côté, Bradley Barcola, un temps percutant avant de disparaître au fil des minutes et d’être remplacé par le trop discret Marco Asensio, manquait lui aussi de réussite. Décalé par le numéro 7 parisien sur une contre-attaque bien menée par la formation francilienne, l’ancien Lyonnais voyait sa frappe enroulée terminer sur le poteau du BvB (19e). Une nouvelle fois trop tendre, en fin de match, au moment de conclure face au but (79e), la nouvelle recrue parisienne n’aura jamais su faire la différence face aux Schwarz-Gelben. Souvent présent pour sortir les siens de la torpeur, Mbappé, très altruiste face aux Marsupiaux, rageait encore lorsque son but était finalement refusé pour une position de hors-jeu au départ de l’action (77e).
«Il y a beaucoup de choses à améliorer, le détail de finition est important. On a eu des occasions en première période, si on les met, le match aurait beaucoup changé. Le coach va analyser ça, nous aussi, se parler. Mais il y a de l’amélioration dans notre prestation à l’extérieur, c’est très important, après Newcastle et Milan. Il faut grandir, travailler d’ici à la prochaine étape pour être meilleurs. Il y a eu des améliorations, on veut avoir le ballon, presser haut, on prend des risques derrière, on est souvent à un contre un. C’est normal, on travaille sur notre force qui n’est pas d’attendre derrière l’adversaire, le coach focalise sur ça. C’est notre philosophie, le coach dit toujours qu’on est loin de ce qu’il veut pour son équipe. C’est petit à petit qu’on va grandir, il y a eu beaucoup de changements cette année, des nouveaux joueurs qui s’adaptent à Paris et ce qu’il y a autour. Avec l’entraînement, les matches, le temps, on va tous régler ça», analysait d’ailleurs Marquinhos, très fragile sur la pelouse de Dortmund.
… malgré le discours tranché de Luis Enrique !
«Parfois, c’est comme ça le foot, les ballons ne veulent pas rentrer. On a eu plein d’occasions, il n’y a que du positif pour la suite. C’est sûr qu’on doit marquer le plus de buts possibles, mais on a les occasions c’est le plus important. On va régler ça pour être le plus performant en C1 et en Championnat», tempérait de son côté Warren Zaïre-Emery au micro de RMC Sport. Malchanceux, par moments, maladroits, sur d’autres, les hommes de Luis Enrique butaient quoi qu’il en soit, tour à tour, sur le portier de 26 ans. À nouveau servi dans des conditions idéales par Mbappé, Achraf Hakimi n’avait guère plus de réussite au moment de conclure (49e). Trop lent, le piston marocain ne pouvait d’ailleurs que constater les dégâts, quelques secondes plus tard, lorsque Karim Adeyemi punissait enfin le PSG de sa maladresse. Si les plus optimistes garderont précieusement en tête la qualification et la nouvelle prestation majuscule réalisée par Warren Zaïre-Emery, ce manque de réalisme offensif préoccupe malgré tout. Pour illustrer cela, à noter, à ce titre, qu’à la mi-temps de ce choc face au BvB, le PSG n’était pas parvenu à trouver le chemin des filets sur ses 52 derniers tirs en Ligue des Champions, excepté le penalty de Kylian Mbappé face à Newcastle (1-1) lors de la précédente journée.
Un chiffre aussi inquiétant que parlant qui n’aura, cependant, pas (encore) le mérite d’alarmer un certain Luis Enrique. «Cela ne me préoccupe pas du tout. Nous sommes l’équipe qui se crée le plus d’occasions. Ce qui me préoccupe, c’est le manque de contrôle, quand on perd les ballons, quand le match devient un match d’allers-retours. Je réfléchis aux solutions. Mais pas l’inefficacité. Nous avons de grands buteurs», martelait l’Espagnol en conférence de presse. Malgré cette nouvelle sortie médiatique tranchée et le bilan offensif plus que flatteur du club de la capitale en Ligue 1 - meilleure attaque du championnat avec 38 buts en 15 journées - ce manque de rendement aux abords de la surface demeure préoccupant. Deuxième de son groupe à l’issue de la phase de poules, le PSG devrait, en effet, retrouver un gros client lors des 8es de finale. Dans cette optique, nul doute qu’une telle prestation offensive pourrait finir par causer des dommages irréversibles et mettre un terme aux ambitions européennes de tout un club. Conscient de l’enjeu, Luis Enrique - qui a également assuré que son équipe serait «beaucoup plus forte en février» - a donc désormais quelques semaines pour trouver les clés et permettre à ses protégés de devenir beaucoup plus tueurs dans la zone de vérité…
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