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Le pressing et le contre-pressing, les armes fatales du PSG

Lors de ses trois derniers matches en Ligue des champions, le PSG a réussi à faire déjouer trois équipes joueuses que sont le Borussia Dortmund, l’Atalanta Bergame et le RB Leipzig. Cela n’est pas hasard puisque c’est en partie le fruit d’un pressing et d’un contre-pressing efficaces qui ont permis aux Parisiens de contrôler la possession du ballon et de limiter les contre-attaques lors de ces trois rencontres décisives. Coup d’oeil sur ces armes défensives inattendues du PSG.

Par Frederic Yang
10 min.
Pressing et contre-pressing du PSG sous Thomas Tuchel @Maxppp

« Je veux qu'on attaque librement, avec notre créativité, qu'on accélère librement, mais en même temps on doit protéger des espaces où l'adversaire peut lancer des contres, on doit être serrés, fermer des espaces et le plus important est de chasser le ballon pendant 5, 6, 7 ou 10 secondes avec le plus d'intensité possible, pour faire le contre-pressing et récupérer le ballon très vite. » Au début de l’année 2020, Thomas Tuchel était clair sur l’importance du contre-pressing dans son projet de jeu. Face à Dortmund, lors du huitième de finale retour de C1, et face à l’Atlanta, en quart de finale, le PSG a justement été performant dans cette phase de jeu tandis qu’il a su mettre en place un pressing haut très efficace contre le RB Leipzig. C’est avec ces ingrédients défensifs que le PSG pourrait justement embêter le Bayern Munich et remporter la Coupe aux grandes oreilles.

Comment fonctionne le contre-pressing

Déjà évoqué dans l’article tactique sur le jeu du RB Leipzig, le contre-pressing, qui est un terme inventé en Allemagne (gegenpressing) à la fin des années 2000, désigne la volonté de récupérer le ballon dans les 7 secondes qui suivent la perte de balle. En gros, il s’agit de presser immédiatement dès que l’on perd le ballon afin de 1) empêcher les contre-attaques 2) récupérer rapidement le ballon et contre-attaquer l’adversaire quand il est le plus vulnérable (car il est désorganisé) 3) reprendre le contrôle du ballon et donc du jeu.

PSG

Pour réussir un contre-pressing, il faut que la structure de l’équipe sur phase offensive soit cohérente pour récupérer rapidement le ballon. C’est-à-dire, avoir des joueurs assez proches les uns des autres et donc prêts à intervenir rapidement en cas de perte de balle. La complexité pour les joueurs, c’est d’intégrer ce réflexe de jaillir pour chasser le ballon dès qu’un coéquipier le perd. Liverpool, véritable référence en matière de contre-pressing, intègre justement les notions de ce concept de jeu dans différents exercices d’entraînement comme le toro pour aider les joueurs à automatiser ce contre-pressing.

S’ils ont été discrets et peu entreprenants en phase de construction, les milieux parisiens Idrissa Gueye, Ander Herrera et surtout Marquinhos ont été des pions essentiels lors des phases de transition défensive contre l’Atlanta Bergame en quart de finale comme Kimpembe et Thiago Silva, que l’on mentionnera après, tandis que Paredes a aussi parfaitement joué son rôle contre Leipzig, en apportant en plus de la verticalité au jeu parisien. Contre Dortmund, lors du match retour, le contre-pressing parisien avait aussi été à l'origine du deuxième but de Bernat.

Vous voyez à travers ces illustrations que le repositionnement de Marquinhos en sentinelle prend tout son sens dans cette volonté de contre-presser l'adversaire. Contre le RB Leipzig, le PSG n’a même pas eu vraiment besoin d'utiliser le contre-pressing vu que les Allemands ont fait le choix d’attendre les Parisiens en bloc médian et qu’ils ont rarement réussi à récupérer des ballons dans des zones dangereuses et à lancer des contre-attaques derrière. La clé du match contre Leipzig a été la réussite du pressing haut et agressif initié par le trio Mbappé, Neymar et Di Maria

Le travail défensif clé du trio Mbappé, Neymar et Di Maria

D’après les informations révélées par l’Équipe, avant la demi-finale contre Leipzig, Thomas Tuchel aurait insisté sur le fait de courir vite et de presser agressivement les joueurs allemands dès leurs premières relances, ce que n’avait pas fait l’Atletico Madrid. Il se serait aussi appuyé sur les matches disputés par le RB Leipzig face à des grosses écuries de Bundesliga pour indiquer à ses joueurs comment bloquer les contre-attaques de l’équipe de Julian Nagelsmann et aurait également mis le doigt sur le fait de couper la relation entre Kampl et Sabitzer.

Mardi soir, lors de la demi-finale, c’est exactement ce qui s’est passé avec un pressing haut et très agressif du trio offensif qui marquait les trois relanceurs habituels de Leipzig. Derrière eux, Herrera, Paredes étaient prêts à jaillir dès que les pistons Laimer et Angelino toucher la balle tandis que Marquinhos se tenait aussi prêt à intervenir juste derrière. Paredes n’a d’ailleurs pas hésité à presser directement Kampl pour couper justement les lancements de jeu habituels de la sentinelle slovène.

Ce pressing haut et agressif du PSG a complètement étouffé Leipzig qui a commis beaucoup d’erreurs techniques dans des zones clés. Le deuxième but parisien est d’ailleurs venue d’une relance ratée de Gulasci dont a su profiter tout d’abord Paredes, qui a récupéré le ballon avant de lancer Neymar dont la déviation géniale du talon a permis à Di Maria de doubler la mise.

En deuxième période, les Allemands ont changé leur structure en passant notamment à deux attaquants devant, ce qui leur a permis de sortir davantage de leur camp mais sans grande réussite. Sans doute à cause du match une nouvelle fois solide de la charnière Thiago Silva-Kimpembe.

Une charnière sereine et forte dans les duels

En quart de finale, l’Atalanta Bergame a, au fil de la rencontre, pioché physiquement et n’a plus réussi à ressortir le ballon en deuxième période. Cela est peut-être due à leur accumulation de matches en Serie A mais l’autre raison, c’est le match XXL de Thiago Silva et Kimpembe, qui ont mangé Duvan Zapata. Les Italiens, qui comptaient sur le jeu dos au but de leur attaquant colombien pour se donner de l’air et s’installer dans le camp parisien, ont assisté à une démonstration de la charnière parisienne. Si Kimpembe n’a pas hésité à bousculer physiquement le Colombien, Thiago Silva lui a réussi à gagner tous ses duels au sol de façon plus délicate.

Sans leur bouée de sauvetage habituelle et privé de Papu Gomez, sorti à la 60e minute, l’Atalanta a fini par craquer dans les dernières minutes du match. Si Marquinhos et Choupo-Moting ont été les buteurs héroïques ce soir-là, les instigateurs de la victoire ont bien été Kimpembe et Thiago Silva par leur faculté à remporter leurs duels et empêcher les Italiens de s’installer dans leur camp. Contre Leipzig, la charnière parisienne a continué sur sa lancée en étouffant Poulsen mais aussi Schick lors de son entrée en jeu.

En défendant de la sorte, le PSG contrôle davantage le ballon et contraint surtout ses adversaires à plus courir que lui. Et par extension à plus se fatiguer. En demi-finale, Leipzig a parcouru 105,5 km contre 99 km seulement pour le PSG. En quart de finale, l'Atalanta Bergame avait aussi parcouru quasiment 4 km de plus que le PSG. Lorsque l’on mêle à la fois la qualité du pressing haut, qualité de contre-pressing avec la capacité de la charnière centrale à régner dans les duels, on obtient une équipe vraiment redoutable défensivement. Reste à savoir comment s’organisera cette défense face au Bayern Munich, qui est la meilleure attaque d’Europe avec 158 buts inscrits en 51 matchs officiels disputés cette saison. Soit plus de 3 buts par rencontre ! La finale de dimanche révèlera donc ce que vaut vraiment l'organisation défensive du PSG. On a déjà hâte d'y être...

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