Coupe de France

Gary Marigard, Feignies-Aulnoye : «s’il existe 1% de chance contre le PSG, on va le jouer à fond»

L'Entente Feignies-Aulnoye a tiré le gros lot lors de ces 32es de finale de Coupe de France. Le club du Nord, pensionnaire de National 3, défiera le PSG au stade du Hainaut de Valenciennes. De quoi sortir du quotidien du championnat et de vivre un match unique en son genre pour ces amateurs, tout comme pour l'ancien professionnel Gary Marigard. L'expérimenté défenseur nous raconte la préparation de cet événement pas comme les autres entre chambrages, maigre chance d'exploit et le rêve éveillé d'affronter les stars parisiennes.

Par Maxime Barbaud
7 min.
Gary Marigard, ici à l'entraînement avec Feignies-Aulnoye @Maxppp

Il y a des matches uniques dans une carrière. Malgré ses 33 ans et un parcours déjà bien avancé, Gary Marigard va affronter le PSG en 32e de finale pour la première fois. Le défenseur de l'Entente Feignies-Aulnoye a hâte d'y être. Il en a vu d'autres aussi, lui qui a déjà disputé des 8es de finale de Coupe de France ou encore affronter le LOSC, champion de France, de Rudi Garcia. Forcément, la renommée du club de la capitale dépasse largement les contours du cadre. À l'heure où il a déjà bien entamé son après-carrière, l'ancien joueur de Wasquehal, Croix, ou encore QRM s'apprête à défier les stars parisiennes sans crainte, mais se prépare quand même à beaucoup courir.

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Foot Mercato : c'est comment l'ambiance à Feignies depuis l'annonce du match face au PSG ?

Gary Marigard : J’habite à Lille. J’ai bien 50 minutes à 1h de route tous les jours pour aller à Feignies à l’entrainement mais l’engouement est énorme. Il y a beaucoup de sollicitations. On nous demande tout le temps s’il reste des places. Apparemment, on va jouer à guichets fermés, c’est top. Il y a quasiment 24 000 personnes. Ça va être une belle fête pour le club, les éducateurs, les joueurs.

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FM : tu as déjà joué devant autant de monde ?

GM : le max que j’ai dû faire ça devait être 15 000 personnes. C’est déjà pas mal (rires).

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«Je regardais le Ballon d'Or avec mes enfants, et le tirage d’un œil»

FM : tu étais où quand le tirage au sort est tombé ?

GM : on était chacun à la maison. Moi, je regardais le Ballon d'Or avec mes enfants, et le tirage d’un œil. Quand on a tiré le PSG, c’était dur à croire. C’est inimaginable. En rigolant, on pouvait se le dire, mais quand ça arrive tu te demandes si c’est réel, c’est tellement incroyable. Tu n’y crois pas tout de suite, il faut un peu de temps avant de redescendre. Surtout qu’il y a pas mal des supporters parisiens dans l’équipe, l’engouement est décuplé.

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FM : il y a une préparation spéciale au club et pour les joueurs pour ce genre de match ?

GM : il y a eu un gros travail pour trouver le stade, organiser la vente de billets. Il y a quelques joueurs qui ont été mobilisés aussi, ceux qui sont salariés au club. On avait un match avant à jouer contre Chantilly samedi (1-1, le 11 décembre). Il ne faut pas négliger le championnat pour la coupe (l'Entente est actuellement 7e sur 14, à trois points du podium). On s'en est surtout rendu compte dans la semaine de Paris. Ça y est on y est, mais avant tout il fallait penser au championnat parce qu'on a des ambitions. C’est l’objectif, là où il faut mettre l’accent.

FM : Ça ne vous trotte pas plus que cela dans la tête ?

GM : forcément on en parle, c’est humain. Sauf qu’on essaye de faire aussi la part des choses. Il y a le championnat avant tout. Le risque c’est de jouer le match avant. On en parle, on blague dessus juste. La coupe, c’est la cerise sur le gâteau, c’est du bonus, juste avant les fêtes en plus. C’est une fin d’année merveilleuse.

FM : vous vous donnez quelle chance face au PSG ?

GM : on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Si on a le bonheur de se qualifier, on n'est pas devin et ça va être dur (rires), mais dans le foot, il n’y a pas qu'une seule vérité. Sur un malentendu, pourquoi pas espérer plus… S’il existe 1% de chance, on va le jouer à fond.

«Mbappé, on va courir derrière lui parce que ça va trop, trop vite»

FM : ça fait quoi de se dire que vous allez affronter l'une des meilleures équipe du monde, constituée presque uniquement de stars ?

GM : mais il n’y a que des stars (rires) ! Ils sont tous internationaux. C’est juste un pur bonheur de pouvoir affronter cette équipe-là. Combien de joueurs rêveraient d’être à notre place ? Les amateurs comme les professionnels, ils rêvent tous de jouer contre Paris. On voit des joueurs en début de saison qui disent ne pas vouloir quitter la Ligue 1 parce qu’ils veulent affronter cette équipe. Nous, ça nous arrive en tant qu’amateur. C’est beau, c’est incroyable, ça va être une belle fête.

FM : entre vous, vous vivez déjà le match ? Vous parlez de chambrage, de ce que vous allez faire si vous marquez ou si vous blessez un joueur ?

GM : bien sûr et forcément, on se dit que si on blesse untel ou untel, on va recevoir plein de messages des supporters (rires). Si je marque contre Paris, ça va rester, et si Mbappé joue on va souffrir. On va courir derrière lui parce que ça va trop, trop vite. On se chambre pas mal (rires), mais parce que c'est le Paris Saint-Germain et c’est humain.

FM : tu as une petite histoire avec la Coupe de France. On peut même dire qu'elle te réussit plutôt bien...

GM : j’ai fait deux 8es de finale. Le premier avec Croix, on était en N2 et on avait joué Concarneau qui était aussi en N2. On avait perdu aux tirs au but (0-0, 4-1 t.a.b., février 2015). Il y a un autre ancien joueur de Croix qui est avec moi ici. L’entraîneur (Jean Antunès) aussi est un ancien croisien. On a fait ce parcours-là ensemble. Sinon, l'autre, c’était avec QRM. On était en National et on avait joué Guingamp qui était en Ligue 1 (2-1, mars 2017). On avait perdu aussi. Sinon j’ai fait plusieurs 32es. J’ai perdu une fois en 16e aussi avec Wasquehal contre Lille (1-0, janvier 2011), l’année où ils sont champions de France avec Hazard. J’ai fait quelques parcours en Coupe de France oui.

FM : c'est le genre d'expérience qui peut servir dans ce genre de rendez-vous ?

GM : oui pour ceux qui ne l’ont pas vécu. Tout au long du parcours ça sert car pour arriver en 32e, il y a déjà du chemin. On a dû faire six ou sept matches pour en arriver là. Il faut donner notre expérience aux autres, à ceux qui n’ont pas vécu ça. Tu joues contre des petites équipes, ce n'est pas évident. Tu peux être parfois suffisant. Il faut leur expliquer que la Coupe de France ça peut être une belle aventure. C’est ce qu’on essaye de faire, de se servir de ça pour aller loin. La coupe de France, c’est toujours plein de surprises. Tu as toujours des équipes du dessus qui se font avoir par des plus petits. C’est pour ça que je dis qu'on a quand même un pour cent de chance de se qualifier. La coupe de France, c’est magique. Sur un match tout peut arriver.

«La coupe de France, c’est toujours plein de surprises»

FM : est-ce que ça représente le sommet dans une carrière ?

GM : je ne sais pas parce que ça reste un match de Coupe de France, mais ça va être des souvenirs inoubliables. J’ai bientôt 34 ans, ma carrière, elle est derrière moi maintenant, mais ça va être beau de vivre ça.

FM : toi qui as à peine eu le temps de découvrir la Ligue 2 avant de te blesser gravement (rupture des ligaments croisés du genou), tu veux dire que c'est un peu inespéré à ton âge de vivre un tel match ?

GM : oui un peu. Je ne m’y attendais pas et je pense que c’est le cas de tout le monde dans l’équipe. On va bien savourer ce match là, tout donner et prendre du plaisir sur le terrain. Cette blessure, c’est le destin qui a voulu ça. Elle m’a fait quitter le monde professionnel et ça a été compliqué de retrouver un club derrière. Il fallait juste l’accepter. Ça m’a permis d’ouvrir les yeux sur d’autres choses comme ma reconversion.

FM : tu prépares quoi pour ton après-carrière ?

GM : quand je me suis blessé, j’ai passé le DUGOS (Diplôme universitaire de gestionnaire des organisations sportives) avec l’UNFP et l’Université de Lyon. Ça s’est fait sur 2 ans, je l’ai validé l’année dernière. Ce premier diplôme me permet d’être directeur sportif d’un club. Cette même année, j’ai passé le BEF (Brevet d’entraîneur de football) qui me permet d’entraîner jusqu’en R1 et cette saison, je passe le DES JEPS (diplôme animateur socio-éducatif) avec la mention de directeur de projet. Je le passe au CREPS (Centre de Ressources d'Expertise et de Performance Sportive) ici à Wattignies. Je réalise mon stage au district des Flandres. Mon objectif, c’est de rester dans le monde du foot. Avec ça, je pourrai d’être directeur d’une structure, d’un centre social, d'une ligue, une fédé ou un district.

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